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Le karaté énergétique SHOTOKAÏ

Par 26 juillet 2020février 21st, 2023Pas de commentaires

Article n°100 Par Dr Christian Tal Schaller

On dit souvent que le maintien d’une bonne santé passe par  3 éléments :

alimentation réfléchie, bonne gestion des émotions et pratique d’une activité physique. Pourtant, un certain nombre de sportifs, attentifs à ces trois éléments, connaissent quand même des problèmes de santé. Les arts martiaux traditionnels semblent constituer une exception : nombreux sont ceux que l’on voit sur les tatamis au-delà de la soixantaine, apparemment en excellente santé. L’explication pourrait être la suivante : ces disciplines activeraient ce que n’activent pas les sports « classiques », à savoir le « Ki » (terme japonais) ou « Chi » (terme chinois) que l’on pourrait peut être traduire par
« l’énergie vitale concentrée ».

Vers la 12e année de ma pratique de karaté Shotokaï, je me suis aperçu petit à petit que dans les arts martiaux traditionnels, nous développions une énergie, appelée « Ki » en japonais, « Chi » en chinois, qui ne servait pas seulement à augmenter l’efficacité « musculaire » de nos projections, ou bien à résister à la poussée de plusieurs personnes, par simple concentration mentale, mais  qui pouvait avoir des effets préventifs et thérapeutiques sur le corps humain du pratiquant ou d’autrui. J’avais de bonnes raisons de le constater : à la suite d’une grave opération que je subis à l’âge de 16 mois,  les médecins avaient dit à mes parents que je ne pourrais pas remarcher avant l’âge de 3 ans, que je ne pourrais pas pratiquer d’activités physiques ou sportives, et que je serais probablement stérile. Or, l’on me retrouva 8 jours plus tard en haut d’un buffet que j’avais escaladé avec mes drains. Certes, je fus dispensé de gym presque toute ma scolarité, car on me disait « que j’avais une santé fragile », mais lorsque je m’inscrivis pour la première fois, au KARATé-DO SHOTOKAI CLUB de la Cité Mistral à Grenoble, à l’âge de 25 ans, je ne savais pas, et je n’imaginais même pas que la pratique allait avoir pour effet de redresser ma scoliose de moitié, et de faire chuter ces “crèves” qui, chaque hiver, me terrassaient pendant une dizaine de jours.

Lorsque mon maître nous amena les pieds nus sur de la neige glacée, par une température d’environ -10°, pour un cours qui devait durer plus d’une heure, je n’en croyais pas mes yeux, lorsque, de retour dans les vestiaires, nous étions tous forcés de constater que personne ne se plaignait de la moindre gelure. J’essaie donc aujourd’hui de dire à mes enfants (que je n’aurais jamais dû avoir selon les médecins) que nous vivons en Occident sous l’empire de certitudes fausses, parce que nous ignorons certaines choses, ou (et c’est beaucoup plus grave) parce que nous refusons de voir ce qui nous dérangerait dans notre sentiment mondial de supériorité, et qu’il ne faut surtout rien croire, mais par contre, tout vérifier par soi-même.

 

Une étrange découverte

Un jour, je me suis aperçu qu’en respirant de la même manière que dans l’exécution des techniques de karaté, lorsque je posais les mains sur la zone douloureuse de quelqu’un qui venait de se faire mal, plus je respirais de cette manière, et plus la douleur se calmait vite. Ce que j’avais découvert n’était pas nouveau : depuis des siècles, des experts d’arts martiaux expliquent comment l’énergie qu’ils développent peut “sortir des membres” à de multiples fins (mécaniques, thermiques, thérapeutiques). Depuis des siècles, des gens soignent avec les mains, avec de plus ou moins bons résultats. Mais la médecine elle-même ne bute-t-elle pas sur certaines maladies ? 

On aurait certainement plus aidé l’humanité en observant ces gens-là, en essayant de quantifier, mesurer, plutôt que de nier leur savoir-faire et prétendre que chaque guérison était une coïncidence. Certes, beaucoup contestent encore l’existence d’une énergie qui, de manière invisible, circulerait ou agirait dans notre corps. La présence des sceptiques m’a toujours intéressé, car la démarche qui consiste à dire : “je n’y crois pas et je refuse de venir voir” me paraît d’une incommensurable stupidité, car c’est cette démarche qui est une des composantes de l’intolérance et qui freine toute possibilité de progrès de l’humanité.

Ce sont les mêmes sceptiques qui, à la fin du 19e siècle, démontraient devant des parterres admiratifs que le “plus lourd que l’air” ne pourrait jamais voler, et qui demandaient l’interdiction des essais des “aéroplanes” (qui allaient plus tard s’appeler… les avions), car “ça ne marcherait jamais”… Ce sont les mêmes qui démontraient, devant les mêmes auditoires subjugués, que l’homme ne pourrait jamais dépasser la vitesse de 100 km/h, car au-delà de cette vitesse, l’organisme humain ne pourrait résister (position officielle de l’Académie de Médecine au début du 20e siècle…), et que l’électricité ne resterait qu’un gadget sans application possible. Heureusement, les chercheurs ont réussi à vaincre leur intolérance. Mais malheureusement, ces imbéciles ont aujourd’hui des successeurs.

Nombreux sont ceux qui, en regardant les photos de notre expert, résistant seul à la poussée de 10 personnes, sans effort, me disaient avec compassion “C’est truqué”, et ils ajoutaient qu’il était honteux d’oser tenter de faire croire de pareilles sornettes à des gens cultivés. Mais ils refusaient systématiquement de venir voir, lorsque je leur proposais. Je ne vois pas d’autre explication à ce refus qu’une terrible peur inconsciente que cela puisse être vrai, ce qui allait rendre l’immensité de leur savoir moins évidente… Les autres, pour la plupart, sont venus par sympathie pour moi, voir un entraînement normal de karaté Shotokaï.

Mais la plupart d’entre eux, en voyant à 2 mètres d’eux, le Maître résister à la poussée de 15 ou 20 personnes, non seulement disaient encore que “c’était truqué”, mais quand on leur proposait de monter sur le tapis pour venir pousser et vérifier ainsi par eux-mêmes, refusaient avec une détermination hystérique. 

Là aussi, je sentais la même angoisse que cela puisse être vrai, et remettre en question dans leurs têtes tellement de certitudes… Il est vrai qu’ “il est plus facile de nier que d’étudier”. Ces observations que j’ai été amené à effectuer, ne sont pas exceptionnelles : il suffit de regarder ce qui se passe en général dans les arts martiaux traditionnels. 

 

Les arts martiaux et la santé 

La même photo orne toutes les salles d’entraînement de karaté du monde (appelées : “Dojos”)  : celle de Maître Gichin FUNAKOSHI, ancien instituteur d’OKINAWA, reconnu comme l’un des plus grands maîtres contemporains de karaté, par tous les pratiquants du monde. En effet, celui-ci, après avoir fait en 1917 une démonstration de ce qui s’appelait alors “l’OKINAWA-TE” (main d’OKINAWA), et qui s’appellerait plus tard le “KARA” (vide) “TE” (main), devant l’Empereur du Japon, fut chargé d’enseigner cette discipline à l’Université de TOKYO par l’Empereur lui-même, et vulgarisa cet art.

Malheureusement, à partir de décembre 1941, les Japonais s’attendent à un débarquement américain, et entreprennent d’enseigner une simplification de ces techniques à toute la population : des centaines de milliers de personnes pratiquèrent ainsi pendant 4 ans tous les jours, une discipline dans laquelle on avait gommé tout l’aspect énergétique, philosophique. Cela devenait une sorte de « close-combat » oriental, avec une ambiance militaire : s’aligner, saluer tous ensemble, etc… ce qui n’existait pas auparavant, d’autant plus que Gichin FUNAKOSHI avait toujours dit et écrit que son art ne s’enseignait qu’au travers des enchaînements individuels (katas), et que le travail par deux et les exercices de combat n’existaient pas encore. 

Ces entraînements de masse firent qu’il en ressortit beaucoup de pratiquants chevronnés arborant fièrement leur art japonais, oubliant qu’il était d’origine chinoise. Le Maître mourut en 1957, après 40 ans d’enseignement au Japon.

Dans son dernier ouvrage, traduit en anglais sous le titre “My way of life”, il écrit, à l’âge d’environ 80 ans : “...Je n’ai jamais rendu visite à un médecin, je n’ai jamais avalé le moindre comprimé, et j’ignore ce qu’est une piqûre… Chaque fois que je me sentais malade et fiévreux, je me levais et commençais à exécuter des “Katas” (enchaînements de mouvements de défense et d’attaque). Au début c’était très dur, mais au bout d’un moment, la fièvre tombait…

Dans son ouvrage “Le Livre du Ki” (version française Ed. Trédaniel), Me Koichi TOHEI, expert d’AIKIDO, raconte que lors de son enfance (tout comme Me FUNAKOSHI), il était un enfant en mauvaise santé, et était très souvent malade.

Pendant son adolescence, il contracta une pleurésie, et resta très affaibli pendant plusieurs mois, ce qui lui fit perdre une année de collège. Sentant ses forces l’abandonner de plus en plus, mais ayant beaucoup lu sur les arts traditionnels, il décida d’entrer dans un temple Zen, et d’y suivre l’enseignement. Après un an de pratique, il indique : “...La douleur ne revint jamais. Une année après, je me rendis à l’hopital Keio pour vérifier. Les rayons X indiquaient une guérison complète. D’habitude la pleurésie laisse une trace pour le reste de la vie, mais chez moi il n’y en avait aucune…”.

Ces deux exemples pourraient être multipliés par autant d’experts qu’il en a existé dans tous les arts martiaux traditionnels du monde contemporain. Tous avaient, au bout de nombreuses années de pratique, une santé remarquable. Tous ont dit ou écrit que les arts martiaux sont un moyen pour l’homme de se défendre contre l’environnement quand il est hostile : agression, froid, faim, maladie, et aujourd’hui, stress, pollution, etc. Les mêmes gestes, les mêmes techniques sont applicables à toutes ces catégories “d’adversaires”.

Ceci n’est possible que par un travail très spécifique, portant sur le corps et l’esprit.

La sophrologie, dont les exercices sont presque tous issus des arts martiaux, estime que sous des états de conscience particuliers, les processus physiologiques de notre corps fonctionnent différemment.

Apparemment, d’après ce que nous avons pu observer, tous ces phénomènes se manifestent beaucoup dans la pratique des arts martiaux traditionnels, quand ils sont enseignés et pratiqués en tant qu’arts, et non en tant que sports (Aïkido, Iaïdo, Karatédo, Qi Gong, Taï-Chi-Chuan, Shintaïdo, etc.), mais ils se manifestent beaucoup moins dans la pratique des sports, même des sports dits “sports de combat”. Il est facile de constater qu’à la différence des sports « classiques », nombreux sont les pratiquants d’arts martiaux que l’on voit encore sur les tatamis à plus de 60 ans.  Dans les arts traditionnels, les experts enseignent parfois à plus de 80 ans, et, même dans des exercices de combat, n’ont aucune difficulté en face de jeunes sportifs vigoureux. Il suffit de regarder sur Internet, les vidéos de Me Mitsusuke HARADA (karaté Shotokaï), actuellement âgé de 87 ans, de Me Hiroyuki AOKI (Shintaïdo), qui a bien plus de 70 ans, Me Gozzo SHIODA (Aïkido), décédé depuis longtemps, mais qui a enseigné au delà de 70 ans, etc.

 

Un art traditionnel peu connu 

Même si, à une lettre près, le Shotokaï pourrait être confondu avec le style le plus répandu et le plus connu du karaté, à savoir le Shotokan, sa pratique est totalement différente, puisque les mouvements sont exécutés sans contraction, sans force musculaire, sans verrouillage du bassin, avec des déplacements beaucoup plus longs. Certains l’ont comparé à une sorte de « Taï-Chi accéléré ». Le Shotokaï est donc accessible à tout le monde (hommes, femmes, enfants, seniors).

Me Gichin FUNAKOSHI avait été impressionné par l’AIKIDO qu’enseignait Me UESHIBA :  en effet, lorsque ce vieil homme de plus de 😯 ans se concentrait et tendait le bras, personne ne pouvait  dévier ce bras. Tout en décontraction, il projetait des pratiquants de karaté ou de judo de haut niveau qui l’attaquaient. Me FUNAKOSHI avait remarqué le décalage existant entre ses élèves qui confondaient énergie et contraction musculaire (deux notions contradictoires), et avait demandé à son plus ancien élève, Me Shigeru EGAMI, d’étudier des formes de techniques grâce auxquelles le “karaté” se rapprocherait de la décontraction de tous les arts traditionnels dont il était d’ailleurs issu (Taï-Chi-Chuan, Qi Gong, etc.).

Ceci ne peut se faire qu’en faisant prédominer la recherche du « Ki » qui devrait être plus importante, à long terme, que la technique elle même. Pour accomplir cette recherche, Me EGAMI fonda l’association “Shotokaï”.

Le siège de cette association fut fixé au Dojo de Me FUNAKOSHI, le “SHOTOKAN DOJO”. Cette anecdote mérite d’être rapportée car l’on a souvent opposé deux conceptions du karaté : “SHOTOKAN” et “SHOTOKAÏ”, sans savoir qu’encore aujourd’hui, le “SHOTOKAÏ” se pratique dans le SHOTOKAN Dojo, qui fut la maison de Me FUNAKOSHI… En effet, après la mort de Me FUNAKOSHI en 1957, Me EGAMI,  selon les usages traditionnels, en sa qualité de plus ancien, reprit la direction du Shotokan Dojo et développa une manière de pratiquer en totale décontraction, plus spirituelle que physique, ayant pour corollaire obligatoire l’interdiction de toute compétition. Ceci malheureusement, allait à contre-sens de l’évolution du Japon qui s’ouvrait à l’Occident, et qui, pour vulgariser le karaté, allait souvent encourager la compétition. C’est pourquoi beaucoup de pratiquants (y compris le propre fils de Me FUNAKOSHI) quittèrent le Shotokan Dojo, pour fonder le style de compétition le plus connu au monde, le “Shotokan”. Quant aux adeptes de Me EGAMI, ils restèrent au Shotokan Dojo où ils pratiquent encore aujourd’hui le… Shotokaï. Mais la grande majorité des jeunes, attirés par la compétition, quittèrent le Dojo de FUNAKOSH, et fondèrent le style de compétition Shotokan, qui inonda le monde occidental. C’est donc une discipline simplifiée et incomplète qui arrive en Europe aux environs de 1955.

 

Carcan  sportif

En France, dans les années 50, pour obtenir des gymnases ou des salles d’entraînement, il fallait être une association sportive.  De ce fait, tous les arts martiaux, dès leur introduction, baignèrent dans le carcan sportif, alors qu’en Extrême-Orient, ils ne sont pas considérés comme des sports, mais des arts traditionnels, au même titre que la danse ou l’expression corporelle. Et comme la législation française avait tout de suite prévu que le Ministère des sports n’habiliterait qu’une seule fédération par discipline sportive, tous les styles durent adhérer à cette fédération dans laquelle le style sportif était majoritaire. 

Ce n’est que dans les années 1970 qu’un certain nombre d’écoles traditionnelles, tant en karaté qu’en aïkido, envoient en Europe des représentants, afin d’enseigner les arts dans leur totalité. Le Shotokaï se répand en France à partir de 1972, mais encore aujourd’hui, il est très minoritaire par rapport aux styles
« sportifs ». Il interdit la compétition et base le travail par 2, non pas sur le fait de gagner contre l’autre, mais de l’amener à la paix, ce qui rejoint tout à fait le message de l’aïkido. Il fallut attendre les années 1990, époque à laquelle les anciens du SHOTOKAÏ montrèrent que leur art, appelé alors de manière méprisante « chorégraphique », pouvait être aussi efficace dans des situations de défense, pour que ce style devienne un des styles officiels de la Fédération française.

Le travail de l’énergie dans le karaté Shotokaï n’a pas d’effets sur la santé que  sur une minorité d’experts de haut niveau. Il en a également sur des pratiquants “normaux”, à partir du moment où ils s’astreignent à une certaine régularité dans leur pratique. Certes, personne n’a encore fait, à notre connaissance, la moindre statistique concernant le thème “arts martiaux et santé”, mais notre expérience de plus de 40 ans de pratique, nos stages auprès de maîtres et d’experts asiatiques ou européens tels : Me Mitsusuke HARADA, Me Tetsuji MURAKAMI et Me Hatsuo HIRUMA (Karatédo Shotokaï), Me TAMURA (Aïkido), Me Michel COQUET (Iaïdo), Me FUKAMI (Judo), Me WENCHUN (Qi Gong) et les nombreuses rencontres avec les pratiquants gradés de diverses disciplines, nous permettent d’affirmer une constante : toute personne, quels que soient son âge et sa condition physique au départ, pratiquant un art martial traditionnel ayant pour objectif la perception et la recherche du “Ki”, verra très vite au fil des mois sa santé s’améliorer. Progressivement, il se sentira plus en forme, deviendra “battant”, aura de plus en plus envie “d’aller de l’avant”. Il y a lieu de préciser ici que nous avons remarqué que dans les écoles où  la pratique est tournée vers la compétition, ces effets sont beaucoup plus discrets.

Il serait fondamental que soit organisée une recherche contrôlée par des médecins, afin d’établir des statistiques qui pourraient confirmer notre hypothèse qui, si elle se révélait exacte, pourrait déboucher sur une information envers le public, à la suite de laquelle serait proposé aux Français un moyen de rester en bonne santé et de faire baisser ainsi considérablement les dépenses des caisses maladie.

Nous pensons que l’énergie, le “Ki” a un effet régénérateur sur le corps humain, mais nous ne pouvons, au stade actuel de nos connaissances, que le supposer, tout comme Me AOKI (*), faisant une démonstration devant un parterre de scientifiques venus du monde entier, au cours de laquelle il arrêtait et repoussait à distance des gens courant vers lui, expliquait qu’il savait comment faire, mais était incapable de dire par quel principe physique ce geste repoussait à distance, faisant d’ailleurs remarquer à l’auditoire que les scientifiques étaient eux et pas lui…

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