Il y a dix mois, dans son numéro de novembre 2020, la revue Néosanté publiait une interview de la psychologue et philosophe Ariane Bilheran. Titre en couverture de cet entretien : « La paranoïa pandémique mène au totalitarisme ». Avec des mots très forts, cette docteure en psychopathologie dénonçait la « déferlante totalitaire » orchestrée par les gouvernements sous couvert d’urgence sanitaire. Les propos d’Ariane Bilheran étaient tellement secouants que je les avais partagés en partie dans l’infolettre du 28 octobre. Aujourd’hui, c’est une nouvelle et longue interview de l’écrivaine française que je reproduis gratuitement et intégralement ci-dessous. Si je vous l’offre sans la monétiser, c’est parce que la lecture de ce texte m’a à nouveau ébranlé et que je trouve important de le diffuser largement. Dans son analyse de la « crise », Ariane Bilheran invite en effet à ne plus se bercer d’illusions et à prendre conscience d’une évidence : une bande de ploutocrates a pris le contrôle de la planète et se sert du covid pour instaurer une domination totale des populations. C’est bien une guerre qui a lieu, mais une guerre contre les peuples ! Se référant souvent à Hannah Arendt, l’auteure de « Psychopathologie de la paranoïa » ose également la comparaison avec le nazisme et souligne qu’il ne faut pas confondre « dictature » ou « tyrannie » avec « système politique totalitaire ». Les deux premières sont généralement éphémères tandis que le totalitarisme transhumaniste peut s’installer sournoisement dans la durée en supprimant progressivement les libertés et en faisant croire aux gens que c’est pour leur bien. Il est crucial, nous dit Ariane, de savoir discerner le Mal et de le nommer car c’est en nommant l’« illusion délirante » des pervers au pouvoir que nous pourrons leur échapper. Sinon, nous sommes peut-être partis pour une période très sombre de l’Histoire qui pourrait durer des siècles ! Cette vision peut sembler pessimiste mais Ariane Bilheran conclut pourtant l’entretien par un message réjouissant: il n’est pas indispensable de comprendre pour combattre et il y a beaucoup d’individus qui ont le courage d’entrer en résistance par instinct du bien et simple bon sens terrien. Si nous savons nous mettre en lien, nous organiser et nous préparer à « l’état de siège » (le paroxysme du harcèlement liberticide), elle nous voit bien gagner assez rapidement cette révolte décisive contre l’oppression covidiste. Comment ? Elle distille quelques pistes et ponctue l’interview par une allusion au rôle des poètes engagés dans la lutte. Par curiosité, je suis allé voir quels étaient les artistes qu’elle cite et qui ont signé en 2015 la chanson « Para Cuando La Vida ?» (C’est pour quand la vie ? ». Je vous le donne en mille : il s’agit de HK & les Saltimbanks, les mêmes qui nous ont aidés à « danser encore » et à « leur dire qu’on s’aime » depuis le début de la mascarade plandémique. Il y a six ans, ce groupe précurseur résistait déjà à la folie morbide et mortifère qui s’emparait du monde ! Bonne écoute de leurs chansons et bonne lecture des percutantes paroles d’Ariane. Leurs consignes se rejoignent, il est temps de désobéir, se rebeller et passer à autre chose !
Interview d’Ariane Bilheran
On peut se demander si cette « guerre » contre le virus, annoncée par le président Macron, n’est pas devenue, à coups d’effondrement, une guerre psychologique vis-à-vis des peuples. Marion Bonny, ancienne femme médecin militaire formée aux maladies infectieuses et à la prise en charge de catastrophes sanitaires a même déposé une plainte à la Cour pénale internationale pour génocide économique, social, culturel[i]… Vous avez une spécialisation dans l’analyse de l’art de la manipulation et les pathologies du pouvoir. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et la façon dont vos études vous permettent de décrypter cette actualité ?
Ariane Bilheran : J’ai depuis toujours été plongée dans des environnements d’abus de pouvoir, ce qui m’a menée dès l’adolescence à penser les dérives du pouvoir, d’abord au travers de la philosophie morale et politique (Hannah Arendt et Hegel en particulier, puis j’ai fait un master de philosophie morale et politique en Sorbonne sur la maladie de civilisation selon Nietzsche) et ensuite à partir de la psychologie (harcèlement, manipulation, perversion, paranoïa). Durant une dizaine d’années, j’ai audité dans des entreprises de différentes tailles, cultures, pays, secteurs de métier, des cas de plaintes pour harcèlement. Cela m’a permis d’observer les collectifs lorsqu’ils se déconnectent du réel et laissent la place à des discours paradoxaux et sadiques. Je m’intéresse tout particulièrement à décrypter le mécanisme de « contagion délirante » entre individus et au sein des collectifs, mécanisme qui peut expliquer dans l’Histoire l’adhésion des peuples au totalitarisme et à différents crimes contre l’humanité. Par ailleurs, mes études à l’École Normale Supérieure de Paris, en Lettres Classiques, m’ont donné de l’assise pour analyser la sophistique dans les discours, c’est-à-dire la présence de « faux raisonnements », lorsqu’un raisonnement paraît vrai mais ne l’est pas. Cette corruption du raisonnement s’enracine dans une perte de sens du langage. Un exemple aujourd’hui est de qualifier de « non essentiel » ce qui n’est en réalité pas « utile » du point de vue de la production capitaliste. L’utile désigne un outil au service d’une production technique et/ou économique. Cela n’a rien à voir avec l’essentiel, qui parle de notre essence d’être humain. L’art et la culture en ce sens sont absolument essentiels pour notre humanité. L’on voit bien que le choix des mots vient pervertir ou non le raisonnement qui les emploie, et entraîne un nouveau rapport au monde, plus maltraitant. Je m’intéresse aussi depuis longtemps aux néologismes, c’est-à-dire à ces « mots nouveaux » qui sont souvent un marqueur de folie individuelle et collective, comme l’avait déjà repéré Lacan ; « Complotisme » en fait partie.
Vous avez été révélée aux yeux du grand public avec une interview réalisée pour le film Hold-Up. Quel est votre sentiment général sur ce que nous vivons aujourd’hui ?
J’étais déjà intervenue pour NEXUS en 2016[ii], où j’y décrivais exactement, sans pourtant être devin, la pente glissante sur laquelle nous étions engagés. J’y avais dit ceci : « La paranoïa porte en elle un projet de mort et pour cela elle utilise la terreur, le totalitarisme de la pensée unique, celui de l’interchangeabilité humaine, celui du contrôle absolu. La parole dominante est une propagande, dans laquelle les victimes de la terreur sont désignées comme coupables, et les résistants à la soumission comme des traîtres. La paranoïa désire créer un « homme nouveau », en niant les racines, les origines, les traditions, l’histoire et toute forme d’altérité. Sous son influence, le peuple se divise entre « amis » et « ennemis », ouvrant ainsi la voie aux guerres fratricides, ce qui nourrit l’expansion du pouvoir paranoïaque (« diviser pour mieux régner »). Le peuple, victime de ce pouvoir pathologique, présente des symptômes de souffrance de plus en plus importants : perte des repères, confusion psychique, sentiment d’impuissance, sidération. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, car il est englué dans cette manipulation de masse et cette sophistique paranoïaque. » Cela ne vous paraît-il pas décrire la situation actuelle ? Plus exactement, en 2010, j’avais déjà, dans un de mes livres, « Tous des harcelés ? » (Armand Colin) parlé de « totalitarisme rampant ». Aujourd’hui nous vivons un totalitarisme décomplexé, banalisé, et même revendiqué et souhaité par beaucoup, comme si le totalitarisme était un mode d’exercice du pouvoir justifiable et acceptable. Car, il faut poser la question : qu’est-ce qui justifie et autorise, pour l’humanité, sa soumission dans un régime totalitaire qui trace vraisemblablement des contours mondiaux (je renvoie au projet du Great Reset notamment) ? La réponse est simple : RIEN !
Vous évoquez le mode de gouvernance de la crise que certains nomment « dictature techno-sanitaire » ?
Certains parlent de « dictature sanitaire », mais le terme est absolument faux. La dictature en effet connaît une limitation dans le temps (6 mois maximum dans la Rome Antique), tandis que ce que nous vivons semble bel et bien être un « changement de paradigme politique », inattendu pour la majorité de la population. Ce changement est tout aussi violent qu’il a été soigneusement et cyniquement préparé par une petite ploutocratie mondiale sans scrupule.
Une ploutocratie ?
Ploutocratie est un terme de philosophie politique qui désigne un système de gouvernance où le pouvoir appartient aux riches (Ploutos était le dieu grec de la richesse). Curieusement, nous abandonnons l’analyse sous l’angle de la lutte des classes alors que nous atteignons un déséquilibre, jamais atteint à ce point dans l’Histoire, entre ceux, très minoritaires qui ont confisqué les richesses et les pauvres. Le régime totalitaire diffère des dictatures et des tyrannies en ce qu’il vise « la domination totale », c’est-à-dire s’immisce dans la totalité des sphères sociales, privées et intimes, jusqu’au psychisme des individus, et a pour « prétention idéologique » « la domination planétaire », je ne fais que reprendre l’analyse qu’en fait Hannah Arendt. Alors évidemment, ceux qui ont sorti la tête du guidon ont bien compris le programme à l’œuvre du « Great Reset », connu depuis longtemps par les chercheurs des coulisses du pouvoir, à savoir la suppression totale des libertés humaines, l’avènement sans limite du transhumanisme et du capitalisme marchand, tout ceci sous-tendu par des idéologies eugénistes et ségrégationnistes et une confiscation des ressources naturelles aux mains d’intérêts privés. Le « nouvel ordre mondial » a bien pour ambition la « domination planétaire » dont la surveillance de toutes les sphères sociales, privées et intimes de l’individu est un prérequis.
C’est une crise de quoi exactement ce que nous traversons ? Et d’ailleurs, est-ce que c’est une crise ?
Une crise, en grec ancien, c’est un moment où l’on discerne ce qui était caché. J’ai parlé, dans un article que j’ai écrit le 31 août 2020, de « déferlement totalitaire », et suis heureuse de voir que beaucoup se saisissent de mon expression pour désormais décrire la situation présente. C’est un déferlement totalitaire. Les gens qui pensent que j’exagère sont du même acabit que ceux qui nomment « avortement » l’infanticide d’un bébé de 9 mois (cf. projet de loi bioéthique). Ils sont des complices de la « banalité du mal », pour reprendre une expression qu’Hannah Arendt avait employée au sujet du haut fonctionnaire nazi Eichmann.
Le déferlement totalitaire représente « le moment du négatif » en Histoire, comme le nomme le philosophe Hegel. C’est le moment où une civilisation s’effondre. L’effondrement est d’abord moral, comme le disaient les Stoïciens. Selon eux d’ailleurs, la corruption du langage n’était que la manifestation de la corruption morale, et c’est par la corruption des mœurs que l’Empire Romain s’est effondré. Eh bien je pense que nous sommes à l’aube de l’effondrement de notre civilisation. Est-ce qu’il convient de le précipiter ? Je ne le pense pas. Est-ce qu’il sera de courte durée ? Je ne le pense pas non plus. L’Empire Romain a mis plusieurs siècles à s’effondrer, et les mœurs des gouvernants n’ont plus rien à envier à celles de Néron.
C’est-à-dire ?
Dans l’effondrement moral les quatre piliers qui tiennent la maison d’une civilisation ne sont plus opérants : interdiction du meurtre, interdiction de l’inceste, différence des générations et différence des sexes. Ces quatre piliers sont à entendre aussi dans leur complexité et leurs dérivés : l’interdiction du meurtre, c’est aussi celle du meurtre social (calomnie, diffamation, ostracisme…) ; l’interdiction de l’inceste, c’est aussi l’interdiction plus générale de sexualiser les enfants et de se les approprier sexuellement ; la différence des générations, c’est l’inscription d’une temporalité avant/après, qui empêche le déni des origines que revendique le totalitarisme (il s’auto-engendre et « après lui le déluge », c’est-à-dire que la responsabilité d’être articulé dans le temps passé/présent/futur d’une civilisation n’est pas inscrite) ; la différence des sexes, c’est la castration primordiale, et l’apprentissage de l’altérité : l’autre est autre, car il m’est profondément et structurellement différent, et c’est ce chemin vers l’autre que je dois déployer en moi, parce que, de par sa différence, il est aussi ma part manquante et complémentaire. Il faut bien comprendre que sans ces quatre piliers structurants du psychisme, la régression vers le délire et le passage à l’acte (meurtre, inceste, transgressions en tout genre) est certaine. Et je pense que notre civilisation est mûre pour ce niveau d’effondrement.
Quels sont les différents mécanismes à l’œuvre dans l’effondrement identitaire auquel nous assistons ?
Je ne sais pas s’il s’agit d’un effondrement identitaire. Il s’agit à mon sens d’un long processus de perte de la transmission, qu’avait déjà mise en lumière Hannah Arendt, concernant la crise de l’autorité. Je renvoie à mon livre Psychopathologie de l’autorité. Il n’y a que l’autorité (à ne pas confondre avec autoritarisme ou laxisme) qui permet de transformer, en ramenant l’être humain à une posture d’humilité, les pulsions humaines en des œuvres humanisantes et des idéaux structurants qui font barrage au chaos. Ce qui n’est pas autorité est destruction de la civilisation. La perversion et la paranoïa sont deux pathologies qui n’ont précisément pas accédé au complexe d’Œdipe, étape fondamentale qui permet l’ouverture à la temporalité (origine, filiation), à la moralité, à l’éthique, à l’altérité, à la dimension de l’universel. En même temps que nous sommes les enfants de nos parents, nous sommes les enfants d’une généalogie, d’une histoire, d’une culture, d’une identité. Parce qu’il y a transcendance envers nos ancêtres, mais aussi transcendance envers l’idée d’un infini qui serait parfaitement bon, bien, juste et beau, nous sommes en quête de nous dépasser pour ne pas décevoir les premiers, et nous perfectionner au regard du second.
Mais je ne suis pas surprise. La crise est apparue clairement en 2020 au travers d’une idéologie politique pseudo-sanitaire et a dévoilé beaucoup de choses, en particulier le rôle des médias de masse dans le lavage de cerveau, et leur passion du sensationnel au détriment du rationnel. Ces médias ont une immense responsabilité dans le renoncement à l’esprit critique ; l’exposition d’opinions tient le haut du pavé, en lieu et place de véritables raisonnements. Pour cela, il aurait fallu que nos sociétés ne renoncent pas si facilement à la recherche de la vérité, et à ses conditions. Tout ceci est le fruit d’un renoncement d’abord moral, qui s’enracine selon moi dans le « il est interdit d’interdire », le règne de la consommation immédiate et de la jouissance sans freins. Ceci est le règne pervers, et en psychologie, nous savons que la perversion est la reine mère des paradoxes qui sidèrent la pensée et empêchent la construction d’un lien social. La perversion est ce qui corrompt le lien, par nature. La paranoïa peut lui emboîter le pas pour créer de « nouveaux liens », une « nouvelle normalité », « un homme nouveau », et ces liens sont fondés sur l’illusion délirante.
Cette « illusion délirante » a-t-elle été encouragée par le confinement dont le mécanisme aurait permis de « diviser pour mieux régner » ?
Cette illusion délirante peut surtout proliférer à la faveur de la destruction perverse du lien social et de nos valeurs ancestrales. Regardons le texte en cours sur la loi bioéthique : il autorise l’infanticide (9 mois) mais le nomme « avortement ». Le texte a voulu même supprimer le droit pour les médecins à la « clause de conscience », en clair il a été question d’exiger des médecins de tuer des bébés de 9 mois et de ne pas pouvoir y déroger. Le planning familial, il continue à ne pas vouloir poser un âge minimum pour le consentement sexuel. Ce même planning familial, comme d’autres associations et enseignements idéologiques à l’Université ou encore l’OMS, promeuvent les « droits sexuels » et « l’éducation sexuelle » issue de l’idéologie criminelle de Kinsey, un violeur psychopathe d’enfants qui s’est suicidé en s’émasculant et dont les travaux ont été financés par Rockefeller. Je renvoie à mon livre L'imposture des droits sexuels : Ou la loi du pédophile au service du totalitarisme mondial (Create Space Independent Publishing Platform, 4ème édition 2020), à celui du pédiatre et pédopsychiatre Régis Brunod Préserver l’innocence des enfants (Les Éditions du Bien Commun, 2020), et aux nombreux ouvrages de la professeur d’Université américaine Judith Reisman[iii]. En 1991, le Lancet a exposé la méthodologie d’abus sexuels des enfants de Kinsey, en indiquant qu’il s’agissait de faire la promotion de la « normalisation » de la pédophilie (vol. 337, mars 2, 1991, p. 547). The German Medical Tribune, the British Medical Journal et The Lancet ont demandé que l’Institut Kinsey fasse l’objet d’investigation pour avoir couvert des crimes sexuels massifs contre les enfants et avoir promu une science frauduleuse. Cette investigation n’a malheureusement pas été faite, et Kinsey est abondamment enseigné dans les Universités aujourd’hui pour justifier de la sexualisation précoce des enfants, tandis que SIECUS, l’organisme de « pédagogie sexuelle » de l’institut Kinsey est promu activement par l’OMS qui en fait sa référence « scientifique » principale. Et l’on nous prétend que c’est de la « science », et que sexualiser l’enfant va le libérer et l’émanciper. Ceux qui croient qu’il s’agit de « prévention » sont bien naïfs, ou n’ont rien compris, ou sont bien compromis. La perversion transgresse et jouit de la transgression tandis que la paranoïa en recueille les fruits pour enrégimenter les esprits. Tout est lié : sans perversion, le pouvoir ne peut parvenir à devenir totalitaire. Dans la loi bioéthique, on envisage des chimères hommes/animaux. Dans le même temps on réalise des expériences folles avec des dizaines de milliers de satellites autour de la terre[iv], l’implantation d’une clé USB dans le cerveau d’un cochon[v] ou la création en laboratoire de viande à base d’un sérum fœtal de veau [vi], tandis qu’un autre ploutocrate fait des déclarations sur son désir d’« obscurcir le soleil »[vii].
Parfois, j’ai l’impression de vivre dans un hôpital psychiatrique à ciel ouvert !
Nous nageons en effet en pleine démesure ! Les valeurs de notre civilisation se sont effondrées, laissant place à la marchandisation des corps, leur prostitution (que l’on nous vend comme une « liberté » et une « émancipation », « le droit à disposer de son corps », un corps exploité par le capitalisme et les relations de prédation…), leur location (location des ventres des femmes pauvres dans la GPA), la vente et l’achat d’organes (notamment chez le fœtus) mais aussi d’humains en entier (bébés)[viii], la destruction du vivant et l’appropriation prédatrice de ses ressources. Politiquement, la gauche a trahi le peuple et ses enfants, en ne les protégeant pas de ce capitalisme marchand sur leurs corps et leur intime, et en promouvant, sous couvert de « liberté », de « progrès » et « d’émancipation » des idéologies telles que les « droits sexuels et reproductifs », qui sont pour le coup la manifestation d’un patriarcat des plus archaïques sur les femmes, les enfants, les handicapés, les autistes et les personnes âgées en particulier, mais également une mainmise des riches sur les corps des pauvres, il suffit de remonter à l’origine des concepteurs de ces idéologies pour le comprendre, et rien n’est aujourd’hui caché ni de leurs ambitions politiques ni de leurs déclarations publiques pour qui fait l’effort d’investiguer un tant soit peu. A mes yeux, la liste des crimes contre l’humanité aujourd’hui est interminable.
La corruption est à la fois systémique et endémique. Le fait même d’octroyer 55 euros aux médecins pour chaque déclaration de Covid-19 ou suspicion de cas est effarant !
Oui c’est une tentative de corruption. La même chose a été faite dans certains pays pour les déclarations de décès sous COVID. Le silence massif des intellectuels, voire leur collaboration, est un scandale moral en même temps qu’un symptôme de maladie de civilisation. (Soupir).
Nous sommes face à la suppression totale de ce qui humanise : la respiration, le toucher, la culture, les funérailles. Est-ce une faillite totale du lien social, symbolique, imaginaire… Comment réensemencer les imaginaires ?
Lorsque nous sommes pris dans une néo-réalité délirante, qui ne correspond plus à un rapport raisonnable et raisonné à une réalité partagée, il faut d’abord comprendre ce dans quoi nous sommes pris. Cela implique une prise de distance par rapport à ses propres émotions, et pour cela je recommande un retour aux Stoïciens, qui nous ont donné bien des clés pour nous tenir droits dans un monde chaotique. Que s’est-il passé ? Comment cela a-t-il opéré ? Comment les discours ont-ils ont évolué ? Quels sont les événements qui justifient ou non les discours et les prises de décision politiques ? Quelles sont leurs conséquences ? Sont-elles acceptables ? C’est un travail rétrospectif qui, aujourd’hui, fait clairement partie du sujet secret, interdit, que personne ne doit toucher. Il faut lever ce tabou et que des penseurs vertueux et honnêtes, retroussent leurs manches pour opérer ce travail. Qu’est-ce qui, à l’origine, a fondé toutes ces décisions ? C’est une question majeure, car une décision politique crée un précédent qui est ensuite dupliqué. Il faut revenir à la racine. Donc, avant de parler d’imaginaire, qui peut être une fuite eu égard à la violence de la réalité, il faut aborder le traumatisme collectif avec les outils de la raison, pour faire un travail d’historien et de philosophe, mais aussi de psychologue qui analyse les mécanismes déployés sur les populations. On ne s’en sortira pas avec du déni, ni avec des mécanismes de défense tels que la banalisation de la violence, l’illusion du « nouveau monde » qui arrive et vient nous sauver, et encore moins avec de l’amnésie traumatique !
Le langage est perverti, des mots étiquettes et des néologismes tels que « rassuristes », « covidosceptiques » agissent comme des massues pour écraser la pensée. Que dire de la manipulation du langage ?
Le langage paradoxal relève des processus pervers. Il peut ainsi être utilisé pour sidérer la pensée et la vider de son sens. La présence de nombreux néologismes peut être la marque d’un délire psychotique, et ce dernier lorsqu’il est paranoïaque, peut être collectif. C’est exactement ce que l’on voit à l’œuvre dans la mécanique des sectes.
La science médiatisée est devenue le domaine du dogme inquisitorial et de la croyance. Einstein rappelait l’importance essentielle de l’expérience pour acquérir de la connaissance, tout le reste n’est que de l’information. Il faut donc toujours confronter les faits avec le discours officiel. Hannah Arendt écrit que dans le totalitarisme les faits ne concordent plus avec la fiction officielle et sont traités comme irréels. Cela s’appelle en psychopathologie : un délire. Pourquoi n’avons-nous pas pu entendre, sans hurlements de harpies, les retours d’expérience des médecins de terrain ? Pourquoi leur a-t-on supprimé même le droit à l’expérience (notamment pour le droit de prescrire en conscience) ? Tout est organisé autour de la croyance religieuse que l’humanité est en grave danger. Ce grave danger, posé en premier principe affirmatif non contestable, n’est jamais interrogé, et il justifie un tas de mesures liberticides d’exception. La science peut délirer, lorsqu’elle est coupée du terrain et de tout bon sens, et se retrouve sous le joug de conflits d’intérêts, d’opportunismes politiques et d’emballements médiatiques. Déni d’experts et délit d’opinion sont deux marques de fabrique de la pathologie paranoïaque dont je parle. Paranoïa, perversion et psychopathie sont les champions du système totalitaire, aidés dans leur réalisation par beaucoup de gens qui régressent en névrose obsessionnelle grave (la névrose obsessionnelle est une névrose qui, dans sa forme sévère, tend à se soumettre par croyance religieuse et rétrécissement du champ de conscience à « j’ai obéi aux ordres », sans aucune critique de ces ordres, avec peu d’affect et avec d’ailleurs souvent des traits hypocondriaques) et « fonctionnent ».
De même qu’il existe un psychisme individuel, où « le Moi n’est pas maître dans sa propre maison » (Freud), il existe un psychisme des groupes, et un psychisme des peuples, en ce sens qu’il existe des régressions psychiques de groupes (ex. : sectes), et de peuples (phénomène totalitaire) où la folie envahit l’espace social. Cela fonctionnera selon les mêmes processus psychopathologiques.
Comment sortir de ce processus sectaire ?
Quand quelqu’un est entré dans une secte, il n’est plus accessible aux arguments logiques. Victor Klemperer qui a étudié la langue du IIIème Reich mentionnait un jeune Nazi qui, suite à l’effondrement du nazisme, demeurait dans l’idéologie. Il l’était notamment parce qu’il utilisait encore la langue trafiquée du nazisme. Je pensais jusqu’à récemment que c’est parce que la langue devenait corrompue qu’elle corrompait les esprits, mais les Stoïciens disent l’inverse, à savoir qu’une langue corrompue est le marqueur de la corruption morale des esprits. Il est stupéfiant de voir que ces néologismes sont également repris et adoptés par la résistance. Je suis en train de référencer ce nouveau vocabulaire entré dans le champ social, j’en suis déjà à environ 50 nouveaux mots ou expressions. Lorsque l’on sait que quelqu’un en France qui a un vocabulaire pauvre, détient environ 400 à 500 mots pour parler, 50 nouveaux mots c’est énorme (rassuristes, complotistes, conspirationnistes, révisionnistes, covidosceptiques, covidofriendly, skypero, coronapero, distanciel, etc.). J’ai relevé essentiellement trois champs lexicaux majoritaires : la guerre et la persécution (couvre-feu…), le sanitaire-hygiéniste (cas contact, foyer infectieux…) avec des accents parfois religieux, où la santé est définie en creux comme absence totale de potentielle maladie (ce qui est impossible par définition) et le numérique (skypéro, coronapero, distanciel…). Si l’on accepte la langue du colonisateur, on s’est déjà laissé coloniser. Il faut refuser ces néologismes, ces expressions toutes faites, les questionner et ne pas les employer, car ce faisant l’on contribue à renforcer le délire qui, pour s’imposer, a besoin de déstructurer et de coloniser notre langue, qui est notre patrimoine commun.
Comme le dit Hannah Arendt, le risque n’est-il pas que « quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez à ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien ? […] Et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et l’on peut faire ce que l’on veut d’un tel peuple. »[ix]
Oui, c’est vrai. L’écrivain et théoricien Guy Debord [1931-1994] disait : « le vrai est un moment du faux », cela désigne une société folle où la vérité est relative, on la retrouve dans quelques interstices du discours, mais sa recherche n’est plus fondamentale. Ce renoncement à la vérité pour lui préférer le spectacle, nous en sommes tous responsables. Combien de pseudo-malades vrais acteurs à la télévision ? A qui cela importe que l’on nous vende de la fiction pour de la réalité ? Par exemple, la confusion est savamment entretenue dans les décès entre les morts du coronavirus (dont le coronavirus est la cause du décès) et des morts avec le coronavirus (le coronavirus était présent sans être la cause du décès).
La confusion est là depuis le départ : sur les « cas positifs » (amalgame entre des gens qui ont des symptômes et des gens simplement porteurs du virus, et encore, dans quelle mesure) ; sur les « patients » pour des gens qui sont bien portants et viennent se faire vacciner ; et lorsque l’on ne dit pas un mot des sérologies des gens que l’on veut vacciner, etc.
Le mathématicien et maître de conférences Vincent Pavan a mis en lumière le problème de départ qui est le suivant : quand, à l’origine des décisions politiques, l’épidémiologie se veut une réponse totalisante aux problèmes du réel, sans autocritique ni confrontation à l’expérience, avec une seule lecture qui tient moins du pronostic que de l’oracle et s’improvise en certitude absolue. Donc la situation actuelle n’est pas fondée sur une recherche de vérité, laquelle doit toujours se confronter à l’expérience. Aucune science n’a le degré de certitude des mathématiques, et l’épidémiologie, parce qu’elle parle du réel de l’expérience humaine, et est donc de ce fait une science opérative, ne peut avoir le degré de certitude des sciences spéculatives C’est l’expérience, notre lien au réel, qui nous permet également de ne pas créer un discours délirant totalisant qui s’affranchit du réel !
Or par une multitude de subterfuges, nous avons perdu ce lien au réel…
Oui ! Dans le réel depuis un an, les gens souffrent considérablement des mesures politiques, et cette donnée devrait être prise en compte. Je ne veux pas réfléchir selon une logique bénéfices/risques qui, selon moins, fait également fi de ce principe moral intangible : l’être humain n’est pas un moyen. Il est une fin. En clair : RIEN, absolument RIEN, ne justifie la maltraitance d’un être humain. Et autrement dit : la fin ne doit pas justifier les moyens !
Dans le réel, les chiffres oraculaires annoncés par un épidémiologiste mondial, Ferguson, ne se sont pas réalisés[x]. Donc le modèle et le paradigme ne sont pas opérants. En fait, le paradigme n’est pas opérant comme tout paradigme scientifique qui prétend régir la vie humaine en lieu et place du paradigme philosophique du libre-arbitre humain, à savoir : l’être humain est un être de liberté et de transcendance ; il n’est pas un moyen ; il est politique au sens où ce qui l’humanise est de faire société. Concernant la politique vaccinale elle-même, nul n’ignore qu’elle est en soi une expérimentation à grande échelle[xi]. En clair, nous êtres humains servons d’objets d’expérimentation. Comment l’être humain, qui est en soi un sujet et une fin, pourrait-il « consentir » à devenir un objet et un moyen ? Le paradoxe est dans la proposition, et il n’est pas tenable.
De plus, il n’y a aucun consentement éclairé puisque les populations ne savent pas qu’elles sont l’objet du stade 3 de l’évaluation du vaccin. Cela renvoie au code de Nuremberg qui protège les populations d’expérimentations à grande échelle.
C’est l’avènement du capitalisme marchand pour seul horizon. La confusion est totale. Même lorsque les propos de certains spécialistes sont très clairs, des influences sur les réseaux sociaux viennent les rendre confus et les embuer. L’OMS paie des influenceurs, le cabinet Hill+Knowlton Strategies9, et les gouvernements paient des cabinets de consulting privés, c’est un glissement à l’œuvre depuis des années… très loin du Bien Commun.
Effectivement, le cabinet McKinsey, l’un des cabinets qui orientent l’État français sur sa politique vaccinale, vient d’être contraint de payer une amende de 573 millions de dollars aux autorités américaines pour avoir contribué à la crise des opiacés, qui a rendu plus de deux millions de personnes dépendantes en 2018 et entraîné 400 000 décès en moins de vingt ans[xii]….
La corruption ne trouve de limites que celles qu’on lui met ! C’est pour cela que la priorité est d’analyser ce qui s’est passé, de reprendre les événements et les discours dans leur chronologie, et de revenir au premier principe. Par exemple pourquoi la décision de confiner la population a-t-elle été prise ? Qu’est-ce qui justifiait une telle décision ? Qui avait dit que le confinement était pertinent et sur quelles études, sachant les dommages collatéraux immenses sur une population ? Quelle était la légitimité et cela a-t-il fait l’objet d’une analyse prudente et d’un débat entre experts sans conflits d’intérêt ? Quels sont les réseaux d’influence à l’œuvre au niveau mondial, sur le plan idéologique, politique et financier ?
Il faut réintroduire du doute sur ce que l’on nous assène comme des évidences et comme une certitude délirante. La France est le pays de Descartes ; elle doit réclamer cet héritage du doute nécessaire à la remise en cause du dogme ! Car au fond, aujourd’hui, pour beaucoup, peu importe que le mensonge soit le ciment de la « nouvelle normalité » depuis un an. Peu importent les promesses non tenues, les discours déconnectés de la réalité, la croyance délirante qu’il « faut éradiquer le virus », ou encore que « l’humanité est en grave danger ». Il s’agit, sur la base du mensonge dominant, d’éradiquer le sujet humain interagissant avec le monde, un sujet créatif, imprévisible, désirant, parlant, possédant un corps vivant ; il s’agit de le réduire à une conception mécanique du corps : un corps potentiellement malade sous l’attaque d’un virus qui lui est étranger. Rien n’est plus faux, sur le plan biologique, que de considérer un « virus » comme un corps « étranger » à soi-même, sans embrasser une pensée complexe d’interactions du virus (non-soi) avec son terrain et son système immunitaire. L’humain est alors réduit à un corps mécanique inerte, à des fonctions vitales minimalistes, qui se corrompt par un ennemi invisible extérieur à soi, telle est la conception politique actuelle agissant sur nos forces vives et notre humanité. Cette haine et cette phobie du vivant s’illustrent dans la prohibition de nos mouvements, mais aussi désormais de nos paroles et de nos chants. Je renvoie à l’interdiction de chanter dans les crèches, à l’encouragement à se taire dans le métro, à l’interdiction d’accéder à des espaces de nature avec les confinements et couvre-feux. C’est sans précédent dans l’Histoire de l’humanité (sauf dans le nazisme, pour une grande partie des mesures sanitaires actuelles, au prétexte d’éradiquer l’épidémie de typhus[xiii]) ! Le premier délire de toute-puissance consiste à avoir l’illusion que nous allons pouvoir contrôler la propagation d’un virus. Chaque jour nous entrons en contact avec des millions de bactéries, de virus et de parasites. Pour le professeur Rob Knight, de l’Université de Californie à San Diego, 57% des cellules composant le corps humain sont l’ensemble des micro-organismes vivants en nous.
Concrètement, comment cela fonctionne ? C’est un système ?
Un système est un ensemble dont le tout crée autre chose que la somme des parties. La paranoïa collective est un système. Je veux dire par là que l’expliquer par des dirigeants fous n’est pas suffisant. Il faut bien qu’ils soient relayés. Par exemple, Emmanuel Macron s’est revendiqué d’un pouvoir de type jupitérien, avec une idéologie délirante et totalisante d’essence messianique (« la Bête de l’événement est là, et elle arrive »). Il a le sentiment de représenter plus que lui-même : « Il faut être disponible pour le destin » dit-il ! Ce délire collectif a comme finalité la jouissance illimitée. Et il expose, pour racheter une « faute » supposée originaire, au sacrifice expiatoire de tous.
Les gens sont perdus face aux injonctions paradoxales du gouvernement et aux informations contradictoires. Mais cette crise ne serait-elle pas aussi le fruit de notre ignorance, et d’une tendance à la soumission largement étudiée par les psychologues après-guerre, qui nous pousse à accepter la violation de la majorité de nos droits fondamentaux (droit au travail, au déplacement, liberté d’opinion) ?
C’est l’éternelle question du psychisme des masses, de même que celle, encore bien obscure, des mécanismes d’entrée dans la contagion délirante ou encore des conditions de sortie du déni. Le traumatisme est un choc à l’intégrité, qui entraîne une blessure psychique et émotionnelle. Tant que cette blessure n’est pas soignée avec un pansement qui tient la route, on se cogne de nouveau au même endroit. C’est la répétition traumatique.
La majorité de la population est prise dans le narratif délirant des médias, qui raconte une histoire d’angoisse généralisée, qui ne correspond d’ailleurs pas à ce que nous vivons dans notre quotidien. Ce film d’horreur fonctionne par suggestions hypnotiques et répétitions incessantes. Chaque fois, la partie est prise pour le tout, avec un effet loupe sur l’une des composantes qui remplit désormais le champ entier de la vie des gens. Tout cela manque gravement de rationalité et de mesure.
Quels sont les profils qui sont « mieux armés » que d’autres pour faire face à ces manipulations ?
Je constate que ne sont pas nécessairement perdus, entre autres : ceux qui ont eu des parents maltraitants voire délirants et qui ont travaillé sur leur enfance, eux n’ont pas perdu leur lucidité ; la majorité des pauvres qui n’ont aucune naïveté sur le fait que des très riches et puissants leur voudraient du bien, et n’ont aucun mécanisme d’identification à ces décideurs politiques et économiques ; ceux qui ont la nécessité d’être ancrés dans la réalité (ex. : le paysan qui travaille la terre). Ces derniers ne s’identifient pas aux décideurs politiques, et l’absence de ces mécanismes d’identification les empêche d’être sujets au syndrome de Stockholm qui est la défense de son propre bourreau ; et enfin ceux qui ont une vie morale et spirituelle réelle de valorisation de la vie (je ne parle pas d’une fausse spiritualité de groupes avec des canalisations destinées à fuir le réel), par exemple certains artistes, poètes, philosophes, penseurs et créateurs, qui savent qu’ils sont toujours les cibles premières des pouvoirs totalitaires, parce qu’ils manifestent dans leurs créations artistiques et leurs réflexions l’aspiration à la liberté humaine. Ce qu’il faut comprendre c’est que, lorsque l’on a été manipulé, il est très difficile d’en prendre conscience et de revenir en arrière. Il nous faut tous ce courage et cette humilité, et je souhaite que des experts neutres, indépendants, issus du peuple et sans conflits d’intérêt se penchent sur un bilan de l’année écoulée. Mais lorsque j’entends même des philosophes adhérer à des termes comme « complotisme », ou dire que les complotistes sont des paranoïaques sans jamais définir ni le premier ni le second terme, je me dis que ce n’est pas gagné ! Ne s’en sortent pas ceux qui ont des mécanismes d’identification avec les gouvernants. Personnellement j’ai grandi dans une banlieue ouvrière dans laquelle le peuple se méfiait des ambitions des puissants, de ceux qui veulent toujours plus de privilèges. Les pauvres savent que le pouvoir ne se préoccupe jamais de leur sort, et que les Robins des bois, c’est surtout dans la fiction que cela existe. Cette ligne de fracture est fondamentale. Combien de pauvres en plus en 2020 ? Contre combien de riches ? On reconnaît l’arbre à ces fruits !
À vous entendre parler, il y aurait donc une préméditation et une instrumentalisation ?
L’hypothèse la plus plausible est que cette crise a été orchestrée par des ploutocrates et que c’est un complot contre les peuples. Beaucoup de gens au sein des peuples ont rapidement abdiqué, par confort, usure, lassitude ou manipulation, mais aussi soumission les entraînant dans la défense de leurs bourreaux. Les gouvernants sont encore et toujours vus comme des bons parents, malgré les incohérences, les contradictions et les manifestations d’absence totale d’empathie envers les peuples. Mais quand un pouvoir veut imposer une version officielle, en ridiculisant ou condamnant toute autre version alternative, cela s’appelle de la propagande, de la pensée unique, et de la mise au pas. Évidemment, pouvoir et conspiration ont toujours fonctionné ensemble : l’incendie du Reichstag attribué aux communistes par les nazis, etc.
En clair, les complots sont nombreux et sont orchestrés par ceux-là mêmes qui crient au complot ?
Les paranoïaques étant souvent à des postes de pouvoir, ils complotent, et adorent ces complots de secrets et d’arcanes, tout en accusant autrui de comploter à leur place, car la paranoïa fonctionne sur la projection (accuser l’autre de ce que l’on fait soi). Cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir aussi de grands délirants paranoïaques chez ceux qui investiguent les coulisses des premiers, les choses ne sont pas binaires, à l’inverse de la pensée monolithique paranoïaque. En revanche, ce qui a évolué, et pas dans le bon sens, c’est d’une part l’impossibilité de nommer et de penser ces complots, une criminalisation de la pensée qui montre bien qu’investiguer sur ces complots est devenu interdit car sans doute dangereux pour les comploteurs ! Et d’autre part, c’est aussi ce que Soljenitsyne nommait « la docilité » des citoyens. Il note que la réaction majoritaire de ses concitoyens était : « pusillanimité, impuissance, fatalisme. » De plus, les temps totalitaires sont toujours propices à laisser émerger la part sombre que l’on refoule en temps ordinaire. Par exemple, parmi les « bons citoyens », ceux qui soutiennent la certitude délirante de l’objet fétiche du « vaccin sauveur », pourraient se croire légitimés à incriminer et persécuter les « mauvais » citoyens, et devenir tout à la fois juges, policiers et vengeurs du pouvoir en place.
Dans L’Archipel du goulag, Soljenitsyne précise « à mouton docile, loup glouton ». Le manque de résistance chez les peuples, s’il perdure, entraînera un totalitarisme d’une violence inouïe et d’un arbitraire démesuré, puisque non freiné. Il est donc indispensable de résister. Et il convient de se rappeler que le pouvoir totalitaire frappe toujours de façon arbitraire, en clair, même si vous vous êtes fait tout petit dans un coin en pensant que l’on ne vous verrait pas, vous deviendrez une cible. Résister n’est pas une option facultative pour l’avenir de l’humanité.
Droit de respirer, de se déplacer, de travailler… Allons-nous vers un système de crédit social à la chinoise ?
Ce droit à la vie est confisqué jusque dans les moindres recoins de nos vies, laissant transparaître une confusion entre vie intime, vie privée, vie sociale et vie publique. L’individu est désormais seul masqué devant un pouvoir tentaculaire qui, lui, dévoile en revanche son vrai visage ! La politique en cours, au-delà d’être répressive, intrusive, transgressive, s’autorisant du mensonge pour persécuter la population, et y introduire division, haine et clivage, est aussi une politique ségrégationniste. La ligne de fracture est désormais une ligne entre « les bons citoyens », et « les mauvais citoyens ». Avec le « passeport sanitaire », les « bons citoyens » sont ceux qui acceptent d’échanger leur droit à la vie contre un ticket d’entrée (la vaccination) dans le monde des initiés, celui de la consommation et de la protection de quelques droits de l’homme. Bien sûr, ces droits antérieurement inaliénables sont désormais monnayables et parcellisés. Au pays du capitalisme, tout s’achète et se vend, la dignité humaine aussi. Privilèges de voyager, d’aller au restaurant… autant de privilèges accordés aux « bons citoyens » qui pourront être supprimés selon l’arbitraire des Princes, mais de ceci, le « bon citoyen » n’a pas encore conscience… Lorsque ce qui fonde le contrat social n’est plus l’égalité en droit des citoyens, mais une inégalité de droits par principe, fondée sur les obéissants et les autres, il n’y a plus de liberté civile. Le contrat social est donc caduc, et perdant sa liberté civile, le citoyen perd la protection de sa vie intime et de tout ce qui le constitue. Dès lors, la fameuse « guerre » dont on nous a tant parlé est celle du tous contre tous, orchestrée de toutes pièces par une manipulation politique, le « diviser pour mieux régner ». Sans contrat social valable, surgit le Léviathan. N’est-ce pas en temps de crise que nous aurions le plus besoin de nous rapprocher, de penser et de consolider notre lien social ? Le pouvoir totalitaire déroule désormais le catalogue : outre les obéissants (qui consomment) et les désobéissants (qui refusent d’être réduits au statut de consommateurs), il y a désormais les utiles (capacité de travail productive) et les inutiles. Voilà ce à quoi nous sommes rendus !
Et nous voyons se dessiner derrière cette stigmatisation entre les « bons » et les « mauvais » citoyens, une autre stigmatisation, celle du capitalisme sauvage, pour qui l’être humain est réduit à un corps marchand : corps qui produit de la marchandise ou corps qui coûte de l’argent, corps travaillant ou corps oisif.
L’idéologie de l’oisiveté et de la paresse est en filigrane : a-t-on le droit d’être essentiels mais non utiles au système capitaliste marchand ? Le pouvoir confond délibérément les termes.
Les artistes, les restaurateurs, les gens de la culture seraient inessentiels. Or, ils nous parlent de notre essence, et précisément, un plat mangé au restaurant n’est pas un plat mangé chez soi, il y a ce « supplément d’âme » qui nous humanise. Une pièce de théâtre ne sert à rien, mais elle nous renvoie au tragique ou au comique de la vie humaine, et nous ramène toujours à des questions métaphysiques. Pourquoi donc ceci serait-il désormais de seconde zone ? Avec cette confusion idéologique, où les valeurs du contrat social sont cassées, c’est la maltraitance qui prime. Peu à peu la rue, qui appartenait au peuple, est désertée. Elle est devenue la propriété de l’État policier !
État policier qui légifère à coups de décrets et assure sa pérennité au travers d’une loi de sécurité globale.
C’est la démonstration que la légalité totalitaire n’est plus la protection des citoyens par la Loi, mais au contraire leur exposition à l’arbitraire de l’idéologie. En clair, la Loi ne protège plus les plus vulnérables, mais les expose, et devient un outil supplémentaire de « la domination totale ». Les glissements opérés dans la Loi la font passer de colonne vertébrale protégeant les libertés à un instrument de persécution des libertés.
Que penser de cette centralisation mondiale du pouvoir… De votre point de vue de psychologue, aura-t-on assez de liberté intérieure pour y échapper ?
Il faut résister par des actions d’autonomie et de solidarité locales. Ma posture est d’encourager à éviter tout déni quant à ce qui s’en vient, et qui n’est encore une fois que le prolongement de la perversion qui s’emploie à détruire notre lien social depuis des années. La solution n’est pas dans un parti politique, au sens où tous les partis politiques font aujourd’hui le jeu de la globalisation, quelles que soient leurs déclarations de principes. Éviter le populisme, éviter les fausses illusions naïves consistant à dire que ça va aller mieux bientôt. Or, non, cela ne va pas aller mieux bientôt ! Je ne le prophétise pas, je l’analyse à partir des symptômes de la maladie de civilisation présente. Il faut résister au phénomène totalitaire, résister physiquement, psychologiquement, émotionnellement, intellectuellement et spirituellement. Concrètement, toutes les actions d’autonomisation locale doivent être développées, en particulier sur le plan de l’indépendance alimentaire, dans ces temps d’instabilité économique et politique que nous promet la Fondation Rockefeller dans ses « scenarii du futur » publiés en 2010[xiv]. Il faut donc diminuer ses besoins, apprendre à savourer une certaine frugalité en toute chose, devenir résilients localement, plus autonomes et plus indépendants du système marchand, et développer de nouvelles solidarités. J’ai souvent cette image qui me vient, je ne sais pas si elle est juste, mais peut-être parlera-t-elle à quelques-uns de vos lecteurs : dans le bras de fer entre les ploutocrates et les peuples, il faut se préparer à l’état de siège face au harcèlement. En guerre, on prépare son siège, et l’idée c’est de tenir. N’oublions pas que Paris a emporté la victoire face aux Vikings Normands grâce à sa capacité de tenir un long siège ! Donc faire des réserves alimentaires, organiser le déploiement de son autonomie, de solutions alternatives et indépendantes en eau et électricité, et de la résilience locale, c’est simplement aujourd’hui faire preuve de bon sens. Gouverner, c’est prévoir. Commençons par nous gouverner nous-mêmes, dans nos foyers et avec nos voisins. C’est beaucoup moins facile en ville qu’à la campagne. Chacun doit réfléchir non pas à un idéal tyrannique insurmontable, mais à ce qu’il peut faire en petits pas, à partir des moyens et des contraintes qui sont les siens. Le cumul des petits pas peut précisément être la clé du succès. En tout cas, il est important de transformer la peur en courage et en action, et d’aider autour de soi les plus vulnérables aussi. Ce sont eux qui en ont le plus besoin.
Il faut aussi se renforcer moralement et spirituellement, quand bien même plus personne ne résisterait. Comment ne pas devenir fou lorsque tout devient fou autour de soi ? Comment rester malgré tout relié à une transcendance ? Comment accepter les pertes auxquelles nous allons être confrontés ? Comment éviter de basculer dans la violence du désespoir ? Comment incarner un idéal élevé d’humanité, dans un chaos bestial autour de soi, et maintenir la charité envers le plus vulnérable ? Les Stoïciens, mais aussi les témoignages de rescapés de la folie totalitaire peuvent apporter des réponses, et nous aider à nous renforcer psychiquement.
La culture aussi, pour sauver notre peau ?
Ma posture personnelle est d’analyser et d’encourager à contribuer à la conservation et à la transmission du passé, pour maintenir le lien humain précisément, et éviter ce qui est recherché dans la plupart des phénomènes totalitaires : la suppression totale de notre Histoire et de notre langage, l’éradication de nos racines. Conserver les livres, conserver le savoir et les connaissances des Anciens … et cela vaut tout autant pour les semences anciennes non-hybrides que pour les livres anciens ! (Rires) Un arbre qui nie ses racines a toutes les chances de s’effondrer, mais c’est à partir de ces racines que sans doute un futur pourra repartir. Il faut donc des gardiens des racines. Je pense que l’humanité est régie par des lois, et que nous traversons quelque chose d’inévitable, qui correspond à la loi terrestre de la vie (naissance, croissance, maturité, destruction, mort), et que plus tard naîtra quelque chose de nouveau, de plus équilibré et harmonieux, mais au prix d’une très grande destruction préalable.
Quand cette renaissance aura-t-elle enfin lieu ?
Il est difficile de le pronostiquer. De Néron à Charlemagne, il y a eu sept siècles obscurs.
Comment réveiller en nous le courage d’entre en résistance ?
Tout d’abord, il faut sortir de la sidération, c’est-à-dire du choc initial et de la terreur. Heureusement, Hannah Arendt nous avait bien spécifié qu’il n’est pas utile de comprendre le totalitarisme pour le combattre : « Bien des gens affirment qu’on ne saurait combattre le totalitarisme sans le comprendre. Ce n’est heureusement pas vrai car, autrement, notre situation serait sans espoir. » Ce qui lui fit rajouter simplement ceci : « Pour combattre le totalitarisme, il suffit de comprendre ceci : il représente la négation la plus absolue de la liberté. » Comprendre qu’il existe un harcèlement de fond, de mise sous terreur des psychismes individuels est essentiel. Admettre sans le dénier que ceux qui sont des passionnés du pouvoir, en l’occurrence cette petite ploutocratie mondiale, ne veut pas notre bien, est fondamental.
Pourquoi le voudraient-ils d’ailleurs ?
C’est sûr ! La démesure concernant les fortunes possédées, à coup de milliards de dollars tandis que des centaines de millions de personnes sont réduites à la pauvreté extrême et à la famine, est un marqueur de la folie. Cette démesure, les Grecs Anciens la nommaient « hybris » et elle désignait clairement ce dont il en retourne : se prendre pour un dieu à la place d’un dieu. C’est quelque chose de très grave, et que l’on retrouve dans le délire paranoïaque. Le délire paranoïaque présente des idées mégalomanes, de toute-puissance ; le paranoïaque se prend pour le tout-puissant, nie la castration de la différence des sexes, il est homme et femme à la fois, fait table rase de l’origine, et vise l’immortalité. Mais il vise l’immortalité matérielle, qui évidemment n’a rien à voir avec l’éternité spirituelle. Savez-vous par exemple, et je remercie la personne qui me l’a signalé et qui se reconnaîtra, que dans le livre « Derniers témoins » (Presse de la Renaissance) de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015, un livre qui rassemble des témoignages de personnes qui avaient entre 3 et 12 ans lors de l’opération Barbarossa, les « médecins » allemands pensaient que le sang des enfants de moins de 5 ans favorisait un prompt rétablissement des blessés et avait un effet « rajeunissant » ? Des camps spécialisés dans l’URSS occupée par les Nazis étaient consacrés à vider de leur sang les enfants de moins de 5 ans. Les rituels de captation de l’adrénaline dans le sang des enfants terrorisés (dit adrénochrome[xv]) seraient présents aujourd’hui, dans des sectes rituelles présentes dans les lieux du pouvoir, je renvoie par exemple aux investigations d’Alexandre Lebreton[xvi], de pedopolis.com, de la journaliste Ceri (http://dondevamos.canalblog.com), de la teamfsociety (teamfsociety.com).
Il y a des gens de pouvoir qui font cela ?
Il y a des sectes occultes qui ont des pratiques totalement hors contrôle, et elles sont souvent liées aux gens de pouvoir. Nous avons des témoignages aussi, des chercheurs de l’anti-secte qui ont des gros dossiers sur le sujet. Les délires d’immortalité matérielle ne sont pas nouveaux ; ils étaient présents dans l’occultisme nazi, et ils sont très visibles aujourd’hui à travers le transhumanisme. Hannah Arendt avait prévenu que le nazisme n’était pas mort[1] : Libérés de tout lien national et des inévitables préoccupations extérieures qui les accompagnent, les nazis peuvent tenter une fois encore de s’organiser dans le monde de l’après-guerre sous la forme de cette véritable et pure société secrète, dispersée partout dans le monde, qui a toujours été le modèle d’organisation auquel ils aspiraient. […] à En Europe même, les opportunités pour une organisation fasciste internationale délivrée des problèmes d’Etat et de territoire sont encore plus grandes. » Elle ajoute : « Le danger existe que le nazisme parvienne à se poser comme l’héritier du mouvement de résistance européen, en reprenant son slogan d’une fédération européenne et en l’exploitant à ses propres fins. […] Tels sont, de façon générale, les périls de demain. » Il nous faut impérativement revenir à la compréhension de ce que fut le nazisme, et pour cela je renvoie notamment au magnifique travail de Johann Chapoutot, notamment à son livre La loi du sang. Penser et agir en nazi. Nous sommes prévenus. C’est souvent la légende juive du Golem qui me revient, cette création de l’homme qui lui échappe totalement. On vise l’homme « augmenté », mais « augmenté » de quoi ? Sachant que l’homme trouve la paix et la sérénité dans l’humilité, et non l’orgueil ? L’homme doit se contenter de sa finitude et vivre avec. Vivre c’est apprendre à mourir, tout simplement.
Pour pouvoir résister il faut avoir renoncé à ce désir d’immortalité matérielle ?
Il est impératif de remettre en pensée la question de notre rapport métaphysique à l’existence, pour nous structurer dans une verticalité face à la réduction de notre humanité à des fonctions biologiques, des organes, des besoins primaires, avec une utopie hygiéniste délirante et mortifère. L’être humain est un être de désir, c’est-à-dire, étymologiquement, qu’il a la tête dans les étoiles, tout en étant un être qui doit éviter la démesure et tendre à l’humilité, c’est-à-dire, étymologiquement, rester les pieds sur terre, en lien avec l’humus (le sol, la terre). Le totalitarisme propose un monde global qui annule le temps (pas d’avant, pas d’après) et l’espace (il est en perpétuelle expansion et nie le droit à l’intime, à tout espace qui échappe à sa conquête). C’est un monde pseudo-rassurant, qui nous « prend en charge ». Restez chez vous, regardez passivement des séries de fiction, vos dessins animés d’adultes, et commandez, vous serez livrés à domicile, le biberon arrive directement au berceau. Ce qui nous est supprimé, c’est l’investissement de l’espace social, ainsi qu’un développement psychomoteur adéquat puisque l’accès à l’extérieur est considérablement réduit, mais aussi tout ce qui opère comme socialisation, dans le travail, la fête, les jeux, le sport. La socialisation en psychologie c’est la fonction paternelle, celle qui aide le psychisme de l’enfant à sortir de la toute-puissance maternelle vécue.
Pernicieusement nous régressons ?
Oui. Car le totalitarisme c’est une mère archaïque toute-puissante qui nous incite à la régression, qui voit tout, entend tout, perçoit tout, séquestre, distribue les bons points aux enfants obéissants et punit les autres, manie l’arbitraire mais qui, de par sa toute-puissance, ne saurait se limiter ni être limitée. Tout cela entraîne une régression collective des psychismes vers la perversion et la psychose, avec une augmentation des passages à l’acte suicidaires et hétéro-agressifs (sur autrui), pervers (transgressifs, par exemple pédophiles) et meurtriers (paranoïaques et psychopathiques). Il est très facile de détruire les piliers humains universels d’une civilisation. Car ils sont très fragiles, et si nous ne faisons pas tout pour les maintenir, la maison s’écroule. Il faut faire attention aussi, car les gens, lorsqu’ils sont perdus, vont chercher du côté des ennemis des ennemis. Or, les ennemis des ennemis ne sont pas forcément nos amis. Beaucoup de sectes œuvrent sur la toile du côté de la dénonciation des politiques liberticides, mais elles font du racolage, elles ne sont pas davantage en faveur de la liberté, sinon qu’elles profitent d’un moment de déstabilisation et viennent offrir une forme de réassurance factice. Il faut conserver son esprit critique. Personnellement, je me méfie de ceux qui nous disent que cela va aller bien bientôt, qu’il suffit d’une pensée magique positive pour résoudre un problème de fond. Visualisons ensemble que cela va bien aller, c’est de l’hypnose ! Beaucoup de méditations et de canalisations coupent du lien au réel, opèrent comme des drogues paralysantes qui empêchent les gens de se mettre à l’action, et cela aussi cautionne la mondialisation néo-libérale, je renvoie à un excellent article intitulé « New Age et mondialisation néo-libérale » du sociologue Luc-Michel Mazenc[xvii]. Il y démontre que le New Age fait aussi le jeu de l’atomisation sociale, d’un identitarisme religieux et sectaire qui est le socle de l’utopie néolibérale, permettant le contrôle des individus. « Les spiritualités sectaires et New Age acquièrent donc une fonction politique en vue de légitimer la domination des esprits et l’administration des âmes, préalable au gouvernement des hommes. » Les termes « Nouveau Monde » ou « Nouvelle Terre » appelés de tous les vœux par différents courants spirituels sur internet ont été employés par Christophe Colomb lors du génocide des Indiens en Amérique du Sud, les employer revient à se relier inconsciemment à cet épisode tragique de l’Histoire de l’humanité, qu’on le veuille ou non. Et c’est aussi en substance une politique de table rase de l’ancien, d’incitation à l’effondrement économique, car ensuite viendrait le paradis sur terre ; c’est une logique sectaire. L’utopie présentée comme résistance au totalitarisme peut facilement devenir elle aussi totalitaire.
Si la maison brûle et s’écroule, et que des faux prophètes s’en emparent, n’est-ce pas déjà trop tard ?
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de philosophie morale et politique et d’Histoire. Qu’est-ce qu’un être humain ? Est-ce qu’un être humain a des droits ? Est-ce que ces droits sont inaliénables ? Oui. Le philosophe italien Giorgio Agamben parle du droit « à la vie nue », qui désigne « le simple fait de vivre », commun à tous les êtres vivants. Cela signifie que nos droits ne sauraient être aliénés sous aucun prétexte, quand bien même ce dernier pourrait paraître légitime. Il n’existe rien de plus grave que de transgresser nos droits humains ; c’est un fondement ! Je suis de l’ancienne école qui pense que l’être humain est caractérisé par son appel à la liberté, par un Esprit libre (Hegel) qui se nourrit dans l’intime, et par sa capacité de se battre pour sa liberté. De ce fait, l’être humain n’est pas une marchandise, ni un moyen pour obtenir une fin. Lorsque l’on condamne des êtres humains, par exemple dans l’impossibilité de travailler pour certaines professions artistiques ou de restauration (et l’on sait bien que les petits ne s’en sortiront pas nécessairement), pour en sauver supposément d’autres, nous avons transgressé le sacré de l’être humain qui se résume en : l’être humain n’est pas un moyen pour atteindre une fin. Il est une fin en soi. Chaque vie humaine est sacrée, mais une vie, une vie qui assume le risque de la vie, à savoir la maladie, la souffrance et la mort.
Vivre en effet est risqué ; c’est même une maladie mortelle !…
Je pense que nous sommes dans un tel effondrement moral que beaucoup ne souhaitent plus affronter ces risques. Or ces risques sont la contrepartie de la joie, du désir, de l’amour, de l’élan vital. C’est parce que nous sommes des êtres qui allons mourir, devenir malades et souffrir, que nous vivons pleinement et valorisons la vie. Et ce déni majeur ne nous exonèrera pas de nos responsabilités face à nos enfants. Désobéir, c’est rappeler la métaphysique de nos existences, notre dimension transcendante, c’est aussi s’appuyer sur des hautes figures héroïques dans l’Histoire de l’humanité (Antigone et les rituels aux défunts, Saint-François d’Assise et l’assistance aux lépreux, etc.), qui ont rendu sacrée la vie humaine dans sa profondeur. Ne pas accepter d’être réduits ainsi, donner une haute valeur morale à ce qui nous humanise, faire preuve de compassion et de charité envers les plus vulnérables, tenter de rester solidaires au-delà des différences, dire et nommer ce qui se passe, et quoi qu’il en coûte au fond, c’est fondamental que quelques Justes s’en chargent. Il nous faut faire témoignage. Comme dans la légende du Golem, c’est d’abord par le Verbe, c’est-à-dire par la parole qui nomme la vérité de ce qui est, que nous pourrons envisager de faire s’effondrer le monstre un jour. Et aussi, puisque l’on doit mourir demain ou un autre jour, « para cuando la vida ? » exigera le poète ![xviii] (Rires).
https://materiologiques.com/en/modelisations-simulations-systemes-complexes-2425-5661/312-la-diffusion-de-la-covid-19-que-peuvent-les-modeles–9782373612561.html
Merci pour la publication ” sans rémunération ” de cet article. Du coup, je vais fouiller dans votre site et je m’abonnerai éventuellement.
Ce que dit et écrit si bien cette femme m’effraie et me (ré)conforte dans un même souffle !
Ensuite je vais retrouver Espoir et Joie en faisant dans mon coin Résistance, puisant dans l’entrain des HK, Courrège et Louis Fouché. Musique et (petite, locale) Action, donc. Forza !
Merci pour cet excellent article que je partage largement. Enfin, des mots posés clairs, comme un socle solide à une réflexion retrouvée. Oser penser à ce que nous vivons, oser nommer sans autre parti pris que celui d’une liberté de penser et de vivre.
Patricia