ARTICLE N° 52 Par Joël Monzée
Fléau que ne rien semble pouvoir arrêter, la maladie d’Alzheimer n’est pourtant pas une fatalité. Si certains facteurs de risque sont relativement bien connus, il en est d’autres – comme la consommation de médicaments psychotropes – qui le sont beaucoup moins. Et parmi les moyens de prévention, il en est qui sont carrément ignorés, comme la méditation ou la pensée positive. Dans cet article qui fait le point des connaissances sur le cerveau, le Dr en neurosciences Joël Monzée insiste sur la nécessité d’apporter du sens à l’existence, et ce dès l’enfance !
Qui n’a jamais entendu la phrase « tout se joue avant six ans » ? En effet, le cerveau des enfants est facilement modifiable par l’expérience qui conditionne le potentiel offert par l’héritage génétique. On sait désormais que ce processus se prolonge beaucoup plus longtemps, y compris chez l’adulte. En fait, on parle d’une maturation optimale de notre cerveau vers 40 à 45 ans, notamment de la partie la plus frontale de notre cortex, la partie la plus humaine de notre cerveau dans l’évolution phylogénétique. Après, cela se dégrade petit à petit, laissant la place aux maladies neurologiques dégénératives, comme la maladie d’Alzheimer et la sénilité. Pourtant, quelques groupes de personnes semblent comme protégées de ce triste sort de la condition humaine. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette protection tient essentiellement de la mise en place de bonnes habitudes de vie.
Avant six ans
De plus en plus d’études démontrent que la période de gestation et les premières années de vie d’une personne vont conditionner sa qualité de vie pour longtemps. Selon la pédopsychiatre Jean Clinton(1), les trois premières années seraient primordiales pour assurer un développement adéquat au niveau physique, émotionnel et cognitif, mais aussi de son système immunitaire. Pour la publication du livre Ce que le cerveau a dans la tête, j’ai rédigé une double revue de littérature sur le développement de l’enfant en regard des situations d’anxiété, de leur représentation du monde et du processus de communication qui se met en place progressivement(2). J’y expliquais également la manière dont le cerveau se modèle et se reconfigure au gré des expériences vécues, tout en rapportant plusieurs études très intéressantes pour favoriser une meilleure santé.
Parmi ces études, citons les travaux de Suzanne King et ses collaborateurs à l’Hôpital Douglas à Montréal(3). Ces dernières années, ils ont suivi une cohorte d’enfants qui étaient en gestation lorsque leur mère a vécu la crise du verglas qui priva d’électricité la grande région de Montréal en janvier 1998. Certaines mères furent relogées dans la famille ou dans des centres d’accueil disposant de génératrices ou épargnés par les coupures électriques. Plus tard, si la moyenne de cette cohorte reste dans les normes, elle se situe toutefois en de ça de celle de la population générale. En clair, cela signifie que ces enfants montrent plus fréquemment des difficultés d’apprentissage que leurs pairs, à cause du stress vécu par leur mère.
Par ailleurs, Michaël Meaney et son équipe de l’Université McGill à Montréal ont observé la présence de cicatrices sur l’enveloppe biochimique cérébrale abritant les gènes modulant la réponse au stress chez des personnes ayant vécu une enfance difficile(4). Ces lésions, dont le nombre est corrélé avec l’âge où les traumas ont été vécus, empêcheraient le bon fonctionnement de la boucle hormonale et augmenteraient les pensées morbides.
Par ailleurs, on sait aussi que le stress n’agit pas de la même manière sur les garçons et les filles. Si les premiers sont très efficaces pour résoudre des problèmes à courte échéance, ils sont moins outillés pour l’anxiété chronique et se désorganisent plus facilement que les filles. De là, nombre de comportements d’opposition à l’autorité ou de fuite des responsabilités physiquement (éloignement) ou mentalement (dissociation). D’ailleurs, si on n’y prend garde, on confond souvent ces comportements avec les indices du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. C’est important, pourtant, de bien distinguer les deux sources, car le traitement est différent. Pire, si on médicamente un garçon sans tenir compte de son anxiété, celle-ci poursuivra sournoisement son impact biologique en détruisant l’hippocampe, une structure neurologique essentielle pour l’apprentissage scolaire.
Quant aux filles, elles ont plus de facilité à gérer l’anxiété chronique que les stress courts durant lesquels elles ont plus de risques à se désorganiser qu’un garçon. Cela dit, elles ont tout autant besoin d’un cadre de vie sécurisant pour apprendre et développer de saines stratégies relationnelles. Sans quoi, elles peuvent développer des symptômes de troubles pédopsychiatriques.
Quoi qu’il en soit, le contrôle de l’anxiété s’améliore avec l’âge, notamment grâce au processus de maturation du cerveau, surtout de la partie préfrontale du cerveau qui est corrélée aux comportements humains les plus nobles comme l’altruisme, le respect d’autrui, l’éthique, la tempérance des angoisses, l’implication sociale, etc.
Développement
Il est certain que la maturation des réseaux de neurones demande plusieurs années. Cela dépend des processus de création des contacts synaptiques et de la myélinisation des axones, mais aussi de la qualité de l’expérience vécue, d’où l’importance d’offrir aux enfants des opportunités d’exploration du monde et d’apprentissage des conduites sociales adaptées à leur étape de développement. Imaginer qu’un neurone est comme un arbre. L’arbre commence par avoir des petites racines et quelques branches. S’il est planté dans une terre riche, il déploiera ses racines. S’il dispose de nombreuses heures d’ensoleillement, il grandit et déploie ses branches. Curieusement, la taille des arbres à Havre-St-Pierre est nettement plus petite qu’à Montréal, alors que les arbres en Virginie sont nettement plus grands qu’au Québec. L’environnement influe donc largement sur le développement des arbres.
Il en est de même pour nos neurones. À la naissance, presque tous les neurones sont présents dans le cerveau du bébé, mais ils ont une forme plutôt « rachitique ». Si les fonctions végétatives et le cerveau émotionnel sont aptes à fonctionner lorsque le bébé arrive au monde, pour les fonctions corticales, c’est le temps, la qualité de la nutrition et l’expérience qui vont permettre aux neurones de se développer et de déployer les ressources en termes de fonctions cognitives et d’habiletés relationnelles. Les axones seront plus solides et se myélinisent, les arbres dendritiques et les boutons axonaux vont créer de multiples connexions pour permettre le contact entre les neurones. Un peu comme les routes bordées de platanes dans le sud de la France ou les branches d’arbres se rejoignent et finissent par transformer la route en un tunnel verdoyant.
Cette maturation progressive s’observe dans toutes les fonctions humaines, même celles qu’on présuppose rudimentaires. La marche, par exemple, demande près de sept années pour être considérée comme mature. Par ailleurs, près de 20% des enfants n’auraient pas nécessairement choisi, avant sept ans, quelle sera leur main privilégiée pour effectuer des tâches de motricité fine et ce, même si on les initie à l’écriture depuis leurs cinq ans. Cela serait dû à un taux de dopamine qui ne serait pas encore stable dans les noyaux gris centraux.
On sait aussi que le temps digital (objectif) ne s’installe efficacement qu’aux alentours de dix ans. Précédemment, c’est le temps analogique (subjectif) qui prédomine. Les émissions pour les enfants durent généralement 25 minutes et, pour un enfant, c’est plus court que cinq minutes à attendre son dessert préféré ! Faut-il s’étonner qu’un enfant de huit ans ne comprenne pas nécessairement certaines demandes des adultes comme « on part dans 15 minutes » ?
Certaines psychopathologies, comme le trouble de personnalité borderline, pourraient disparaître naturellement chez certains individus vers l’âge de 35-40 ans, voire plus rapidement si la personne entame une psychothérapie. Or, on sait aujourd’hui que le cortex préfrontal n’atteindrait sa pleine maturité que vers l’âge de 40 ans, alors qu’on commence à parler depuis l’été 2012 de 45 ans. Faut-il s’étonner que la plupart des jeunes entrepreneurs qui démarrent leur entreprise le font vers 35-40 ans ? La crise de la quarantaine pourrait-elle marquer une remise en question des principes et engagements pris à une époque où le cerveau n’était pas encore arrivé à maturité ?
Plasticité cérébrale
Ainsi, les neurones créent des liens, s’organisent en réseaux qui se reconfigurent pour réactualiser les acquis sans cesse, y compris chez les adultes. C’est le phénomène appelé plasticité cérébrale. Pour le décrire, les livres de référence parlent notamment de la place que requiert l’auriculaire dans le néocortex des joueurs de violon. Pourquoi les violonistes ? Parce qu’ils utilisent continuellement leur auriculaire, contrairement à la plupart des individus. C’est ainsi que les profils d’imagerie cérébrale montrent que la zone dédiée à son activation s’étend en fonction de l’apprentissage des mélodies. On s’est d’ailleurs rendu compte que le cerveau des musiciens pouvait permettre aux neuroscientifiques d’observer les bienfaits de la plasticité cérébrale.
Parmi d’autres, Thomas Münte et ses collaborateurs ont demandé à quelques pianistes d’écouter et de jouer une pièce musicale complexe de Franz Litz(5). Les profils d’activation cérébrale ont montré une correspondance à 0.98% entre l’écoute et l’action chez les pianistes pratiquant cette pièce depuis 20 ans. Ce qui est toutefois intéressant, c’est l’évolution des profils chez ceux qui découvraient la pièce. Au départ, la similarité moyenne affichait 0.76%. Après 20 minutes de pratique, la similarité passa à 0.83%, puis à 0.96% après 20 jours de pratique. On assiste donc à une réorganisation neurologique progressive en fonction de la durée de l’apprentissage.
Par ailleurs, des études en imagerie cérébrale ont été menées chez des moines bouddhistes, des adeptes de la méditation et des sœurs carmélites(6). Il en ressort que les profils d’activation cérébrale des moines et des adeptes diffèrent de ceux observés dans la population générale. En premier, le cortex préfrontal gauche est plus actif, ce qui tempère l’activité préfrontale droite qui, lorsqu’elle est trop active, induirait une dramatisation névrotique de la réalité. Le cortex sensorimoteur, mais surtout somatosensoriel, est également plus actif, ce qui tempèrerait l’action des complexes amygdaliens responsables des réactivités défensives dans des situations perçues comme menaçantes. L’insula, une structure contribuant à l’empathie, la compassion et les fonctions langagières, est également plus active, tout comme le cortex préfrontal antérieur et dorsolatéral impliqué dans les processus cognitifs complexes et le contrôle exécutif.
Le cerveau des Carmélites montre également l’activation plus importante de trois autres zones cérébrales(7) : le noyau caudé, reconnu comme une structure essentielle dans la sensation de bonheur et l’amour maternel ; le cortex pariétal inférieur, ce qui reflèterait l’usage de la perception visuo-motrice pour « projeter » l’image de soi ou se visualiser « ailleurs » ; le cortex pariétal supérieur, impliqué dans la représentation du corps dans l’espace. L’expérience de l’état de prière permettrait donc de développer de meilleures habiletés relationnelles.
Enfin, ces études montrent surtout comment le cerveau continue de se développer bien après l’âge de 6 ans, ce qui est une opportunité pour les patients en difficulté, car l’apprentissage de nouvelles habitudes de vie pourrait contribuer à une gestion des émotions qui, s’appuyant sur les ressources de la plasticité cérébrale, soutiendrait plus efficacement leur santé. De plus, les zones activées par la méditation et la prière semblent essentielles aux ressources affectives saines.
Intelligence émotionnelle
« Quelle atrocité doit encore se produire pour que le monde bouge ? », s’est interrogé récemment le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en regard du nombre de conflits armés qui affectent des populations aux prises entre différentes formes de dogmes politiques et religieux. Or, le Dalaï Lama a déjà affirmé que si on apprenait aux enfants à méditer dès l’âge de huit ans, on éliminerait la violence dans le monde en une seule génération.
Comment se fait-il que la méditation puisse stopper la violence ? L’intelligence émotionnelle découle du processus de maturation normal du cerveau et se renforce grâce à la méditation. Pour sa part, l’anxiété ralentit ce processus, active les mécanismes de défense, clive les réseaux de neurones et altère l’efficacité générale du cerveau, comme je l’ai abordé dans un précédent article(8), et ce sans compter l’impact de la boucle de stress, gage de survie à court terme, qui devient un facteur déclenchant ou aggravant les maladies.
Brièvement, l’intelligence émotionnelle dépend du bon fonctionnement de la partie préfrontale de notre cerveau qui, comme je le mentionnais plus haut, induit les habiletés les plus nobles de l’être humain. Leur émergence dépend de l’efficacité des neurones et celle-ci se traduit biologiquement par une épaisseur plus grande de la matière grise. Or, on a constaté que les personnes qui méditent régulièrement disposent d’une couche de corps cellulaires plus large que les individus sans expérience d’état méditatif. Par ailleurs, ceux-ci voient leur épaisseur diminuer à partir de la quarantaine, alors que les méditants maintiennent l’épaisseur acquise. On peut en déduire que la mortalité cellulaire est moindre chez ces personnes.
Par ailleurs, la mise en perspective des aléas de la vie et la tempérance des angoisses pourraient être optimisées par l’usage d’état méditatif qui offrirait à l’individu une ressource consistant notamment à prendre une certaine distance par rapport à une situation difficile, y compris pour tempérer la douleur physique comme l’a récemment rapporté Pierre Rainville de l’Université de Montréal(9). Cette ressource est associée à l’activité du cortex préfrontal gauche. De plus, on note une plus grande activité du cortex orbitofrontal droit, siège de la zone associée à l’amour maternel, car très active chez une maman qui regarde son bébé. Cette zone, associée aux neurones miroirs qui permettent de lire l’affect d’autrui, et à l’activité du cortex préfrontal gauche, permet alors de développer l’empathie, la compassion et le respect.
De même, l’activation des zones sensorimotrices paraît particulièrement intéressante, même sans mouvement, elles permettent de tempérer la boucle neuronale du stress. En effet, Stephen Porges a démontré qu’il y a une projection directe du cortex somatosensoriel sur les complexes amygdaliens qui génèrent les comportements réactifs aux situations de menace et de danger(10). Enfin, l’état méditatif permet une harmonisation de la cohérence cardiaque qui permet de tempérer également les émotions, tant celles qui nous paraissent agréables que douloureuses.
Fléau
S’il existe une maladie qui interpelle beaucoup de personnes, c’est l’Alzheimer qui touche 1 personne sur 13 à 65 ans, 1 sur 3 à 80 ans et 1 sur 2 à 90 ans. Si, en Amérique du Nord, elle affecte autant d’hommes que de femmes, il apparaît qu’en Europe, surtout en France, elle est présente chez deux femmes pour un homme. Environ 5% des cas sont associés à une altération génétique.
La maladie se caractérise essentiellement par la présence de plaques β-amyloïdes s’agglutinant autour des neurones, ce qui finit par les « étouffer » et entraîner progressivement les différentes étapes de cette pathologie dégénérative. Il est toutefois difficile de la dépister clairement avant un examen post-mortem du cerveau. Aussi, c’est l’évaluation des comportements qui peut laisser craindre l’éventuelle apparition de cette maladie. La personne commence par avoir des déficits sensoriels, puis cognitifs. Elle se replie sur elle-même jusqu’à ce qu’elle n’entre plus en contact avec autrui.
À ce jour, il n’y a aucun traitement médical qui semble efficace puisqu’il est très rare de voir apparaître de nouveaux neurones pour compenser la dégénérescence, alors que l’affection neurologique est éparse dans l’ensemble du cerveau émotionnel et du néocortex. Si l’implantation de cellules souches laisse rêver certains chercheurs, ce seront peut-être les nanotechnologies qui permettront un jour d’identifier et de soigner cette maladie(11).
Par ailleurs, la prescription de certains médicaments psychotropes, dont les somnifères et anxiolytiques, encourageraient l’apparition des symptômes. En effet, Sciences et Avenir a récemment publié un dossier qui annonçait qu’une équipe de chercheurs, dirigée par Bernard Bégaud de l’Université de Bordeaux, avait démontré un lien entre l’absorption de ces psychotropes et l’apparition de la maladie dans la soixantaine chez 16 à 31 mille personnes et ce, rien qu’en France.
Or, l’usage de ces psychotropes est plus fréquent en France qu’aux USA et au Canada, par exemple, et plus fréquemment chez des femmes que chez des hommes. Cela pourrait expliquer pourquoi les femmes ont plus de risques que les hommes pour développer cette maladie en Europe. L’usage des psychotropes est peut-être parfois nécessaire, mais il ne faut pas oublier qu’ils ne guérissent pas la personne (à une exception près). Un psychotrope compense, là où la psychothérapie, elle, peut contribuer à l’amélioration de la fluidité de la pensée et l’amélioration de la qualité des habiletés relationnelles(12).
Prévention
On peut regarder cette maladie comme une impasse inéluctable ou chercher à réduire les risques d’en développer les symptômes. Il est à se rappeler que seulement 5% des diagnostics sont attribuables à une transmission génétique, ce qui veut dire que les habitudes de vie seraient la cause de la maladie dans 95% des cas. On pourrait donc déterminer des conditions gagnantes qui, grâce à la plasticité cérébrale, retarderaient ou compenseraient l’apparition des symptômes chez les individus.
Outre le développement de l’intelligence émotionnelle par des techniques de respiration et de méditation, on sait que la mortalité cellulaire est moindre chez ces personnes, notamment au niveau du thalamus qui relaie les influx sensoriels et stimule les cortex préfrontal et sensoriel, ainsi qu’au niveau de la matière grise cérébrale dans les aires corticales impliquées dans l’empathie, le langage, la conscience corporelle, etc. Ces aires sont directement impliquées dans les atteintes engendrées par la maladie d’Alzheimer.
Deux études, l’une menée au Rush Alzheimer’s Disease Center et l’autre à l’University of Kentuky, ont examiné près de 1500 prêtres, religieuses et moines pour constater qu’ils étaient rares à développer les symptômes de l’Alzheimer. Pourtant, on observe la présence de plaque β-amyloïdes dans les évaluations post-mortem dans des proportions similaires à celles de la population en général. Les chercheurs en concluaient qu’une attitude positive face à la vie réduisait de façon importante le risque de développer les atteintes neuropsychologiques.
A ces découvertes, s’ajoute l’importance de la nutrition, puisque des études menées à l’Université Victor-Segalen (Bordeaux), l’Erasmus Medical Center (Rotterdam) et l’University of South Florida (Miami) ont démontré l’importance de l’huile Oméga 3 et des nutriments antioxydants, dont les vitamines C et E.
En résumé, je vous propose sept habitudes de vie qui encourageront la santé de votre cerveau :
Développer une attitude positive face à la vie, c’est-à-dire encourager l’humeur joyeuse et le plaisir de vivre à chaque moment, même si c’est difficile ;
Développer une meilleure gestion du stress émotionnel et une qualité de vie relationnelle la plus harmonieuse possible ;
Donner du sens à la vie, y compris aux moments difficiles, de manière à stimuler la force de résilience ;
Maintenir des activités intellectuelles, avec de la lecture, des jeux intelligents ou de l’intérêt pour différents phénomènes ou événements qui passionnent l’individu ;
Améliorer la qualité de la nourriture en réduisant le nombre d’aliments toxiques ou transformés et en favorisant ceux qui soutiennent réellement le corps et ses organes ;
Faire de l’activité physique, ne serait-ce que trois fois 30 minutes par semaine ;
Faire confiance au processus de la vie, par la pratique de la méditation, de la prière, de la contemplation, etc.
Maladie de l’âme ?
Il y a quelques mois, j’ai reçu une lettre d’une sœur qui se réjouissait d’apprendre que la prière permettait de réduire les risques de développer la maladie d’Alzheimer. Une de ses collègues lui avait, en fait, rapporté une partie de mes propos tenus lors d’une conférence sur les liens entre les neurosciences et la spiritualité. J’ai donc répondu à ma correspondante que les symptômes de l’Alzheimer semblaient plutôt pouvoir être évités grâce à son mode de vie, ce qui inclut non seulement la prière, mais également l’ensemble des aspects de sa vie en communauté.
Loin de moi l’idée bien sûr de réduire l’être humain à sa physiologie, mais ma compréhension des choses dirait que la prière, comme la méditation, agirait essentiellement comme un état intérieur qui contribue à une vie sereine, ce qui est la base de ce dont le cerveau a physiologiquement besoin pour se régénérer efficacement. Une saine gestion du stress permet également de réduire le déséquilibre du système végétatif qui, sous l’effet du débalancement ou des hormones libérées, perturbe la circulation sanguine dans le cerveau et affecte l’apport d’oxygène et des nutriments nécessaires au maintien et à la création de nouvelles connexions nerveuses.
En effet, nos vies trépidantes et notre quête de performance nous amènent à réduire le temps de qualité avec notre entourage et les moments nécessaires pour résoudre nos conflits, à diminuer la qualité de la nourriture avec les plats préparés et mangés sur le coin de la table, à oublier les promenades en forêt pour courir d’un magasin à l’autre et à faire un usage, parfois inadéquat, de la télévision pour décompresser.
La maladie d’Alzheimer n’est peut-être pas une maladie de l’âme, mais elle traduit peut-être que nos sociétés modernes ont, elles, perdu la leur…
Notes
J. Clinton « Tout se joue avant 6 ans : des preuves », [http// :passeportsante.net], consulté le 22 février 2013.
J. Monzée « Construction de la perception et apparences trompeuses », in J. Monzée (dir.), Ce que le cerveau a dans la tête : perception, apparences et personnalité, Éditions Liber, Montréal, 2011 : 29-56 ; J. Monzée « Développement de l’enfant et représentations symboliques », in J. Monzée (dir.), Ce que le cerveau a dans la tête : perception, apparences et personnalité, Éditions Liber, Montréal, 2011 : 107-144.
D. P. Laplante et al., « Project Ice Storm : Prenatal Maternal Stress Affects Cognitive and Linguistic Functioning in 5 ½ Year Old Children », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, vol. 47(9), 2008 :1063-1072.
P. O. McGowan et al., « Epigenetic regulation of the glucocorticoid receptor in human brain associates with childhood abuse », Nature Neuroscience, vol. 12 (3), 2009 : 342-48.
T. F. Münte et al., « The musician’s brain as a model of neuroplasticity », National Review of Neuroscience, vol. 6, 2002, p. 473-478.
J. Monzée « Construction de la perception et apparences trompeuses », in J. Monzée (dir.), Ce que le cerveau a dans la tête : perception, apparences et personnalité, Éds Liber, 2011 :29-56.
M. Beauregard et D. O’leary, Du cerveau à Dieu, G. Trédaniel Éds, 2008 ;
J. Monzée, Mieux comprendre les tueurs de masse, NéoSanté n° 23
J. A. Grant et al., « A non-elaborative mental stance and decoupling of executive and pain-related cortices predicts low pain sensitivity in Zen meditators », Pain, vol. 152(1), 2011 :150-6.
S. Porges, The polyvagal theory, Norton Eds, 2011.
J. Monzée, Évolution des connaissances biotechnologiques et pratiques psychothérapeutiques, Revue québécoise de psychologie, 2012, vol.33(2), p. 97-122.
J. Monzée, Neurosciences et psychothérapie, Éds Liber, 2009.
Je suis tombée il y a peu sur un article qui parlait de “Alzheimer la maladie de l’âme” et disant que la fin des pratiques religieuses depuis l’enfance (prière depuis l’âge de 6 ans) était responsable de cette maladie !
Waouh … (on ne se pose jamais la question de ce qui se passe là où on n’a pas ces pratiques là, point de détail qui a son importance)
J’ai juste une hypothèse, de type décodage systèmique concernant le faible taux chez les religieux.
Dans la mesure où entrer dans les ordres est une magnifique adaptation pour éviter de faire des enfants (en tout cas, normalement !) et donc des enfants morts (qui pèsent si forts sur les mémoires… que l’oubli permet de ne pas être en contact avec le conflit qui en résulte pour les parents , surtout les mères qui les ont portés un peu ou bcp).
Il n’y a donc pas besoin d’une AUTRE adaptation (maladie d’Alzheimer) car le dossier est “géré” en amont.
La religion ou la prière (encore que son efficacité ne fasse aucun doute comme réducteur de stress) ont donc moins à voir avec Alzheimer que la BIOLOGIE.
Rien de surprenant pour vos lecteurs Yves, n’est-ce pas ?
Alzheimer = “je ne VEUX pas /plus me souvenir
On sous-estime encore trop le stress post traumatique (qui s’exprime parfois après des décennies !) des fausses-couches, avortements (même bien vécus sur le moment) et autres morts d’enfants en bas âge. Y compris quand ce sont nos ancêtres qui ont été touchés… la biologie nous connecte aussi à leur histoire : elle fait partie de la notre…