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nutrition saine

#balancetonbiberon

Par 24 avril 2019février 28th, 2023Pas de commentaires
Yves Rasir

Pas de panique : la semaine dernière, je n’ai pas envoyé de newsletter parce que je me suis accordé deux jours de congé à l’improviste. Big Data me censure sur Google et Facebook mais n’a pas (encore ?) trouvé le moyen de bloquer totalement mes envois numériques. Je rassure donc ceux qui se sont inquiétés il y a 8 jours de ne pas recevoir leur Néosanté Hebdo du mercredi : j’ai simplement passé mon tour pour me mettre un peu au vert et j’en ai profité pour dépouiller mon courriel en retard. Dans le tas de mails que j’ai ouverts, il y avait notamment  un message alarmant d’Augustin de Livois, de l’IPSN (Institut pour la Protection de la Santé Naturelle), qui a lancé une pétition  à propos d’un énorme scandale sanitaire potentiel :  la présence d’aluminium dans les laits en poudre pour bébés. Vous pouvez découvrir (et signer !) cette pétition en cliquant ici. J’approuve bien sûr l’initiative d’Augustin et je m’insurge à mon tour contre la contamination du contenu des biberons donnés à des millions de nourrissons. Si son ampleur se vérifie, la présence du métal toxique dans les laits infantiles mérite en effet une énergique réponse des autorités compétentes. Mais mon indignation porte aussi sur l’accueil qui a été fait à ce lancement d’alerte : comme il le raconte dans un message ultérieur, le directeur de l’IPSN a reçu des réactions outrées déplorant une « information risquant de culpabiliser les femmes » qui n’allaitent pas leurs enfants.  Il a donc repris la plume pour préciser que son intention n’était pas du tout celle-là. La campagne s’adresse aux industriels et aux politiques, elle ne vise nullement à « mettre la pression » sur les mères qui ne donnent pas le sein à leurs bébés, celles-ci étant déjà suffisamment à plaindre car elles doivent jongler avec le boulot, les tâches ménagères et les marmots. 
 
Bravo pour le tact et la courtoisie, mais tant de respect était-il nécessaire ? Quitte à choquer mon lectorat féminin et/ou féministe, j’estime pour ma part qu’on ne peut plus aujourd’hui, en 2019,  tenir ce discours excessivement indulgent.  Le lait maternel est un aliment indispensable et aucun être humain ne devrait en être privé à l’aube de son existence ! Je pense même que l’allaitement naturel devrait être considéré comme un droit sacré de l’enfant et figurer dans les textes de loi promulgués pour le protéger. Car si on impose des vaccins, pourquoi ne pas rendre obligatoire le geste le plus utile qu’une maman puisse accomplir pour son bébé ?  Ces dernières décennies, la science nutritionnelle a beaucoup progressé et a découvert de nouvelles vertus au lait maternel.  Ce n’est pas seulement le breuvage le plus adapté à la croissance harmonieuse du petit d’homme, c’est aussi la fondation de son système immunitaire, la substance  la plus précieuse à sa flore intestinale postnatale, une nourriture que réclame son cerveau immature et qui conditionnera son intelligence future, ainsi qu’une source de nutriments garante de son équilibre psycho-émotionnel. Sans même parler des bienfaits du lien affectif unissant la maman et son enfant allaité, le nectar mammaire est incontestablement ce qui convient le mieux à un bébé et aucun lait artificiel prétendument « maternisé » ne parviendra jamais à l’égaler. Très régulièrement, la revue Néosanté vous informe des recherches montrant que les nouveau-nés allaités deviennent des enfants  et des adultes en meilleure santé  physique et psychique que leurs congénères condamnés aux ersatz industriels.  Chaque mois ou presque, on découvre que le lait maternel exerce un rôle protecteur contre d’innombrables troubles et maladies.  Naguère, je me suis risqué à prédire qu’on verrait un jour des jeunes gens traîner leurs géniteurs devant les tribunaux pour le motif d’avoir été nourris au biberon. Même si on a récemment assisté à un spectacle très différent et affligeant – un adolescent américain attaquant ses parents en justice pour ne pas l’avoir vacciné –  je reste convaincu que cette perspective nous pend au nez.  Il est tellement évident que l’allaitement constitue un soin maternel élémentaire que ne pas le prodiguer va devenir plus qu’une offense au bon sens : dans un avenir pas si lointain, ce sera une forme de maltraitance condamnable et condamnée !  S’il y a bien un acte qu’il serait logique de  pénaliser, c’est celui de priver volontairement un enfant de cet amour liquide et sucré sécrété expressément pour lui. 
 
Certes, je n’ignore pas qu’un certain nombre de femmes sont dans l’incapacité physiologique d’allaiter et que d’autres rencontrent des difficultés, comme la douloureuse gerçure des mamelons pouvant dégénérer en crevasses. Il y a aussi une contre-indication absolue – la galactosémie congénitale – un déficit enzymatique qui empêche le bébé de métaboliser un composé du lactose. Mais en dehors de ces exceptions rarissimes, qui représentent maximum 1 ou 2% des cas, la science pédiatrique est formelle: toute femme venant d’accoucher est apte à  allaiter son enfant  en quantité suffisante. Les mères que la succion tourmente ont la possibilité supplémentaire de « tirer leur lait » et d’en faire profiter leurs petits. Or d’après les statistiques, ceux-ci sont encore bien trop  nombreux à en être spoliés ! En France, par exemple, un tiers des nourrissons sortent de la maternité sans avoir été allaités. Au bout d’un mois, les deux tiers de privilégiés ne sont déjà plus que 35% à bénéficier d’un allaitement exclusif. Quant à la durée minimale de 6 mois recommandée par l’OMS, elle est observée seulement par une Française sur quatre. Par comparaison, les Norvégiennes sont 99% à donner le sein en quittant l’hôpital et elles sont toujours 82% à le faire en fin de semestre. La principale raison de cet écart, c’est bien sûr le congé d’allaitement, plus long et plus avantageux dans les pays nordiques. Mais le modèle social scandinave est aussi le reflet de la culture et des mentalités  qui y prévalent. Chez nous, francophones, il est encore fréquent que les mouvements féministes s’offusquent de la « pression morale » exercée sur les femmes « faisant le choix » de ne pas allaiter.  Et les gosses, eux, on leur donne le choix ? Pour remédier à cette barbarie, je trouverais normal d’instaurer une obligation  prévoyant des dérogations médicales. L’énorme avantage d’un tel système, c’est que les femmes dispensées du devoir d’allaiter n’auraient plus aucune raison de culpabiliser….
 
Of course, je verse dans l’outrance provocatrice et je ne souhaite pas du tout que l’État se mêle de ça avec des lois.  La valorisation de l’allaitement maternel et  de ses bienfaits (tant pour le bébé que pour la maman) peut parfaitement suffire à faire évoluer les choses. D’ailleurs,  elles évoluent depuis une vingtaine d’années et, en francophonie aussi,  le lait artificiel  perd progressivement des « parts de marché ».  Il y a un quart de siècle, c’est à peine un quart des petits Français qui buvaient uniquement le lait de leur mère à leur sortie de la maternité ! Plus conscientes des enjeux écologiques et climatiques, les jeunes générations semblent  également mieux informées que leurs aînées sur  les options lactées qui s’offrent à elles au moment de donner la vie. Pourvu que ça dure et qu’une écrasante majorité se tourne bientôt vers la nourriture primale prévue par la nature ! Si l’optimisme est de mise, on peut cependant déplorer la persistance de certaines idées idiotes sur l’allaitement. Dans ma propre famille, je connais une jeune mère qui a décidé de ne pas allaiter « parce qu’elle n’est pas une vache » et qu’elle ne voulait pas « se comporter comme un animal ».Dingue, non ? Il y a encore des êtres humains qui ignorent qu’ils sont des mammifères et que ça signifie, pour la gent féminine, être porteuse de mamelles. Plus ridicule encore : les donneuses de biberons ne réalisent pas qu’elles se conduisent exactement comme des vaches puisque les formules  industrielles sont fabriquées essentiellement à base de lait bovin. Et comble de sottise,  elles ne semblent pas savoir qu’elles sont des vaches très vaches envers les veaux que les éleveurs doivent retirer du pis pour les besoins de la consommation humaine. Accepter sa part d’animalité, c’est la plus sage humanité dont peut faire preuve l’espèce humaine. Et la refuser, c’est en manquer. 
 
Si mes propos heurtent certain(e)s d’entre vous, c’est peut-être parce que j’ai omis d’expliquer pourquoi le sujet me touche autant. Il y a près de 40 ans, j’ai refusé de faire mon service militaire et j’ai accompli, à la place, un « service civil »  de 20 mois au sein d’une association active dans la coopération au développement. Par bonheur, cette ONG ne se contentait pas d’envoyer de l’aide dans le Tiers-Monde et d’y fourguer le modèle médical occidental mais elle (s’)investissait beaucoup dans un travail d’information sur les rapports Nord-Sud. J’y étais plus particulièrement en charge de la problématique des médicaments dangereux et de celle du gigantesque « scandale Nestlé ».  Au siècle dernier, ce géant agro-alimentaire et d’autres firmes  cyniquement vénales (Nutricia, Milupa…) ont exporté des mégatonnes de lait en poudre dans les pays pauvres. À grand renfort de propagande publicitaire, elles ont incité des millions de femmes africaines, sud-américaines ou asiatiques à « choisir la modernité » en remplaçant leur poitrine par une tétine. Seulement voilà : dans ces pays qualifiés à l’époque de « sous-développés », le manque d’eau potable et l’impossibilité de stériliser les récipients ont fait de terribles ravages. Une bonne part de la mortalité infantile y était imputable à l’abandon de l’allaitement ! C’est seulement en 1981 que ce déclin a été enrayé grâce à l’adoption par l’OMS d’un « Code de commercialisation des substituts du lait maternel », interdisant notamment toute publicité pour les préparations lactées. Avec d’autres militants du monde entier, j’ai modestement contribué à cette grande victoire règlementaire et humanitaire, dont je suis encore très fier.   Mais je n’ai pas oublié qu’au Sud,  ce colossal scandale a probablement causé la mort de centaines de milliers d’enfants. Et je n’ai pas oublié non plus qu’au Nord, les mêmes multinationales sans scrupules ont détourné des millions « de femmes modernes » de leur autonomie naturelle et les ont aliénées à la méthode artificielle. Elles le font encore sournoisement en faisant la promotion de « laits de suite », de 2èmeou 3èmeâge,  censés prendre le relais des glandes mais s’y substituant et contribuant à un sevrage prématuré. Aujourd’hui encore, les femmes  qui n’allaitent pas ou allaitent peu sont les victimes de cette tactique perverse consistant à leur faire croire qu’elles ne peuvent nourrir seules leurs enfants pendant longtemps. C’est faux et archi-faux : j’ai connu des naturopathes qui ont allaité exclusivement pendant plus d’un an et qui ont encore laisser téter « à la demande » pendant plusieurs années. Dans les peuplades dites « primitives », l’alimentation des nourrissons s’effectue sans laitages (ni animaux ni végétaux) et le recours aux produits laitiers y serait jugé pour ce qu’il est, à savoir une insondable stupidité nuisible à la santé. Dans la nature, aucune espèce ne consomme le lait d’une autre espèce : ça demande au moins réflexion.   Quitte à fâcher les femmes favorables au libre choix, le mien est de leur répéter  haut et fort qu’elles auraient grand tort d’opter pour le confort et la (pseudo) facilité. Retrouvez la confiance en votre corps, balancez-moi ces pitoyables imitations appelées biberons !
 

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