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Comme vous le savez sans doute, je suis un accro de football qui ne parvient pas à raccrocher ses crampons et qui pratique encore ce sport quasiment toutes les semaines de septembre à mai. L’autre samedi, nous avons joué sur un terrain synthétique de première génération, surface que je déteste. Sur ce type de tapis ayant remplacé le gazon à la fin du siècle dernier, la fausse herbe est en plastique grossier et la fausse terre est constituée de microbilles fabriquées à partir de pneus recyclés. Résultat : la moindre glissade occasionne de sévères et douloureuses brûlures sur les parties du corps éraflées par les matières artificielles.

Quand on a, comme moi, l’habitude de tacler l’adversaire, c’est-à-dire de se laisser glisser sur le sol pour lui ôter le ballon des pieds, on s’expose inévitablement à ce genre de blessures. En rentrant au vestiaire après notre défaite victorieuse (à mon âge, toutes les défaites ont quand même un goût de victoire), j’ai constaté que mon genou droit était en sang, comme limé par une râpe à fromage. Et j’ai remarqué que le genou gauche de mon équipier Thierry était dans un état identique : ça lui faisait tellement mal qu’il est rentré chez lui avec le pantalon relevé jusqu’à mi-cuisse.

Quinze jours plus tard, nous voici en tenue pour disputer une nouvelle rencontre et je vois que le genou de cet équipier est toujours mal en point : la plaie est humide, elle suinte et elle est loin d’avoir cicatrisé. En comparaison, la mienne est déjà du passé et la croûte brune s’est effritée pour laisser place à un nouvel épiderme tout rose. Ingénument, je m’étonne de ces cicatrisations hétérogènes et je demande à mon ami Thierry s’il a bien désinfecté la blessure en rentrant chez lui, ce qu’il me confirme vigoureusement, avec l’air outré du gars qui n’est pas assez fou pour ne pas se soigner.

En l’occurrence, c’est moi qui ai commis cette « folie » puisqu’en dehors de la douche d’après match et de rinçages à l’eau les jours suivants, je n’ai appliqué aucune mesure d’hygiène : ni désinfectant ni pansement. Je n’ai même pas mis d’argile verte, mon réflexe habituel en pareille situation. J’ai juste attendu que le temps et la nature fassent œuvre commune. Il n’y a pas pourtant pas photo entre les deux genoux : ma méthode a remporté le match haut la main. Que s’est-il donc passé ?

La cicatrisation exactement

Pour le savoir, autant savoir ce qu’est exactement la cicatrisation. Le texte qui suit n’est pas tiré d’un manuel de naturopathie ou d’une encyclopédie de médecine naturelle, mais bien du site d’une clinique dermatologique tout ce qu’il y a de plus classique. C’est un très bon résumé de l’état actuel des connaissances médicales conventionnelles sur le sujet :

« La cicatrisation est un processus biologique complexe et automatique qui permet à notre corps de réparer les tissus endommagés. Lorsqu’une blessure se produit, une série d’événements se déclenche pour rétablir l’intégrité de la peau.

  • Tout d’abord, la coagulation sanguine se produit grâce à la formation d’un caillot qui arrête le saignement.
  • Ensuite, desfibroblastes et des cellules inflammatoires envahissent la zone blessée et créent un tissu de granulation.
  • Ce tissu est ensuite remplacé par du collagène pour reconstruire la structure de la peau, tandis que des cellules épithéliales migrent et se multiplient pour former une nouvelle couche de peau.
  • Enfin, la maturation de la cicatrice se produit grâce à la réorganisation et à la réorientation des fibres de collagène, donnant à la cicatrice sa couleur, sa texture et sa souplesse finale.

Ce court extrait n’est-il pas édifiant ? Il décrit clairement la cicatrisation comme un processus biologique d’autoguérison, et il ajoute qu’il est « complexe et automatique ». Quand il s’émerveillait de la « puissance guérisseuse » de la nature et préconisait de la laisser agir au lieu d’intervenir, Hippocrate ne parlait pas autrement. Le paragraphe sur la phase inflammatoire du processus est encore plus instructif :

« Lors du processus de cicatrisation, la phase inflammatoire joue un rôle crucial. Elle se caractérise par une réponse immunitaire du corps face à une blessure ou à une infection. Lors de cette phase, des cellules spécifiques, telles que les macrophages, sont activées pour détruire les agents pathogèneset éliminer les tissus endommagés. En même temps, les cellules inflammatoires libèrent des molécules inflammatoires, telles que les cytokines, qui favorisent la migration des cellules impliquées dans la régénération tissulaire vers le site de la blessure. Ainsi, cette phase inflammatoire est essentielle pour amorcer le processus de guérison du corps. »

Voilà qui est franchement épatant : les dermatologues qui officient dans cette clinique belge ont donc tourné le dos au paradigme médical allopathique et ont bien saisi qu’un traitement symptomatique n’était nullement indiqué. Mieux : ils expliquent aux internautes que l’inflammation est une bonne chose puisqu’elle résulte de la réponse immunitaire et qu’elle aide à restaurer les tissus lésés. Ici, nous sommes carrément dans la Médecine Nouvelle du Dr Hamer et dans sa troisième « loi biologique » sur l’évolution biphasique des maladies ! Malheureusement, l’équipe médicale bruxelloise semble ignorer les plus récents développements de la science sur le microbiote cutané.

Le rôle salutaire de l’infection

Depuis deux bonnes décennies, on sait en effet que la peau héberge une flore bactérienne bénéfique à sa santé. Et depuis quelques années, on a découvert que des microbes considérés comme pathogènes contribuent au mécanisme de cicatrisation. C’est le cas notamment du célèbre staphylocoque doré : comme l’explique cet article, ce germe très redouté secrète une toxine fort sympathique qui déclenche une réponse immunitaire spécifique induisant la production de substances cicatrisantes. Elle ne nuit pas, que du contraire, elle répare !

Nanti de mes connaissances naturopathiques et hamériennes, c’est ce que j’avais intuitivement compris dans les années 90. Vers l’âge de 5 ou 6 ans, ma fille aînée a développé un impétigo autour de la bouche. Neuf fois sur dix, cette affection de la peau est supposément causée par le staphylocoque doré, dont la présence a été confirmée par un frottis effectué par le dermatologue consulté. Ce dernier m’a évidemment enjoint de soigner ma fille avec un médicament antibactérien, seule solution selon lui pour vaincre l’ennemi qui menaçait d’envahir son sang et de mettre carrément sa vie en danger. À l’époque, j’étais déjà immunisé contre le terrorisme pasteurien et j’ai bien sûr jeté l’ordonnance d’antibiotiques à la poubelle. Je me souviens avoir donné un peu de vitamine B à ma fille et avoir enduit la zone infectée avec de la pâte d’argile verte prête à l’emploi. Une semaine plus tard, l’impétigo avait complètement disparu. Normal, puisque le conflit psycho-émotionnel causal était résolu !

Ce que la médecine occidentale moderne ne se décide pas à comprendre, c’est que la notion de « pathogène » est erronée et obsolète. Certes, l’allopathie a fait des progrès en admettant que les microorganismes peuvent s’avérer bienfaisants. Mais pourquoi s’accrocher à la fable infantile des « gentils » et des « méchants » ? À la théorie absurde des germes qui seraient tantôt aimables et tantôt nuisibles, à la manière du Dr Jekyll et Mr Hyde ? À cette fiction grotesque d’agents infectieux jouant double jeu et faisant alternativement le bien et le mal selon qu’ils soient bien ou mal lunés ? La vérité qui devrait sauter aux yeux des toubibs et singulièrement des infectiologues, c’est que l’infection est aussi un mécanisme de guérison, quand bien même les microbes prolifèrent et mettent la vie en péril.

Pour illustrer ce propos, je vous renvoie à ma lettre du 11 mai 2016 intitulée « le jour où j’ai compris ». Si vous êtes pressé, en voici toutefois un bref résumé : un jour que je jouais au foot dans la cour de récréation, je me suis étalé de tout mon long en m’écorchant la main. Malgré les soins prodigués, la blessure s’est infectée jusqu’à transformer une partie de ma paume en énorme boule de pus et à me provoquer une fièvre rebelle. Rétrospectivement, je pense avoir échappé de peu à la septicémie. La clé de cette énigme m’est apparue après une bonne semaine de supplice : un beau matin, un gros morceau de verre est sorti tout seul de la plaie purulente ! Mon organisme avait tout simplement mobilisé une armée de bactéries pour expulser le corps étranger. C’est aussi comme ça que le corps finit par éjecter des échardes impossibles à retirer, faites le test la prochaine fois qu’un morceau de bois s’invite dans l’un de vos doigts.

Cette expérience a beaucoup compté dans mon parcours et je n’ai plus jamais usé de désinfectants quand j’abîmais ma peau jusqu’au sang. Le seul geste hygiénique que j’accomplis, c’est de bien nettoyer la plaie à l’eau claire pour en chasser les saletés. Quand on se blesse sur un « vieux » terrain synthétique, on risque justement de s’incruster dans le lard ces saloperies de microbilles pétrochimiques. Il ne servait à rien d’aller plus loin et de freiner la cicatrisation en trucidant mes staphylocoques cutanés. À l’inverse, l’ami Thierry avait manifestement retardé le processus en croyant bien faire…

Comment améliorer le terrain

Si je l’ai devancé, c’est peut-être aussi que mon terrain corporel réagit mieux que le sien aux blessures. La cicatrisation est en effet influencée par de nombreux facteurs internes.

Le premier d’entre eux est la qualité de la circulation sanguine. Plus on bouge, plus le sang voyage aisément dans les vaisseaux et plus il apporte de nutriments nécessaires à la régénération des tissus. En sus du football, j’ai repris le tennis à rythme hebdomadaire et je fais de longues promenades quotidiennes avec mon chien. Et le matin au saut du lit, je pratique le rituel de la douche froide : rien de tel pour « fouetter le sang » et stimuler la circulation des fluides vitaux.

Le deuxième facteur qui aide à cicatriser, c’est l’absence de carence nutritionnelle. Les micronutriments qui ne doivent pas être déficitaires sont le fer, le zinc et la vitamine C. Protéine fabriquée par le foie et présente dans certains aliments (œufs, lait, fèves, haricots…), l’albumine est également importante.

Mais c’est une autre protéine, le collagène, qui joue un rôle majeur durant la phase de prolifération cellulaire. Grande alliée des tissus conjonctifs et de la peau, la fibre collagénique favorise une cicatrisation rapide des plaies. Encore que : il semblerait que sa présence en excès fasse l’effet inverse et qu’elle nuise à la cicatrisation. Dans le doute, il vaut mieux ne pas se supplémenter et se contenter de la voie alimentaire.

Le collagène est présent en abondance dans les produits animaux comme l’os à moelle, la peau du poulet ou la gélatine naturelle. Les acides aminés et les minéraux présents dans les œufs, le poisson et les laitages aident à produire le collagène endogène, de même que les vitamines et flavonoïdes antioxydants des fruits et légumes. Last but not least, le soufre contenu dans de nombreux végétaux (ail, oignons, choux, noix…) participe puissamment à la fabrication du collagène. Comme par hasard, ce sont tous des aliments qui sont les bienvenus dans mon assiette. Ma façon de manger a probablement fait la différence avec celle de mon équipier.

Le troisième élément à surveiller pour bien cicatriser, c’est la glycémie. De par son impact néfaste sur le plan vasculaire, l’hyperglycémie altère le bon déroulement du processus de cicatrisation et peut conduire à l’émergence de plaies chroniques. Ce n’est pas pour rien que les personnes diabétiques en sont souvent affligées et c’est bien pourquoi une difficulté à cicatriser peut faire suspecter un diabète ou un prédiabète. Pour prévenir ces maladies métaboliques, l’exercice physique et de bonnes habitudes diététiques seront évidemment utiles.

Mais tout le monde connaît des malbouffeurs sédentaires qui ne font pas de diabète et il est courant que des gens qui mangent sainement et font du sport développent quand même la maladie. Le sens biologique de l’hyperglycémie est d’apporter de l’énergie au muscle pour résister à un danger. Avec un taux élevé de glucose sanguin, on est prêt à se protéger d’une attaque surprise ou à tenir le coup dans une situation vécue comme répugnante. Derrière les troubles cicatriciels liés au diabète, il y a donc également ce genre de conflit psycho-émotionnel à débusquer.

Sur un terrain de foot, Thierry et moi sommes des défenseurs. Vu nos âges avancés et notre vitesse de déplacement en déclin, les genoux sont notre point faible car c’est une articulation vulnérable à la dévalorisation dans un contexte de compétition. En revanche et malgré des troisièmes mi-temps bien arrosées, nous n’avons pas de problème de glycémie et n’éprouvons guère de peine à cicatriser nos blessures de matchs. Pour les raisons que je pense avoir correctement identifiées ci-dessus, je suis juste un peu moins lent à faire peau neuve.

Yves Rasir

Copyright photo : Dreamstime

3 Comments

  • Chantal RAJIC dit :

    Bonjour Yves,
    C’est toujours un plaisir de lire vos lettres.
    Comme vous, je laisse faire la nature qui sait oeuvrer pour nous cicatriser. Je dirais qu’elle a la capacité de nous redonner rapidement “la peau lisse”.
    Vous avez demandé “la peau lisse”, ne quittez pas…
    Belle journée,
    Chantal RAJIC

  • Patrick Louis VINCENT dit :

    Bonjour Yves,
    Cette histoire de collagène me fait toujours sourire. Je ne pense pas que les grands animaux végétaliens manquent de collagène (buffles, girafes, rhinocéros, hippopotames, éléphants). Pourtant, aucun ne mange d’os à moelle, de peau de poulet ou de gélatine. Dernièrement, je me suis fait opéré d’une hernie inguinale ; le chirurgien a été étonné de la vitesse de ma cicatrisation compte tenu de mon âge (74 ans). Pourtant, je mange 50% de mes calories sous forme de fruits et le reste est composé de légumes, crus ou cuits, de céréales (riz) ou pseudo (quinoa) et de légumineuses. J’ai donc une nourriture uniquement végétalienne. Je ne manque donc pas de collagène. Mon corps le fabrique avec la vitamine C (très abondante dans les fruits et légumes) et avec les légumes verts, notamment le persil. Le persil a une forte teneur en épigénine, précurseur de la formation de collagène. L’ortie est aussi un bon produit pour produire du collagène avec la vitamine C. L’ortie contient des silicates qui aide à la production de collagène. Quant à la glycine, acide aminé important dans la fabrication de collagène, on les trouve dans les oléagineux, les haricots, les bananes… Le nutriment le plus important est la vitamine C que les animaux fabriquent naturellement, contrairement aux hommes. C’est pourquoi, il est utile de se supplémenter, surtout les carnivores qui mangent peu de fruits. Enfin, et c’est peu connu, il faut du cuivre pour augmenter la production de collagène. les aliments riches en cuivre sont : les champignons, les graines de sésame et de lin, les noix de cajou et les noix du Brésil, les fruits secs, les lentilles.
    Amicalement

    • Yves Rasir dit :

      Il est parfaitement exact que de nombreux végétaux peuvent favoriser la fabrication du collagène endogène, ce qu’il me semble avoir souligné.

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