Skip to main content
Yves Rasir

Suite et fin de notre liste de  9 conseils pour se dorer au soleil sans y laisser sa peau. Si vous n’avez pas lu le premier volet, cliquez ici avant d’aller plus loin.  

5) Manger méditerranéen

La semaine dernière, j’expliquais que les fruits et légumes aqueux étaient de précieux alliés pour hydrater la peau de l’intérieur. Les végétaux contenant des caroténoïdes  peuvent également influencer sa tolérance aux rayons ultraviolets. Molécules présentes dans de nombreuses plantes, les caroténoïdes interviennent dans la synthèse de la mélanine, le pigment cutané qui contribue au bronzage naturel. Ce n’est donc pas une légende qu’on puisse légèrement brunir en mangeant beaucoup de carottes. Les caroténoïdes ont une action antioxydante  et vont  avoir aussi  un effet protecteur  en bloquant partiellement les radicaux libres générés par l’exposition aux UV. Cela va retarder l’apparition des coups de soleil et diminuer leur intensité. La famille des caroténoïdes regroupe le bêta-carotène, le lycopène, la lutéine et la zéaxanthine. Le bêta-carotène et le lycopène sont retrouvés dans les fruits et légumes de couleur orange-rouge comme la mangue, la pastèque, le melon, la papaye,  la tomate, la carotte ou  le poivron rouge. La lutéine et la zéaxanthine abondent plus particulièrement dans les légumes à feuilles vertes (épinards, blettes…)  et les légumes crucifères comme le chou et le brocoli. Pour prendre de belles couleurs, pensez donc à composer des salades variées et à cuisiner des plats colorés, en mettant surtout la tomate à toutes les sauces. Autant savoir en effet que le lycopène de la tomate cuite est nettement mieux assimilé que celui de la tomate crue. Personnellement, je consomme beaucoup de ratatouille, plat estival par excellence et festival de carotènes à lui tout seul. Dans leur assiette, les bronzés futés mettront aussi beaucoup de vitamine C (kiwis, agrumes, fraises, myrtilles, persil…) , de vitamine E naturelle (avocat, jaune d’œuf, graines de tournesol…)  et d’acides gras oméga-3 (poissons gras, noix, graines de lin …) . Toute ressemblance avec le régime méditerranéen n’est évidemment pas fortuite : là où le soleil est généreux, l’Homme s’est adapté en adoptant la diète qui convient le mieux.

6) Faire le plein d’enzymes

La semaine dernière,  j’ai quelque peu égratigné Thierry Casasnovas en critiquant les extracteurs de jus et leurs effets potentiellement funestes pour le pancréas. Sans leurs fibres pour ralentir l’absorption des sucres, des légumes comme la carotte ou la betterave peuvent sérieusement perturber la glycémie. Il est néanmoins peu douteux que les cures de jus préconisées par Thierry et d’autres naturopathes sont de puissants instruments de revitalisation et de régénération de l’organisme, et notamment de la peau.  Parce qu’elles apportent beaucoup de vitamines, de minéraux et de chlorophylle ? Sans doute, mais surtout parce que les jus de fruits et légumes frais sont des trésors enzymatiques ! Bizarrement négligées par la science nutritionnelle, les enzymes sont pourtant des clés de santé essentielles. Présentes dans les aliments naturels et dans plusieurs de nos organes (bouche, estomac, pancréas, intestin…), ces protéines spécifiques sont indispensables à la transformation de la nourriture en nutriments directement assimilés par nos cellules. Les enzymes protéolytiques (protéases) transforment les protéines en acides aminés, les enzymes glycolytiques (amylase, maltase, saccharase et lactase) transforment les glucides en glucose et les enzymes lipolytiques (lipases) transforment les lipides en acides gras. Ces biomolécules catalytiques sont cependant détruites par la chaleur (à des températures supérieures à 47,8°C) et c’est pourquoi certaines écoles diététiques (alimentation vivante, régime ancestral, crudivorisme….) recommandent d’éviter les cuissons agressives. À l’Université de Montpellier, le Dr Jean Seignalet obtenait des résultats encourageants dans le traitement de nombreuses maladies et les témoignages émanant de l’Institut Hippocrate (Floride) laissent également penser que cette approche peut faire des miracles. Mais saviez-vous qu’une théorie attribuant un rôle central aux enzymes pancréatiques est née il y a plus d’un siècle et que de nombreux chercheurs ont continué à l’explorer ? Appelée « théorie trophoblastique », cette compréhension du cancer suscite aujourd’hui un regain d’intérêt. Notre journaliste Hughes Belin a enquêté pendant un an sur ce sujet et son dossier, publié dans le Néosanté de juillet/août, ne manquera pas de vous passionner. En toute hypothèse, les enzymes alimentaires sont de précieuses auxiliaires car elles vont épauler les enzymes digestives et palier d’éventuelles carences. On les trouve en abondance dans les fruits et légumes crus (mangue, kiwi, figue, gingembre…), le miel, le jus d’aloe vera, les graines germées et les aliments lacto-fermentés. Les enzymes de la papaye et de l’ananas vont tout particulièrement aider à la digestion des protéines. Il coule de source que ce coup de pouce enzymatique aura des effets positifs sur la peau et sur sa faculté à dorer sans brûler.

7) S’activer au lieu de lézarder

Entre des gosses de colo qui s’égaillent gaiement au soleil et des ados qui se prélassent en lisant le dernier Musso, il y a une grande différence : les seconds risquent de cramer en raison de leur immobilité. C’est l’inactivité qui met la peau en danger et le mouvement qui lui permet d’apprivoiser les UV. Le changement de position (voir semaine dernière) et le déplacement du corps ne laissent pas le temps au soleil de darder ses rayons sur les zones sensibles. Faire du sport est une excellente façon de basaner en évitant les aléas du sur-place. Comme la peau est un émonctoire, une activité physique soutenue lui permettra aussi de suer et la sueur absorbe une partie du rayonnement solaire tout en exerçant un effet refroidissant. Lors de la transpiration, les glandes sudoripares amènent également du sébum à la surface de la peau, or le sébum est un véritable bouclier pour l’épiderme. Ce film lipidique sert à le prémunir du dessèchement et c’est aussi l’une des sources de nourriture du microbiote cutané. Plus on s’active, plus on stimule ces bonnes bactéries protectrices. Mais attention si vous fréquentez une piscine extérieure : le chlore agit comme un décapant et il va dézinguer à la fois la flore bactérienne et les sécrétions sébacées. S’exposer directement en sortant du bassin, c’est le meilleur moyen de se flinguer la peau. Il faut se rincer à l’eau claire et attendre au moins 20 minutes pour que la couche lipidique se reconstitue. L’eau de mer, c’est le contraire : sa richesse en minéraux lui procure une qualité hydratante et elle laisse sur la peau un biofilm hautement protecteur. Paradoxalement, sa teneur en sel est également favorable à la santé de l’épiderme, comme en attestent les vertus de la mer Morte. Personnellement, j’ai l’habitude de me sécher au soleil après avoir plongé dans la grande bleue et je suis convaincu que c’est une bonne chose. Mais est-ce l’eau elle-même qui protège ou bien les aérosols marins ? Selon une récente étude belge, les bactéries présentes dans les microgouttelettes générées par les vagues ont un effet régulateur sur le système  immunitaire et elles contribuent à réduire les réactions inflammatoires de l’organisme. Voilà une raison supplémentaire de balancer le paradigme pasteurien à la poubelle et de préférer bronzer en bord de mer.

8) Respecter son type de peau

Il faut toutefois veiller à ne pas dépasser ses limites génétiques. Nous ne sommes pas égaux devant le soleil et il vaut mieux connaître son type de peau avant de jouer les carpettes sur une plage ou ailleurs. La science dermatologique a défini 6 phototypes différents permettant de classer les individus selon leur réaction à l’exposition solaire. Si vous avez la peau laiteuse, des cheveux roux et des yeux verts, vous n’êtes pas logé à la même enseigne que le veinard à peau mate, aux cheveux châtain et aux yeux bruns. Mais les peaux foncées sont-elles vraiment privilégiées ? Durant la mascarade covidienne, j’ai maintes fois souligné que les formes sévères de cette grippe frappaient préférentiellement les personnes d’origine africaine. Aux États-Unis, le contraste fut également flagrant entre les populations blanches et afro-américaines, les secondes payant un tribut bien plus lourd à la pseudo-pandémie. C’est aisément compréhensible puisque les peaux noires absorbent beaucoup moins les UV et qu’elles synthétisent par conséquent de faibles quantités de vitamine D. Pour se maintenir en santé, les personnes basanées de naissance ou qui bronzent facilement ont donc intérêt à s’exposer davantage tandis que les premiers phototypes doivent se méfier de l’excès de soleil. Descendants des colons britanniques, les Australiens blancs actuels sont très logiquement enclins à développer des cancers cutanés. Malgré – ou à cause ?- des mégatonnes de crème solaire déversées sur ses citoyens, l’Australie bat chaque année le record d’incidence des mélanomes mortels. L’émigration, ce n’est pas compatible avec le temps long de l’évolution et il faudra encore des millénaires avant que les peaux blanches s’adaptent à l’ensoleillement du Sud et les peaux noires à la grisaille du Nord. Ceci dit, la phototypologie ne condamne pas les visages pâles à le rester. Le mode de vie peut déjouer la fatalité génétique grâce aux mécanismes épigénétiques. Ainsi, les  sept conseils déjà prodigués sont de nature à estomper les inégalités face au bronzage. Malgré sa peau claire et ses yeux bleus, un ex-ami qui se reconnaîtra a pour rituel annuel d’aller se dorer la pilule au soleil ardent de La Guadeloupe. Sans lunette et sans écran mais en tenue d’Adam et en mangeant sainement, il revient toujours bien bronzé sans passer par la case brûlures et pelades. Et j’ai connu un roux aux yeux verts bourré de taches de rousseur qui brunissait chaque été sans coup subir. L’exposition au naturel et l’alimentation naturelle, c’est le ticket gagnant pour hâler mieux en toute sécurité.  

9) Résoudre les conflits avec le père

Pour conclure nos recommandations « alternatives », venons-en enfin à notre core business : le sens des symptômes et des maladies. Sur le plan biologique, la peau est le siège des conflits psycho-émotionnels de type relationnels puisque l’épiderme est un tissu ectodermique, issu du feuillet embryonnaire le moins ancien. Il faut toujours chercher une problématique de séparation en cas de pathologie et d’inflammation de la peau, sachant que cette réaction inflammatoire se produit généralement en phase de résolution. Sur un plan symbolique, il est universellement reconnu que le soleil représente le père ou la figure d’autorité paternelle. La biologie et le symbolisme nous indiquent donc que la prédisposition aux coups de soleil traduit une relation délicate avec le papa ou celui qui remplit ce rôle. Se brûler la peau au soleil, c’est manifester dans sa chair que le contact avec le père n’est pas idéal ou n’a pas été idéal si ce dernier est décédé. Il y a un deuil à faire, un traumatisme à dépasser ou une culpabilité à désamorcer en rapport avec la paternité si vous êtes sans cesse sujet aux érythèmes et aux lésions post-exposition. La source conflictuelle peut aussi être transgénérationnelle et se situer dans le vécu d’un ascendant, grand-parent ou arrière-grand-parent.  À cet égard, il faut se rappeler qu’un teint hâlé était jadis synonyme de pauvreté, voire de misère. Seuls les paysans  et les prolétaires travaillant à l’extérieur avaient le cuir tanné. Les aristos et les bourgeois fuyaient le soleil et au XIXème siècle, avoir le teint blême était interprété comme un signe de beauté et de bonne santé. Quelle mémoire ancestrale vient réveiller la difficulté à s’exposer ? S’interroger là-dessus, c’est aussi se demander dans quelle mesure l’héliophobie des milieux médicaux n’est pas une sorte de guerre des classes à retardement. La caste médicale diaboliserait le soleil par fidélité inconsciente à l’association entre peau brune et basse condition sociale. L’hypothèse est hardie mais il me semble qu’elle vaut la peine d’être envisagée tant notre bonne étoile suscite une méfiance déraisonnable. Moyennant les quelques précautions évoquées dans mes deux billets, il faudrait au contraire faire confiance à l’astre solaire et se baigner à ses bienfaisants rayons en toute sérénité.

Yves Rasir

Un commentaire

  • Lenoir dit :

    Bonjour, tres interessant vos deux billets bronzage. Un bemol toutefois pour le passage du symbolisme, la relation au père, là (et pourtant j’y ai cru) on se raconte des histoires ! Oui je sais, l’humain et son irremediable besoin de donner un sens à tout même si ça sert a rien :)) ….(A part peut-être aux vendeurs de soupe new-age)

    A propos de sens et d’explication, je préfère encore votre hypothèse hardie sur l’origine sociale, une piste intéressante.

    Bon été a vous.

Laisser un commentaire