La question qu’il convient de se poser lorsqu’un organe s’exprime est bien sûr de savoir quelle est sa fonction : c’est indispensable pour découvrir l’origine conflictuelle d’un symptôme lorsqu’il y en a une (puisque ce n’est pas toujours le cas). Pour ce qui est des gonades, la réponse est évidente : elles servent à faire des bébés ou éventuellement à ne pas en faire. C’est d’ailleurs la fonction de l’appareil reproducteur féminin et masculin en général. Au-delà de cette évidence, il faut en énoncer une autre : le but de la vie est de transmettre la vie. Cela fait trois milliards huit cent cinquante millions d’années que le vivant a cette priorité. Il n’est donc pas étonnant que tout ce qui concerne la procréation et tout ce qui la permet soit un sujet tellement sensible. Il ne faut pas non plus s’étonner que nos organes génitaux soient si souvent en souffrance.
Le Désir d’enfant inassouvi
De mon point de vue, la tonalité conflictuelle principale de l’ovaire (et de l’appareil reproducteur féminin et masculin en général) est un désir d’enfant inassouvi du fait d’un profond malentendu entre la personne et sa biologie, soit parce qu’on s’abstient de procréer pour une raison ou pour une autre alors qu’on en a très envie, soit parce que le désir et/ou ce qui empêche sa réalisation est inconscient.
On peut, par exemple, avoir un grand désir d’enfant et une bonne raison de ne pas le faire : on est trop jeune ou trop âgée ; on n’a pas fini ses études ; il faut privilégier la carrière ; on n’a pas encore rencontré l’homme idéal ; on a déjà trois enfants ; le conjoint ne veut pas ou plus d’enfant ; la situation économique ne le permet pas ; l’appartement est trop petit, etc. On peut vouloir l’enfant mais être bloquée par une peur ou un interdit conscient : peur de la grossesse ; peur de souffrir à l’accouchement ; peur d’avoir un enfant anormal ; peur d’être une mauvaise mère ; peur d’avoir l’enfant en dehors des liens sacrés du mariage ; peur d’être mal perçue si on fait un quatrième enfant, etc. On peut aussi vouloir l’enfant mais être bloquée sans le savoir par une peur ou un interdit inconscient lié à notre histoire ou notre éducation. Bien sûr, l’origine du blocage peut être un événement survenu durant notre vie intra-utérine ou dans l’histoire de nos parents et dans celle de notre famille en général.
On peut enfin avoir un grand désir d’enfant sans le savoir et donc tout mettre en œuvre pour ne pas le faire, par exemple si on en a déjà quatre et qu’on ignore en vouloir un cinquième. Ou on peut croire ne pas en vouloir, par exemple parce que qu’on est religieuse, ce qui n’empêche pas d’être aussi une femme et d’être programmée pour faire des bébés. Mais dans tous les cas, le symptôme est la conséquence de ce profond malentendu entre la personne et sa biologie : cette dernière met tout en œuvre au niveau ovarien pour faire l’enfant mais rien ne se passe puisqu’on fait en sorte de ne pas être fécondée, avec ou sans conscience. De ce fait, la biologie estime devoir encore renforcer la fonction ovarienne, parfois même jusqu’à la maladie. Le symptôme peut être un kyste bénin ou parfois un cancer : cela dépendra de l’intensité du stress viscéral. A noter que cette problématique peut induire bien d’autres symptômes gynécologiques, par exemple au niveau de l’utérus (corps et col) : ainsi beaucoup de fibromes et d’endométrioses ont cette même origine. Cela peut aussi modifier le rythme menstruel qui alors s’accélère.
la Stérilité
Bien évidemment, si l’ovaire sert à faire des bébés, il peut aussi servir à ne pas en faire, quelle qu’en soit la raison. Dans ce cas, il ne fonctionne tout simplement pas (ou imparfaitement) et on parle alors de stérilité. Bien sûr, il faudra se demander pourquoi Dame Nature s’oppose à ce que l’enfant vienne malgré le désir de maternité. C’est un vaste sujet tellement il y a de causes possibles, des plus anecdotiques aux plus graves. Il faudra, là encore, chercher une peur ou un interdit dans notre histoire ou notre éducation, ou encore un événement survenu durant notre vie intra-utérine ou dans l’histoire de notre famille.
la Perte de l’Enfant
D’autre part, l’ovaire peut réagir très vivement quand une femme perd un enfant. En effet dans ce cas, Dame Nature prévoit qu’on en fasse un autre dans les meilleurs délais et elle met tout en œuvre pour ce faire. Si pour une raison quelconque l’enfant n’est pas conçu – parce qu’on n’y pense pas ou parce qu’on est trop âgée –, alors il se produit le même phénomène que précédemment, et parfois avec beaucoup d’intensité puisque la perte d’un enfant est probablement ce qu’une femme peut vivre de plus fort au niveau de l’émotion viscérale.
Bien sûr, la «perte» et «l’enfant» peuvent prendre bien des aspects puisque le cerveau ne fait pas la différence entre le réel, le symbolique, le virtuel et l’imaginaire, ni davantage entre le présent, le futur ou le passé. Nous le savons : la vérité n’a aucune valeur ; seule compte ce que nous éprouvons au plus profond de nous. De ce fait, dès que le cerveau archaïque d’une femme détecte cette émotion viscérale très spécifique de perte, il en déduit que son enfant est mort, même si ce n’est pas le cas puisque, dans la nature, on ne peut rien perdre d’autre que son enfant.
Ainsi l’enfant perdu peut être celui d’une autre femme et qu’on aimait comme le sien, ou encore une personne adulte, un parent, un époux, une amie d’enfance, etc., ou même un animal domestique auquel on était profondément attachée. Par extension dans certains cas extrêmes – et en théorie –, l’enfant perdu peut être un bien matériel ou un concept : un objet très précieux, une propriété familiale, une entreprise, etc.
Concernant la perte, c’est encore plus subtil : une femme peut par exemple vivre le départ du foyer d’un enfant dans cette tonalité ou encore son mariage, surtout s’il s’agit de son fils. C’est arrivé à une de nos collègues à l’occasion du mariage de sa fille : sa biologie a déclenché un nouveau cycle pendant la cérémonie alors qu’elle avait eu ses règles à peine quelques jours plus tôt. Cela dit, dans la nature, on se dépêche de mettre en route l’enfant suivant dès l’autonomie du précédent. Et la perte de l’enfant peut être anticipée : c’est le cas d’une femme ayant déclenché un cancer ovarien alors qu’elle était enceinte du fait d’une peur viscérale qu’on lui prenne son enfant après la naissance. Il faut dire qu’il y avait un antécédent familial dans cette tonalité. Sa tante maternelle s’est trouvée enceinte à seize ans : après la naissance, les parents ont chassé la fautive mais ont gardé l’enfant. A noter qu’en plus de réveiller l’ovaire, Dame nature doit aussi, en principe, réveiller la libido dans cette circonstance dramatique, ce qui ne manque pas de poser quelques problèmes moraux à des femmes qui viennent d’enterrer un enfant ou un être cher. Et d’autant plus si un enfant arrive à peine plus de neuf mois après le décès du précédent ou s’il a été conçu le jour même de l’enterrement d’un parent proche. Tout cela peut occasionner beaucoup de honte alors que c’est tellement bio-logique.
Harcèlement
Un autre cas de figure pourrait presque être drôle s’il n’avait donc parfois d’aussi graves conséquences : on ne plaisante pas avec l’ovaire ni davantage avec le harcèlement. C’est une femme de soixante ans reçue il y a quelques années qui m’a permis de le comprendre : cela lui a valu un cancer ovarien. A noter qu’au moment de l’apparition du symptôme, à cinquante-huit ans, cette dame est toujours vierge (elle est très croyante et a même songé à entrer au couvent) et surtout qu’elle n’est pas encore ménopausée.
J’avoue avoir longtemps cherché l’origine conflictuelle du symptôme : une affaire d’harcèlement moral au travail. En effet, pendant des mois, son chef de service a tout fait pour qu’elle s’en aille : elle est mise au placard ; on ne lui donne plus de travail ; on cherche à la prendre en faute ; etc. Et tous les matins, l’individu ouvre la porte du placard et lui dit : «Ah bon !? Vous êtes toujours là ?!». Puis il referme la porte.
Quel rapport y a-t-il entre un harcèlement moral au travail et l’ovaire ? C’est finalement assez simple à comprendre. Toute sa vie, peu importe pourquoi, cette femme a évité l’homme, la sexualité et donc la maternité. Cela dit, elle n’en est pas moins femme et sa biologie programmée pour faire des bébés ; d’ailleurs, elle n’est toujours pas ménopausée à presque soixante ans.
Le harceleur se présente. Qu’en déduit son cerveau archaïque ? Qu’il y a ENFIN un géniteur potentiel qui s’intéresse à elle ! Car pour lui, harcèlement moral = harcèlement sexuel = sollicitation du mâle. Alors il met tout en œuvre au niveau ovarien pour que la chose puisse enfin se faire. Mais comme il n’y a pas de rapport sexuel, l’enfant ne se fait pas, et la maladie se met en place.
A noter que chez certaines espèces, c’est l’insistance du mâle, voire sa violence, qui déclenche l’ovulation. Aussi, il n’est pas rare qu’un mâle harcèle une femelle jusqu’à ce qu’elle cède, cela pouvant à la longue la mettre en danger. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit pour une femme qui m’a dit en parlant de son ex-mari : «J’ai fini par céder au bout de cinq ans quand j’ai compris qu’il ne me lâcherait jamais».
De l’ovaire au testicule
Bien sûr, tout ce qui vient d’être dit au sujet de l’ovaire est applicable au testicule et à l’appareil génital masculin en général. Un homme peut aussi avoir un désir d’enfant inassouvi et il peut en perdre un. Quant à savoir si un harcèlement pourra exacerber sa génitalité à ce point, on ne peut pas l’exclure.
Ainsi par exemple un homme a fini par avoir un symptôme testiculaire parce que sa femme refusait catégoriquement d’avoir des enfants ; et un autre parce qu’il avait viscéralement peur de perdre sa fille au moment du divorce car redoutant que la mère s’oppose à ce qu’il voit sa petite. Et bien sûr nous connaissons tous l’histoire du précurseur du Décodage Biologique qui a fait un cancer des testicules après le décès de son fils.
Cela dit, on trouvera au niveau testiculaire d’autres problématiques spécifiques à l’homme, comme par exemple des difficultés liées à sa virilité. Ainsi, un motard dans l’âme a déclenché un cancer testiculaire très peu de temps après avoir vendu sa moto du fait de l’insistance de sa femme qui le menaçait même de divorce s’il continuait à circuler en deux roues tellement elle avait peur qu’il se tue.
On peut dans ce cas s’interroger quant à la logique du symptôme : le fait-il parce qu’il perd sa moto ou plus conceptuellement sa «motardité» ? J’en doute : je crois plutôt que le fait de n’avoir plus de moto l’empêchait d’exprimer sa virilité. Car devient-on motard par hasard ? J’en doute aussi : en effet, la pratique de la moto est pour beaucoup d’hommes (et de femmes) un acte de virilisation. Idem pour l’équitation.
Quant à l’ectopie testiculaire – c’est-à-dire lorsque les testicules restent à l’intérieur du corps – il faut l’envisager comme un programme de stérilité puisque, dans ce cas, les spermatozoïdes murissent mal parce qu’ils ont trop chaud. Bien sûr, il faudra chercher le «programmant» en amont, durant la vie intra-utérine ou dans l’histoire de la famille.
Polémique
Les puristes l’auront remarqué : je prétends que la tonalité conflictuelle principale des gonades est celle du désir d’enfant inassouvi et non pas le très fameux «conflit de perte», même si incontestablement le fait de perdre un enfant réel ou symbolique peut faire «flamber» un ovaire ou un testicule.
Le risque, en considérant le conflit de perte comme l’invariant pour les gonades, est de passer à côté d’un simple désir d’enfant inassouvi (ou d’une histoire de harcèlement), et d’autant plus qu’on trouve toujours des pertes dans l’histoire d’une personne si on veut en trouver. Je confesse avoir déjà commis cette erreur, plus particulièrement dans le cas de cette femme que je n’entendais pas lorsqu’elle me parlait du harcèlement de son chef de service puisque je cherchais à tout prix une perte.
Laurent Daillie
Bonjour,
Cette explication est séduisante et doit expliquer de nombreux cas,
mais elle est aussi réductrice et je la juge même offensante – à savoir qu’on peut consciemment ne pas vouloir d’enfant, n’en avoir jamais voulu, ne pas en souffrir ni le regretter – et néanmoins présenter une pathologie ovarienne.
Je présente ainsi un kyste ovarien bénin et je me sens plutôt offensée de lire que celui-ci aurait été fabriqué par un désir d’enfant inconscient
Cordialement