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Yves Rasir

La presse subsidiée étant tombée dans le panneau, vous l’avez peut-être appris par les journaux : le prestigieux British Medical Journal,  revue scientifique « à comité de lecture » réputée très sérieuse, vient de publier une étude concluant que le « vaccin » anti-covid serait efficace contre le covid long. Pour ses auteurs, cette protection viendrait ainsi confirmer l’efficacité des injections expérimentales pour prévenir la maladie, qu’elle soit brève ou prolongée. Victoire pour la vaccinologie et la technologie à ARN messager ? Il est évidemment permis d’en douter et de suspecter que la recherche soit copieusement biaisée. Mais comme je ne suis guère qualifié pour l’analyser, j’ai demandé à notre nouveau collaborateur Pierre Chaillot de se pencher dessus. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçu par son décryptage du BMJ : il y a trouvé nombre d’erreurs statistiques flagrantes, de manipulations de chiffres grossières et de biais d’interprétation manifestes qui ramènent le travail à un fatras de postulats dénués de preuves. En résumé, Pierre estime que cette étude est « du grand n’importe quoi » et qu’elle n’a pas grand chose à voir avec la science. La principale arnaque de ce papier indigne est qu’il fait passer des vaccinés pour des non-vaccinés, ce qui suffit déjà à ruiner les conclusions. Vu que la revue Néosanté de janvier est déjà remplie comme un œuf, notamment par l’enquête sur le Beyfortus poursuivie et approfondie par Pryska Ducœurjoly, je vous offre aujourd’hui l’article rédigé par Pierre Chaillot pour démonter cette étude trompeuse et frauduleuse. Accrochez vos ceintures, car vous risquez d’être bousculés par l’ampleur de l’imposture ! Mais avant de partager ce bel ouvrage de dézingage, je tiens à vous prévenir : Pierre est un adepte de l’humour au deuxième, voire au troisième degré. Il manie volontiers l’ironie et la moquerie dans son écriture, ce que personnellement j’adore, mais ce qui demande aussi un petit effort d’attention à la lecture. Moyennant quoi, vous allez autant rire que vous instruire car le statisticien a l’art d’informer sérieusement tout en ricanant joyeusement. Pour stimuler d’emblée les zygomatiques, il illustre d’ailleurs son article par une parodie désopilante du marabout vantant ses services d’escroc. Mais cette  fausse publicité de Jans-Modernou N’Pfizé est-elle vraiment parodique ? Quand on voit que d’authentiques charlatans parviennent à vendre leurs salades provax dans les colonnes du British Medical Journal, on peut se poser la question…

Yves Rasir


VACCINS ET COVID LONG : MYTHE OU RÉALITÉ ?

Par Pierre Chaillot

Le 22 novembre 2023, le très respectable British Médical Journal a publié une étude intitulée “Efficacité du vaccin Covid-19 contre la maladie post-Covid-19 chez 589 722 individus en Suède : étude de cohorte basée sur la population”. Il s’agit donc d’une nouvelle étude faisant la promotion de la vaccination anti-Covid-19. La vaccination est sûre et efficace, protège du Covid et maintenant du Covid long. Il faudra attendre 2024 pour finir de démontrer, toujours à l’aide de modèles mathématiques, que ces vaccins protègent aussi des virus informatiques, préviennent les accidents de voiture, guérissent l’impuissance, et font revenir l’être aimé. Toujours est-il que cette “étude” est un bon cas d’école pour comprendre le n’importe-quoi publié dans les revues dites “revues par les pairs”. C’est bientôt Noël et je constate que mes pulls en laine ont, eux aussi, des paires de manches.

La transparence protectrice

On ne s’émerveille pas assez des progrès réalisés pour la transparence des institutions ces dernières années. Par exemple, les lobbies sont reçus en toute transparence au Parlement Européen. Auparavant, les lobbyistes influençaient les politiques en toute discrétion. Les lois européennes finissaient toujours par être en faveur des industriels et financiers sans que personne ne sache pourquoi. C’était inacceptable. Aujourd’hui, après une lutte acharnée, je cite, “Tous les représentants d’intérêts sont invités à s’inscrire, à titre volontaire, s’ils mènent des activités visant à influencer l’élaboration des politiques, leur mise en œuvre et la prise de décisions au sein des institutions de l’Union.”. Les lobbyistes influencent les décisions politiques au vu et au su de tout le monde. Les lois européennes finissent toujours par être en faveur des industriels et financiers et tout le monde sait pourquoi. C’est ça, la vraie démocratie. En science c’est pareil. Du moment qu’on déclare ses hypothèses de travail et ses liens d’intérêts, on est au-dessus de tout soupçon. Pour la présente étude, les auteurs déclarent en grande pompe dans l’encadré “Ce qui est déjà connu sur ce sujet” : “L’efficacité et l’efficience des vaccins covid-19 contre l’infection par le SRAS-CoV-2 et des manifestations graves de covid-19 aigu ont été démontrées”. Merveilleux. Voilà un prérequis d’analyse explicite. Maintenant qu’on s’est mis des œillères, on va certainement être beaucoup plus objectif sur l’efficacité des vaccins. En parlant d’objectivité, la section concernant les conflits d’intérêts des auteurs est particulièrement transparente, on retrouve cités :  Amgen, AstraZeneca, Biogen, Bristol-Myers Squibb, Gilead Sciences, GlaxoSmithKline, Janssen-Cilag, MSD, Novocure, Novo Nordic, Pfizer, et Sanofi. Après cette liste à la Prévert dans laquelle sont recensés une bonne part des influenceurs médicaux de la planète engagés dans les biotechnologies et les vaccins, les auteurs précisent qu’il n’y a  “aucune autre relation ou activité qui pourrait sembler avoir influencé le travail soumis”. Ouf, voilà donc un article au-dessus de tout soupçon. On a déclaré presque tous les lobbies du monde, donc tout va bien.

Le diable se cache dans les données

La pandémie de Covid-19 a existé, non pas par des faits, mais par des comptages. Il n’y a eu aucune hécatombe en Europe, même pas la moindre augmentation de malades. En France, nous avons le détail des enregistrements hospitaliers et nous avons pu constater avec Jean-Luc Bozek dans mon livre Covid-19 : ce que révèlent les chiffres officiels,  que les malades enregistrés comme Covid-19 étaient juste les mêmes malades que les autres années, mais jusqu’ici enregistrés comme atteints de pneumonie, pneumopathie, tuberculose, bronchiolite, ou encore grippe.

Il ne s’est rien passé de nouveau en dehors de l’arrivée d’un nouveau mot “Covid-19” pour désigner les mêmes maladies qu’auparavant. Ce nouveau mot est en fait un code rentré à la hâte par l’OMS dès le mois de janvier 2020 au sein de la “Codification Internationale des Maladies” (CIM-10) utilisée par toutes les structures de santé des pays affiliés à l’OMS. Grâce à ce nouveau code, presque tous les pays du monde ont commencé à remonter des statistiques d’hospitalisation pour Covid-19 pour tout nouveau patient se présentant à l’hôpital avec n’importe quel symptôme respiratoire, qu’il y ait ou non un test PCR de confirmation, ou inversement, pour un patient avec un test PCR positif, même sans aucun symptôme respiratoire (les fameuses jambes cassées pour Covid-19). La bouillie de données qui résulte de ces enregistrements n’a rigoureusement rien de scientifique. Il s’agit de mélasse administrative. Tout statisticien sait que pour obtenir des données scientifiquement exploitables, on doit mettre en place une définition stricte de ce que l’on souhaite mesurer, accompagnée d’un protocole ferme et contrôlable de recueil de données. C’est la seule manière de minimiser les biais d’interprétation.

Cette étude n’apporte aucun contrôle qualité sur les données et mélange plusieurs concepts. Son objectif est de s’intéresser au “Covid long”. En réalité, il s’agit d’analyser les statistiques d’un code d’enregistrement lors d’un passage à l’hôpital dans l’une des deux régions suédoises étudiées : “U099  Affection post COVID-19, sans précision”. Le flou artistique derrière ce concept est évident. Pour vérifier que le patient était bien atteint d’un “Covid-long”, ils ont vérifié qu’il existait bien un enregistrement Covid pour ce patient dans la base. Un enregistrement Covid peut aussi bien être un simple test positif comme un enregistrement à l’hôpital. Cela fait deux concepts mélangés sans qu’aucun des deux ne garantisse que le patient ait eu le moindre symptôme pendant son prétendu “Covid”. Impossible de savoir le nombre de “Covid-long” qui se déclarent sans que jamais le patient n’ait réellement été malade auparavant. Les auteurs précisent toutefois avoir supprimé les patients pour lesquels leur “Covid” datait de moins de 28 jours avant, supposant qu’un délai inférieur à 28 jours était une “suite directe de Covid” et pas un “Covid long”. On peut comprendre cette démarche. En revanche, il n’est pas expliqué pourquoi les patients vaccinés dans les 28 jours suivant leur “Covid” sont exclus. Cela représente 56 000 patients, soit 9% du total. C’est embêtant un tel sabrage, car la manière la plus simple de transformer la conclusion d’une étude, c’est de retirer les sous-échantillons gênants. Pour cette raison, chaque choix doit être clairement justifié. Dans le cas présent, nous gardons nos doutes.

De plus, les données ne contiennent que les patients ayant eu au moins un enregistrement Covid. C’est un sérieux biais. La première des protections contre un “Covid long” est le fait de ne jamais avoir eu le Covid, non ? Aucune mention n’est faite de cet énorme angle mort dans les limites de l’étude. Il y a 590 000 personnes dans l’échantillon étudié alors qu’il y a selon eurostat 3,8 millions de personnes majeures dans ces deux régions. Déjà, toute “protection vaccinale” calculée par l’étude aura un impact réel sur la population 7 fois plus faible que celui annoncé dans l’étude. Parce que les déclarés malades du Covid au moins une fois ne représentent qu’une personne sur 7. Il serait bon de le mentionner.

De surcroît, aucune question n’est posée par les auteurs concernant les biais d’enregistrement de “malade Covid-19”. En effet, selon l’ecdc un passe sanitaire est entré en vigueur en Suède le 16 avril 2021, transformé en passe vaccinal le 1er décembre 2021 et abrogé le 9 février 2022. Or, les données reposent sur des enregistrements “Covid” effectués entre le 27 décembre 2020 et le 9 février 2022. Par construction, pendant la majorité de la période, les non-vaccinés étaient bien plus souvent testés que les vaccinés, puisqu’ils y étaient contraints. Il y a donc un biais colossal : les non-vaccinés ont une probabilité bien plus grande d’être mis dans la case “Covid” que les vaccinés puisqu’ils sont bien plus souvent testés. C’est ainsi que le très officiel site Covid Tracker alimenté par les chiffres du Ministère de la Santé français, nous montre que le vaccin est efficace seulement pendant la période d’application du pass sanitaire puis vaccinal. Le jour même de la fin du pass, le vaccin n’est plus efficace. Tout simplement parce qu’à cette date, les non-vaccinés ne sont plus obligés de se tester. Le groupe avec le plus de tests positifs devient alors les triples-vaccinés. Normal, plus on a la trouille, plus on se vaccine et plus on se teste.

À ce biais “Covid” s’ajoute le biais “Covid long”. Non seulement les non-vaccinés avaient une plus grande probabilité d’être casés comme “Covid” pendant le pass sanitaire, mais en plus le manque de définition claire pour la case Covid long implique qu’on ne peut connaître le biais de notification. Cela est admis par les auteurs de l’article dans la partie “limites de l’étude” : “Cependant, nous ne pouvons pas totalement exclure la possibilité que les individus vaccinés soient moins susceptibles que les individus non vaccinés de recevoir un diagnostic de CCP en raison des attentes des patients et des prestataires de soins de santé concernant l’effet protecteur de la vaccination.” Autrement dit, à force de répéter que les vaccins protègent, les personnels hospitaliers y croient et les enregistrements sont biaisés. Très peu d’hôpitaux vont inscrire un vacciné comme souffrant d’un “Covid long” puisque tout le monde pense déjà que le patient est protégé. D’ailleurs, voilà une belle étude qui va en rajouter une couche n’est-ce-pas ? La prochaine étude sera donc encore plus significative. C’est le principe des prophéties auto-réalisatrices.

Le dernier biais, et pas le moindre, vient de ce que l’étude appelle “non vacciné”. On est surpris de voir que les données concernent 590 000 suédois majeurs, dont 290 000 vaccinés et 300 000 non-vaccinés. C’est quasiment du 50/50. Or, sur le site ourworldindata, on observe que les adultes suédois sont vaccinés à hauteur de 85 %. On a donc une forte surreprésentation de non-vaccinés. Même le pass sanitaire n’explique pas un tel ratio. En fait, pour cette étude, un non-vacciné est une personne qui n’était pas vaccinée avant d’être enregistrée comme “malade du Covid-19”, toujours soit avec un test positif, soit directement par l’hôpital. Donc un “non-vacciné” pour cette étude peut tout à fait être une personne vaccinée après son “Covid-19”. Donc la proportion de personnes enregistrées comme “souffrant d’un Covid-long” et vaccinées n’est pas divulguée par cette étude. Pourtant la distinction est nécessaire. On aimerait vraiment savoir combien sont réellement non-vaccinés au moment où l’hôpital les enregistre en tant que “Covid-long”. En fait, un “non-vacciné” est juste quelqu’un qui a été “vacciné plus tard”.

Cette différence de temporalité s’observe dans le tableau des “variants du Covid”. Les “non-vaccinés” ont en majorité été déclarés atteints du variant alpha, celui que les laboratoires déclaraient détecter début 2021, autrement dit avant que la majorité de la population se fasse vacciner. Statistiquement, la majorité de ces patients déclarés Covid se sont fait vacciner dans les mois qui ont suivi. Inversement, les vaccinés ont été déclarés atteints du variant omicron. Il s’agit, comme en France, de la prétendue vague de décembre 2021, pendant laquelle les européens se sont rués sur les tests pour bénéficier d’une rallonge de pass vaccinal, au lieu d’une dose de rappel, prétendument sûre et efficace. On y a découvert que les vaccinés étaient tout autant positifs aux tests que les non-vaccinés. Ils étaient juste protégés du fait de se faire tester jusqu’alors. Donc un “non-vacciné” pour cette étude, est en fait la plupart du temps un “vacciné” qui a été déclaré “atteint du Covid” au début de l’année 2021, quand il n’avait pas encore reçu son premier vaccin. Il y a tromperie sur la marchandise.

Ajoutons que la fenêtre d’étude n’est pas la même entre les vaccinés et les non-vaccinés. Dans le groupe des non-vaccinés, la majorité des déclarés “malades du Covid” le sont au début de l’année 2021. On ajoute les 28 jours neutralisés par l’étude et cela laisse un an pour être déclaré atteint d’un Covid long. Les vaccinés sont majoritairement “malades du Covid” fin 2021, voire début 2022. Il faut neutraliser 28 jours et la fin de l’observation est le 9 février 2022. Cela ne laisse qu’un à deux mois d’observation, soit six à dix fois moins de temps. Sur une période six à dix fois plus petite, il est tout à fait normal de constater moins de “Covid long” chez les vaccinés que chez les non-vaccinés. L’article n’en fait pourtant aucune mention. C’est tellement énorme qu’aucun auteur, ni aucun reviewer ne semble l’avoir vu. On peut décidément faire passer n’importe quoi.

Le Covid qui en dit long

En résumé, nous avons donc une étude qui se prétend scientifique, mais utilise des données administratives sans aucun contrôle qualité. Nous étions habitués au gloubiboulga appelé Covid-19, une maladie avec ou sans symptôme, avec ou sans test positif, chacun peut prendre la définition qui l’arrange. Le délire paranoïaque né en 2020, la pandémie asymptomatique resteront dans les annales de la folie humaine. Elle pourrait bien être battue aujourd’hui avec le Covid long. Une maladie toujours sans symptôme spécifique qui serait due à une précédente maladie sans symptôme spécifique non plus. Les arcanes de la médecine sont de plus en plus impénétrables. On arrive ici à une étude qui prétend montrer que les vaccins protègent contre cette non-maladie causée par une non-maladie contractée précédemment. Une étude qui réussit le tour de passe-passe d’appeler “non-vacciné” un “vacciné” et oublie de mentionner une fenêtre d’observation jusqu’à dix fois plus grande pour un groupe que pour l’autre. Une des nombreuses réflexions de Jean-Luc Bozek avait été de se demander si ces fameux codes “Covid-long” n’allaient pas servir à masquer des effets indésirables post-vaccinaux à l’hôpital. Mettre sur le dos d’un Covid du passé un nouveau symptôme, voilà une idée de génie. Peut-être bien que Jean-Luc avait vu juste, impossible d’en être certain. En tout cas, même lui qui avait quasiment tout prévu n’avait pas imaginé qu’on ferait passer un vacciné pour un non-vacciné. Cher Jean-Luc, même au bout de trois ans, ils arrivent encore à nous surprendre.

2 commentaires

  • Philippe François Blanc dit :

    Bravo pour cette analyse qui montre qu’on ne peut plus se fier à des études qui paraissent dans une très respectable revue scientifique. La corruption se retrouve maintenant partout même dans les milieux qui sont considérés comme sérieux. Le problème vient de ce que nos politiques se basent sur ces études pour prendre leurs décisions sans prendre le temps de s’informer réellement pour connaitre les critiques de ces études et leur bien fondé.

  • Benedetti dit :

    Chouette, j’ai tout compris sur la définition de la maladie COVID-19 émergée en 2020 : c’est une affection avec symptômes divers ou sans aucun symptôme, détectable au test PCR ou non détectable, transmissible ou non contagieuse et qui peut ou ne peut pas durer plusieurs années …?

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