Être vivant ,c’est avoir des besoins biologiques, et prendre le risque de l’insatisfaction, simplement parce que le monde est instable ! Mes besoins, eux, sont fixes : manger, boire, me reproduire, avoir chaud, être en sécurité, avoir des relations, …, et le monde extérieur change sans cesse : il fait trop froid, trop chaud, plus rien à manger, rien à boire…
Sans parler de la morale, de la loi, de la censure , qui m’interdisent de satisfaire mes besoins biologiques ou qui m’imposent ce qui n’est pas naturel, comme manger à heure fixe, uriner seulement quand cela est permis, etc. Donc l’imprévu arrive, provoquant l’impossibilité de satisfaire mon besoin de l’instant ! Que faire ?
Les 3 moyens de communication du corps
Arrive alors une sensation : faim, soif, tremblement, frissons, boule à l’estomac, chaleur, tension, etc. La sensation est un langage, le premier langage, un langage de soi à soi. C’est mon corps qui me parle secrètement. Personne ne le sait, mais j’ai faim, j’ai mal, j’ai une tension au ventre, … Le but étant de m’écouter, d’entendre et satisfaire ce que mon corps me demande : de l’eau, des relations, de la sécurité, …Mais je ne le peux pas ou je ne le sais pas, en fait je ne l’écoute pas, je ne fais rien. Et mes cellules attendent, s’impatientent, hurlent, gesticulent, restent en attente avec leur soif, leur faim, avec leur besoin de quelque chose de plus, de positif, ou leur besoin d’être protégé du négatif.
Arrive alors l’émotion. C’est un langage entre moi et l’autre. Le bébé par son visage, son cri, dit à maman : « j’ai sommeil, je suis mouillé, je suis seul, j’ai besoin de ta chaleur. » Maman voit sa mine blême ou tendue et elle sait ce qu’il ressent en lui, de quoi il a besoin. Et elle répond à son besoin et lui donne le sein ou le change, exactement ce qu’il voulait !
Mais maman n’est pas là ! Bébé a une sensation de froid dans tout le corps, il ressent de la solitude. Plus rien à faire, plus de solution extérieure. Il reste alors une solution intérieure, le troisième langage, la maladie.
Ton corps est l’interface entre toi et le monde extérieur. Il est ce qui est capable de changer en toi quand tu refuses de t’adapter. Il fait froid, et j’ai besoin de chaleur, mes muscles se mettent à trembler et à dégager de la chaleur. Ainsi, mon besoin biologique est satisfait, j’ai chaud. J’ai besoin de poser des limites mais l’autre les franchit, je me sens envahi, mais rien ne change à l’extérieur, alors je change l’intérieur, je fais une cystite, tout comme l’animal marque son territoire. J’ai besoin de respect, de propreté, mais on me pourrit la vie, on m’insulte, on me fait des crasses. J’ai une boule au ventre (1er langage, sensation), je me sens écoeuré (2e langage, émotion), j’ai la diarrhée (3e langage, maladie). Tout a démarré par un bio-choc. Cet événement émotionnel, conflictuel, intérieur et secret, change de forme pour être transformé, soulagé. Il devient rêve, lapsus, maladie. Que faire lorsque la maladie est là ? Et ne pas faire ?
« Si quelqu’un me guérit et me retire mon mal, j’entends aussi qu’il me hisse au niveau de conscience que j’aurais atteint si j’avais moi-même résolu ce que ce mal devait m’apprendre. Sinon, s’il me laisse dans le même état de conscience après m’avoir retiré mon mal, il me vole l’outil de ma croissance que peut être cette maladie ».
Yvan Amar
Préthérapie
Ce qu’il nous faut éviter dans l’écoute et dans l’accompagnement :
Juger ;
Avoir de la volonté ;
Avoir un objectif personnel ;
Avoir des certitudes ;
Donner son avis, faire des suggestions ;
Dire des platitudes ;
Donner des explications faciles, mentales ;
Essayer de réparer.
Ce qui peut être préférable :
Être minimaliste, parfois ne rien faire, est la plus efficace des thérapies, car le patient a tout d’abord besoin de parler, d’être entendu et accueilli. Ceci remet du mouvement dans sa vie et souvent transforme sa perception du monde et de lui-même.
Être attentif à l’expérience présente du patient racontant son histoire, plutôt qu’à l’histoire elle-même.
Être conscient de nos pollutions mentales, nos préjugés : « cette personne a tort, elle aurait dû faire ceci, elle devrait penser cela ».
Valoriser les efforts, l’endurance, l’affrontement qu’effectue le patient.
La dynamique de la thérapie
… de l’état de glace à l’état de grâce …
La thérapie, c’est faire passer le symptôme de l’état de glace à l’état liquide, puis de l’état liquide à l’état vapeur ( « va, peur ! »), de l’état de vapeur à celui d’atomes : oxygène, hydrogène.
La glace c’est le symptôme.
L’eau, les émotions.
La vapeur, c’est la transformation de l’émotion en sensations agréables : « je me sens libéré, soulagé, etc. »
L’atome c’est le besoin fondamental retrouvé.
Le conflit à l’origine de la maladie a une autonomie, car il est inconscient, tout comme notre grand-père, qui vit sous notre toit, quelque part dans le grenier. Il a gardé ses veilles habitudes, il ne sait pas que les ordinateurs existent, il utilise une antique machine à écrire, s’éclaire à la bougie. Et parfois, la thérapie est très simple, quand nous prenons conscience que la guerre est finie ! Notre grand-père, un jour, prend conscience que depuis le 8 mai 1945, la guerre est finie. Donc il peut croiser un allemand, celui-ci ne va pas le tuer, ni lui faire du mal. Il n’est plus en 1940, il n’a plus besoin de stocker de la nourriture. Parfois, il suffit ainsi de retrouver l’événement, cette histoire qui a eu une autonomie obsolète, complètement dépassée. Et le changement est immédiat.
La thérapie est comme un déménagement.
« Avant de changer de lieu, de maison, de ville, de vie, reprend contact avec tous tes souvenirs, tous ces objets familiers que tu ne vois même plus et qui sont là, pourtant, en permanence, présents depuis tant de temps … »
C’est le moment du bilan. Nous jetons certains objets et nous savons pourquoi, nous le sentons ainsi. Et nous décidons d’en garder d’autres. Ces derniers sont mis dans des caisses, redeviennent invisibles. Et tout est déplacé, change d’environnement. Puis, on doit retrouver une place pour chaque souvenir, une place qui va remettre en valeur chaque objet en le ramenant dans le présent, neuf, frais, nouveau, différent.
En thérapie, nous lisons à l’envers, nous allons du symptôme à sa cause. Nous faisons des déductions, comme tout un chacun.
Le problème est-il de la gomme (ulcère, absence, je m’éloigne du négatif, …) ou de l ‘encrier (tumeur, addiction, remplissage, …) ?
En quel cas, nous déduisons que la structure du problème est soit agression, soit une séparation.
Par conséquent , la thérapie sera opposée. Dans un cas ,s’affirmer ; dans l’autre, faire le deuil.
Le thérapeute
Le thérapeute se met volontairement et consciemment en retrait. Le thérapeute s’associe à son patient, à son histoire , à ses croyances et à ses émotions ,de façon volontaire et consciente.
Le thérapeute ne cherche pas à attraper du positif, c’est-à-dire l’estime, la reconnaissance, l’amour de son patient.
Le thérapeute n’évite pas ce qui est apparemment négatif, les pleurs et toute expression émotionnelle du patient ; Il accueille toute confidence, même terrible.
Le thérapeute « trop dans la gomme » évite d’aller dans les vrais problèmes, écoute passivement, silencieusement, inutilement ; S’il est « trop dans l’encrier », il conseille, donne ses solutions, prend trop d’informations ou n’écoute pas car il parle trop. Il faut un juste milieu.
L’attitude idéale du thérapeute, c’est :
Accueillir et ouvrir – mettre de l’espace et du mouvement.
Donner le droit à l’échec,
Donner la permission de…
Apprivoiser l’inconscient, c’est dédramatiser – mettre en sécurité – faire venir des éléments complémentaires, puis nouveaux.
Aboutir à une re-création positive.
Accepter la cohérence du symptôme.
rendre le pouvoir à la personne. Elle doit réaliser que c’est elle qui a créé son malheur.
L’élément négatif n’est pas en fait négatif :
« ce message, s’il était positif, il voudrait dire quoi ? ». « Si ça avait une utilité de dire ça, ce serait laquelle ? »
La thérapie a pour but de mettre l’émotion à l’extérieur, de dissocier le patient de l’émotion bloquée à l’intérieur de lui et qui le manipule en générant une réparation inconsciente, inefficace et répétitive. L’évènement dramatique deviendra alors un fait inscrit dans l’histoire de la personne, mais sa vie émotionnelle, son énergie, elles, ne seront plus bloquées à cette date. Le flot de la vie peut alors suivre son cours et le protéger, l’accompagner afin qu’il vive sa propre vie.
M. X me dit : « Je vis mal émotionnellement certaines périodes (Noël, etc.) Je revis inconsciemment quelque chose, à l’approche de certaines dates anniversaires de naissance, de décès, à l’approche de certaines saisons, fêtes, évènements calendaires. Je n’ai pas envie de cela ! »
Souvent, pourtant, nous devons sincèrement accepter d’aller dans le problème, là ou ça fait mal. C’est là et nulle part ailleurs ! On ne veut pas en parler pour ne pas avoir mal, mais en fait, on ne parle que de ça. On ne veut pas y aller alors que nous y passons notre vie, que cela détermine nos choix.
« Ce n’est pas en regardant la lumière que je deviens lumière, c’est en acceptant de descendre dans mes zones d’ombre, dans mon obscurité. »
Une des façons les plus efficaces de ne pas aller dans notre problème, dans notre ombre, est de la voir chez les autres ! Par exemple, je me crois tellement fautif, coupable de quelque chose, qu’il m’est totalement impossible d’aller à l’intérieur de moi. Mais la croyance est là : je suis voleur, menteur, meurtrier, feignant,… Ainsi, il est impossible de quitter cette croyance, de m’en séparer, elle me colle à la peau. Plutôt que de la voir en moi, je la vois en l’autre. L’amour de soi est le remède parfait. Le diagnostic devient alors pour les gens qui jugent autrui : « toi qui critiques ceci, est-ce que tu t’aimes vraiment ? »
Le conflit se transforme en traversant le ressenti primaire.
Le plus court chemin est peut-être d’entrer dans nos émotions, de les traverser. Ma croyance est que derrière tout drame, il y a une émotion ignorée. Dans toute émotion ignorée, il y a un trésor négligé.