Vous ai-je déjà parlé de mon oncle Louis ? Mort il y a quelques années à 79 ans, cet homme aurait dû théoriquement faire le grand saut bien plus tôt. Il a longtemps fumé, pesait environ 150 kilos, mangeait voracement tout ce que la diététique réprouve, buvait des sodés sucrés par hectolitres, se vautrait à longueur de journée devant sa télé et ne faisait évidemment aucun sport. Il était par ailleurs célibataire, sans enfant, et avare de contacts sociaux. Il était également ruiné après un parcours professionnel parsemé de revers et il a terminé son séjour sur terre dans une quasi misère. Bref, pas vraiment le portrait-robot du gars qui va faire des vieux os. Pourtant, je ne lui ai jamais connu de gros souci de santé jusqu’à son décès. Il n’était pas diabétique, sa tension était dans les normes, son cholestérol sous contrôle et ses analyses médicales constamment rassurantes. Cet épicurien invétéré était une injure permanente aux préceptes de la vie saine et il a quand même frôlé l’espérance de vie masculine moyenne qui est de 80,2 ans en Belgique. J’ai connu plusieurs naturopathes qui ont passé la rampe bien avant d’atteindre ce cap. Alors, quel était donc le secret de mon tonton pour ne point tomber malade et repousser l’échéance ?
Non, rien de rien…
Si je m’en tenais à la Médecine Nouvelle et aux découvertes du Dr Hamer sur l’origine psycho-émotionnelle des maladies, je pourrais déduire que mon oncle Louis a réussi à vivre sans conflits, ou plutôt à bien les gérer puisqu’il a subi de nombreux stress et a enduré bien des épreuves existentielles. Ce qui est pathogène, ce n’est pas le choc en lui-même mais son ressenti, la manière dont il est vécu par chacun. Selon la métaphore qu’employait couramment le Dr Hamer, la pathogénicité vient du fait de se sentir pris à contrepied comme un gardien de but qui encaisse un pénalty en plongeant du mauvais côté. Sans cette sensation d’être pris au dépourvu et le sentiment d’impuissance qu’il génère, le conflit psychique ne devient pas biologique et ne se somatise pas. Partant, je pourrais en conclure que le frère de ma mère a traversé toutes les tempêtes sans être frappé de stupeur ni basculer en « inhibition d’action », selon la très juste expression d’Henri Laborit. D’où lui venait donc ce don de résilience ? À mon avis d’un trait de caractère qui lui faisait détester et fuir les regrets. À plus d’une reprise durant mon enfance et mon adolescence, j’ai entendu mon oncle se fâcher lorsque quelqu’un de la famille prononçait une phrase comme « on aurait dû faire ceci » ou « on aurait pu faire cela ». Rien ne l’horripilait davantage que la conjugaison au conditionnel passé. Il se mettait en colère en déplorant qu’on puisse regretter d’avoir fait ou de ne pas avoir fait telle ou telle chose. Pour lui, c’était le comble de l’inutilité, une attitude qui ne servait strictement à rien et qu’il veillait à ne jamais adopter. C’est à mon sens la raison pour laquelle les aléas de l’existence suscitaient son indifférence et ne l’abattaient pas. Comme l’exprime la chanson, il ne regrettait rien de rien et ça lui était égal de s’être fourvoyé ou qu’on lui ait fait du mal. Au fond et sans l’avoir lue, mon tonton avait probablement fait sienne la maxime de l’écrivain québécois Réjean Ducharme : « On regrette toujours pour rien étant donné qu’on ne peut regretter qu’après. ». S’il en avait eu connaissance, je pense qu’il aurait également apprécié le sage conseil de Jean Jaurès : « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir ».
Sous le regret, la culpabilité
Ruminer le passé, c’est la meilleure manière de perdre la santé. Et ne pas regarder vers l’avenir, c’est torpiller ses chances de guérir. Concepteur de la Biologie Totale, le Dr Claude Sabbah avait d’ailleurs coutume de dire que le futur était le seul mode de conjugaison propice à la guérison. Et si l’invariant universel de toute pathologie, le terreau indispensable à son émergence, était effectivement le regret ? C’est l’hypothèse hardie que je formule aujourd’hui. Avec le Dr Pierre-Jean Thomas Lamotte, qui collabore depuis des années au mensuel Néosanté, je pense en tout cas qu’il faut sortir de la « religion du conflit » et cesser de croire que le seul choc émotionnel suffit à engendrer une maladie. Pour le neurologue auteur des ouvrages « Et si la maladie n’était pas un hasard », « Comment notre inconscient nous rend malade » et « L’interprétation des maladies », celles-ci sont en effet la compensation symbolique d’une culpabilité échappant à la conscience. Derrière une somatisation, se cacherait toujours le sentiment d’être coupable de quelque chose et ce serait toujours cette culpabilisation qu’il importerait de retrouver et de décrypter pour amorcer la guérison. Fort de sa longue expérience clinique, Pierre-Jean en a donné des dizaines d’exemples dans ses articles pour Néosanté. À première vue, l’hypothèse que je formule est contradictoire et semble lui donner tort : on peut éprouver des regrets sans éprouver pour autant de la culpabilité. Par exemple, une femme battue par son mari pourra se reprocher de l’avoir épousé sans se sentir coupable de l’avoir fait. A priori, les notions de regret et de culpabilité ne sont pas miscibles et recouvrent des réalités psycho-émotionnelles différentes. Mais je n’en suis plus si sûr depuis que j’ai lu, en cherchant des citations pertinentes, celle de l’auteur grec de l’Antiquité Ménandre : « Le repentir est un jugement que l’on porte sur soi-même ». En d’autres termes, on se juge et on se condamne soi-même si l’on se laisse aller aux regrets. Derrière ceux-ci, il y a une forme de culpabilité délétère qui serait la cause première des maux et des états de mal-être. Je lance cette idée aux thérapeutes en décodage qui sont en quelque sorte des détectives en quête de mobile.
Phrase guérisseuse
Avec les pionniers hamériens, je suggère néanmoins de ne pas jeter aux orties la piste conflictuelle : en amont de tout évènement funeste, maladie ou accident, on va toujours retrouver un état de sidération et la peur qui va avec. La peur est l’émotion commune à toutes les somatisations, c’est l’ingrédient qu’on va systématiquement identifier peu avant (quelques jours à quelques mois) l’apparition des symptômes. Plutôt que d’enquêter sur un regret inavoué, je préconise par conséquent de rechercher une « peur de regretter » ayant précédé l’affection. C’est une façon, me semble-t-il, de concilier des approches thérapeutiques moins divergentes qu’elles n’en ont l’air. Dans cette optique, le regret pathogène n’est pas nécessairement lié à un évènement conflictuel : il peut découler de sa virtualité et c’est bien le cerveau qui choisit la meilleure solution de survie en déclenchant une maladie ou un accident. Vous avez décodé ce qui vous est arrivé ? La conscientisation ne suffit pas et il vous faut maintenant entrer en guérison. Personnellement, ma vie a été changée lorsque j’ai entendu Jean-Philippe Brébion, autre collaborateur de la revue Néosanté et créateur de la Bioanalogie, prononcer cette phrase géniale : « Guérir, c’est ne pas vouloir une autre vie que celle qu’on a vécue ». Cette parole me sert de boussole depuis des lustres et j’ai le sentiment qu’elle m’a beaucoup aidé, non seulement à soigner mes petits maux, mais aussi à éviter maladies et accidents. Or cette sentence n’est-elle pas aussi une ordonnance anti-regrets ? Je ne pense pas trahir la pensée de Jean-Philippe en l’interprétant ainsi. Il ne sert à rien de regretter quoi que ce soit puisque, à chaque instant que Dieu fait, nous faisons de notre mieux en fonction de notre état de conscience, de nos connaissances du moment et de nos programmations infantiles et transgénérationelles. Dans la grande aventure qu’est la vie, l’autojugement entrave et l’autopardon libère. On guérit dès le moment où l’on ne culpabilise plus de ce qui ne peut de toute façon pas être modifié puisque c’est du passé. A contrario et selon mon postulat, les regrets seraient un poison de l’âme hautement toxique pour le corps. C’est à mon avis ce que mon oncle Louis avait intuitivement compris et ce qui lui a permis de faire un long séjour terrestre malgré une hygiène de vie catastrophique. Je parie que vous connaissez plein d’autres gens qui défient le temps et le savoir médical malgré un mode de vie bancal. Demandons-nous si leur insolente santé ne doit pas beaucoup à leur dégoût du regret.
Les vertus de la surprise
Il n’en demeure pas moins vrai que la sensibilité aux conflits est notre pire ennemie : si l’on se sent pris à contrepied au point d’être complètement désemparé, on s’expose à le payer cher. Les très mauvaises et insupportables surprises, c’est ce qui fait intensément souffrir et même mourir. Le Dr Hamer l’a vérifié dans sa chair puisqu’il a déclenché son cancer testiculaire peu après la disparition tragique de son fils Dirk. Mais gardons bien à l’esprit que le ressenti prime sur le factuel. Même intolérable, la surprise n’est pas intrinsèquement maladisante. Ipso facto et selon la loi de l’hormèse (« ce qui ne tue pas rend plus fort »), on peut tirer parti des imprévus et des embûches pour gagner en robustesse. Pour vous en convaincre, je vous conseille vivement de lire le dernier livre de Christophe Haag « Le pouvoir de la surprise (même mauvaise) » (éditions Albin Michel) et/ou de découvrir son interview dans le Néosanté du mois d’octobre. Dans ses livres précédents, ce spécialiste de l’intelligence émotionnelle nous avait déjà instruit sur la puissante contagiosité des émotions et sur les comportements susceptibles de provoquer la chance. Cette fois, il nous enseigne que la bonne surprise est bonne pour la santé mais que la mauvaise surprise n’est pas obligatoirement une mauvaise chose. À condition de l’apprivoiser et de rebondir, l’inattendu peut avoir de nombreuses vertus ! L’écrivain-chercheur nous invite donc à rompre avec l’hyper-contrôle, à nous laisser surprendre, à troquer la prévoyance pour l’insouciance et l’audace, et surtout, surtout, à « cesser d’avoir peur de la peur ». Par crainte d’être surpris et apeuré, l’on se fragilise et l’on est désarmé lorsque la surprise survient. Christophe Haag révèle notamment que la surprise est un « exhausteur d’émotions » et qu’elle les intensifie d’environ 400%, ce qui explique pourquoi nous aimons tant les surprises plaisantes et nettement moins les déplaisantes . Études scientifiques à l’appui, l’auteur explique aussi qu’à force de s’ouvrir à la surprise, on devient « super-résilient » et on parvient plus facilement à s’extraire de situations extrêmement stressantes. On aura compris que cette joyeuse ouverture à la surprise est foncièrement incompatible avec la triste tendance à regretter le passé. Foutons-nous de lui et fichons-nous la paix avec ces fichus regrets !
Yves Rasir
Bonjour Yves!
Selon les travaux du Dr. Hamer en psychiatrie, votre oncle Louis était constellé (constellations schizophréniques), deux chocs biologiques actifs, soit jamais résolus, avec un impact dans chacun des deux hémisphères cérébraux des lobes temporaux et ainsi, aucun symptôme au troisième niveau de la triade toujours synchrone, psyché, cerveau et organe. Dans un tel cas, il n’y a qu’une modification du comportement.
Avec Hamer, nous sommes sur le terrain des sciences naturelles. Ça n’a rien à voir avec la psychologie. Les 5 lois biologiques s’appliquant à tous les êtres vivants, donc également aux animaux et aux végétaux, il convient de considérer les émotions comme un sous-produit de choc biologique propre à l’humain, et qui plus est, ne sont pas toujours présentes.
Cordiales salutations!
bonjour,
lettre tres inspirante comme d’habitude
pourquoi ne pas réunir toutes ces lettres dans un ouvrage
bonne idée non 🙂
amicalement
Michel
Bonjour Monsieur Rasir,
Cette lettre est particulièrement importante à mes yeux. Avec ma longue expérience (bientôt 70 ans) j’ai pu évaluer la très grande influence de la psychosomatique sur notre santé.
Pour rebondir sur le sujet de votre oncle, je vous apporte le témoignage concernant 2 de mes proches copains. L’un a 75 ans et l’autre 81. Ils ont eu une vie particulièrement délétère sur le plan hygiénique. Ils ont tous les 2 bu comme des “trous” et grillé des milliers de clopes depuis leur jeunesse. Celui de 75, Roger, se porte bien à part quelques soucis “mécaniques” au niveau des jambes, les artères ou les veines ont tendance à se boucher et il a dû se faire opérer pour pouvoir marcher normalement et courir un petit peu, bref ça va mieux. Celui de 81, Michel a une apparence physique d’un “beau mec” de 65 ans. Il a vécu toute sa vie dans les discothèques, dort très peu mais a une faculté de récupération extraordinaire. Il a depuis longtemps un problème de diabète et aussi des polypes cancéreux à la vessie. Il ne veut plus répondre à la convocation des hôpitaux pour ces problèmes et se fait des piqûres d’insuline selon son ressenti.
Bref Roger et Michel ont une santé relativement “normale” pour leur âge. L’un est plutôt fainéant et l’autre très travailleur.
Ils ont par contre un point commun essentiel : la joie de vivre ! Leur condition de vie matérielle et affective sont loin d’être idéales, Roger vit même dans une certaine précarité matérielle, mais ils ont toujours envie de se marrer avec le copains, ils sont toujours positifs et ne critiquent jamais personne.
Egalement un petit témoignage me concernant, j’avais des crises de goutte et, sans prendre aucun médicament (je n’en prend aucun depuis 20 ans) j’ai réussi à régler définitivement ce problème très douloureux et handicapant grâce à l’aide de l’excellent docteur Alain Scohy qui m’a permis de comprendre et de décoder l’origine psychosomatique de mes soucis.
Un grand merci à ces merveilleuses personnes telle que Geert Hamer qui ont œuvré pour le bien de l’humanité.
Merci à vous Monsieur Rasir.
La meilleure manière de ne jamais rien avoir à regretter reste quand même de ne jamais rien faire de regrettable!
Génial comment toutes ces informations sont réunies! J’adore votre style d’écriture 🙂 Merci Yves!
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De vous lire me fait un bien fou
C’est sûr bientôt je me réabonne a votre revue