Héphaïstos est le dieu le plus laid de la mythologie. Or, la philosophie grecque rejette la laideur et la disproportion. Cette laideur à la naissance lui vaudra sa chute de l’Olympe, et la difformité de ses jambes qui feront de lui le dieu boiteux. Assimilé à Ptah, dieu démiurge des Egyptiens, il devient Héphaïstos en Grèce, fils de Zeus et de Hera. Il est si difforme en naissant, que sa mère, effrayée de sa laideur, le précipite du ciel. L’avorton céleste roule un jour entier dans le vague des airs, et, de tourbillon en tourbillon, arrive le soir dans l’île de Lemnos. C’est alors bien mal en point que les habitants de l’île le recueille, avec encore à peine un souffle de vie qui s’exhale de sa divine poitrine. De sa chute monumentale, Héphaïstos gardera les jambes tordues.
Hephaïstos, dieu des forges
Privé d’avantages extérieurs, Héphaïstos est abondamment pourvu des dons du génie : c’est le plus industrieux des immortels. Il établit à Lemnos des forges considérables. Et c’est dans les montagnes de cette île que l’or, le fer, le cuivre, l’argent, l’étain, le mercure et le plomb se travaillent pour la première fois. C’est lui qui, le premier, enseigne l’art difficile de faire fondre et de façonner les métaux. De nouveaux ateliers sont construits par ses soins dans les antres de Lipare et dans les cavernes du mont Etna : il y travaille avec ses Cyclopes, dont les bras nerveux soulèvent sans relâche des marteaux retentissants, les éclairs et la foudre qu’il fournit à son père. C’est lui encore qui façonne la matière brute amollie sous les coups de ces Cyclopes, géants anthropophages, qui n’avaient qu’un œil au milieu du front.Dans une autre version, Héra, furieuse des multiples conquêtes de son époux volage, conçut dans la colère Typhon, fléau des mortels et des dieux contre lequel Zeus entreprit une lutte sans merci. Dans un premier temps, Typhon sort vainqueur de ce combat en sectionnant les tendons des bras et des chevilles du roi des dieux. Mais aidé d’Hermès, ce dernier récupère ses tendons et, recousu, terrasse Typhon qu’il emprisonne sous l’Etna, avec Héphaïstos comme gardien de cette force ignée indomptable.
Dans sa vie privée, Héphaïstos peut être plus vindicatif.
Pour se venger de sa mère qui l’avait rejeté, il lui envoie un magnifique trône en or qui possède un mécanisme secret. Dès qu’Héra s’installe sur ce trône elle ne peut plus se lever. Tous les dieux tentent en vain de la délivrer mais rien n’y fait ; finalement le conseil des dieux décide d’aller chercher Héphaïstos pour l’en délivrer. Arès, son frère, dieu de la guerre, est le premier à essayer de le ramener, mais sa tentative se termine par un échec, car contre la force brutale du dieu de la guerre, le dieu forgeron utilise les ressources de son art du feu pour le mettre en fuite et gagne haut la main.
C’est Dionysos qui gagne sa confiance et le ramène en haut de l’Olympe, complètement saoul et juché sur un âne. Héra, pour se faire pardonner mais aussi pour profiter des merveilles créées par son fils, lui installe une forge dans l’Olympe même.
Mariage manqué
Artisan de génie, Héphaïstos est moins chanceux en amour. Héra lui arrange un mariage avec la plus belle des déesses, Aphrodite. Qui lui préfère son frère Arès et bien d’autres mortels. Arès et Aphrodite se retrouvaient la nuit en secret, mais Héphaïstos surprit leur secret et les enferma dans un filet magique que lui seul savait manoeuvrer. Puis il les exposa à la risée de tous les dieux de l’Olympe. Non, vraiment, Héphaïstos ne trouve pas dans cette alliance le bonheur qu’il espérait. Mais Zeus le dédommage des disgrâces de l’amour en le nommant dieu du feu, honneur auquel il a d’autant plus de droit que chaque jour voit sortir de ses ateliers quelque chef-d’œuvre. A la prière de Thétis, il fabrique pour Achille un casque, une cuirasse et un bouclier, qui font l’étonnement et l’effroi des guerriers troyens. Sollicité par sa femme, il forge des armes pour Énée, son fils et lui confectionne une ceinture magique : la femme ou la déesse qui la porte inspirera un désir impérieux à ceux qui la voient. Par ordre de Zeus, il compose le merveilleux bouclier d’Héraclès que nulle force humaine ne peut rompre ni percer. Parmi ses plus beaux ouvrages, il faut ranger le collier magique d’Hermione, le sceptre d’Agamemnon et la couronne d’Ariane. Il façonne aussi deux automates d’or, représentant deux belles jeunes filles sur lesquelles il s’appuie pour déambuler dans son palais. Ces automates marchent, et parlent, comme des femmes et semblent douées de raison, mais elles ne respirent pas et elles n’ont que l’apparence de la vie. Et enfin, avec de l’argile détrempée dans l’eau, il forme la première femme, et il sait l’embellir de tant d’attraits, que les dieux invitent à leur assemblée cette admirable créature, la comblent de présents, et lui donnent le nom de Pandore, avant qu’elle ne soit envoyée à Prométhée pour causer sa perte, lui qui avait volé le feu pour le donner aux hommes.
Au titre de ses exploits, il est encore à ajouter que c’est lui qui aide à la naissance d’Athéna en ouvrant le crâne de son père d’un coup de hache et que c’est lui qui sauve Achille de la colère du fleuve Scamandre. Après ses amours malheureuses avec la déesse de la beauté et de l’amour, il trouve le bonheur avec une des Charites, Aglaé, qui l’aime d’un amour sincère et qui lui donne plusieurs filles.
Pistes généalogiques
Dans les histoires de jambes et de boiteries, avec le mythe, nous rechercherons dans notre histoire :
– Les enfants battus et/ou chassés du clan
– Les difformités ou anomalies à la naissance
– L’enfant rejeté par sa mère
– Pour être aimé, je dois être comme tout le monde
– Tout ce qui se passe avec un foyer, dans un foyer….
– Tout ce qui se passe avec les métaux, le bijoutier
– Les mariages mal assortis
– La colère qui fait des ravages
– L’humiliation publique
– La fracture du crâne
– Je dois être ivre pour mettre fin à ma vengeance. Dépendance à l’alcool pour souder le
clan.
– Je ne suis aimé que pour ce que je fais, pas pour ce que je suis
– Le cadeau qui cause ma perte
– Qui a l’art de la manipulation ?
Nathalie Limauge