Relevons en premier lieu que la fièvre est un symptôme, et non une maladie. Il peut être associé à d’autres symptômes, comme par exemple des douleurs musculaires ou osseuses, de la fatigue, des maux de tête… Pour la médecine, la fièvre est généralement dûe à une infection microbienne et doit être impérativement combattue.
Si elle doit être contrôlée, en revanche, chercher à l’éliminer revient à nier les processus « auto-guérisseurs », ou notre « médecin intérieur » dont parlait Hippocrate. On le retrouve mentionné dans pratiquement toutes les traditions médicales vitalistes sous l’appellation de « force vitale ». Comme tous les symptômes, la fièvre doit être comprise comme une réaction (biologique) d’adaptation en vue de maintenir un équilibre. Pourtant, dans la conception pasteurienne, celle-ci est souvent considérée comme l’œuvre des microbes agresseurs et non comme un processus vital. L’association microbe=infection=fièvre est cependant loin d’être systématiquement vérifiée ; nous avons tous déjà eu une angine, une rhinite, une sinusite ou une cystite avec des symptômes inflammatoires, mais parfois ceux–ci n’étaient pas accompagnés de la moindre poussée de température ! De plus, il existe des poussées de fièvre sans que l’on ne trouve aucun foyer infectieux !
Si le « méchant » microbe devait être responsable de la fièvre, pourquoi celle-ci ne se manifesterait-elle pas à chaque maladie infectieuse ?
Nous pensons que la fièvre est, comme tous les symptômes, un processus « bio-logique » entièrement sous contrôle du cerveau. Comme je vais l’expliquer, elle peut être à la fois un mécanisme d’accompagnement de nombreuses phases de réparation (post-conflictuelle), mais aussi l’expression d’un conflit précis.
La fièvre et les deux phases de la maladie
Le Dr Ryke Geerd Hamer a bien montré, dans sa loi sur les deux phases de la maladie, qu’au moment où l’on trouve une solution à un conflit, le cerveau bascule dans la phase de réparation avec son cortège de symptômes qui sont (si l’on reste très théorique) : inflammation, fatigue, sensation d’avoir lâché un poids, retour de l’appétit, reprise de poids et parfois augmentation de la température corporelle. Dans cette phase (aussi appelée vagotonie), il arrive que l’organisme fasse appel à des microbes :
soit pour déblayer des tissus devenus inutiles (tumeurs, polypes…) : ce sont les champignons et les bactéries. ;
Soit pour reconstruire de nouvelles structures (suite à des micro-ulcérations) : ce sont principalement les virus.
C’est essentiellement lors de cette phase infectieuse que l‘on observe des poussées de fièvre plus ou moins fortes. C’est pourquoi la médecine a longtemps pensé que les microbes déclenchaient la fièvre.
Mais alors, à quoi sert la fièvre ?
La fièvre commence à être reconnue comme une réaction bénéfique servant à maitriser la prolifération microbienne. En effet, les bactéries ont besoin de grandes quantités de fer et de zinc pour se multiplier. Or, pendant l’hyperthermie, le foie et la rate séquestrent ces éléments et limitent leur disponibilité. D’autre part, les virus sont pyrosensibles, c’est-à-dire qu’ils sont sensibles à une élévation de la température pour devenir inactif à partir de 39°C.
On peut alors relever la contradiction suivante : Si l’organisme fait appel aux microbes dans la phase de vagotonie, pourquoi déclencherait-il en même temps une hyperproduction de globules blancs et une hyperthermie (fièvre), deux phénomènes censés les détruire ?
Enfant, j’étais souvent sujet aux bronchites et grippes en tous genres. Il n’était pas rare que je fasse des poussées de fièvre au delà de 40°C. Elevé selon les préceptes hygiénistes, je n’ai jamais pris de médicaments antipyrétiques car nous respections les réactions de l’organisme. Seul le bain de siège froid était toléré pour contrôler les très fortes poussées nocturnes. J’avais remarqué qu’après une nuit marquée par de fortes poussées de fièvre, le lendemain matin, la guérison arrivait. Plus tard, je compris qu’il s’agissait de la fameuse crise épileptoïde qui marque la fin de la première étape de la vagotonie. Cette crise apparait au plus fort de la vagotonie (souvent la nuit) et décuple les symptômes (fièvre et maux de tête en particulier).
Mais tout ça ne nous explique pas pourquoi la fièvre et les microbes coexistent durant la maladie infectieuse.
Notre hypothèse :
Lorsque les microbes s’installent pour réaliser leur travail de nettoyage ou de reconstruction (1ère phase de la vagotonie), la fièvre n’est généralement pas élevée (entre 37°5 et 38°5). Cette fièvre ne sert qu’à contrôler leur prolifération afin qu’ils n’interviennent que sur les tissus concernés par la réparation. Les globules blancs éliminent alors les déchets produits par cette activité restauratrice. Lorsque l’organisme a fini ce travail d’élimination et de réparation, la crise épileptoïde s’accompagne d’une très forte poussée de fièvre qui devient alors nécessaire pour stopper l’activité microbienne devenue maintenant inutile.
Ainsi, la fièvre doit être considérée comme un régulateur de la prolifération microbienne. Elle est un processus à part entière de notre système immunitaire, tout comme le sont les microbes et les globules blancs.
L’approche naturopathique nous apprend que la fièvre est une manifestation de la force vitale. Plus cette dernière est importante, plus notre capacité à élever notre température sera grande. C’est plus particulièrement le cas chez les enfants. Grâce à la fièvre, c’est tout le métabolisme qui est accéléré et le corps se comporte comme une chaudière qui brule les toxines en excès. C’est pourquoi il m’arrive parfois de prendre un bain chaud pour faire monter une fièvre jugée trop basse (inférieur à 38°c) afin qu’elle joue son rôle épurateur.
Ethologie et symbolique de la fièvre
Le serpent à sonnette de Californie est le prédateur des écureuils. Ce chasseur nocturne détecte ses proies grâce à des fossettes nasales sensibles à la chaleur (système à infrarouge permettant de « voir » dans le noir). Il s’attaque principalement aux bébés écureuils (plus faciles à attraper) qu’il repère parce que leur température interne est habituellement légèrement plus basse que celle des adultes. Mais lorsque les bébés écureuils détectent le danger, ils s’adaptent en augmentant leur température interne, leurrant ainsi leur prédateur en se faisant passer pour des adultes. Pour le bébé écureuil, faire de la fièvre, c’est montrer qu’il est un grand ! A ce propos, le langage populaire rejoint l’éthologie. Nos grands-parents ne disaient-ils pas : « l’enfant qui fait de la fièvre grandit, il mûrit » ? Les poussées de fièvre qui accompagnent les maladies infectieuses infantiles sont des étapes sur le chemin de l’autonomisation.
Ainsi, la fièvre est une solution mise en place par le bébé écureuil pour ne pas mourir du venin du serpent. C’est d’autant plus logique à comprendre si nous considérons les propriétés biochimiques du venin ; celui-ci est en effet thermolabile. C’est-à-dire qu’il est détruit par la chaleur. Or, dans notre langage métaphorique, nous utilisons les expressions « langue de vipères », « cracher son venin »… pour évoquer des paroles critiques et blessantes. Faire de la fièvre nous sert symboliquement à dissoudre la critique, la médisance, la parole méchante…
Processus de régulation des maladies infectieuses ou d’élimination des toxines, la fièvre participe au renouveau qui suit une période conflictuelle de notre vie principalement marquée par la parole critique. C’est comme s’il nous était demandé de mourir à une partie immature de nous-même, de sortir de la puérilité, pour accéder à plus de sagesse, comme le phénix peut renaître plus fort et grandi de ses cendres.
Jean-Brice Thivent
« Formation Alsacienne de Naturopathie et de Psychobiologie ». Conférencier- formateur, il anime aussi (dans l’Est de la France) des séjours de détoxination par le jeûne. Son ambition : donner les moyens à chacun de devenir acteur de sa santé. Il est aussi l’auteur du livre « De l’homme dévitalisé à l’homme vivant », aux éditions Néosanté.
Infos : www.alsace-naturo.com