J’ai choisi cette fois de vous reparler de la Maladie de Parkinson, un sujet déjà abordé dans le n°3 de la présente revue (Juillet/Août 2011). Dans son article, Bernard Tihon nous explique que ce symptôme peut être la conséquence d’une très forte hésitation en double contrainte, par exemple parce ce que l’on veut ardemment faire quelque chose mais que l’on se l’interdit tout en même temps. Ce peut être le cas d’un homme très mal marié depuis plus de trente ans qui se dit chaque jour qu’il devrait divorcer mais qui se l’interdit du fait de son éducation. Toute son enfance, il a entendu dire que le divorce est formellement interdit et il reste bloqué dans une peur profonde d’être rejeté par sa famille s’il venait à rompre son mariage. Mais une rencontre m’a formellement démontré que cette piste n’est pas la seule pour « décoder » cette maladie : elle peut être aussi la conséquence d’une grande peur viscérale pour notre vie, consciente ou inconsciente. En plus de cela, cette histoire démontre que toutes nos maladies ne sont pas nécessairement des «solutions parfaites» et aussi, s’il le fallait encore, démontre combien un événement survenu dans la vie de notre mère pendant qu’elle nous porte peut avoir d’impact sur notre vie et/ou notre santé.
L’histoire d’Annette
Cette femme de cinquante-cinq ans consulte pour comprendre le sens de la maladie de Parkinson qui lui vaut de trembler depuis une quinzaine d’années. L’événement déclenchant est évident : les premiers symptômes surviennent seulement quelques semaines après le décès de son père adoptif qui meurt brutalement d’une crise cardiaque en sa présence. Le pire moment de sa vie, me dira-t-elle. De plus, dans son cas, un événement programmant est également évident : le géniteur d’Annette meurt soudainement deux mois avant sa naissance. Trois ans plus tard, sa mère se remarie avec un très brave homme qu’Annette considère comme son père. Au plus profond d’elle, elle a toujours vu cet homme comme son sauveur, comme son Jean Valjean. L’origine de la maladie d’Annette est donc une immense peur viscérale qui s’installe au décès de son protecteur, sans qu’elle s’en rende compte, et d’autant moins qu’à quarante ans sa vie est heureuse et sans souci. La peur inconsciente qu’elle vit alors est tellement intense que son cerveau a considéré la situation comme étant de la plus extrême gravité. Quant à expliquer pourquoi la réaction d’Annette a été à ce point disproportionnée au décès de son père adoptif, il faut remonter au drame survenu juste avant sa naissance. Pour le comprendre, il faut imaginer le stress de sa mère lorsque, jeune mariée et enceinte de sept mois, elle s’est brutalement retrouvée veuve. C’est évident sur le plan émotionnel : on peut facilement imaginer l’immense douleur de cette femme. Mais plus en profondeur, au niveau archaïque, il faut comprendre qu’un tel événement est absolument dramatique. En effet, dans la nature, une femme qui perd son partenaire est dans une situation critique : elle n’a plus ni protecteur ni chasseur pour la protéger et subvenir à ses besoins, et d’autant plus lorsqu’elle est enceinte et/ou si elle a déjà des enfants. Bien sûr, le fœtus enregistre ce grand stress dans cette tonalité spécifique d’insécurité. Même si l’enfant ne peut comprendre que son père est mort, il perçoit néanmoins le contexte comme très dangereux considérant l’intensité du stress de sa mère : c’est cela que la biologie d’Annette enregistre à ce moment-là. Quarante ans plus tard, elle est brutalement confrontée au décès de son protecteur et elle va vivre cet événement en fonction de sa prédisposition conflictuelle enregistrée durant sa vie intra-utérine. Cette situation humaine que nous appelons «deuil» devient pour sa biologie une affaire très grave, c’est-à-dire un danger mortel pour cause de disparition du protecteur.
La logique du symptôme
Dans ce cas, la logique du symptôme est difficile à cerner car il ne correspond pas exactement à une «solution parfaite». Il faut plutôt le comprendre comme l’expression de l’immense tension intérieure qu’Annette a vécue sans la moindre conscience pendant quinze ans. C’est un peu comme si, depuis le décès de son protecteur, son cerveau s’attendait à une attaque mortelle. On pourrait presque dire qu’elle tremblait de peur. Faites-en l’expérience : mettez vous dans la peur ; vous constaterez que rapidement on se fige et on se met à trembler.
Incroyable guérison
Annette avait bien sûr fait le lien entre le décès de son père adoptif et l’apparition de la maladie ; mais elle ignorait tout des conséquences viscérales de cet événement. Ceci fait, la guérison est intervenue très rapidement : à peine un mois après notre unique rencontre, Annette évaluait déjà l’amélioration de son état à plus de 70%. Et six ans plus tard, cette maladie n’est plus qu’un mauvais souvenir dans sa vie. Le plus difficile pour elle sera de réapprendre à se servir de sa main droite qui ne lui fut d’aucune utilité pendant si longtemps. Et pour la petite histoire : Annette a pleinement pris conscience de sa guérison un beau matin parce qu’elle s’est spontanément mise à courir pour attraper son bus.
Au sujet de Jean-Paul II
Je me permets quelques mots au sujet de la maladie de Parkinson du Pape Jean-Paul II, puisque nous en avons tous été témoins. On peut donc envisager qu’il était pris dans une très profonde hésitation ? Mais je crois plutôt qu’il vivait une immense peur pour sa vie depuis l’attentat contre lui en 1981, et d’autant plus qu’il sera à nouveau blessé l’année suivante au Portugal par un prêtre fou. Sans oublier sa jeunesse en Pologne sous l’occupation allemande durant laquelle il a plusieurs fois échappé de justesse à la mort. Le fait d’être Pape ne vaccine pas contre les peurs viscérales.
Le syndrome de Procuste
Profitons-en pour constater que la notion d’invariant conflictuel n’est pas de mise : il peut y avoir plusieurs « décodages » pour un même symptôme. Attention de ne pas tomber dans le même piège que Procuste, comme nous y invite Christian Flèche dans son article plein de bon sens publié en février dernier (Néosanté n°9). L’origine de la Maladie de Parkinson peut donc être une profonde hésitation, ou une peur intense, ou encore autre(s) chose(s) qu’il nous reste à découvrir.
Laurent Daillie