Cette semaine, je vous laisse en compagnie de Jean-Philippe Brébion, dont je vous offre en primeur le texte de sa rubrique à paraître dans le numéro de décembre de Néosanté. D’un part parce que le thème de cet article est de saison, d’autre part parce que sa lecture m’a enthousiasmé : jamais je n’avais lu une réflexion aussi pertinente sur la mort et sur la peur qu’elle inspire. En résumé, notre collaborateur explique que la hantise de la mort est absurde puisque celle-ci est au coeur de la vie, qu’elle en est même la condition indispensable et certainement pas l’antithèse. Sans le phénomène d’apoptose, un être vivant ne pourrait pas le rester. Partant, le concepteur de la Bioanalogie nous invite à considérer le passage de vie à trépas comme un moment de transformation et de naissance à autre chose. Puisqu’elle est vitale, la mort est un instant présent et ne peut en aucun cas être un futur ! À la fois profond et simple à comprendre, cet article est à mon avis un petit-chef d’œuvre de discernement à partager largement. Comme il le fait chaque mois dans sa rubrique, Jean-Philippe Brébion nous éclaire sur « l’évidence du sens » en opérant une subtile synthèse entre les découvertes de la psychobiologie, les avancements de la science et les principes fondamentaux du bouddhisme. Je suis fier et heureux que l’auteur de l’Empreinte de l’âme et de l’Empreinte de naissance participe à l’aventure Néosanté depuis ses débuts et qu’il continue fidèlement à y contribuer.
À propos de livres, je vous rappelle que tous les ouvrages de Jean-Philippe Brébion sont disponibles dans la boutique de notre site, dans la catégorie « Médiathèque Néosanté ». Et je vous signale que nous venons de rentrer son dernier opus intitulé « Vie ou survie ? Le principe de la maladie comme voie de guérison ». Dans ce premier tome, Jean-Philippe propose une lecture analogique du système osseux et articulaire. Encore une série de bouquins pour décoder le corps humain et ses problèmes de santé ? Non pas. Selon ce point de vue original, la maladie exprime ce que nous ne savons pas vivre en conscience, il nous propose donc de l’appréhender, non en termes de « conflit », mais en termes d’expression créative. L’approche bioanalogique va au-delà du « décodage » des pathologies. C’est en effet une vision différente qui les interprète en dehors de toute dualité et de toute causalité. Comme des invitations à passer de la survie à la Vie et à vivre en conscience son talent créatif. On retrouve là encore l’heureuse fécondation de la biologie totale par la physique quantique et la philosophie bouddhiste. Jean-Philippe Brébion enseigne sa façon de voir à travers de nombreuses conférences et ateliers organisés en France, en Belgique ou au Québec. Nous mentionnons l’intégralité de ses activités dans le « Décod’Agenda » de la revue Néosanté.
À propos d’activités, Jean-Philippe Brébion est aussi l’organisateur des « Congrès de Bionalogie ». La deuxième édition a lieu très prochainement, les 19 et 20 novembre 2016 à Bordeaux. Sur le thème du « Nouveau paradigme de la réalisation de soi » Jean-Philippe y a convié le célèbre professeur des sciences Ervin Laszlo, la philosophe Gyorgyi Szabo et le maître tibétain TK Lochen Tulku, grand érudit du bouddhisme. Je ne sais pas s’il reste encore des places, mais je crois que ces deux journées de rencontres et de conférences vaudront la peine d’être vécues. Pour plus d’info sur cet événement, cliquez ici . De mon côté, je vous invite à lire et à méditer l’article reproduit ci-dessous. La mort est un passé et un présent qui n’ont aucun avenir !
Yves Rasir
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La mort n’est pas un avenir
Depuis quelques temps, les catastrophes naturelles, la multiplication des conflits et la fréquence accrue des attentats meurtriers partout dans le monde font que la mort est beaucoup plus présente dans notre vie quotidienne.
Pour la plupart d’entre nous, la mort est une « invitée indésirable » dont l’annonce est loin de nous réjouir, même si par la force des choses nous la côtoyons régulièrement.
- La peur de la mort
En effet, se savoir mortel n’est une surprise pour personne, mais le plus souvent, la mort est associée à de la souffrance et à de l’angoisse.
Elle fait si peur que nombre d’entre nous préfèrent éviter de penser à cette échéance, repoussant tant qu’ils le peuvent l’idée qu’un jour, « peut-être », ils mourront.
Woody Allen, par exemple, met la mort à distance en soignant par l’humour sa névrose existentielle lorsqu’il affirme: « La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible ».
Quoi qu’il en soit, la mort est un processus incontournable qui concerne chaque individu, sans exception.
Expérience propre à chacun, elle ne peut ni se communiquer ni se transmettre et ne s’inscrit pas dans l’inconscient collectif puisque nul n’en est jamais revenu pour témoigner. 1
De même, pour les personnes qui ont vécu une NDE ( Near Death Experience – ou expérience près de la mort ), on pourrait dire cette lapalissade, que quand bien même ils ont vécus une expérience proche de la mort : « si ils sont vivants, c’est qu’ils ne sont pas morts ».
Ainsi, aucun être vivant n’a pu vivre l’expérience véritable de la mort et c’est sans doute cet inconnu total qui en fait quelque chose d’aussi angoissant.
En fait nous avons peur de la mort car elle est une certitude inéluctable que nous mettons devant nous comme un futur, un « à venir » dont nous ignorons tout.
- La mort « devant nous » est une illusion
Et pourtant, la mort devant nous n’est pas une réalité !
Je m’explique.
Sachons tout d’abord que chaque nuit nous laissons dans notre lit des milliers de kératinocytes 2, autrement dit des cellules épithéliales. En effet, d’après les biologistes, notre corps compte près de cent mille milliards de cellules 3 et vingt milliards d’entre elles meurent chaque jour pour être remplacées par des nouvelles.
Ainsi, les cellules de notre corps sont renouvelées en quasi-totalité plusieurs fois en une vie.
En bref, notre corps est en renouvellement permanent grâce au phénomène de la mort cellulaire programmée. C’est le phénomène de l’apoptose bien connu dans l’embryogénèse, où pendant la grossesse, la plupart des structures creuses de notre corps (cœur, tube digestif, etc.) sont issues de cette action de « sculpture » d’une forme pleine par ce travail de mort cellulaire.4
On pourrait donc dire qu’ 1/5000ème du nombre total des cellules de notre corps disparaît en « cadavre » tous les jours.
Et en poussant le raisonnement jusqu’au bout, une personne de 80 ans à laissé derrière elle 5,8 fois le nombre total de ses cellules, un peu comme 5,8 cadavres !
Autrement dit, non seulement les cellules de notre corps sont plus jeunes que nous, mais nous avons plus de morts (cadavres) derrière nous que nous n’en avons potentiellement devant nous …
- Nous ne serons jamais un cadavre
En fait nous avons peur de la mort parce que nous nous identifions au cadavre que nous croyons devenir un jour.
Or, la réalité est que nous ne serons jamais un cadavre !
C’est comme si notre homme de 80 ans s’identifiait aux presque 6 cadavres qu’il a laissés derrière lui.
- La dimension de l’Homme est la Conscience
Chaque inscription dans le temps et l’espace est soumise à la mort, c’est le propre même de toute manifestation. Il n’existe aucun objet, aucune forme qui ne soit pas en transformation.5
Toute transformation est « mort et naissance ».
Cette transformation est libératrice d’énergie et pour nous humains, cette libération se nomme la Conscience.
Pour que la Conscience évolue, il faut que la matière se transforme, puisque la vie est un mouvement permanent. Il faut donc que les cellules meurent pour naître à autre chose.
Avec notre vision duelle, nous opposons la mort à la vie, mais ce n’est pas la réalité.
La Vie est « mort et naissance » et non « vie et mort ».
Ainsi, nous pouvons dire que la mort n’est pas devant nous, mais derrière nous !
Il faut mourir sans cesse, pour naître à autre chose.
En ce sens, la mort est vitale.
- Seule la Conscience Est
A partir de la naissance, la conscience de chacun évolue et cette évolution est issue de la transformation permanente des cellules de notre corps, dans cette rencontre permanente entre les cellules qui meurent et celles qui naissent.
Nous sommes l’énergie libérée par cette transformation, nous sommes cette Conscience, cet instant présent de transformation, immatériel et insaisissable.
Alors pourquoi nous identifier au cadavre que notre corps va devenir ?
Un cadavre n’a rien à voir avec la Conscience.
L’instant de notre mort est comme chaque instant de notre vie : un instant présent.
Il n’est pas un futur.
Seule la Conscience Est.
Jean-Philippe Brébion
2 Les kératinocytes sont des cellules en renouvellement permanent.Elles constituent la plus grande partie de l’épiderme et des phanères (ongles, cheveux, poils).
3 Ce qui, mises bout à bout, représenterait près de 15 000 kms !
4 Un exemple spectaculaire de ce phénomène est celui des doigts de la main qui ne prennent leur indépendance que par la disparition de la palme qui les unit.
5 Même le diamant s’oxyde à l’air libre.