La vaccination, c’est la pierre angulaire de notre science médicale, mais c’est aussi notre vache sacrée. S’il y a bien un remède moderne auquel personne n’est sensé se soustraire, et encore moins remettre en cause, c’est le vaccin. Alors que le corps médical lui voue un véritable culte, l’opposition à la vaccination progresse. Certains détracteurs n’hésitent plus à parler de «mythe» vaccinal. Nous avons décidé de suivre cette piste en décryptant la science vaccinale au regard de la pensée visionnaire du spécialiste des mythes : le philosophe René Girard, décédé en novembre 2015. Ce que nous découvrons alors dépasse la simple comparaison. Au regard de l’anthropologie, science qui étudie les sociétés humaines, la mise en parallèle des caractéristiques des religions archaïques avec le credo actuel de la vaccination démontre que cette science, sous un masque de modernité, présente les mêmes mécanismes d’un mythe au sens propre du terme. Une analyse sans concession, signée Pryska Ducoeurjoly.
Par Pryska Ducoeurjoly
Depuis l’avènement du judéo-christianisme, nous ne croyons plus aux mythes antiques et à leur cortège de divinités, type gréco-romaines, à la fois effrayantes et protectrices. Plus récemment encore, depuis le siècle des Lumières, l’homme est entré dans une nouvelle ère, celle de la Raison. Dans la foulée, le courant positiviste a pris la main sur les réalités physiques, les soustrayant au divin. Dans la compréhension de notre environnement, on pense donc en avoir fini avec une forme d’archaïsme. Or ce que nous apporte la pensée du philosophe et anthropologue René Girard, c’est une analyse bien différente : «Toutes nos pensées sur l’homme, toutes nos philosophies, toutes nos sciences sociales, toutes nos psychanalyses, etc., sont fondamentalement païennes en ceci qu’elles reposent sur un aveuglement au « mimétisme conflictuel » analogue à celui des systèmes mythico-rituels eux-mêmes» !
Ce «mimétisme conflictuel», découverte-clé de René Girard, désigne la concurrence entre les désirs humains, cause de la violence collective si spécifique à l’homme. En vue de canaliser cette violence, les civilisations ont créé des mythes et des rites. «Pour comprendre comment naissent les rites, il faut imaginer l’état d’une communauté qui, après de longs désordres sanglants, est délivrée de son mal grâce à un effet de foule imprévue». Au «tous-contre-tous» (le mimétisme conflictuel) succède le tous-contre-un, à travers le phénomène réconciliateur du bouc émissaire.
Si la vaccinologie est bien un mythe, il y a forcément des désordres sanglants, des grands prêtres, des rites plus ou moins sacrificiels, des phénomènes de foule, mais aussi, nécessairement, un bouc émissaire. C’est que nous allons analyser.
Trait commun n°1 : la science vaccinale, une vache sacrée.
Dans tous les mythes, il y a des dogmes et des gardiens du temple… Nous avons beau vivre dans une société qui honore la liberté d’expression, lorsqu’il s’agit de vaccination, force est de constater que les points de vue contradictoires n’ont pas droit de cité! Pour s’en persuader, il suffit d’écouter nos médias. Sciences et Avenir décembre 2015, à la Une : « La vérité sur les vaccins » (rien de moins…) En titre intérieur : « Pourquoi on ne peut pas s’en passer ». La forme est d’entrée affirmative et moralisatrice : « Les vaccins suscitent une méfiance grandissante. Or, s’ils ont permis d’éradiquer le nombre d’épidémies, de nouvelles maladies infectieuses menacent d’émerger. Tour d’horizon de ce geste collectif essentiel. »
Dans le journal Sud Ouest, édition du 13 janvier 2016, les mêmes travers d’une pensée unique sont à l’œuvre. A la Une: « Pourquoi les vaccins sont pris en grippe » (sans point d’interrogation). En titre intérieur, « Vaccins : une vraie piqûre de rappel ». L’intention est à peine voilée : nous vacciner en masse contre l’esprit de sécession. Le ton vire rapidement à l’intimidation : « graves dommages collatéraux chez les bébés », « graves malformations fœtales qui auraient pu être évitée si le calendrier avait été respecté », « ligues anti-vaccins, promptes à brandir la théorie du complot permanent ». Brebis égarées, rejoignez vite le troupeau de notre bon Pasteur !
Constater que le principe du débat contradictoire, garde-fou de l’objectivité du journaliste, est totalement bafoué dans le traitement de l’information délivrée par les mass médias sur les vaccins, c’est déjà un signe évident qu’il se joue quelque chose de profond autour de la vaccination. Alors que les journalistes ne cessent d’évoquer les victimes potentielles d’une baisse de la couverture vaccinale, ils occultent d’autres victimes bien plus réelles et sans doute même plus nombreuses, celles qui sont touchées par les effets secondaires. Ce refoulement de la réalité des dégâts vaccinaux permet d’occulter les motivations suspectes des politiques sanitaires, mais également un chapitre de la science peu glorieux, enfoui sous la mythologie de Pasteur, sauveur de l’humanité.
Trait commun n°2 : des grands prêtres qu’il faut écouter.
Dans tout mythe, il y a des autorités suprêmes, des docteurs de la loi qui sont en contact direct avec la divinité et traduisent ses volontés au peuple qui, lui, n’est pas dans le secret, mais nage dans la plus complète ignorance.
« De fait, le geste vaccinal ne va pas de soi et réclame abnégation et confiance dans la médecine et les autorités. Les rapports officiels des plus hautes autorités de santé se sont accumulés ces dernières années pour tenter de faire retomber cette méfiance grandissante, ainsi en 2012, l’Académie de médecine a estimé qu’il n’existait « aucune preuve à ce jour » permettant d’incriminer les vaccins ou les adjuvants dans la survenue d’une maladie auto-immune. Les scientifiques peuvent accepter des preuves qui vont à l’encontre de leurs convictions personnelles parce qu’ils sont capables d’évaluer chaque élément (…) alors que le grand public doit se raccrocher à une confiance plus générale en la science. (…) Une confiance qui a tendance à largement s’effriter à l’heure « complotiste » d’Internet », nous assène doctement les scientifiques interviewés par Sciences et Avenir. Un appel à la foi plus qu’à la raison…
« La puissance du mythe vient de ce qu’il dit réellement aux hommes sur ce qu’il faut faire et ne pas faire pour que les rapports restent tolérables au sein des communautés humaines, dans un contexte culturel », nous explique René Girard.
Trait commun n°3 : des récits terrifiants.
A défaut de comprendre, donc, nous sommes priés de croire. Et pour nous persuader, le logos (le discours rationnel) active volontiers le pathos (l’émotion), principal ressort rhétorique du mythos, à l’aide d’histoires effrayantes pour confirmer le dogme :
«Un garçonnet de six ans mort de diphtérie en Espagne, deux adolescents décédés de la rougeole à Berlin et aux États-Unis, un enfant de huit ans en réanimation pendant plusieurs jours à tour pour le tétanos… Tous ces cas sont survenus en 2015. Sans oublier les décès de 10 autres jeunes, victimes de la rougeole, survenue en France entre 2008 et 2011. Autant de drames qui n’aurait jamais dû se produire», nous conte Sciences et Avenir. Or ces récits n’ont aucune valeur scientifique. D’un point de vue épidémiologique, que représentent 10 décès sur 4 ans par rougeole ? 0,04% sur 25 000 répertoriés par l’INPS (chiffre que nous avons retrouvé). Une chose est sûre, la baisse des décès par rougeole est intervenue bien avant l’introduction du vaccin mais ça… on ne nous le dit pas . Ce qui est beaucoup plus préoccupant, c’est le chiffre des enfants de moins de 15 ans qui décèdent sous les coups de leurs parents, estimé à 1 voire 2 par jour ! «On est toujours en plein déni», explique Anne Tursz, chercheuse à l’Inserm. Cette violence familiale est effectivement «honteuse» dans la «société du progrès»… Beaucoup moins commode à évoquer dans une culture soi-disant civilisée.
Les victimes dont on n’a pas intérêt à parler pèsent beaucoup plus lourd que les rares cas d’adolescents décédés dans des conditions qu’on ignore par ailleurs. Ainsi, lorsque les médias mettent en avant les victimes de la non-vaccination, c’est une rhétorique manipulatoire au service d’une conviction, en aucun cas un argument scientifique.
Trait commun n°4 : un bouc émissaire.
«Les mythes naissent de la tendance universelle des hommes à transférer leurs angoisses et leur conflit sur des victimes arbitraires, les boucs émissaires. Les mythes inversent systématiquement la vérité ils innocentent les persécuteurs et blâment les victimes », précise René Girard. « Sur cette victime, la communauté se débarrasse d’une expérience trop intolérable dans le désordre et trop incompréhensible dans le retour à l’ordre pour faire l’objet d’une appréhension rationnelle». Mais qui sont donc ces victimes arbitraires dans la mythologie vaccinale ?
Dans un précédent dossier réalisé pour Néosanté, nous avons démontré que la science vaccinale n’a jamais apporté la démonstration de l’éradication d’une quelconque maladie. Seule la progression de l’hygiène est une cause réelle et plausible. Pour mémoire, les grandes épidémies du XIXe siècle sont allées de pair avec l’urbanisation anarchique des villes où les pauvres ouvriers s’entassaient alors dans des bidonvilles. Paris est alors «la ville aux 85 000 puisards où les Parisiens vident ordures et eaux usées, et aussi leurs besoins… Ces déchets contaminent les puits et les fontaines où les habitants s’approvisionnent jusqu’en 1870… Résultat, une véritable peur du « pauvre », vecteur de nombreuses infections, s’installe dans les populations aisées qui ne sont pas épargnées par ces maladies. (…) Avec l’amélioration des conditions de travail et de l’habitat, les maladies contagieuses du siècle régressent au fur et à mesure que le niveau de vie augmente. Le choléra est ainsi endigué naturellement, sans l’aide du premier vaccin anticholérique (1990) ». Il en ira de même pour les autres maladies.
Alors que les vaccins arrivent au même moment, il est plus facile de leur attribuer le mérite de cette guérison collective, cela évite la remise en question du capitalisme sauvage qui commence à se mettre en place. Notre illusion mythique est d’avoir fait des virus et bactéries des boucs émissaires idéaux alors que la croissance exponentielle des villes créait un phénomène anarchique de foule. Et comme on ne pouvait pas trop taper sur le pauvre, déjà exploité à l’usine, ni se passer de lui pour faire tourner le système… Le coupable idéal, c’était évidemment le virus ! Selon René Girard, ce processus de projection, grand classique de la pensée archaïque, est inlassablement à l’œuvre dans l’histoire des cultures.
Trait commun n°5 : le remède pharmacologique, avatar du «Pharmakon».
Toute l’originalité du travail de René Girard est d’avoir montré que les héros mythologiques ne sont pas des dieux sortis de nulle part, mais qu’ils sont toujours, et dans toutes les cultures, au départ des bouc émissaires lynchés par une foule hystérique. « Les lynchages ramènent la paix aux dépens de la victime divinisée. C’est bien pourquoi ils font figure d’épiphanies (manifestation, ndla) de cette divinité et les communautés se les remémorent dans ces comptes rendus transfigurés que nous appelons les mythes (…). Les dieux guérisseurs, dans les mythologies, ce sont toujours pour commencer des démons responsables de la maladie que, par la suite, ils guérissent» .
René Girard nous explicite l’origine réelle du pharmakos. En grec ancien, ce terme désigne traditionnellement « celui qu’on immole en expiation des fautes d’un autre », mais aussi « le remède », ou encore « le poison ». Pour René Girard, qui postule que tout mythe naît d’un lynchage originel, le pharmakos est aussi la victime originelle divinisée, dont on ressuscite le pouvoir guérisseur via le rite, forcément sacrificiel. « Le mythe est l’œuvre de persécuteurs trop heureux d’être réconciliés à peu de frais pour faire preuve d’esprit critique et réhabiliter leurs victimes. Mieux vaut la diviniser » , écrit-il.
René Girard décrypte ce processus à travers l’histoire d’Œdipe, héros de la mythologie grecque, célèbre pour avoir résolu l’énigme du Sphinx, mais aussi pour avoir tué son père et couché avec sa mère… L’analyse Girardienne, qui balaye au passage l’interprétation freudienne, postule une histoire très plausible: celle d’un boiteux pris en grippe par une communauté décadente, lynché publiquement et à auquel on crèvera les yeux parce que son regard dérange, avant de le chasser de la cité.
Dans le mythe vaccinal, qui serait donc cette victime originelle divinisée ? On serait tenté de penser, dans une première approche que la première victime, c’est le vacciné. Or aucun culte n’est rendu à ces victimes. Non, la première victime, celle qui va ensuite être faire l’objet d’un culte, c’est le virus ! En effet, il est à la fois la source de tous les maux, mais aussi le dieu guérisseur contenu dans le cocktail injecté, son principe actif. Le vaccin, c’est la résurgence parfaite du pharmakos (bouc émissaire + remède + poison), un terme qui résonne fort bien étymologiquement avec notre pharmacologie.
On comprend mieux le ressort mythologique du vaccin, qui contient le virus (soi-disant vecteur des maladies, bouc émissaire innocent) parallèlement divinisé pour son aspect curateur. «La vaccination qui consiste à introduire un corps étranger pour lutter contre une maladie. C’est la thérapie la moins intuitive alors que c’est celle qui a sauvé le plus évident de la médecine ! », se targue Sciences et Avenir. En réalité, notre science reproduit à la perfection, dans un produit high-tech, le bon vieux filon du mythe archaïque : le rituel du pharmakos, le poison qui sauve, le mal qui guérit.
Trait commun n°6 : la peur primaire des grands fléaux.
Lorsque nous nous livrons au rituel vaccinal, nous ne faisons donc rien d’autre que reproduire ce lynchage collectif sur le virus. Nous faisons cela parce des grands prêtres en blouse blanche nous font croire, du haut de leur expertise doctorale, que le dieu Vaccin nous protègera des fléaux, comme au temps des dix plaies d’Egypte, parmi lesquelles : les furoncles, les moustiques, la mort des troupeaux, la mort des premiers-nés…
Or dans la vraie vie aujourd’hui en Occident, les maladies de l’enfance sont très rarement mortelles. Malgré tout, les médias, nos médiums contemporains, n’hésitent pas jouer les oracles, sans avoir à justifier leur propos : « Les épidémies sont à nos portes », nous prévient Sciences et Avenir, citant notamment «Zika, véhiculé par le moustique-tigre arrivé en France en 2004, le virus pourrait prochainement débarquer sur le territoire national. » Plus loin, « Quand surgira la prochaine épidémie d’Ebola ? Un vaccin sera-t-il prêt à temps ? (…) L’essai réalisé sur celui mis au point en milieu d’année 2015 semble très efficace (taux de 100%)», un chiffre tout simplement hallucinant que n’hésite pas à lâcher Sciences et Avenir, avec en guise de sa bonne foi journalistique la mention: « d’autres tests doivent être menés».
Trait commun n°7 : des impératifs moraux.
« Nous avons oublié à quoi pouvait ressembler à un monde sans vaccin ou pullulent des maladies infectieuses. Un monde où la coqueluche, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos font des dizaines de milliers de victimes par an. Pourtant, il n’y a pas plus altruiste et civique comme geste médical », sermonne Sciences et Avenir. «Le refus vaccinal fait non seulement peser un risque sur votre santé mais également sur celle de vos proches.» L’obligation vaccinale, c’est tout simplement le masque laïc de l’interdit religieux ! Un impératif moral est imposé à tous. Ceux qui ne sont pas d’accord, comme les scientifiques dissidents, sont bannis, excommuniés, on s’acharne sur eux. Ils subissent une véritable cabale médiatique, en vue de les discréditer aux yeux de la communauté.
Les médias sont aussi là pour nous rappeler chaque année nos devoirs vaccinaux. Comme dans les temps anciens où le mythe était récité à l’occasion de fêtes et célébrations, le mythe est rappelé au cours de rituels de passage comme l’entrée à la crèche, la puberté, le troisième âge… Le calendrier vaccinal fait office de nouveau calendrier liturgique. Tout le monde doit se plier aux grand-messes vaccinales, sinon, on vous le dit, la protection collective ne marchera pas ! Et ce sera de votre faute.
Trait commun n°8 : des sacrifices « nécessaires ».
Nous nous en remettons aveuglément au vaccin parce que nous ne comprenons pas plus qu’avant, sous nos airs d’homme savants, le fonctionnement réel de mère nature et encore moins des virus et bactéries, avec leurs mutations surprises et leurs résurgences imprévues. Nous les rendons coupables de tous les maux. Autrefois, on immolait au couteau des victimes sur les autels des pyramides aztèques pour conjurer les éléments et faire plaisir aux dieux, aujourd’hui on immole le virus dans le sang humain via la seringue vaccinale, avec toujours ce même attrait pour l’effraction du corps humain et une fascination pour le sang…
Sciences et Avenir compare, «pour mieux les opposer », la vaccination à la saignée, « très largement pratiquée pendant des siècles pour toutes sortes d’affections, et d’ailleurs encore utilisée, en Inde par exemple. En laissant couler le sang hors du corps, chacun pensait qu’il finirait bien par entraîner avec lui le mal dont le malade souffrait. Un principe aussi intuitif… Qu’inefficace !», sous-entendu, un archaïsme ! En d’autres termes, la médecine moderne se félicite d’avoir mis fin à des formes rituelles inutiles.
Mais en réalité, le nouveau mythe vaccinal est tout aussi inefficace. Pire, son pouvoir de nuisance est démultiplié par la technologie. Avec les vaccinations de masse, la science provoque de graves déséquilibres immunitaires dans les populations qu’elle se targue de protéger. Les victimes des effets secondaires ne sont pas des cas isolés. Une recherche sur le web montre qu’elles font figure de dommages collatéraux de premier plan. On assiste au final au même résultat que les rituels mythologiques d’antan. On sacrifie au nom d’une juste cause, mais cette fois de manière généralisée, les nouveau-nés (qui reçoivent une batterie de vaccins), les jeunes vierges (vaccin Gardasil), les personnes les plus fragiles (vaccin anti-grippal), etc ! Ce qui nous ramène à la case départ de la fondation des civilisations : «Le sacrifice est l’institution primordiale de la culture humaine» , constate René Girard.
Ce qui est à l’œuvre, c’est l’un des effets pervers du «souci moderne des victimes». Notre auteur a très bien décortiqué cette surenchère de la « victimologie » depuis l’avènement du christianisme dont nous sommes imprégnés : l’homme a intégré le fait que tous les sacrifices exigés par les mythes étaient ceux de victimes innocentes et que cela ne servait à rien. Depuis, la nouvelle pensée scientifique affiche son souci des victimes, elle ne vit que pour sauver des victimes : les fabricants d’OGM veulent sauver les pauvres de la faim, les autorités sanitaires veulent nous éviter les maladies, les manipulateurs du climat veulent nous prémunir du réchauffement climatique… Paradoxe de cette pensée contemporaine, elle retombe dans le travers de la vieille bonne mythologie : pour sauver le groupe, les victimes des effets secondaires font office de sacrifices nécessaires. Il existe une « bonne violence », « celle qui, au lieu de l’intensifier, y met fin (provisoirement, ndla), c’est la violence unanime». Plus que jamais, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
La violence médicale s’inscrit toujours dans une logique collective, ainsi que le justifie Sciences et Avenir : « le bénéfice collectif est supérieur à la somme des bénéfices individuels conférés par le produit » ou encore « si la vaccination est un geste individuel, le bénéfice demeure avant tout collectif ».
Trait commun n°9 : des persécuteurs qui s’ignorent.
«Le refus du réel et le dogme numéro un de notre temps. C’est le prolongement et la perpétuation de l’illusion mythique originelle», écrit René Girard. «Les fils répètent les crimes de leur père précisément parce qu’ils se croient moralement supérieurs à eux». Comme nous l’avons vu, le processus mythologique inverse la réalité : la victime est forcément coupable et le bourreau innocent. La cécité du persécuteur est une composante essentielle du mythe que l’on retrouve à l’œuvre dans la science moderne. C’est une manière commode d’arranger la réalité afin de s’économiser une remise en question face à notre «péché» de violence, que nous refusons toujours de voir.
La puissance du mythe repose principalement sur le déni psychologique et collectif de nos désirs coupables : de pouvoir, d’honneurs et de possessions matérielles. Alors que les conflits d’intérêts gangrènent nos hautes autorités de santé, les experts scientifiques nous jurent, la main sur le Vidal, qu’ils font leur travail en toute indépendance. Le fait que ces conflits d’intérêts soient difficiles à identifier pour le public, ou systématiquement omis dans les déclarations médiatiques, est le signe qu’ils doivent être cachés. Et c’est d’abord à eux-mêmes que les experts cachent cette triste réalité, dans une logique de refoulement de leurs propres turpitudes.
Mais chacun a aussi sa part de responsabilité dans cette confiance aveugle au dogme vaccinal. On préfère se faire vacciner pour ne pas voir que l’omelette dans notre assiette est le fruit d’une pauvre bête nourrie à la farine animale, gavée d’antibiotique, qui passe sa vie en cage au sein d’un élevage concentrationnaire où la promiscuité peut logiquement pousser à bout le pauvre virus H5N1.
Trait commun n°10 : derrière le culte, une science qui occulte…
Le discours de nos experts, sous une apparente rationalité, masque une réalité qui doit rester confinée au secret des laboratoires. Les études qui servent aux autorisations de marché sont protégées par le «secret de fabrication», ce qui permet d’occulter des pratiques malsaines.
On peut parler de bad science lorsqu’on regarde comment sont fabriqués et testés les vaccins, en marge des règles scientifiques élémentaires : pas de vrais placebos (les adjuvants sont le placebo !), absence d’étude de cancérogenèse, de génotoxicité et de mutagénèse, absence d’étude de pharmacocinétique (pour étudier le devenir d’une substance dans l’organisme), suivi trop court et sur effectifs réduits, mise sur le marché trop rapide.
Avec les vaccins, la bad science s’avère aussi très dirty (« sale », « impure », « infectée ») : la contamination des produits vaccinaux par des bactéries, des virus, des résidus de culture de cellules, est un problème réel, connu mais peu médiatisé.
Trait commun n°11 : un meurtre fondateur caché.
Là où la pensée de René Girard va encore plus loin, c’est qu’elle postule, dans tout mythe, un meurtre fondateur caché, le fameux lynchage originel d’un autre qu’on affuble de nos vices pour mieux les éluder. «La culture mythologique et les formes culturelles qui se greffent sur elle, comme la philosophie, ou même de nos jours l’ethnologie à quelques exceptions près, tendent d’abord à justifier le meurtre fondateur et ensuite à effacer les traces de ce meurtre, à convaincre les hommes qu’il n’y a pas de meurtre fondateur. Dans la Bible, au contraire, c’est le mouvement inverse qui s’amorce, c’est à un effort pour remonter à l’origine et pour revenir sur les transferts constitutifs, pour les discréditer et les annuler, pour contredire et démystifier les mythes en quelque sorte, que l’on assiste.»
Par exemple, l’histoire de Romulus et Remus ne culpabilise pas la ville de Rome car le meurtre de Remus par son jumeau nous est présenté comme légitime. En revanche, le meurtre d’Abel par son frère Caïn dans la Genèse est le premier récit dans l’histoire des religions à lever le voile sur le rôle de l’homicide dans la fondation des communautés humaines. Non seulement ce meurtre y présenté comme coupable mais aussi comme l’origine de la loi contre l’homicide dans la culture caïnite, la toute première loi de la toute première société. Le meurtre, donc, comme fondement des cultures et de leurs interdits !
René Girard souligne ainsi la radicale originalité des récits bibliques comparés aux mythes, et encore plus l’apport anthrolopologique du Nouveau Testament, où le mécanisme du bouc émissaire est décrit noir sur blanc dans les récits historiques de la crucifixion, en quatre exemplaires (au cas où on n’aura pas bien compris). Hélas, déplore René Girard, à force de taper sur le judéo-christianisme, un bouc émissaire à la mode, «l’athéisme moderne est incapable de révéler les mécanismes victimaires; son scepticisme à l’égard de tout religieux constitue une nouvelle façon de maintenir ces mécanismes dans une ombre propice à leur perpétuation».
Revenons au mythe vaccinal. En suivant la pensée de René Girard, nous pouvons facilement remonter la piste du meurtre fondateur car c’est une science récente, archivée dans des écrits accessibles. On découvre que dès ses débuts, la vaccination a été entachée du sang de nombreux innocents. Dans son livre L’apport des vaccinations à la santé publique, Michel Georget rappelle que « L’éthique ne semble pas avoir beaucoup préoccupé les vaccinateurs du XIXe siècle au moment de la vaccination anti-variolique. Le fluide vaccinal fut longtemps préparé en faisant développer des pustules sur des sujets, les « vaccinifères », auxquels on injectait du pus de vaccine. Et quels sujets prenait-on ? Essentiellement des enfants abandonnés, des orphelins recueillis dans les hospices, véritable « viviers des innocents », comme le décrit Darmon dans son ouvrage La longue traque de la variole ».
De son côté, René Girard nous rappelle «le genre d’hommes qu’Athènes et les grandes cités grecques nourrissaient à leurs frais pour faire d’eux, le moment venu, des pharmakos, c’est-à-dire pour les assassiner collectivement – pourquoi reculer devant le mot ? – lors des Thargélies et autres fêtes dionysiaques (…). Pour ne pas susciter de représailles, on choisissait des nullités sociales, des sans-abri, des sans-familles, des infirmes, des malades, des vieillards abandonnés, toujours en somme des êtres dotés de ce que j’ai appelé dans Le bouc émissaire : les traits préférentiels de sélection victimaire ».
En étudiant l’histoire de la découverte de Pasteur, notre grand gourou, on découvre aussi des cadavres dans le placard. Les comptes rendus de l’époque nous indiquent que de nombreux débats ont eu lieu à l’Académie de médecine, débats refoulés dans les archives de notre inconscient collectif. Le décès d’un enfant de 12 ans, après la vaccination pratiquée par Pasteur, fit notamment grand bruit. Les expériences de notre héros national ont fait des dégâts : « En 1886, tant en France qu’à l’étranger, les morts à mettre officiellement au passif de la méthode Pasteur s’élevaient déjà à soixante-quatorze: quarante étrangers et trente-quatre Français. Certains étaient morts en présentant les symptômes de la rage ordinaire, d’autres avaient succombé à une affection nouvelle qui fut appelée la “rage des laboratoires”. »
Néanmoins, la vaccinologie est devenue un des piliers de notre civilisation scientifique. Civilisation scientifique dont on peut douter encore davantage des intentions après Hiroshima, autre meurtre fondateur qui, en ramenant la paix, a établi le culte de l’atome et l’avènement du nucléaire civil, autre dogme tout-puissant qui possède aussi ses gourous.
Trait commun n°12 : la canalisation des conflits sociaux.
S’ils ne servent pas à éradiquer les maladies, quelle est donc au fond l’utilité sociale des vaccins ? « Les rites consistent à transformer en acte de cohésion sociale, paradoxalement, la désagrégation conflictuelle de la communauté » , nous rappelle René Girard. Pour comprendre l’essor fulgurant de la vaccinologie, il faut revenir au contexte de l’industrialisation et de l’explosion de l’urbanisation évoquée plus haut. En 1888, date la fondation de l’institut Pasteur, la promiscuité, l’appât du profit, l’essor de l’individualisme et les épidémies liées à l’insalubrité détériorent le vivre-ensemble, avec des risques de guerres civiles ou d’émeutes. Les vaccins vont permettent de conserver une solidarité humaine aux dépens des virus, coupables idéaux des maux générés par le nouvel ordre socio-économique décidé par les promoteurs de l’industrialisation.
Aujourd’hui, la concurrence des désirs demeure particulièrement exacerbée par le capitalisme et la société de consommation. La publicité aiguise la concurrence entre les désirs humains, alors que l’écart entre les plus pauvres et les plus riches se creuse. Nous ne percevons pas vraiment toute la violence que cela réveille en nous ! Violence que nous essayons aussi de contenir avec un autre mythe, celui de la croissance «infinie» : un peu comme Jésus multipliait les pains, l’hydre du capitalisme prétend multiplier les biens pour relâcher la pression du désir mimétique et, par ce miracle, canaliser pour toujours notre violence collective.
Mais nos mythologies modernes sont potentiellement plus dangereuses que les précédentes. Nous nous sommes dotés d’une technologie surpuissante et nous n’avons plus la «crainte de Dieu». Notre athéisme contemporain l’a définitivement classé comme archaïsme religieux. Alors que la fonction humanisatrice des mythes était principalement de canaliser la violence par la crainte de dieux terrifiants, le mythe de la civilisation scientifique a fait voler en éclat le garde-fou divin.
Pire, c’est nous-mêmes que nous prenons pour des dieux, en nous livrant à des manipulations du vivant dans les cultures cellulaires et dans pratiquement tous les domaines. Tout cela nous ramène finalement au mythe de la Genèse, où nous reproduisons, sans le voir, le fameux péché originel qui nous a exclus du jardin d’Eden, parce que nous avons cédé à la tentation d’en savoir autant que Dieu lui-même. C’est ce qu’on appelle : le progrès.