Article n°94 Par Yoan Fleurice
Le caducée est un symbole lié à la santé, cela chacun le sait. On le croise chez le médecin, on passe devant à la pharmacie, mais peu savent ce qu’il veut vraiment dire… Il s’est vidé de son sens, c’est devenu une enseigne, un appel visuel de type commercial publicitaire. Le caducée est pourtant un symbole très important et très profond. De symbole, il est devenu simple signe, vidé de sa substance. Notre méconnaissance à ce sujet est une conséquence majeure des errements de nos croyances en matière d’équilibre, de santé et de prévention. Le comprendre nous aidera à sortir des impasses collectives actuelles.
C’est à travers le Tai Chi Chuan que j’ai commencé à comprendre ce que voulait dire le caducée : les origines légendaires de cet Art martial Chinois parlent en effet du combat entre un oiseau et un serpent… deux symboles présents dans le caducée. Belle surprise de voir une telle concordance entre un art martial Chinois (bon pour la santé !) et le caducée… symbole associé lui-aussi à la santé et… d’origine Grecque.
-Le serpent (animal qui rampe) associé bien sûr à la Terre, au yin dans la tradition Chinoise.
– L’oiseau (animal qui vole), associée au Ciel, au Yang.
La tradition Chinoise nous inscrit entre ces deux polarités Terre-Ciel pour poser la triade Terre-Homme-Ciel. Cette division est extrêmement importante, elle est par exemple visible dans la division trinitaire du corps : Pieds-Jambes (Terre) / Buste (Homme / Tête (Ciel). Division que l’on retrouve à plus petite échelle par exemple pour la jambe : pied = Terre , zone cheville-genou = Homme, zone genoux-hanches = Ciel. D’ailleurs, au niveau de la hanche, il y a l’aile iliaque, l’aile permet de voler dans le ciel.
– La Terre, c’est la nécessité, c’est le besoin, c’est le concret, c’est notre côté « animal » qu’explore notamment le décodage biologique par les liens avec les réflexes animaux de survie.
– L’Homme, c’est le travail relationnel, c’est l’ouverture à l’autre, c’est l’émotion, c’est le lien entre les deux, la Terre (la contrainte-nécessité / la survie / la dépendance, de l’enfant par exemple ) et le Ciel (la liberté / la vie ). C’est le pilier de travail de toute thérapie par la parole, c’est être altéré ( alter = autre ), modifié, « sculpté » par le lien.
– Le Ciel, c’est la symbolisation, le langage, l’abstraction, la liberté, les idéaux, l’art, l’intuition, et la quête du sens, cette effort de mise en cohérence du vécu, du monde et de soi, dans une dialectique relationnelle qui nous fait converger vers nous-mêmes. « Va vers toi » est une autre façon de le dire, c’est une échelle de Jacob infinie ou chaque étape, chaque barreau de l’échelle nous offre un appui et nous sollicite pour un effort, une tension.
Une thérapie n’est vraiment aboutie que si elle réunifie ces trois aspects Terre–Homme–Ciel, s’il elle réunifie l’Homme dans toutes ses dimensions et dans son rapport aux forces de vie qui le traversent.
Question d’équilibre
L’homme doit donc « joindre les deux bouts » comme le dit si bien l’expression : faire coïncider en lui et par lui la Terre et le Ciel. Il ne peut le faire que s’il est dans un juste rapport des deux : dans son axe. Cet axe, c’est la ligne verticale du caducée. C’est la tension de cet axe qui va faire vibrer l’Homme telle une corde tendue. Le caducée nous place devant cette question, cet équilibre serpent ( survie / contrainte / animal ) et oiseau ( vie / liberté / idéaux ), cette nécessité de répondre, cette respons-habilité. La vie nous rend habilités à répondre.
L’axe de quelqu’un, ce n’est pas sa colonne, mais une ligne qui se fait repère interne. Je pense que le seul moment où cette ligne est tout à fait concrète, matérielle et visible, est celui de l’embryogenèse où apparaît le nœud de Hensen et surtout la ligne primitive, vers la troisième semaine de développement. C’est d’ailleurs le moment où l’embryon passe d’une structure en deux feuillets à une structure en trois feuillets : l’endoderme-Terre, le mésoderme-Homme, l’ectoderme-Ciel. Le pratiquant d’art martiaux découvre d’abord l’axe dans son aspect corporel : c’est un repère qui permet d’articuler les mouvements et les sensations, d’avoir une justesse interne dans le perçu et dans l’action. Repère interne physique, mais aussi psychique : c’est l’instance intérieure du « Je Suis », c’est la façon unique et personnelle qu’à chacun de relier la Terre et le Ciel, d’œuvrer à ce que la tradition Chinoise nomme son « mandat du Ciel ». Cela suppose de faire activement œuvre de connaissance de Soi. Cet effort pour s’élever, c’est celui des deux serpents qui se hissent le long de l’axe. Ces serpents sont symboles de nos énergies internes, psychiques (désirs, émotions, projections, angoisses, etc. ). Toute une ménagerie animale chaotique (une arche de Noé au milieu d’un déluge ? ) qui doit retrouver un axe, qui doit se redresser pour sortir de l’horizontalité. La verticalisation dans l’histoire de l’humain signe sa sortie de l’état animal. D’ailleurs, se tenir debout libère les pattes avant du poids du corps, elles peuvent alors façonner, étreindre, dessiner, fabriquer et participent de l’humanisation. Les pattes deviennent mains, le singe devient homme par le signe (anagramme de singe ! ), l’écriture et la symbolisation . C’est pour cela qu’il y a « main » dans « humain ». C’est le propre de l’Homme, l’accès à la symbolisation, à la verticalité : problématique universelle, organiquement liée à la condition Humaine.
L’indispensable fraternité
Car si la verticale est universelle, l’axe de chacun est on ne peut plus personnel, j’allais écrire intime. La seule façon de vraiment pouvoir être proches les uns des autres, d’être « frères », de communier et de sortir de la violence, c’est par l’axe de chacun, c’est à dire la conscience active de l’inaliénable et profonde responsabilité de toute personne. C’est en partageant cette fondamentale nécessité d’incarner, d’assumer notre propre être qu’une sortie de la violence peut se profiler : m’étant reconnu moi-même, ayant conquis mon axe, je me rends apte à reconnaître l’autre en tant que faisant le même chemin, en tant qu’un autre moi-même en devenir… « Je suis pleinement responsable de ma vie , de chacune de mes paroles, de chacun de mes gestes ». L’autre est tel que moi en tant qu’il s’efforce comme moi d’être mieux lui-même : la différence est alors sacrée et n’empêche pas la fraternité puisque l’effort même pour se distinguer devient le bien commun reconnu comme socle d’un véritable rapport à l’autre. Conquérir son axe, sa responsabilité propre est la seule façon d’être vraiment proches les uns des autres : individualisme n’est pas égoïsme s’il s’enracine dans une conscience responsable, c’est même tout l’opposé. Mon axe, c’est ma façon à moi d’être au monde, pleinement, d’assumer le plus complètement possible ma liberté d’être. Car « tous les chemins mènent à Rome », c’est à dire à Soi. C’est d’une redoutable exigence, ce qui explique ce que chacun peut constater : sans cet effort, chacun s’appuie sur l’Autre ( ce qui est physiologique chez l’Enfant,… mais beaucoup d’adultes ne sont ils pas à ce niveau restés enfants ? ), et nos relations deviennent un gigantesque jeu de dominos ou les uns tiennent debout par les autres. Ce jeu est source de culpabilisations, de compensations …et de pathologies. Combien de patients ne m’ont ils pas fait cette terrible confidence de se sentir être les arcs-boutants et les poutres compensatrices qui faisaient tenir tout l’édifice familial, de se sentir perdre leurs forces à maintenir un édifice qui ne tient pas debout ! Certains enfants sont condamnés par les souffrances et l’histoire personnelle non-résolue de leurs parents à devenir psychiquement les parents de leurs parents… et y perdent leur axe, dans le lien avec les personnes mêmes qui devraient pourtant les aider à le trouver… C’est la courroie de transmission du transgénérationnel. Dans ce genre de situation reconquérir son axe veut bien souvent dire laisser tomber tout l’édifice. Mais celui qui compense est rarement le responsable de l’architecture de l’ensemble… par contre il est en apparence responsable de l’effondrement, alors qu’il n’a fait qu’arrêter de l’empêcher… ce qui n’était que peine perdue… ( Voir l’expérience à ce sujet d’Harold Searles avec de personnes schizophrènes ) On mesure là la source, la cause de bien des résistances en thérapie : devoir envisager d’assumer d’être en apparence responsable d’un effondrement symbolique et de ses conséquences.
Tendre vers le ciel
A la lumière de ce que je viens d’évoquer, l’on comprend pourquoi quelqu’un qui est malade dit qu’il n’est « pas d’aplomb » : il a perdu son axe. D’ailleurs, un jeune enfant ne se connaissant pas n’a pas encore d’axe propre, le parent va donc lui en offrir un provisoirement. Il est son « tuteur » c’est à dire son axe provisoire, il s’en sert pour grandir, pour « tendre vers le ciel ». Voilà pourquoi nous disons que nous « élevons » nos enfants, nous les emmenons vers leur Ciel, le langage, la symbolisation, vers leur verticale, vers leur axe, vers eux-mêmes… L’on comprend aussi que le mot « médecine » comporte la racine MED que l’on retrouve dans « médian », « médiation », « méditation »… avec la notion d’être au Mi-lieu, au lieu du MI, de l’intériorité, véritable source du « re-MED-e »… C’est aussi la raison pour laquelle quelqu’un d’intègre est dit « droit ». Par contre, dans le cas contraire il sera dit « désaxé » ou… « tordu »… Ayons en tête l’image de la balance, et prenons conscience que la balance est en équilibre lorsque la flèche est verticale. L’équilibre humain c’est l’intime adéquation du vécu d’une personne avec ce qu’elle est. C’est le résultat d’un effort permanent d’authenticité face à la réalité qui nous questionne et face à soi-même. C’est la confrontation, c’est se tenir debout devant l’épreuve, situation très bien décrite dans la chanson de Calogero « Tien An Men ».
Notre axe, projeté horizontalement, devient une direction, un objectif, un choix. On voit bien par exemple dans la dépression un anéantissement de cet aspect de l’axe. Et sans cet axe reporté horizontalement, « tout va de travers »… Il est à noter, et ce sans vouloir réduire abusivement les travaux de ce grand penseur, que le désir mimétique qui fonde l’œuvre de René Girard, peut être vu sous cet angle : faute de connaissance de soi, de maturité psychique, l’homme se sert du désir de l’autre pour ne pas être vide, inexistant, et tout le jeu pervers de la rivalité mimétique commence. Faire sien ce que je pense être la mise en acte de l’axe de l’autre, son désir… c’est manquer à coup sûr le sien propre, c’est rester l’enfant en attente d’une direction et d’une confirmation parentale, c’est de l’immaturité. Je conseille vivement la lecture de « Des choses cachées depuis la fondation du monde » de René Girard. Ce n’est pas un livre facile, mais c’est un livre assurément remarquable et profond.
L’axe du présent
L’axe c’est aussi celui de la présence dans l’instant : le passé n’est plus, le futur n’est pas encore, le présent, cet « axe de l’instant » seul existe. Combien de pathologies liées à des enfermements dans le passé ou des anticipations délirantes nourrissant des peurs ? Seul le présent peut être fécond, s’il est habité. C’est l’axe de chacun : toutes les traditions parlent de cette nécessité « d’être là », d’être présent… La méditation est un exercice où volontairement tout s’efface : plus de désirs, plus de projections, plus de peurs, rien… ou plutôt rien d’autre que la simple présence vigilante, la vie à l’état pur, l’axe nu. La méditation est un travail sur l’axe. Méditer c’est se donner un espace pour laisser vivre l’axe de façon pure. On comprend ainsi facilement son rôle thérapeutique… C’est faire sien le caducée.. se laisser transformer par ce qu’il représente ou plutôt et bien plus profondément, ce qu’il symbolise.
Les serpents sont doubles comme notre nature, ils sont symboles de nos énergies intérieures qui doivent être remises à leur juste place, grâce à cet effort vers soi qu’est la vie. Si je suis dans mon axe, mes élans internes trouvent leur juste rapport en moi et à l’extérieur : dès lors je peux m’épanouir, déployer mes ailes. Nos enfants une fois leur propre axe conquis volent de leurs propres ailes… Et voilà l’aspect « oiseau » : en étant moi-même je suis dans mon axe, je peux donc faire tendre toutes mes énergies (aspect serpent) vers mes nobles objectifs, et déployer toute l’étendue de mes ailes, de mes talents, en tant qu’ils m’appartiennent en propre, et sont une facette de mon unicité, de mon identité conquise. L’axe permet le déploiement des ailes. D’ailleurs tout un chacun peut en faire facilement l’expérience concrète : tenez vous droit sans raideur, installez vous bien dans cette verticalité : prenez une profonde et lente inspiration en mesurant l’amplitude et le côté « facile et naturel » de votre inspir. Expirer ensuite avec la même attention à l’amplitude et à la facilité relative du geste respiratoire. Puis refaites l’expérience en quittant volontairement votre axe (tenez vous un peu penchés en avant, en arrière ou sur un côté), vous percevrez aisément la très nette diminution d’amplitude de votre respiration et vous sentirez alors à quel point votre axe vous ouvre et vous offre une grande amplitude respiratoire : les poumons sont les ailes de notre corps, et la Tradition Chinoise nous enseigne bien qu’ils gouvernent le Qi, l’énergie. Le mot Qi trouve une plus noble traduction par le mot … Souffle. Les ailes du caducée, c’est être dans le Souffle, le vôtre (en étant dans votre axe) , et celui de la vie ( la verticalité ).
Le chemin de la santé
Donc le chemin de la santé passe par donner à un axe, une direction, pour aller vers soi, vers sa propre unité, vers son unicité… Unicité symbolisée par le cercle en haut du caducée. Est roi, est couronné, celui qui mène ce travail intérieur, alchimique, jusqu’au bout. L’auréole des Saints pourrait en être la couronne signant l’ouverture vers un autre monde, dont l’équivalent à l’autre bout de la vie serait la fontanelle des nourrissons qui, par cette ouverture, restent encore connectés au Ciel. Le cercle est symbole d’unité : c’est UN point ( le centre ), et UNE distance ( le rayon ). Le soleil dans le monde extérieur symbolise cette unité rayonnante. Quelqu’un qui se porte bien n’est il pas dit « rayonnant » ? N’avons nous pas un plexus « solaire » ? D’ailleurs, regardons le dessin animé des « Cités d’Or » : le jeune héros Estevan ( prénom qui veut dire « Fils du Soleil », comme c’est curieux ) part avec ses acolytes à la recherche de son origine, de son identité. Il dispose d’une amulette qui est un cercle ( ! ) non complet. Ils sont comme chacun d’entre nous : en quête d’une complétude existentielle, c’est à dire qui « existe en ciel » comme tout ce qui est précieux, c’est à dire près des cieux… Estevan pilotera un grand condor en or ( un oiseau ) comme un avion avec un manche qui a la forme d’un cobra ( un serpent ). On retrouve là les deux symboles du serpent et de l’oiseau : l’énergie, et une direction positive pour cette énergie.
Dès lors, l’on comprend également pourquoi les rois se voient remettre un sceptre (un axe) et une couronne (un cercle) : ces symboles sont censés exprimer le chemin qu’ils doivent suivre pour être dignes de leur tâche. Ils sont souvent couverts de pierres précieuses qui laissent passer la lumière, qui sont trans-parents ( qui permettent donc de voir à travers nos parents, à travers notre histoire personnelle élucidée, mise en lumière par le travail psychothérapeutique ). C’est de la lithothérapie, ni plus ni moins !
La nécessité du sacré
Le paradis, les cités d’or, les champs élysées, le nirvana sont l’expression symbolisée de ce qui est au bout du chemin. Force est de constater que nous en sommes loin. Toutes les traditions apportent à leur manière le message de cette nécessité. Le « décodage biologique » est une base théorique, un repère qui a servi de grille de lecture à ce que l’on comprend de la maladie depuis les années 70, mais il est insuffisant. Les dernières recherches et découvertes nécessitent une perspective bien plus large que la simple compréhension animale de la pathologie. Non pas qu’elle soit fausse, mais elle est incomplète. Enlever à l’Homme ce potentiel d’idéation qu’il peut et doit être à lui-même est une grave mutilation dont des auteurs comme Annick de Souzenelle ont déjà dénoncé la violence et les graves conséquences. La laïcité est une perspective d’organisation sociétale et politique qui ne doit pas embrayer sur l’anéantissement des élans sacrés de l’individu vers lui-même. Nous touchons à un carrefour de plusieurs domaines qui doivent s’articuler les uns aux autres : décodage biologique, psychanalyse, histoire, sociologie, anthropologie, politique, philosophie, médecine et spiritualité au sens large. Notre système éducatif et sociétal amenant une hyperspécialisation empêche l’émergence d’une vision cohérente d’un ensemble pouvant articuler les domaines de recherches et rendre cette articulation pertinente et signifiante. C’est là qu’une approche telle que celle de la Médecine du Sens que propose le Docteur Olivier Soulier prend sa place et sa force. Elle invite à une révolution copernicienne où toute réelle intention thérapeutique ne peut se baser ( au-delà bien sûr des connaissances théoriques, techniques et de l’expérience acquise dans telle ou telle approche ), que sur un éclaircissement de l’histoire personnelle, de ses conséquences, et en tout premier lieu de celle du thérapeute ( travaux d’Alice Miller ). Elle est une vaste synthèse réunissant des domaines divers non pas en un mélange dénaturant, mais au contraire rendant les particularités de chaque domaine plus pertinents pour comprendre l’ensemble. Comme un puzzle fait de « pièces » issues de la psychanalyse, du décodage, de l’embryologie, de la philosophie et de la spiritualité qui s’assemblent si bien les unes aux autres qu’on ne peut nier qu’elles soient faites pour s’associer. Une fois associées, elles amènent un tableau, « une vision » de l’ensemble qui se confirme devant l’évidence clinique : la pertinence intellectuelle passe le « test » de la confrontation au Réel, qui amène ainsi parfois des guérisons pouvant apparaître incroyables, mais qui peuvent se comprendre simplement.
Assumer pour trouver la clé
Car toute pathologie est l’expression d’une force de vie non gérée. Et les somatisations peuvent se faire de plusieurs manières : accidents bénins ou graves, difficultés psychologiques, mal-être diffus, problèmes de santé, problèmes relationnels, violence verbale ou physique, agitation, comportements alimentaires, sexuels, etc . Le seuil qui sera qualifié de « pathologique » est bien flou mais se base souvent sur deux critères : l’inconfort et le degré de souffrance du patient d’un côté et la codification faite par les thérapeutes ou la société de l’autre. Je disais tout à l’heure que le maître mot de l’axe est responsabilité. Responsabilité anéantie quand un patient vient « offrir » son problème de santé à un thérapeute en attendant de lui et de lui seul (ou du médicament ) la solution… C’est un non-sens. Bien sûr il faut soigner, mais à plusieurs niveaux : assurer la sécurité vitale de l’individu, soigner et réduire autant que faire se peut les symptômes, et surtout, surtout, faire cet effort de conscientisation, de mise en cohérence de l’histoire personnelle et des difficultés intimes C’est de ce lieu que pourra émerger la clé de la pathologie, son sens. J’ai bien dit « pourra » : c’est à l’individu de négocier ce rapport nouveau à sa maladie, de l’intégrer sans culpabilité. Assumer. Personne ne peut ni ne doit se substituer à chacun dans ce dialogue avec les forces de vie qui le traversent.
Le message du caducée
Il y a là de quoi entamer également une réflexion sur l’idée de prévention : se consacrer aux choses essentielles pour soi et à son histoire personnelle, c’est diminuer d’autant les risques. D’ailleurs le système de santé dont les Français sont très fiers porte très mal son nom : ce n’est pas un système de santé, c’est un système de lutte contre la maladie. Lutter est fondamentalement vain (même si c’est parfois nécessaire par sécurité pour l’individu) puisque ce qui s’exprime par la pathologie, c’est une part de vie non assumée. La vie nous est transmise et offerte, elle est plus forte que nous : regardons par exemple à quel point notre lutte contre les microbes est vaine puisque ceux-ci ont trouvé les parades aux antibiotiques… Impossible de fuir le caducée et son message, mais nous pouvons toujours ne pas l’entendre et ne pas le voir ( cf Matthieu, 13-13 ), mais ce choix à de graves conséquences, nous les constatons tous quotidiennement.
Intégrer les forces de vie pour les orienter et les empêcher de se déverser dans la pathologie, c’est le message très fort du caducée. C’est certainement difficile à assumer, j’en suis parfaitement conscient, mais c’est là que se joue réellement notre santé, sachons le voir et l’intégrer ! Nous passerons alors d’une attitude passive de victime de la pathologie et du « pas de chance c’est tombé sur toi » à une attitude de dialogue potentiellement bien plus constructive avec le message du corps qu’elle représente…
Nul être humain ne peut échapper à cette question du sens, de sa responsabilité et de ses choix. Parce que ne pas choisir, c’est déjà un choix, … et souvent le pire.
Le sens caché remonte en effet à un art très ancien et oublié ; celui de l’étymologie traditionnelle (qui n’a rien à voir avec la moderne née à la fin du dix-huitième siècle). Les Anciens Égyptiens ont excellé dans cet art, ainsi que les Grecs. Tout Homère, par exemple, s’interprète en ce sens redécouvert notamment par Emmanuel d’Hooghvorst, dans “Le Fil de Pénélope” (Éditions Beya.).
Bonjour ou bonsoir,
Je souhaite débuter une thérapie à partir de la question du sens, je trouve votre démarche pleine de “bon sens” et votre site est une mine d’information pour moi depuis un long moment déjà, alors je décide de vous contacter pour reprendre contact avec ce qui, en moi, provoque et entretient des lombalgies chroniques. D’autres douleurs sont entrain d’émerger et il est temps, pour moi, je crois, de questionner la somato.
Je vous remercie de bien vouloir me guider dans cette démarche volontaire et que je me souhaite éclairée.
Avec mes meilleures salutations.
LÉCUYER Dominique (F)