Sport et santé : ce couple n’entretient pas nécessairement des relations harmonieuses. Et quand on voit des footballeurs s’effondrer sur la pelouse, des coureurs cyclistes mourir à 20 ans et des athlètes de toutes disciplines mettre un terme prématuré à leur carrière pour raison médicale, on se dit que le sport est un peu comme le travail de la chanson : c’est la santé à condition de ne pas en pratiquer pour la conserver. Certes, les forçats de l’effort et les pros du biscoto ne feront pas forcément de vieux os. Mais il est prouvé statistiquement que la sédentarité est une ennemie de la longévité ! Si l’exercice physique est une fontaine de jouvence, c’est bien parce qu’il présente de multiples vertus confirmées aujourd’hui par la science. On lui prête notamment des vertus anticancer, et la saine fatigue qu’il procure serait même profitable aux malades cancéreux ! Les recherches confirment également ce que prône le « modèle paléo », à savoir que les bénéfices de l’activité sportive augmentent avec son dégré d’intensité. Plus on se dépense, plus on en profite ! Et comme la santé du corps et le bien-être psychique sont étroitement liés, Néosanté se range résolument dans le camp des supporters de la sueur. Voici 20 bonnes raisons de s’y mettre et de faire un sport aux préjugés anti-sport.
1. Le sport allonge la vie
On a cru longtemps que l’espérance de vie des non-sportifs était supérieure à celle des sportifs. Jusqu’à une étude parue en 1986 dans un journal médical anglais qui a montré que la pratique régulière d’un exercice physique entraînait une diminution nette de la morbidité (maladie) et de la mortalité. Depuis, d’autres enquêtes ont confirmé que les personnes « physiquement actives » mourraient moins jeunes et en meilleure santé. Selon une étude hollandaise, cet avantage est sensiblement moins évident chez les sportifs professionnels que chez les amateurs bien entraînés. C’est peut-être le stress de la compétition qui explique la différence. Reste que l’activité physique soutenue peut incontestablement être considérée comme une thérapeutique anti-vieillissement. Selon l’étude Copenhagen City Heart, qui a débuté en 1976 et qui suit les habitudes sportives de quelque 20 000 hommes et femmes de tous âges, la pratique régulière du jogging a des effets très positifs sur la santé et un impact très net sur l’espérance de vie : les femmes y gagnent 5,6 ans et les hommes 6,2 ans !
2. Le sport renforce le squelette
Des os plus solides, des cartilages plus épais et mieux irrigués : il ne fait aucun doute que la charpente de l’organisme préfère le mouvement à l’immobilité. Pour preuve, les personnes alitées sont rapidement victimes de décalcification osseuse et les articulations figées dans un plâtre voient leur cartilage mincir à vive allure. Une étude a montré par exemple que le bras de frappe des tennismen a une densité osseuse de 30 à 40 % supérieure à celle du bras qui ne tient pas la raquette ! Même les exercices physiques surmenant les articulations retardent la dégénérescence ostéoarticulaire . et ne semblent pas favoriser l’arthrose. C’est dire si le squelette apprécie qu’on le fasse bouger !
3. Le sport développe le cœur
Faire du sport régulièrement modifie le comportement de l’appareil cardio-vasculaire et aboutit à un état physiologique particulier bien connu : c’est un cœur gros, animé de contractions puissantes et efficaces, et qui bat lentement. Face à l’effort, ce muscle cardiaque renforcé réagit par une accélération modérée qu’il peut soutenir longtemps sans s’épuiser. Après une séance de sport, il revient rapidement à son rythme de repos. Au total donc, il fournit plus de travail en se fatiguant moins.
4. Le sport prévient le cancer
Le sport abaisse indéniablement le risque de contracter un cancer. Cette vérité statistique a notamment été mise en évidence pour le cancer du sein : la femme sédentaire est deux fois plus touchée par la maladie que la femme active. Selon une étude américaine récente, un exercice modéré (bicyclette, natation, danse…) de 1 à 2 heures par semaine serait déjà suffisant pour faire chuter de 18% le risque de développer une tumeur mammaire. Chez les hommes, quelques heures de marche par semaine suffisent à réduire de 50% le risque de cancer du côlon.
5. Le sport facilite la digestion
L’exercice accélère le transit intestinal. Ainsi, chez les adeptes des activités pédestres, un repas traverse l’appareil digestif en quatre à six heures alors que chez la plupart des non-sportifs, la digestion complète s’étend de douze à vingt-quatre heures. Bénéfice direct : la constipation est nettement moins fréquente chez les hommes actifs et totalement inconnue chez les femmes qui pratiquent régulièrement une discipline sportive. Avantage secondaire : le contact aliments/cellules intestinales étant plus court, l’absorption énergétique est réduite. Son corollaire, la prise de poids, est donc diminué…
6. Le sport fait tomber la tension
Avec le contrôle du poids et le régime pauvre en sel, l’exercice physique constitue un remède non médicamenteux efficace contre l’hypertension artérielle. Certes, les études se contredisent parfois sur les vertus attribuées respectivement à l’exercice intense ou à la pratique modérée d’un sport. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’activité régulière peut faire baisser tant les chiffres systoliques que diastoliques. Explications ? Pour les uns, l’effet bénéfique serait purement diurétique. Pour d’autres, la vasodilatation généralisée des conduites sanguines induirait une baisse des résistances périphériques à l’écoulement du sang. Quoi qu’il en soit, la réduction tensionnelle obtenue est souvent suffisante pour se passer de médicaments hypotenseurs.
7. le sport dégraisse le sang
Le sang contient deux catégories principales de lipides : le cholestérol et les triglycérides. On sait que tous les deux augmentent la probabilité d’ennuis cardio-vasculaires. Or, l’exercice physique régulier réduit, souvent de façon nette, le taux des triglycérides et du mauvais cholestérol alors qu’il accroît le bon cholestérol. Le bénéfice est d’autant plus évident que les mauvaises graisses se réinstallent rapidement dans le sang si la pratique du sport est interrompue. Moralité : on peut remplacer les graises saturées par de bons acides gras, mais rien ne remplace l’exercice régulier. C’est aussi la raison pour laquelle les statines sont actuellement sur la sellette : ce que réussit le médicament anticholestérolémiant, le sport le fait tout aussi bien !
8. le sport fait maigrir
Vous êtes embarqué(e) dans un régime hypocalorique ? Sachez qu’avec ce genre de méthode, 50% des kilos perdus proviennent des muscles, la moitié restante ayant pour origine les amas de graisse. Par contre, il a été prouvé que des sujets pratiquant un exercice physique régulier et suivant un régime pauvre en calories conservaient leurs muscles intacts pour un même bénéfice pondéral. Autrement dit, le sport aide à déloger les cellules adipeuses sans provoquer la fonte musculaire et la fatigue qui va de pair. Si d’autres types de cures minceur peuvent s’en passer, l’activité physique sera donc néanmoins une alliée de poids de la diététique pour chasser les rondeurs superflues.
9. le sport prévient le diabète
Qu’il soit de type I ou de type II, l’incidence du diabète est sensiblement améliorée par la pratique d’un sport d’endurance. Dans les deux cas, l’exercice intensif prolongé favorise la pénétration du glucose dans la cellule et diminue par conséquent les besoins en insuline et en médicaments hypoglycémiants. En outre, chez la plupart des diabétiques non insulinodépendants, il y a souvent un excès de poids caractérisé par un excès de graisses et de glucose sanguin. En contribuant à « brûler » ces deux facteurs de risques, l’activité musculaire fait forcément reculer le diabète de type II.
10. Le sport conserve la colonne vertébrale
L’épine dorsale ne remplit correctement son rôle de protection de l’arbre de vie (moelle et nerfs) qu’à la condition expresse que les haubans musculaires et tendineux soient quotidiennement sollicités et entretenus par des activités physiques. En effet, seul le mouvement constant maintient la force et la solidité du système ligamentaire ainsi que l’élasticité des disques. Celle-ci est assurée par le système lymphatique, qui a la particularité de ne pas être sous pression, au contraire du sang. Le pompage de liquide se fait grâce aux mouvements d’inspiration suscités par les oscillations de la colonne vertébrale. La meilleure tactique préventive contre le mal de dos consiste donc à se promener régulièrement à bonne allure. La majorité des lombalgies chroniques disparaissent après quelques semaines d’activités pédestres journalières !
11. Le sport guérit les rhumatismes
L’époque où les rhumatologues déconseillaient aux rhumatisants de bouger est-elle enfin révolue ? Grâce notamment à l’illustre chirurgien Christian Barnard, qui en souffrait , on sait aujourd’hui que l’exercice physique profite grandement aux victimes de l’arthrite . Plusieurs livres de témoignages indiquent même que les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, une affection particulièrement invalidante, trouvent leur salut dans le mouvement et dans le sport. En fait, ces guérisons spectaculaires ne devraient pas étonner puisque l’on sait maintenant que l’activité physique agit comme un puissant anti-inflammatoire. Dans les vaisseaux sanguins par exemple, la simple marche vigoureuse suffit à déclencher la production de substances actives contre l’athérosclérose. Il en va sans doute de même au niveau des articulations.
12. Le sport éloigne Alzheimer
Ce qui est bon pour le corps est bon aussi pour le cerveau. Il est prouvé en effet que le manque d’exercice physique altère sérieusement le tonus de la mémoire. Le cerveau se nourrissant de glucose et d’oxygène, les sujets très sédentaires sont même à haut risque de développer plus tard la maladie d’Alzheimer. Bien que l’exercice ne soit pas une garantie d’immunité contre ce fléau moderne, diverses études ont mis en évidence que le degré d’activité physique au cours de la vie diminuait le risque de démence sénile. Empiriquement, tous ceux qui font du sport régulièrement peuvent d’ailleurs constater que leurs capacités mnésiques sont stimulées par l’effort du corps : souvenirs et solutions remontent plus facilement à la surface…
13. Le sport bloque les calculs biliaires
Selon une étude menée à l’Université de Harvard, l’exercice physique réduit considérablement la fréquence des lithiases vésiculaires chez les hommes. D’après les chercheurs, un tiers des « pierres à la vésicule » pourraient même être évitées par trente minutes d’exercices d’endurance cinq fois par semaine. Une seconde enquête américaine relate qu’une activité de type détente (bicyclette, jogging…) à raison de deux à trois heures par semaine réduit de 20% le risque de lithiase dans la vésicule et les voies biliaires.
14. Le sport protège l’estomac
Quelle que soit son origine (ulcère gastro-duodénal, tumeur bénigne ou maligne…), l’hémorragie digestive est moins fréquente chez l’homme âgé qui fait régulièrement de l’exercice. L’origine de cet effet protecteur demeure cependant obscure. Il pourrait s’agir des vertus antistress du sport, d’une augmentation de la circulation viscérale ou d’une amélioration de la fonction cardiaque indirectement bénéfique au tube digestif. Mais l’activité physique témoigne peut-être aussi d’une absence de troubles locomoteurs et donc d’une consommation moindre d’anti-inflammatoires ou d’aspirine. En toute hypothèse, mieux vaut bouger que s’abstenir.
15. Le sport stimule la croissance
L’aspect biométrique (taille, mensurations, poids) est l’un des plus ignorés parmi les effets du sport. Une étude menée en Belgique, à Louvain, par le Dr Xavier Sturbois a pourtant démontré que la pratique sportive intense avait un impact important sur la croissance. Chez les étudiantes en éducation physique, qui sont déjà plus grandes et plus lourdes que la moyenne des jeunes filles de leur âge parce qu’elles font plus de son sport, la morphologie se modifie encore durant le cursus universitaire et l’écart se creuse par rapport à la norme. Au bout de leurs études, à 22 ans, elles mesurent en moyenne 1,66 mètre contre 1,62 m chez les étudiantes d’autres facultés. Elles ont aussi un squelette plus lourd et un périmètre thoracique nettement plus important.
16. Le sport aide à dormir
Pour lutter efficacement contre l’insomnie, le sport est l’un des médicaments les moins connus et pourtant le plus sûr et le plus performant qui soit. Une bonne cure de mouvements, le soir, détend les muscles du corps qui ont tendance à se crisper après les activités stressantes de la journée. Elle laisse une sensation de fatigue physique agréable en éliminant les conséquences du surmenage et les petits maux qui empêchent un sommeil profond et récupérateur. Une étude américaine atteste que les mauvais dormeurs soumis à un programme gymnique vespéral (aérobic pour les plus vaillants, marche ou vélo pour les autres) obtiennent rapidement un temps de sommeil plus long et une phase d’endormissement plus courte. C’est beaucoup moins vrai pour les sports de compétition, synonymes d’excitation et de montées d’adrénaline. Il vaut mieux les pratiquer en journée ou en avant-soirée pour jouir de leurs bienfaits nocturnes.
17. Le sport éradique rhumes et migraines
Plaisanterie ? Pas du tout. Le jogging et la marche rapide sont hautement recommandés par le Professeur Laurie Grimm, de l’Université du Wisconsin (USA) pour venir à bout de maux aussi divers que les rhumes et les migraines. Programme sportif préconisé pour les migraineux et les éternels enrhumés : une demi-heure de course ou de marche sportive trois fois par semaine. Radical, paraît-il. L’effet sur le rhume pourrait s’expliquer par une augmentation des sécrétions nasales observées chez les sportifs, et par l’effet protecteur sur la muqueuse qui en découle. En d’autres termes, le sport fait couler le nez, mais c’est bon pour la santé.
18. Le sport renforce l’immunité
Cet effet favorable a été mis en évidence en Grande-Bretagne chez des malades du sida : lorsqu’ils pratiquent régulièrement un exercice physique, les sidéens se sentent mieux en raison de l’accroissement de leur taux de lymphocytes T 4. Ces globules blancs particuliers, dont le rôle est de détruire les cellules anormales de l’organisme, étaient parfois deux fois plus nombreux chez les patients pratiquant une marche rapide d’une heure trois fois par semaine. De plus, leur humeur s’avère sensiblement meilleure que celle des malades inactifs. A quand le triathlon prescrit aux séropositifs , plutôt que la trithérapie ?
19. Le sport rend plus intelligent
L’amalgame « muscles pleins-tête vide » semble de plus en plus battu en brêche. En effet, plusieurs études ont démontré que les sports d’endurance tels que la course à pied, le cyclisme ou le ski de fond, lorsqu’ils sont pratiqués de manière raisonnable, facilitent le transport de l’oxygène des poumons jusqu’aux territoires les plus profonds de l’organisme et excitent ainsi efficacement la commande cérébrale. Des chercheurs canadiens ont pour leur part voulu connaître l’influence d’un heure de sport par jour intégré au programme scolaire sur le développement intellectuel des enfants d’école primaire. Surprise : la substitution d’une heure de cours par une heure d’activité physique ne porte aucun préjudice au rendement des élèves. On a même constaté que, dans certaines matières, les mathématiques par exemple, les performances des enfants du groupe expérimental étaient supérieures à celles du groupe témoin. Cette étude date des années 70 et l’éducation physique n’est toujours pas privilégiée dans l’enseignement fondamental….
20. Le sport terrasse la dépression
Prozac ou Adidas ? Ce n’est pas pour rien que David Servan-Schreiber intitule ainsi tout le chapitre consacré au sport dans son livre « Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse » (Ed. Robert Laffont). Il est effectivement et abondamment prouvé que l’activité sportive est une thérapeutique puissante de l’humeur dépressive. Non seulement le manque d’activité sportive peut-être un signe annonciateur de la dépression mais, a contrario, la pratique sportive est liée à une bonne santé mentale. Elle est même un remède éprouvé qui peut avantageusement remplacer les médicaments antidépresseurs et anxyolitiques. Des recherches montrent en tout cas que certains d’entre eux ne sont pas plus efficaces que le jogging ! Le mérite en revient bien sûr aux endorphines, ces petites molécules secrétées par le cerveau et qui ressemblent beaucoup à l’opium et à ses dérivés comme la morphine et l’héroïne. Le sport générant une certaine souffrance, l’organisme compense par une libération accrue de ces substances euphorisantes, véritable mécanisme naturel du plaisir. Tous drogués, les sportifs ? Oui, mais avec un phénomène d’accoutumance exactement inverse à celui des paradis artificiels : plus leur cerveau secrète d’endorphines, plus les gens qui font régulièrement de l’exercice tirent satisfaction des petites choses de la vie. Tout se passe comme s’ils devenaient plus sensibles aux petites joies de l’existence. Lorsqu’on stimule de la sorte, par des voies naturelles, le cerveau émotionnel, cela stimule également l’activité du système immunitaire en favorisant la prolifération des cellules « naturel killer », en les rendant plus agressives contre les infections et les cellules cancéreuses. C’est l’inverse qui se produit chez les héroïnomanes, dont les défenses immunitaires s’effondrent. Bref, si le sport présente les mêmes vertus qu’une drogue synthétique, il n’en a pas du tout les conséquences funestes ! Selon la plupart des études, la quantité minimale d’exercices pour agir sur la dépression est de vingt minutes trois fois par semaine.
Quelle intensité ?
Sport intensif ou modéré ? La question divise les spécialistes depuis des décennies. Les partisans de la sueur et de l’effort intense ont cependant de bons arguments « santé » à faire valoir. Des chercheurs britanniques ont par exemple montré que des activités d’intensité légère (comme la marche, le golf, la danse ou la voile) n’étaient nullement efficaces pour combattre les maladies cardiovasculaires. Seules des activités vigoureuses comme la course, la randonnée, la natation, les sports de raquette ou l’escalade ont un impact notable sur la mortalité. D’après une autre étude, la durée d’une activité comme la marche à pied serait beaucoup moins importante que l’allure adoptée et l’accélération du pas. Bref, pas de bienfait majeur pour la santé sans un minimum d’intensité ! Ce constat, nous semble-t-il, rejoint le discours des médecines naturelles : toute activité est profitable à l’organisme dès le moment où elle améliore le terrain (apport accru d’oxygène, meilleure assimilation des nutriments….) et où elle stimule suffisamment les émonctoires (foie, reins, poumons, peau, intestins) . « Bouger, déclare par exemple le naturopathe Désiré Mérien, est aussi important, sinon plus, que tout autre manière d’exister » La corporation des hygiénistes est cependant elle-même divisée. Pour les uns, la clef du sport-santé est une meilleure respiration et celle-ci peut s’atteindre sans transpiration abondante. Pour d’autres, la récompense se situe au contraire dans l’essoufflement et les fortes suées qu’il suscite. Et si la « dette d’oxygène » était à l’air ce que le jeûne est à la nourriture, à savoir un outil thérapeutique puissant à utiliser prudemment ? Dans l’état actuel des connaissances, ce débat ne peut être tranché. Ce qui est clair, en revanche, c’est que l’appel à la modération ne se justifie guère : même si toute activité est bonne à pratiquer, les recherches tendent à montrer qu’il faut s’accorder au moins 3 fois 20 minutes d’exercice par semaine à rythme assez soutenu pour se protéger efficacement des maladies de civilisation.
En guise de conclusion
Mais ce qui ressort des plus récents travaux, c’est que ces 60 minutes hebdomadaires peuvent parfaitement être scindées en plus petites tranches dont les bienfaits cumulatifs sont loin d’être négligeables. Autrement dit, tous les gestes quotidiens qui font reculer la sédentarité (prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, se déplacer à pied ou à vélo, porter ses commissions…) finissent par avoir un impact équivalent à celui d’un entraînement rigoureux. Les membres du groupe religieux Amish, qui mangent très gras et très sucré, gardent pourtant des taux extrêmement bas de maladies coronariennes, de cancer et d’obésité. La clef principale de cette bonne santé réside très certainement dans le fait qu’ils cultivent la terre manuellement et se déplacent sans l’aide d’engins motorisés !
Par Michel Manset
Source principale de cet article : le magazine Sport et Vie., en vente en kiosque
Quelle discipline ?
Quelle activité sportive est la plus propice à une meilleure santé ? Impossible à dire. Bien que les exercices aérobiques (marche, jogging, vélo, natation…) soient plus souvent préconisés, les exercices anaérobiques ( altérophilie, gymnastique rythmique….) ne semblent pas dénués d’atouts. Il résulte de certaines récherches que le mélange d’activités oxygénantes et musculaires est probablement le meilleur moyen de « bien se sporter ». En médecine naturelle, du côté de la chiropraxie par exemple, le conseil se fait plus précis : le sport doit idéalement permettre de travailler la force, le souffle et la souplesse. Cette dernière est souvent le parent pauvre des sports classiques, d’où l’intérêt de pratiquer une discipline comme le stretching ou le yoga en plus de son sport favori. En principe, la fréquentation d’une salle de fitness permet d’atteindre ce triple objectif,, pourvu que le programme d’entraînement soit bien conçu. Avec les arts martiaux orientaux, vous pouvez en outre parfaire vos aptitudes à la concentration et à la force mentale, trop souvent oubliées par l’obsession de performance. Rappelons enfin que la médecine chinoise, à travers le Taï Chi Chuan et le Qi Gong,, propose des exercices spécifiquement destinés à mobiliser les énergies de santé.
Sport paléo : pas trop cardio
Appliqué à l’exercice physique, le « modèle paléo » consiste à reproduire le mode de vie actif de nos lointains ancêtres. Comme les chasseurs-ceuilleurs d’antan, nous sommes génétiquement adaptés pour bouger, marcher, courir et soulever des objets lourds. Dans son livre « Le Modèle paléo », (Ed.Thierry Souccar), Mark Sisson émet cependant une objection envers le sport aérobic trop intensif : tout comme nos aïeux ne couraient pas après leurs proies pendant des heures, l’homme d’aujourd’hui ne serait pas fait pour surmener son cœur. Selon lui, l’entraînement cardio chronique à une fréquence cardiaque supérieure à 75 % de la fréquence normale devrait être banni des salles de fittness ! Il recommande pour sa part la marche soutenue ou le jogging à faible allure entrecoupé(e) de sprints. Les accélérations brèves et intenses, entrecoupées de longues plages de repos, procurent des bénéfices bien supérieurs à ceux de la course de fond. Elles font d’ailleurs partie des programmes d’entraînement les plus modernes.
L’autophagie ou comment le sport purifie le corps
Quelques médecins français l’ont récemment avoué : en remplacement des médicaments et au grand bénéfice de leurs patients, ils osent désormais prescrire la pratique d’une activité sportive. De même, certaines mutuelles commencent à récompenser ceux de leurs affiliés qui rompent avec la sédentarité et réduisent ainsi leur consommation de soins. Après la médecine du sport, la médecine par le sport ? Que l’exercice physique pousse l’organisme à brûler des calories, on le savait déjà. Qu’il l’aide aussi à se détoxifier en stimulant les émonctoires, ce n’est plus non plus un mystère. Grâce aux livres de David Servan-Schreiber, le grand public est également au courant des bienfaits du sport pour la santé psychique. Mais il y a un phénomène que la science est seulement en train d’élucider : l’autophagie. Comme ce mot l’indique, il s’agit du mécanisme par lequel le corps « se mange » littéralement lui-même. Non pas de manière anarchique et destructrice, mais au contraire en favorisant la régénération cellulaire et l’autoguérison de nombreuses pathologies. Dans le Néosanté n° 22 (avril 2013) , Jean-Brice Thivent et Yves Patte expliquaient que cette autolyse intelligente est l’un des bénéfices notoires du jeûne. Ce qui est moins connu, c’est que l’autophagie est aussi déclenchée et stimulée par l’exercice physique intense, comme l’ont montré des expérience sur des souris . « Chez l’animal, ce mécanisme a déjà montré qu’il protégeait contre certaines maladies comme le cancer, des processus inflammatoires ou encore la résistance à l’insuline, explique le Dr Berh Levine, du centre médical de l’Université du Texs à Dallas. Chez l’être humain, l’autophagie apporterait aussi une certaine protection contre les troubles métaboliques ». D’autres travaux ont mis en évidence ses vertus immunostimulantes, antioxydantes et protectrices contre les maladies neurodégénératives ( Alzheimer, Parkinson…). Toute comme la restriction alimentaire, l’activité physique devrait son effet anti-vieillissement au processus autophagique, lequel est de plus en plus étudié dans les laboratoires. Pas par amour du sport , évidemment, mais parce que les firmes pharmaceutiques rêvent de pouvoir un jour manipuler les gènes impliqués dans le processus et de trouver une molécule qui le reproduirait artificiellement. Bientôt un ertsatz médicamenteux pour les sportifs fictifs ? Du jogging en gélule ou des pilules de fitness ? Du sport en pot chez les apothicaires ? On n’en est pas là, heureusement, d’autant que les chercheurs ont découvert le côté paradoxal de l’autophagie : de façon assez énigmatique, elle peut en effet réprimer un cancer installé ou, au contraire, faire flamber une tumeur. Faire mourir les cellules cancéreuses ou favoriser leur proliféraion. Moralité : tant qu’elle n’examinera pas sérieusement les lois biologiques du Dr Hamer, la medecine a très peu de chance de déjouer un jour cette ambivalence pro- ou antitumorale. Celle-ci atteste de toute façon que l’autophagie ne sera jamais une thérapie miracle dispensant d’investiguer la causalite psycho-émotionnelle des maladies. Le corps n’a pas la solution si l’esprit demeure empêtré dans ses conflits. (Y.R..)
Antidouleur & antifatigue (même chez les cancéreux)
Puisque le sport fatigue et qu’il entraîne une certaine souffrance, il serait assez illogique de lui attribuer des vertus contre la fatigue et la douleur. C’est pourtant bien ce que des recherches récentes ont démontré ! A l’Université norvégienne de science et de technologie, le Dr Kaasa a examiné l’impact de l’activité physique sur la douleur chronique. Selon son enquête, 30 minutes d’exercice supplémentaire par semaine suffisent à reduire les plaintes de 10%, l’effet pouvant être cumulatif. Chez les femmes âgées, le bénéfice est encore plus marqué puisque le taux de la douleur dans ce groupe diminuait de 20 à 40% selon l’intensité du sport pratiqué. « L’activité physique n’est pas seulement utile dans la prévention de la douleur, elle contribue également à améliorer le bien-être général » note le scientifique. Dans une étude distincte, l’équipe du Dr Kaasa a aussi examiné l’effet que pouvait avoir une certaine activité physique sur les personnes atteintes de cancer. Il en ressort que les patients ayant suivi un programme de réhabilitation sportive allant de la marche nordique à l’aérobic en passant par l’aquagym, et ce à raison de deux fois une heure par jour, voyaient leur qualité de vie sensiblement augmenter. Entre autres bienfaits, elles déclaraient se sentir nettement moins fatiguées ! C’est surprenant, dans la mesure où la fatigue est un symptôme prépondérant de la maladie cancéreuse. Les chercheurs en oncologie lui ont même attribué un nom spécifique, la « cancer-related fatigue » ou « fatigue reliée au cancer ». Face à cet épuisement persistant, le bon sens recommenderait plutôt le repos. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, les études qui ont évalué scientifiquement les moyens de réduire la fatigue reliée au cancer revèlent que celle-ci n’est nullement allégée par le repos et le sommeil. Les approches qui la soulagent le plus efficacement sont le soutien psychosocial et les programmes d’exercice physique multimodaux, c’est-à-dire combinant des exercices « cardio » (marche rapide, natation, vélo, danse…) avec des exercices de résistance qui renforcent la musculature. Pratiquée régulièrement, l’activité sportive permet de réduire progressivement les sensations subjectives de fatigue et de douleur, mais surtout de regagner en vigueur et en vitalité. Voilà qui devrait faire réflechir les praticiens de médecine nouvelle et les naturopathes, trop enclins à prescrire le repos absolu comme passage obligé vers la convalescence. Puisque la saine fatigue du sport ne s’additionne nullement à la fatigue funeste de la maladie et que la première contribue même à diminuer la seconde, il semble aller de soi que l’exercice physique favorise la guérison au lieu de la retarder.