Depuis que la télévision est entrée dans nos foyers, nombre d’entre nous reçoivent de plein fouet les informations de début de soirée, et sa cohorte de mauvaises nouvelles, et souvent à l’heure du dîner familial. Il faut dire que ces dernières années, les mauvaises nouvelles traumatisantes sont légions : guerres, catastrophes climatiques, et depuis quelques temps, attentats, etc. Il n’est donc plus nécessaire de faire la démarche d’acheter son quotidien, ni de courir le monde, pour être confronté à ces divers traumatismes émotionnels, presque malgré nous. Or cette « confrontation » passive génère chez chacun d’entre nous un stress latent, plus ou moins grave, voire destructeur, surtout chez les plus sensibles, notamment les enfants, souvent sans que nous en soyons conscients.
Des bombes émotionnelles à retardement
Ces micro-fragilisations insidieuses sont loin d’être anodines, car elles vont laisser, elles laissent, au cœur même de notre cerveau, des cicatrices émotionnelles prêtes à s’ouvrir au moindre choc : décès d’un proche, licenciement, rupture sentimentale, et même un déménagement, etc.
Et c’est alors qu’on voit surgir dans son quotidien la cohorte des « petits » maux auxquels la plupart d’entre nous vont tenter de remédier ponctuellement à coup de comprimés, pour l’insomnie, le mal de tête, de dos, l’anxiété de fin de journée, etc.
Tristes et dérisoires solutions qui ne règlent rien, au contraire, mais ne contribuent qu’à masquer des symptômes d’alerte qui tôt ou tard devront se manifester de façon plus criante, de façon alarmante, voire mortelle.
Car il ne suffit pas de « calmer » pour résoudre le problème. En faisant cela, c’est un peu comme si on se contentait de mettre un pansement sur un abcès, sans se préoccuper de nettoyer la plaie. Tôt ou tard, la gangrène sera du voyage.
Le stress-post-traumatique
Bien entendu, cette fragilisation peut demeurer latente des années durant. Mais à notre époque, elle peut également s’enflammer rapidement et soudainement. Je pense notamment à tous ces attentats (malheureusement de plus en plus fréquents) qui génèrent chez nos concitoyens une peur sourde : de sortir, de voyager, de prendre l’avion, etc.
Or, notre besoin de « Sécurité » est et demeure notre besoin premier, bien avant celui de nous nourrir, comme l’a démontré Herbert Simon. Herbert Simon (1916-2001), prix Nobel d’économie et spécialiste de la psychologie cognitive développe une théorie en 1967 du système interruptif de la décision linéaire. Il définit trois groupes de besoins en temps réel d’un individu :
- 1. Besoins surgissant face à des évènements incertains (stimuli de bruits ou visuels soudains) qui pourraient signaler un danger,
- 2. Besoins physiologiques qui sont des stimuli internes par exemple la faim, la soif, l’épuisement,
- 3. Associations cognitives qui sont des stimuli forts provenant d’associations mnésiques, par exemple, le souvenir d’une peur.
C’est ainsi que dans nos consultations, nous voyons de plus en plus de personnes présentant des symptômes de Stress Post-traumatiques qui les amènent à vivre au quotidien des demi-vies :
- – Ceux directement impliqués lors de ces attentats – blessés ou simplement là – et qui ont bien cru, ou plutôt qui ont eu la certitude ne serait-ce que l’espace d’un instant, qu’ils allaient mourir.
- – Les amis, les familles qui – bien qu’ils n’étaient pas sur place – ont eu si peur pour les leurs, sans savoir s’ils faisaient, ou non, partie des victimes.
- – Mais aussi, à tous ceux qui ne sont pas directement – ni même indirectement – concernés. Tous ceux qui, à travers le monde, ont appris la nouvelle, les nouvelles, de des derniers attentats, ainsi que ceux de Nice, de Londres, de Bruxelles, New-York, etc., devant leur poste de télévision, ou par l’entremise d’une tierce personne. Et qui vont développer, eux aussi, différents troubles émotionnels, psychologiques ou physiques qui seront les conséquences de ce qu’on appelle le Stress Post-Traumatique, sans pourtant être conscients que l’origine de leurs troubles viennent de là, et sans avoir droit au statut de victimes.
Le cerveau face au danger
Les structures du cerveau :
Notre cerveau n’est pas une masse informe gélatineuse.
Au delà des 2 lobes généralement remarquées (cerveau gauche/cerveau droit), il existe dans le cerveau du mammifère que nous sommes, différentes zones « spécialisées » qui interagissent les unes avec les autres.
La zone qui va le plus nous intéresser ici sera ce que l’on appelle le « Centre de survie »
A la jonction du Cerveau archaïque (également appelé Cerveau reptilien ou Cerveau primaire) qui est chargé des régulations biologiques de notre corps, et du Système limbique qui, via nos sens, va permettre au Cerveau archaïque de maintenir l’homéostasie (l’équilibre du corps), se trouve notre Centre de survie.
Cette zone de notre cerveau est chargée, en cas de danger, de mobiliser notre corps (sans que la pensée n’ait à intervenir). Pour cela elle va produire un certains nombre d’hormones, et générer des réflexes biologiques :
L’amygdale va alors demander à l’hypothalamus d’envoyer un message à l’hypophyse, laquelle mettra en jeu les glandes surrénales qui immédiatement secréteront de l’adrénaline et de la noradrénaline, ainsi que d’autres hormones que l’on appel glucocorticoïdes (notamment du cortisol). Tout l’organisme va donc se mettre en situation de combat ou de fuite :
- – La tension artérielle s’élève,
- – Le rythme cardiaque s’accélère et le sang afflue dans les muscles des membres : Dans les jambes pour favoriser la fuite, dans les bras pour favoriser la lutte.
- – Les processus digestifs sont momentanément interrompus,
- – Les récepteurs de la douleur sont réprimés (afin de permettre la fuite, même à travers des ronces, par exemple).
Vous l’avez compris, nous n’avons pas à réfléchir pour que ces processus se déclenchent, ils le font malgré nous. Et ce faisant – afin de ne pas être ralentis par la pensée consciente qui voudrait analyser, réfléchir sur la situation – ce réflexe de survie « débranche » immédiatement notre Cortex, zone de notre intelligence, de notre volonté, de notre pensée consciente.
Lorsque le danger est passé, le système d’alerte de notre Centre de survie doit normalement se calmer :
- – Les niveaux d’hormones devraient revenir à la normale,
- – L’énergie supplémentaire qui a été envoyées dans les jambes et les bras devrait être redistribuée dans tous le corps,
- – La digestion devrait reprendre son cours,
- – Les capteurs de la peau également,
- – Et nous devrions pouvoir reprendre toute la jouissance de nos facultés intellectuelles.
Un peu comme si il suffisait à notre organisme d’appuyer sur le bouton on/off selon les besoins.
Cela n’est malheureusement pas toujours le cas.
En effet, certains traumatismes peuvent abimer le système. Soit :
- -Parce que ce sont des traumatismes récurrents : maltraitances dans l’enfance, maltraitances à l’âge adulte (ex : femmes battues), zone de guerre, etc
- -Parce que ces traumatismes sont survenus dans la toute petite enfance.
- -Parce que dans notre cerveau émotionnel nous avons « téléchargé » à votre insu, ces fameuses cicatrices émotionnelles « passives » dont nous avons parlées en début de cet article.
- -Parce qu’il s’agit d’un traumatisme survenu brutalement, alors qu’on ne s’y attendait pas (apprendre la mort de quelqu’un, agression, attentat, etc.)
Je vous propose de nous intéresser particulièrement à cette dernière catégorie de traumatismes « Survenus brutalement ».
Bien que tous les traumatismes sont susceptibles de générer des troubles relevant du Stress post-Traumatique, cet effet de « surprise » potentialise le risque de Stress- Post-traumatique.
Pourquoi le système reste en alerte
Mettez-vous à la place du Centre de survie de notre cerveau. Il a en charge la survie de tout l’organisme. Or, alors qu’il était tranquillement en alerte minimum, il vient de se produire un événement soudain, inattendu qui aurait pu anéantir l’organisme dont il a la charge. Comment pourrait-il à nouveau « faire confiance », se détendre, revenir aussitôt à son état initial ? Il se méfie. Et reste en alerte permanente. Ce qui va induire de nombreux dégâts, aussi bien dans le corps que dans le cerveau.
“Si le système est bien réglé, il se déclenche et se met en veilleuse selon que l’organisme a ou non besoin de lui. C’est lorsqu’il ne fonctionne pas correctement que la réponse au stress commence à fomenter des troubles dans le cerveau, ainsi que dans d’autres parties de l’organisme.” Dr Mc Ewen – Studies molecular mechanisms underlying effects of stress and sex hormones on the brain.
Après le danger, quand tout est revenu à la « normale », voilà ce qui devrait se produire dans notre organisme :
L’hippocampe devrait calmer la réaction du système d’alerte, indiquer à l’organisme la quantité d’hormones d’urgence déjà présente dans le sang, et donner au thalamus l’ordre d’endiguer la cascade d’hormones.
Malheureusement, en cas justement de Stress-Post-traumatique ce n’est pas ce qui se passe :
Tout se passe comme si l’amygdale (Cerveau émotionnel), qui est dépourvue de raison, ressentait que le danger était toujours là (même si ce n’est plus le cas). Elle ordonne donc au thalamus de continuer à inonder l’organisme d’hormones de stress.
Or si la cascade d’hormones se prolonge, elle finit par affecter de nombreux facteurs physiologiques et pathologiques. Elle finit notamment par affecter la fonction de l’hippocampe/Amygdale.
Cet état d’excitation permanente, d’hyper-vigilance, entraine un stress aigu qui joue un rôle non négligeable dans la dépression, les phobies, TOC, difficultés d’apprentissage, trac, manque de confiance en soi… ainsi que dans les problèmes “physiques” comme l’hyper-tension, les maladies cardiaques, les jambes sans repos, les migraines, les maladies à composante immunitaire allant de la polyarthrite rhumatoïde aux infections virales, voire même le cancer.
D’autre part, des expérimentations en laboratoire menées sur l’animal ont démontré que le stress sévère prolongé a un effet dommageable sur les cellules de l’hippocampe, dont les dendrites (ces “bras” qui reçoivent les signaux des cellules voisines) qui dépérissent, entrainant une atrophie importante des structures cérébrales.
Quelles sont les séquelles observées
Des conséquences physiques, psychologiques/émotionnelles d’un stress prolongé:
Le taux de cortisol remontant à des niveaux extrêmement dangereux, cela a des conséquences variables selon les individus, leurs bagages émotionnels de base et leur hérédité.
Cependant, même si chacun dispose de sa propre façon de réagir au stress, à long terme on remarque des symptômes représentatifs de cet état:
- – Accélération du rythme cardiaque,
- – Elévation de la pression artérielle, hypertension et maladie des coronaires,
- – Diabète, obésité, perte musculaire, ostéoporose, trouble de la thyroïde, infertilité,
- – Modification des conduites alimentaires, comportements violents et agressifs, isolement social (repli sur soi, difficultés à coopérer), etc
- – Déséquilibre hormonal source d’un affaiblissement de la réponse immunitaire, d’où affaiblissement du système immunitaire avec pour conséquences une facilité plus grande à être contaminé par des germes pathogènes, à être victime d’un cancer ou d’une maladie auto-immune,
- – Respiration plus rapide et incomplète entrainant une mauvaise oxygénation chronique,
- – Fatigue et tension musculaire, particulièrement dans le dos (région lombaire) et le cou,
- – Douleurs (coliques, maux de tête, douleurs musculaires, tendinites, etc.),
- – Troubles du sommeil, de l’appétit et de la digestion, sensations d’essoufflement ou d’oppression, sueurs abondantes, etc.
- – Hypersensibilité aux bruits, aux odeurs, au contact, irritabilité émotionnelle, anxiété, dépression, burnout,
- – Sensibilité et nervosité accrues, crises de larmes ou de nerfs, angoisses, excitation, tristesse, sensation de mal-être, etc.,
- – Perturbation de la concentration nécessaire à la tâche entraînant des erreurs et des oublis, difficultés à prendre des initiatives ou des décisions, difficultés à travailler en équipe, etc.,
- – Souffrance cérébrale par atrophie de l’hippocampe, perturbant le libre flux de l’information et entraînant des troubles dans les processus de jugement et de prises de décision. À leur début ces troubles sont rapidement réversibles mais plus le problème tardera à être traité, plus il sera difficile de le faire. Des atrophies cérébrales pouvant se faire jour.
Des chercheurs de la Johns Hopkins University School of Medicine ont constaté que l’exposition chronique à une hormone du stress entraîne même des modifications de l’ADN. Ce qui a terme va entrainer des modifications sur l’hérédité que la personne transmettra à sa descendance.
On ne le répètera donc jamais trop : Que le stress soit issu d’un traumatisme défini ou qu’il soit d’origine conjoncturelle:
NON, ça ne passera pas !
NON, ce n’est pas parce que vous « contrôlez » que ça va réellement mieux !
Une dégradation même physique, même minime, du comportement, du sommeil, de la santé… peut être le signe d’un stress non “digéré” qu’il conviendra de traiter au plus tôt !
Un cerveau émotionnel uniquement dans l’immédiateté
Notre Centre de survie (Cerveau émotionnel = cerveau reptilien + système limbique) ne se projette pas dans le futur. C’est-à-dire qu’il ne fait pas de projet d’avenir. Il peut tout au plus (comme nous l’avons déjà vu) uniquement réagir instinctivement à l’instant T (présent immédiat), en s’appuyant sur sa perception de la situation – selon le filtre de nos expériences passées.
De nombreuses réactions émotionnelles immédiates peuvent surgir en nous. Voici quelques exemples qui imageront mieux mon propos.
Exemples :
Prenons un événement banal : Un pot d’échappement pétarade dans la rue.
- -Depuis l’enfance vous adorez les feux d’artifices. Immédiatement cela rappelle à votre Cerveau émotionnel ceux que vous alliez voir, enfant, avec votre grand-père. Grand-père qui habite non loin de chez vous → Sans que vous sachiez pourquoi (vous n’avez peut-être même pas eu conscience du bruit de ce pot d’échappement), le bruit vous fera sourire et vous donnera envie de téléphoner à votre grand-père ou de passer le voir.
- – Depuis l’enfance vous adorez les feux d’artifice. Cela vous rappelle d’ailleurs ceux que vous alliez voir, enfant avec votre grand-père qui aujourd’hui est mort → Ce bruit vous fera sourire dans un premier temps, puis bien vite la tristesse vous envahira (sans que vous sachiez pourquoi« Grand-père est mort »).
- – Vous avez vécu la guerre enfant, ou un attentat à l’âge adulte → Votre cœur va s’affoler, la terreur vous envahir, etc.
On voit bien que notre instinct (Centre de survie) n’est pas neutre, ni même contrôlable. Sur un même événement les réactions émotionnelles, corporelles s’appuient bien sur nos expériences passées, mais sans que nous puissions forcément faire le lien conscient et sans que nous puissions les contrôler.
Ce qui est plus difficile à comprendre c’est que si ce Centre de survie peut générer une pulsion immédiate et « donnera envie de téléphoner à votre grand-père ou de le passer voir», il ne se projette pas dans un futur plus ou moins lointain. Ainsi, une personne qui est saisie par une terreur, une peur violente, peut – pour se sauver – se mettre en danger, voire se tuer. Un peu comme un lapin affolé qui, pris dans la lumière des phares d’une voiture, va se mettre à courir en tout sens, sur cette même route, pour finir écrasé.
Guérir du stress post-traumatique
Lorsque le stress s’appuie sur une ou des cicatrices émotionnelles anciennes, ou qu’il a été soudain et que le système a été surpris, choqué, qu’il n’a pas « compris », ou plutôt qu’il n’a pas perçu que l’alerte pouvait être levée, il faut pouvoir lui « expliquer » qu’il peut se calmer. Or cette zone du cerveau n’est pas celle de la pensée consciente. Le Centre de survie a son propre langage, et ce langage, n’est pas celui des mots. Il est sensoriel.
Fort heureusement, il existe un système de « nettoyage émotionnel » quotidien qui intervient pendant notre sommeil, plus exactement pendant notre sommeil paradoxal (période du sommeil où notre corps est profondément détendu et notre cerveau très actif). Mais ce système a ses limites.
Lorsque le traumatisme a été trop violent, trop soudain et/ou qu’il s’appuie sur une ou des cicatrices émotionnelles, il ne parvient pas à effectuer ce « nettoyage » en profondeur. Et cela donne lieu à toutes ces manifestations émotionnelles et/ou biologiques relevant du stress post-traumatique.
Ce qu’on (*) a remarqué, c’est que ce nettoyage s’accompagne d’un mouvement rapide des yeux, appelé également balayage oculaire, et c’est ce passeport pour entrer en contact avec le Centre de survie qu’il faut donc utiliser. C’est un moyen naturel que le système accepte, car il le reconnait. Il existe diverses techniques faisant appel à un balayage oculaire : IMO, EMDR, DESCOPEM, Démélés. Toutes n’ont pas la même visée, la plupart vont chercher à « calmer » l’émotion présente au moment de la consultation.
Ce n’est pas là l’objectif de l’EPRTH™. Son balayage oculaire dynamique, et la structure très précise de la consultation permettent non seulement de calmer l’émotion présente au moment de la consultation, mais il permet surtout d’opérer un véritable « Reset », une mise à jour, du système d’alerte du cerveau émotionnel, afin de favoriser un retour à la structure neuronale qui existait avant le traumatisme. La personne sait toujours ce qu’elle a vécu, mais elle est débarrassée de la charge émotionnelle qui générait tous les troubles liés au traumatisme, et cela définitivement, sans risque de réactivation ultérieure.
*Les neuroscientifiques, mais bien avant eux les chamans amérindiens.
Site web : www.eprth.com
Bonjour
Je connais une autre méthode qui permet de “nettoyer” les mémoires “négatives” : Access Bars, faisant partie de l’approche globale Access Consciousness. J’ai ainsi nettoyé, il y a six mois, une angoisse due à ma naissance juste un mois avant la déclaration de guerre 1939.
A ma connaissance et regret, cette méthode n’a pas été étudiée scientifiquement, mais j’en connais son efficacité. Très facile, trop dirons certains, à pratiquer. Puissante d’après les résultats que je connais.
Cordialement.