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coup de sens

Le syndrome de Procuste

Par 1 février 2012juin 6th, 2023Pas de commentaires

Tout le monde connaît le complexe d’Œdipe  et le complexe de Narcisse. Beaucoup moins connu, le  mythe  de Procuste devrait pourtant être médité par tous les thérapeutes tentés de faire subir leurs certitudes.

Procuste avait la certitude que tous les êtres humains  sur terre mesuraient la même taille que lui. Bien évidemment , les autres dieux grecs se moquèrent de lui. Alors,  il se mit en colère,  et pour leur prouver leur stupidité il descendit sur terre,  et là…   il se rendit compte de son erreur : il en trouva  des petits, des grands, de toutes les tailles.

Mais il ne pouvait pas s’avouer son égarement. Alors il  élabora un plan pour ne pas se remettre en question, il ouvrit une auberge dans laquelle il fabriqua  un lit unique qui mesurait très précisément 1 m 70.

Des voyageurs se présentaient à cette auberge, affamés et fatigués. Il préparait une soupe dans laquelle  il avait mis un puissant somnifère. L’homme de passage, le repas terminé, s’affalait ainsi sur la table et Procuste le brigand le transportait dans le fameux lit. Là, il disposait de tout son temps pour opérer un acte qui   maintiendrait ses croyances,  son orgueil. Tous ceux qui dépassaient du lit,  il leur tranchait les pieds ; et les plus petits,  il les étirait avec des élastiques et des cordages. Ainsi, tout ceux qui sortaient de son auberge mesuraient 1 m 70. Il avait ainsi pu sauver la face… et fait beaucoup de mal !

Vérités éphémères
Dans  son premier ouvrage, en 1986, le docteur Hamer affirmait que les pathologies de la plèvre droite viennent d’un conflit très intériorisé avec le mari. Les pathologies de la plèvre gauche découlent d’un conflit  du nid très intériorisé avec l’épouse,. En 89,  il changeait d’avis pour finalement, en 1993, énoncer une nouvelle certitude : les pathologies de la plèvre seraient la résultante d’un « conflit de peur pour le thorax ». En 1930, la recherche médicale était convaincue qu’un cancer était toujours lié à la syphilis. En 1996, l’hypertension artérielle devait être combattue pour éviter les hémorragies cérébrales. L’année suivante,  certains médecins affirmaient que l’hypertension artérielle avait un  rôle  positif : elle forcerait le passage cérébral  afin d’amener du sucre aux neurones.
Et que dire de certains médicaments tantôt  prescrits, puis retirés du commerce, pour finalement être montrés du doigt par les hommes de loi ? Ananxil, Médiator, …

Attitude ouverte
Dès que nous affirmons quelque chose, nous prenons le risque d’amener l’autre dans le lit de Procuste. Comment peut-on parler de lois biologiques, d’invariants biologiques, alors que l’être humain nous montre à chaque consultation combien il est plus vaste et plus complexe que nos théories ? Ayons l’humilité de parler d’hypothèses, de points de vue  susceptibles d’être modifiés. Qui connaît un modèle thérapeutique s’appliquant  avec succès à tout le monde, partout, et pour toujours ? Si oui, montrez-moi ses fondateurs, ses têtes de file. Sont-ils heureux, en bonne santé ? S’entendent-ils bien entre eux ? Mettent-ils en pratique une vie hors conflit ?  En face d’un thérapeute Procustéen,  se trouve un patient qui fait un conflit de diagnostic, il subit une certitude et se programme en conséquence,  de manière inconsciente, même si ce thérapeute est  très bien intentionné.  Ce syndrome de Procuste  est une notion que j’enseigne dès les premiers modules de formation  en décodage biologique, afin de placer le futur thérapeute dans une attitude ouverte. Ne pas tomber dans ce syndrome est indispensable pour que le patient puisse vraiment exprimer son vécu, son ressenti, son histoire, et tout ce qui est important pour lui dans son chemin vers l’objectif qu’il s’est défini. Cela permet aux thérapeutes de faire de nouvelles découvertes. Il est tout de même incroyable que des chercheurs qui ont fait avancer la thérapie en accusant leurs prédécesseurs d’avoir des certitudes figées, tombent eux-mêmes dans d’autres certitudes tout autant  figées !

Le décodage biologique n’est pas un ensemble de recettes, ni de certitudes, mais la mise en place d’un espace relationnel pour le thérapeute et le patient. Toutes les hypothèses issues de ses expériences doivent métaphoriquement être  placées  par le thérapeute  à côté  de lui,  non comme des certitudes,  mais comme un ensemble de données  pouvant permettre au patient de grandir en conscience. Les décodages et témoignages  relatés dans la revue Néosanté ne  doivent jamais être placés métaphoriquement entre vous et votre thérapeute et faire ainsi  obstacle à votre relation,.