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decodage

LES CONFLITS FAMILIAUX

Par 1 septembre 2011juin 6th, 2023Pas de commentaires

Un cas particulier rencontré dernièrement m’incite à vous parler de la famille : une dame m’a consulté pour comprendre la cause et le sens des crises de panique qui bloquent sa vie depuis plusieurs mois. La cause est évidente : un conflit familial avec sa mère et sa sœur pour une simple broutille. Quant à leur sens, cela nécessite quelques précisions.

Un vieux problème

Peut-être l’avez-vous déjà constaté : la famille est un thème extrêmement sensible chez l’humain et les conflits familiaux peuvent prendre des proportions considérables. Parfois même, cela provoque des drames. Mais sans aller jusque là, on peut observer combien certaines personnes peuvent «se prendre la tête» pour la famille et combien elles consacrent d’énergie, jusqu’à s’en rendre malade (au sens propre comme au figuré) pour gérer des histoires familiales qui, bien souvent, ne les concernent même pas directement et/ou sont finalement sans gravité. Mais encore faut-il comprendre pourquoi.
Il faut d’abord savoir que la notion de famille n’est pas une exclusivité humaine puisque tous les animaux sociaux sont confrontés à des problématiques similaires aux nôtres : eux aussi se prennent la tête pour des histoires de clan, de meute, etc. Cela démontre que le problème est bien plus vieux que l’humanité.

Enjeu vital

Il faut le comprendre : la famille est une affaire de vie ou de mort. Que l’on soit un animal sauvage, un homme originel dans la savane africaine ou un homme des cavernes, dans tous les cas, nos chances de survie sont extrêmement faibles :

– si nous sommes en conflit avec notre groupe car, dans ce cas, nous risquons d’en être rejetés. Je rappelle que dans la nature, un individu rejeté par son groupe, sa meute ou son clan est tout simplement condamné à mort : il n’a aucune chance de survivre plus de quelques jours.
– si notre groupe est «malade» car, dans ce cas, nous sommes en grand danger. En effet, dans la nature, la survie de l’individu dépend de la «bonne santé» du groupe auquel il appartient.

Réflexe archaïque

Mais nous n’en sommes plus là, me direz-vous ? En effet, aujourd’hui, dans notre monde moderne, notre survie ne dépend plus de notre groupe. Quel que soit notre âge, nous pouvons survivre même si nous n’avons plus de famille, même si nous en avons été exclus ou même si notre famille est «malade». Nous avons inventé l’orphelinat pour les enfants en perdition, l’aide sociale pour les personnes en difficulté, l’assurance maladie pour les personnes malades, la retraite pour les seniors, etc.

Le problème, c’est que notre bon vieux cerveau archaïque l’ignore complètement : il nous croit toujours confrontés aux dures réalités de la vie sauvage, là où l’individu est en danger de mort dès l’instant qu’il n’est plus sous la protection du groupe. Notre cerveau archaïque ne sait pas que nous avons, entre-temps, inventé toutes ces structures qui peuvent nous aider et nous protéger.

A noter que le problème subsiste encore aujourd’hui dans tous les coins reculés de la planète où l’individu n’a absolument aucune chance de survie s’il n’est plus protégé par son groupe. A noter aussi qu’une majorité des personnes dites «SDF» (dans notre pays ou ailleurs) sont dans cette situation pour cette même raison : soit ils n’ont plus de famille, soit ils en ont été exclus.

Solidarité familiale

Dans la nature, l’avantage de vivre en groupe est évident : cela augmente considérablement les chances de survie de chacun. Grâce au nombre, on a de meilleures chances de détecter la présence du danger, d’en être alerté à temps, de défendre le territoire commun, de faire fuir un prédateur, d’organiser la chasse, etc.

Mais au-delà des avantages de vivre en groupe, ceux de vivre au sein d’une famille sont encore plus spécifiques. Pour en entrevoir l’importance – et donc comprendre pourquoi certaines personnes se prennent autant la tête à ce sujet – il faut réaliser combien, à l’origine, la famille est indispensable pour la survie de l’individu. Pourquoi ? Tout simplement parce que la famille est synonyme de solidarité. A l’origine de l’humanité, nous n’avons pas d’autres alliés que les membres de notre famille et seulement eux sont susceptibles de s’investir pour nous venir en aide en cas de besoin, si nous sommes malades ou blessés par exemple. C’est seulement au sein de la famille que l’on partage et que l’on soutient un individu en situation de faiblesse.

La solidarité n’existe-t-elle pas ailleurs qu’au sein de la famille ? Certes, à l’évidence, dans notre monde moderne. Mais on ne peut partager qu’à condition de disposer de plus que nécessaire, ce qui est rarement le cas dans la nature. Dans des conditions aussi difficiles, chaque famille doit impérativement réserver sa force et ses maigres ressources pour elle-même et pour ses membres.

Quel que soit notre âge, notre survie dépend de notre famille. C’est particulièrement évident lorsque nous sommes bébés ou enfants. Mais ça l’est tout autant lorsque nous sommes âgés puisque, dans ces deux cas, nous sommes incapables de subvenir à nos besoins et de nous protéger en cas de danger.

Sortir de la peur

Le problème est identique lorsque nous sommes adultes, même si nous sommes en bonne santé et en pleine possession de nos moyens. Dans tous les cas, notre cerveau archaïque a très peur pour nous dès qu’il détecte un problème lié à la famille : il considère cela comme une situation critique.

Mais un individu en rupture de groupe ne peut-il pas en intégrer un autre ? Et bien non ! Ce n’est malheureusement pas aussi simple car, dans la nature, un individu qui s’approche d’un groupe auquel il n’appartient pas est systématiquement agressé puisqu’il est considéré comme un concurrent et/ou un ennemi.

En conclusion : il est donc bien normal de se prendre la tête pour la famille, tout cela étant parfaitement archaïque et viscéral. Mais mieux vaut-il le savoir afin de ne pas trop «conflicter» en cas de problème familial. C’est en tout cas ce que j’ai expliqué à cette dame afin qu’elle puisse enfin sortir de sa peur archaïque et s’apaiser intérieurement.

Laurent Daillie

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