Etymologie
Genou provient du latin «genu», pour lequel on peut émettre deux hypothèses d’origine. La racine indo-européenne «gen» peut renvoyer à ‘l’angle», «l’articulation». La deuxième, plus poétique, issue du latin gignere renverrait au verbe naître. La tradition voulait que le père reconnaisse un nouveau-né en l’installant sur ses genoux. D’autres mots auraient la même provenance: engendrer, genèse, générer… En hébreu, genou se prononce «béréch». Dans la lignée, «barach» signifie s’agenouiller, tandis qu’en arabe, «baraka» renvoie à la bénédiction, la chance octroyée, le respect dû au Seigneur.
Un peu d’anatomie
Le genou est une articulation complexe supportant le poids du corps, située entre l’extrémité inférieure du fémur, et l’extrémité supérieure du tibia. Entre ces deux extrémités, s’interposent deux ménisques, interne et externe, servant à la fois de cale et d’amortisseur à l’ensemble. Les ligaments maintiennent en contact le fémur et le tibia : en périphérie ce sont les ligaments latéraux, ligament latéral interne et ligament latéral externe. Au centre du genou, on trouve les ligaments croisés : le ligament croisé postérieur, et le ligament croisé antérieur. Sur un plan physiologique, les entorses du genou regroupent toutes les distensions ou les ruptures des ligaments du genou, altérant de ce fait la stabilité de l’articulation. Le fonctionnement du genou constitue un genre de miracle. Cette articulation doit en effet être mobile tout en restant stable. Les mouvements du genou sont essentiellement des mouvements de flexion (le genou plie) et des mouvements d’extension (le genou se redresse). S’y associe un mouvement de rotation. Les ménisques et les ligaments permettent de conserver la stabilité, sans entraver la mobilité de l’ensemble. Lorsque nous marchons, les genoux entraînent tout le corps dans le mouvement. Sur un plan physique, les genoux manifestent donc le degré de flexibilité de la personne et servent à amortir les chocs quand la pression sur elle est trop forte.
Conflits généraux
Le genou dans son ensemble nous parle des conflits principaux suivants :
– Conflit de dévalorisation dans le déplacement (conflit archaïque). Je ne parviens plus à me déplacer comme je devrais ou à réaliser une performance sportive souhaitée.
– Conflit de devoir se soumettre à une autorité jugée non légitime. Je ne supporte plus de devoir me soumettre à mon conjoint, mon patron, ma belle-mère… Ai-je subi une humiliation insupportable ? Expression usuelle : devoir plier les genoux, devoir se mettre à genoux (agenouillé). La génuflexion, c’est littéralement « l’action de fléchir le genou » le plus souvent face à Dieu, donc face à l’autorité ! De ce fait, il faudra être attentif au degré de religiosité des patients. Une religieuse, par exemple, qui souffrirait du genou pourrait exprimer par là un stress dans son rapport à la foi….
– Conflit du « Je » et du « Nous » (dans la langue des oiseaux, le genou peut renvoyer au « je-nous »). On trouvera là principalement les stress liés aux problématiques relationnelles : la difficulté à faire un choix entre l’individualité (je) et celui d’un groupe (nous). Ce peut être la personne face à son couple, sa famille, son cercle d’amis, une organisation religieuse, sociale ou politique. Ce peut être pour un célibataire endurci, devoir envisager sérieusement une relation à deux ou bien plus souvent évidemment, pour une personne ayant vécu en couple, vivre très mal une séparation (ou même simplement la perspective d’une séparation).
On peut y ajouter :
– Un grand manque de tendresse : regret de ne plus « être pris sur les genoux »
– Grande fatigue, épuisement : si la personne a le sentiment d’être « sur les genoux » !
Conflits spécifiques
– Un conflit spécifique aux ligaments croisés: dans la symbolique, la rupture ou les tensions anormales au niveau des ligaments croisés du genou peuvent parler du stress de devoir faire une « croix » sur quelque chose de fondamental dans une tonalité de dévalorisation (rupture professionnelle ou amoureuse par exemple…)…, si le fémur passe devant le tibia (croisé antérieur), la rupture des ligaments croisés nous parlera d’une opposition à l’autorité ou aux parents. Si le tibia passe devant le fémur (croisé postérieur), songeons à une soumission traumatique à l’autorité ou aux parents. Contrairement aux tendinites qui nous parlent d’un stress par rapport au futur, un problème au niveau des ligaments nous renvoie à une situation présente. Une usure prématurée montre que la personne préfère rompre plutôt que s’adapter. Si il y a déchirure, la personne est rigide, n’arrive pas à s’adapter ou à se soumettre à une situation, aux autres ou à l’autorité. Très souvent, chez les patients adolescents qui se trouvent en conflit avec le mode de vie et de pensée de leurs parents, et doivent malgré tout se soumettre, on rencontre des ruptures des ligaments croisés.
– Pour être complet, ajoutons qu’une lésion méniscale pourra parler de la nécessité de ralentir le « rythme de sa vie » ou bien de la difficulté à concilier les choses dans sa vie. Mon corps me dit : « ralentis ! » ,car dans ma vie, j’ai besoin que ça aille vite, mais je ne suis plus capable d’aller aussi vite. Lorsque les ménisques (formés de fibres et de cartilages, un à l’intérieur et l’autre à l’extérieur du genou) sont touchés, il y a une dualité intérieure qui rend nerveux et tendu. La personne se retrouve souvent prise entre deux feux qu’il faut concilier. Elle se cramponne tellement à quelque chose, à quelqu’un ou à ce que les autres peuvent penser d’elle, que cela l’empêche d’avancer.
Apprendre à s’écouter
A chaque pathologie du genou, nous devons partir d’un diagnostic précis de la pathologie afin de cibler au mieux le stress inscrit biologiquement. Il faudra y être particulièrement attentif lorsque la douleur, l’étirement ou la rupture ligamentaire se sera produite sans qu’un choc physique important ait été subi ! Il faut apprendre à s’écouter pour être capable de formuler avec des mots la nature du stress que ma douleur au genou m’indique : « Suis-je sur les genoux ou sur les rotules ? » Ou bien… « Est-il devenu insupportable pour moi de devoir encore et toujours me mettre à genoux devant untel ? »…
Emmanuel Ratouis & Matthieu Corsaletti