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decodage

Les maladies anales

Par 5 novembre 2011juin 6th, 20233 commentaires

Toute vie commence par un désir,  celui de la rencontre de l’autre,  et se poursuit par la création d’un être humain. Au terme de ce voyage initiatique que représente la digestion,   l’anus symbolise l’atteinte de son identité  dans cet acte final de savoir poser et laisser ce qui n’est pas moi.
Stade anal
Pour l’enfant,   le stade anal coïncide avec la première maîtrise de sa relation au monde.  Il a déjà découvert que lui et le monde sont deux entités distinctes.  Maintenant, c’est la fin de la fin de la fusion entre lui et son environnement. Il réalise que ce qui transite par lui n’est plus forcément lui. Et pour continuer à exister, il prend conscience qu’il ne peut pas tout garder, qu’il doit pouvoir laisser passer la matière fécale et renoncer à tout conserver. Renoncer est un mot fondamental dans la symbolique de l’anus. Un être se définit par ce dont il  n’a pas besoin,  par ce à quoi il peut renoncer. Renoncer permet d’affirmer sa différence. Choisir, c’est renoncer. C’est le pouvoir de perdre et la capacité à se délester qui permettent d’avancer vers de nouvelles aventures. «Va, quitte ton pays et je te donnerai une descendance aussi nombreuse que les étoiles“ dit Dieu à Abraham. Annick De Souzenelle  traduit cette phrase par «  Va vers toi  », ce qui nous rapproche encore plus de l’anus-identité. Êtes-vous comme Abraham, digne de passer l’anneau de l’alliance. ?   Pour pouvoir renoncer,   il faut s’être forgé une identité suffisamment forte.
Anus et identité
Plusieurs difficultés peuvent se rencontrer au niveau de l’anus. La constipation est autant liée au gros intestin (qui veut garder tout,) qu’à l’anus qui a peur de perdre et de se perdre en laissant partir ce qui n’est , en fait, que le flux de la vie. Un prolapsus rectal exprime l’impossibilité de trouver sa place, le sentiment d’être rejeté en dehors, souvent avec  une très forte colère de ne pouvoir affirmer son identité. C’est une situation fréquente chez les enfants en grande difficulté et les enfants du divorce. L’oncoprésie ( ou incontinence de selle des enfants, le “caca culotte“ ) indique en plus une grande peur qui paralyse. Un effroi paralysant qui à terme pourra conduire à des troubles graves de personnalité. “ Mon identité existe, mais je ne parviens pas à la stabiliser “. Je me vide, je me perds. Ici,  l’anus rime avec anéantissement. L’imperforation anale congénitale (absence d’anus) traduit une conception et un projet parental qui ne donnent aucune place à une identité pour l’enfant. Les boutons autour de l’anus renvoient à la honte et la gêne. Les hémorroïdes traduisent quant à elles une faiblesse identitaire. Les hémorroïdes sont  en effet des varices, autrement dit des dilatations de veines au niveau de l’anus. Et la veine est ce qui ramène le sang de la périphérie vers le coeur.  Symboliquement, ce qui ramène le fruit des expériences au centre de son être.  Or, ne sont-ce pas les  expériences qui construisent la personnalité ? .  Ici,  l’expérience se dilate au niveau de l’anus pour compenser et tenter d’asseoir une personnalité encore défaillante, incomplète. La veine c’est aussi la chance  (« avoir de la veine ») qui , dans le cas des hémorroïdes,  gonfle dans l’espoir d’être mieux saisie.. Cette pathologie a aussi cette particularité qu’elle fait communiquer le système veineux général, (vécu relationnel global) avec le système veineux digestif, (vécu  plus particulièrement émotionnel.)  C’est une façon d’appuyer sa personnalité à la fois sur le QI et le QE, de chercher l’équilibre entre l’intellect et l’émotion.
Solutions de compensation
De façon générale, plusieurs solutions s’offrent alors pour compenser le manque d’identité. Tous ces états se présentent comme des apparences d’affirmation, mais la pathologie de l’anus vient dénoncer une compensation extérieure à une identité en réalité faible. C’est pour cela que le langage populaire qualifie de  “ trou du cul “ ceux qui semblent dépourvus de valeur et qui vivent de compensations à leur déficit d’ identité.
Anus et argent.
Les selles peuvent quant à elles être considérées comme des équivalents  de l’argent. Les maladies de l’anus sont souvent le lot des métiers d’argent, particulièrement  chez ceux qui ont peur d’en perdre et cherchent à le garder. J’ai souvent rencontré  pareils symptômes chez les experts comptables et les directeurs financiers. Peur de la pauvreté. Avarice mère de tous les vices. Les suintements et démangeaisons de l’anus. montrent une peur de perdre le moindre centime. Je serre les fesses pour en garder le maximum, mais cela finit quand même par passer sous forme de suintement. L’inflammation rajoute une note de colère.
Laisser passer ses selles, c’est comprendre qu’il faut laisser couler l’argent et ne pas toujours s’opposer au flux de la vie.  Comprendre que ce flux peut grandir et que l’on peut à terme devenir bénéficiaire de cette croissance. Pour les financiers, cela signifie découvrir la rubrique “ pertes et profits “.
Khalil Gibran le dit très bien dans son merveilleux livre Le Prophète :  “ qu’est ce que la peur de la pauvreté, si ce n’est déjà la pauvreté elle-même ?  Et que deviendra un chien enterrant son os sur la route de Jérusalem ? “.
Anus et loi
La loi et le contrôle qu’elle suppose peuvent aider ceux qui manquent d’identité.  Ceux -là vont serrer les fesses lors du passage des selles pour imposer leur loi, mais surtout pour ne pas se faire “dilater“ par les selles. Progressivement,  ils développeront des fissures à l’anus. Cela s’accompagne en général de suintement et de prurit, rejoignant ainsi la situation précédente. La rancune est souvent très présente, refoulant des souffrances anciennes non guéries et encore moins avouables.
Anus et secrets
La fistule à l’anus est dans la même ligne que la fissure,  mais à un stade beaucoup plus évolué. La rancune est au maximum. Les secrets sont omniprésents. L’orgueil règne en maître pour dissimuler la faiblesse. L’identité refoulée tente de sortir malgré tout. Mais comme la voie naturelle est sérieusement barrée et contrôlée, elle se trace une voie en dehors de l’anus pour finir quand même par se manifester. L’opération des fistules est particulièrement douloureuse, comme si toute cette souffrance cachée devait être acceptée pour qu’une identité unique puisse enfin être trouvée.

En conclusion, disons que l’anus n’est nullement un organe anodin. Placé au terme du chemin digestif, c’est un témoin très vigilant du processus d’épanouissement de l’être,  et une sentinelle qui peut se montrer sans pitié envers les fausses identités fabriquées. N’oublions pas qu’anus veut dire anneau,  l’anneau de l’alliance qui se fait ici avec notre identité essentielle. A nous de devenir des seigneurs de l’anneau, de véritables seigneurs agissant  avec la noblesse du cœur.

Dr Olivier Soulier

3 commentaires

  • MArco dit :

    Excellente explication à la symbolique du prolapsus rectal.
    Malgré toutes les recherches que j’ai pu faire, c’est certainement la meilleure, et la mieux expliquée, sans toutes les fioritures du jargon médical .
    Merci à vous, pour toute la connaissance que vous mettez à la portée de chacun .
    Claudine Karuna Marco.

  • Cami dit :

    Merci pour cet article; quand est il de la diarrhée ?

  • M. Girard dit :

    Article formidable qui éclaire incroyablement sur tous ces problèmes liant colère, identité et système digestif. Il appert que la tentative d’évacuer, de contenir ou de nier sa colère soit à la source de tout. Avec quel brio (et compassion) vous tissez tous ces liens réels mais subtils me stupéfie et apporte les réponses nécessaires à la guérison. Encore merci.

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