Notre cerveau fonctionne comme un ordinateur. Il a besoin d’être mis à jour.
Quand un « bug » bloque le système, nous recevons un signal d’alerte par le biais du corps ou en attirant à nous des situations déplaisantes qui se répètent, une vie relationnelle compliquée, des troubles comportementaux comme, par exemple, les phobies. Chaque symptôme correspond à un conflit précis. Il est porteur d’un message « codé ». La thérapie consiste à décoder l’histoire de nos maux et à effectuer les mises à jour, grâce à l’éclairage de nos mots.
Le symptôme
La phobie est une peur irraisonnée déclenchée par la présence d’un objet ou d’une situation spécifique, ne présentant pas objectivement de danger. Elle s’exprime, le plus fréquemment, par des angoisses et des crises de panique.
Le phobique n’identifie pas la minuscule araignée comme une petite bête inoffensive. Tel l’allergène qui déclencherait une allergie, la rencontre avec l’araignée va provoquer une réaction physique disproportionnée. La charge émotionnelle négative liée à l’évènement douloureux est intacte. L’objet de la phobie sert alors de support au conflit inconscient, comme le ferait un organe biologique. La phobie raconte une histoire codée. A un moment donné un stress ne s’est pas recyclé. Il envoie alors un message à travers la phobie. Le choc s’est déguisé en araignée, serpent ou autre. Il se manifeste par un transposé symbolique qui nous renvoie à notre propre histoire.
Réparer l’émotion
Sophie souffre de claustrophobie et d’agoraphobie. C’est-à-dire qu’elle a du mal à rester dans une pièce fermée et panique aussi à l’extérieur, dès qu’il y a un peu de monde. Par exemple, elle fait ses courses au supermarché dans les heures creuses mais si le magasin commence à se remplir, elle abandonne son caddie et sort en courant, sinon elle s’évanouit. Mariée depuis 3 ans, elle dit : « Je ne peux avoir un enfant dans ces conditions ». Elle essaie de se raisonner mais rien n’y fait. Pourquoi ? Ce « bug » exprime une émotion non recyclée, un conflit non résolu qui a déposé sa charge émotionnelle au fond de notre inconscient pour nous permettre de continuer à vivre. L’émotion bloquée détourne l’information de son interprétation logique: les informations externes sont alors interprétées comme dangereuses, nous réagissons de manière naturelle comme si nous étions en danger.
Notre programme « raison » n’a pas disparu mais nous n’y avons plus accès pour l’instant. Le cerveau limbique, qui gère les émotions, bloque la réactivité du cortex (pilote du raisonnement) et passe les commandes au cerveau archaïque.
C’est en utilisant l’émotion bloquée que nous pourrons influencer le raisonnement.
C’est pourquoi dire « n’aie pas peur » à un phobique n’a aucun effet apaisant, la peur ne disparait pas par voie de raisonnement.
Pour retrouver le bon fonctionnement de notre machine, nous allons réparer le bug émotionnel ; en mettant à jour son histoire, nous pourrons alors l’utiliser comme expérience et créer un nouveau programme d’apprentissage.
L’histoire de Sophie
Son père est en prison, sa mère le rencontre alors qu’il fait des « travaux d’intérêt public ». Quand elle n’a encore que quelques mois, son père, qui a récidivé, se fait arrêter par la police dans la rue, en pleine foule. Sa mère est prise de panique, elle quitte brutalement la France, elle ne veut pas « élever son enfant dans ces conditions ». Dans le cerveau de Sophie, sont imprimés les messages : enfermé + foule = danger. Ces phobies lui permettent aussi d’être en fidélité au stress de sa mère : « ne pas élever un enfant dans ces conditions ». Quand Sophie prendra conscience qu’elle a enregistré des mots qui s’expriment dans ces maux, elle guérira instantanément ! Après une grande émotion, c’est comme si toute les données se mettaient à jour, elle ne peut plus exprimer cette panique qui n’avait pour rôle que de lui signaler le blocage.
L’histoire de Dany
Dany a la phobie des oiseaux depuis enfant. C’est leur regard fixe et leur envol soudain qui la dérangent. A 4 ans et demi, elle perd un petit frère bébé : elle ne se souvient que de son regard fixe… et puis un jour il est parti. Elle va un peu mieux mais ne guérit pas. Grâce à des outils plus spécifiques faisant appel à l’imaginaire, nous trouvons le conflit « déclenchant » de sa phobie. Vers 8 ans (4×2), elle arrive en retard à l’école : l’institutrice la fixe méchamment, étend son bras et la gifle … Elle se retrouve «sonnée», « prise à contrepied » et le choc s’inscrit dans sa biologie.
Chaque phobie a son histoire
Notre cerveau crée sans cesse des images. Quand nous ne lui proposons rien, il va puiser dans ses ressources «émotions-bloquées» et trouve une mine d’or : nos peurs ! D’une manière naturelle, la peur est une création d’images involontaires qui nous permet de créer un film dont le scénario a été écrit par le passé et nous permet de le projeter sur l’écran de notre avenir. Chaque phobie a son histoire. Plusieurs personnes peuvent souffrir de la même phobie pour des histoires complètement différentes. C’est pourquoi il est important de faire décrire au phobique ses ressentis précis face à l’objet-support de sa phobie. Qu’est-ce qui le dérange dans la souris, l’oiseau ou la foule ?
Exemples :
– Marie a la phobie des souris. Elle est dégoutée par « les anneaux de sa queue ». Nous retrouverons dans sa généalogie une alliance forcée entre une très jeune fille et un homme beaucoup plus âgé.
– Clara, pour la même phobie, s’exprime ainsi: «La souris reste cachée et sort d’un coup et très vite». Dans son histoire nous trouverons un grand-père « enfant caché », puis une agression.
-Isabelle ne peut pas prendre l’autoroute «parce qu’on ne peut pas s’arrêter, on est obligé d’aller jusqu’au bou ». Cette phobie s’est déclarée un mois après la mort de son père dont « l’aorte s’est décomposée d’elle-même, on ne pouvait rien faire pour l’arrêter».
– Léa a la phobie des serpents. « Ces crises de panique ressemblent à un accouchement » dit sa mère qui l’accompagne. Léa est un « bébé-stérilet » : en se visualisant dans le ventre de sa mère, elle se voit lutter contre un serpent qui veut la tuer…
– Nathalie, 35 ans, n’est pas montée dans un ascenseur depuis l’enfance. Elle craint de tomber pendant l’ascension. Elle est née après 7 fausses couches.
La « langue des oiseaux » peut également nous donner des indices : serre-pend, a-reignée, etc. Certains lapsus (insecte-inceste, attouchements-accouchement, etc.), nous orientent aussi vers des pistes. Dès la mise en conscience du lien entre le « bug » et son expression par le symptôme, celui-ci ne peut plus s’exprimer.
Aviva Azan
www.avivaazan.com