Depuis quelques semaines, je reçois de nombreux messages me demandant de dénoncer le « scandale du Levothyrox » et de prendre position dans cette polémique sur les effets secondaires de la nouvelle formule. Je ne l’avais pas encore fait pour plusieurs raisons. D’abord parce que les médias traditionnels se sont emparés du sujet et qu’ils font même beaucoup de bruit sur cette affaire. Il n’y a dans ce dossier, me semble-t-il, aucune vérité étouffée par les journaux et les télés. Par exemple, la presse de masse a fait beaucoup de publicité à la lettre adressée par l’actrice Anny Duperey à la ministre de la Santé. Si la comédienne « formidable » était intervenue comme Isabelle Adjani pour critiquer les vaccins, je suis certain que sa missive n’aurait pas fait couler autant d’encre. Ensuite, je me méfie énormément des associations de patients militants. La plupart sont discrètement financées par des laboratoires pharmaceutiques et leur objet social consiste bien souvent à réclamer un accès facilité aux médicaments fabriqués par leurs sponsors. Ce n’est pas le cas de l’association française des malades de la thyroïde – laquelle a même recensé sur son site un livre accablant pour la firme Merck – mais elle regroupe dans les faits des consommateurs de Levothyrox qui s’enferment volontiers dans la victimisation et deviennent ainsi les alliés objectifs de l’industrie allopathique. Enfin, ce n’est pas le rôle de Néosanté de protester contre la toxicité d’un nouveau médicament et de pétitionner pour le retour à l’ancienne formulation. Tout comme nous ne réclamons pas la mise à disposition des vaccins sans aluminium, nous n’allons pas regretter le « vieux » Levothyrox au motif qu’il est moins problématique. En toute cohérence, nous défendons exclusivement la médecine naturelle et nous mettons le doigt sur les erreurs et les errements de la médecine conventionnelle. Sur la prise en charge classique de la thyroïde, il y a beaucoup à dire et ce ne sont pas les scandales qui manquent !
Le premier d’entre eux, c’est la médicalisation outrancière des troubles thyroïdiens. À la moindre anomalie, les toubibs d’aujourd’hui vous palpent le cou, vous envoient à l’échographie ou vous prescrivent des analyses sanguines. Résultat de ce dépistage intensif : une épidémie de cancers qui seraient passés inaperçus et qui conduisent à des traitements inutiles. Durant la dernière décennie, la fréquence des cancers thyroïdiens a augmenté de 5% par an alors que le taux de mortalité est resté quasiment inchangé, ce qui met en relief le phénomène de surdiagnostic. Il y a quatre mois, un groupe d’experts des autorités médicales américaines a encore tiré le signal d’alarme. Après avoir examiné 67 études, ils ont conclu que « le dépistage du cancer de la thyroïde chez des personnes sans symptôme entraine des complications qui surpassent les bienfaits ». Car l’interventionnisme se solde très fréquemment par l’intervention chirurgicale. Il y a tout juste un an, dans » ma lettre « massacre au bistouri, je vous ai dévoilé la face cachée de cette folie, à savoir des centaines de milliers de mutilations de par le monde ! Rien qu’en France, ces 20 dernières années, près de 50.000 personnes ont été opérées de la thyroïde inutilement. Cet immense gâchis ne serait pas devenu réalité si la hantise du nodule cancéreux n’était pas si répandue chez les généralistes et leurs patients. L’autre face de cette phobie, c’est la mise systématique sous médicament. On ne le dit pas assez, mais le Levothyrox est une forme synthétique de la thyroxine, c’est-à-dire la principale hormone thyroïdienne. Ce n’est donc pas un produit qui soigne mais une substance qui se substitue à une sécrétion endogène. Et cette béquille chimique, loin de réapprendre à marcher, devient rapidement indispensable. Rien qu’en France, 3 millions de personnes suivent ce traitement et en sont dépendants à vie, ce qui représente une mine d’or pour le fabricant. Lisez cet article et vous prendrez conscience que ce cercle infernal est, en soi, un gigantesque scandale médical. Son auteur, Michel Dogna, se demande si la menace de rupture de stock et le début de psychose qui ont défrayé la chronique en 2016 n’étaient pas une manœuvre pour renforcer encore le monopole thérapeutique du Levothyrox. Je ne suis pas loin de partager ses soupçons.
Non contents de dissimuler cet asservissement médicamenteux et d’en minimiser les effets secondaires, Big pharma et ses relais médiatiques s’arrangent également pour occulter une autre vérité importante : il existe des solutions naturelles à l’hypothyroïdie et des alternatives aux hormones de synthèse. Dans Néosanté, nous n’avons pas encore passé en revue la panoplie de méthodes (réglages alimentaires, complémentation de vitamines et minéraux, suppléments d’iode, plantes..) qui permettent de soutenir la fonction thyroïdienne. C’est un sujet que je vais prochainement confier à notre collaborateur naturopathe, Jean-Brice Thivent, pour sa rubrique « Avantage nature ». En revanche, dans la rubrique « Espace livres » nous avons en son temps signalé la parution de l’ouvrage « Thyroïde : les solutions naturelles » , du Dr Philippe Veroli, aux éditions Thierry Souccar. Avant de s’enchaîner au Levothyrox pour le reste de leur existence et d’en subir les conséquences, tous les insuffisants thyroïdiens devraient lire ce bouquin. Mais il y a un autre livre qui devrait être remboursé par la sécurité sociale, c’est « Le sens des maux » de notre auteur et collaborateur Bernard Tihon. Dans les tomes 1 et 2 de cette trilogie, il aborde les troubles de la thyroïde et en donne les significations psychobiologiques. Car c’est ça le principal et véritable scandale escamoté par l’affaire du nouveau Levothyrox : on continue à cacher au public que les maladies n’arrivent pas par hasard et qu’elles succèdent quasiment toujours à un choc psycho-émotionnel ou à un stress existentiel. Anny Duperey devrait le savoir, elle dont l’ex-compagnon Bernard Giraudeau a écrit de très belles lignes sur le cancer qui l’a emporté et qu’il n’attribuait nullement à la fatalité. D’accord, on peut suspecter la pollution radioactive et les perturbateurs endocriniens de malmener la thyroïde et de favoriser ses dysfonctionnements. Mais en cherchant bien, on va (presque) toujours trouver que le dérèglement de cette glande est une solution parfaite du cerveau en termes de survie. En gros, la thyroïde est un organe qui régule la rapidité de réaction de l’organisme. C’est à la fois un accélérateur et une pédale de frein. Son entrée en maladie est donc la résultante d’un ressenti lié à la vitesse. L’hypothyroïdie trahit un conflit causal qui ne se serait pas produit en ralentissant le rythme, et l’hyperthyroïdie est une solution « turbo » permettant de parer à un excès de lenteur. Identifier l’événement qui a conduit l’inconscient à déclencher le freinage ou l’accélération, c’est un pas important sur le chemin de la guérison. C’est notre spécificité d’explorer le sens biologique des maladies et d’aider nos lecteurs à le décoder.
Ceci dit, j’ai quand même suivi le feuilleton estival du Levothyrox à composition modifiée. Et après avoir beaucoup lu, j’en ai conclu qu’il y avait bel et bien matière à scandale. De toute évidence, le changement de formule s’est traduit par une assimilation très différente du médicament et par l’apparition de symptômes qui n’avaient rien d’imaginaires. Les autorités sanitaires françaises ont scandaleusement nié le problème en invoquant un problème de communication, puis l’ont honteusement minimisé en évoquant un phénomène « nocebo ». Il a bon dos, l’effet nocebo ! Parmi toutes mes lectures, celle qui a emporté ma conviction est la brillante analyse faite par le Dr Dominique Dupagne, médecin blogueur et chroniqueur à France Inter. . Dans cet article fouillé et rigoureux , le généraliste explique très bien comment le seul changement d‘excipient a bouleversé le métabolisme du médicament, comment les études d’équivalence ont été tronquées et comment les patients ont été trompés. Moi, ce qui me frappe le plus dans toute cette histoire, c’est que des tas de médecins n’ont pas cru les malades et qu’ils n’ont pas rapporté les effets indésirables qu’ils ressentaient, pourtant parfois très sévères. Il a fallu la création du numéro vert pour que les plaintes affluent et que l’ampleur du problème apparaisse. Autrement dit, le système de pharmacovigilance a démontré qu’il ne fonctionnait pas, la faute en incombant aux praticiens qui écoutent mal, manquent d’empathie et sont très réticents à assumer les conséquences de leurs ordonnances. Quand on sait que les disciples d’Hippocrate rapportent encore beaucoup moins les effets nuisibles des vaccins, on peut en déduire que le système de vaccinovigilance n’est absolument pas fiable. Comme tout scandale médico-pharmaceutique, celui du Levothyrox va aider à ouvrir des yeux et des oreilles jusque-là hermétiques.
Yves Rasir