Dimanche dernier, ma fille cadette disputait la demi-finale du championnat de Belgique de hockey sur gazon. Comme elle court très vite, elle est chargée d’une mission importante en cas de penalty-corner : c’est elle qui doit foncer sur la tireuse adverse et tenter de contrer la balle, laquelle est sacrément lourde et dure. C’est assez dangereux et ce qui arrive assez fréquemment est arrivé : ma Justine a reçu le projectile sur le pied et a dû sortir du terrain en boitant bas. Aussitôt, le kinésithérapeute de l’équipe a appliqué de la glace sur l’hématome, ce qui lui a permis de reprendre part au jeu. À la fin du match, il lui a vivement conseillé de recommencer les compresses froides et de prendre du Dafalgan et de l’Ibuprofène, dont il avait d’ailleurs des boîtes dans sa pharmacie portative. Ma fille a poliment décliné la proposition en prétextant qu’on avait ce qu’il fallait à la maison, mais on a évidemment adopté une toute autre forme de soin : elle a pris un bain de pieds chaud et j’ai longuement massé la zone meurtrie avec un baume enrichi au CBD (cannabidiol). Le lendemain matin , elle marchait déjà normalement et elle a pu s’entraîner hier soir en prévision de la finale.
Ce qui m’étonne toujours, c’est la facilité avec laquelle les professionnels de santé prescrivent des antidouleurs et des anti-inflammatoires. Ne leur enseigne-t-on pas les dangers de ces deux classes de médicaments et ne les tient-on pas au courant de leurs graves effets secondaires ? À fortes doses, le paracétamol (principe actif du Dafalgan ou du Doliprane) peut conduire à des atteintes hépatiques sévères et à des insuffisances rénales potentiellement mortelles. Quant aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, Voltarène, Diclofénac …), ils malmènent également les reins et peuvent s’avérer fatals pour le cœur, même à faible dose. L’impact cardio-vasculaire des AINS a fait l’objet d’une mise en garde de l’Agence Européenne du Médicament en 2015. En avril dernier, c’est l’Agence française de Sécurité du Médicament qui a lancé l’alerte : Kétoprofène et Ibuprofène peuvent aggraver les affections bénignes pour lesquelles on les emploie, et favoriser ainsi des complications infectieuses graves. Chaque année, en France, plusieurs décès sont signalés en rapport avec la prise d’AINS. Et ce n’est là qu’un maigre aperçu de leurs risques ! Concernant les anti-inflammatoires, je suis encore davantage surpris que le monde sportif persiste à croire à leur utilité. Dans son magazine Sport & Vie, mon confrère et ami Gilles Goetghebuer a déjà démonté ce mythe à travers plusieurs dossiers abondamment documentés. Lutter contre l’inflammation est une absurdité puisque celle-ci est un mécanisme naturel d’auto-guérison, une réaction intelligente de l’organisme pour résorber les traumatismes !
Le hasard faisant bien les choses, ce processus biologique de l’inflammation est précisément le thème d’un article publié dans le Néosanté du mois de mai, et que j’ai pu faire lire à ma fille blessée. C’est notre consultant-naturopathe Jean-Brice Thivent, par ailleurs professeur d’éducation physique, qui a abordé ce thème dans sa rubrique « Avantage nature ». Il n’a pas épuisé le sujet puisqu’il y aura un deuxième volet dans notre mensuel de juin. En introduction de son diptyque, Jean-Brice explique que la réaction inflammatoire est connue depuis l’Antiquité et qu’on l’associe à quatre composantes : « calor » (chaleur), « dolor » (douleur), « tumor » (gonflement) et « rubor » (rougeur ). Ces quatre symptômes obligent à rester immobile afin de ne pas aggraver la lésion et de favoriser la cicatrisation, mais ce sont aussi des signes que le corps a déjà entamé sa régénération. Dans un premier temps, la réaction vasculaire permet de véhiculer des globules blancs (neutrophiles, macrophages…) qui vont contrôler l’incendie et assainir les lieux. Ensuite, ces pompiers vont stimuler la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui achemineront les matériaux (protéines, minéraux, enzymes…) nécessaires aux réparations tissulaires. On comprend aisément l’importance de ne pas entraver ce merveilleux processus régénérateur ! Comme il le raconte, notre chroniqueur a d’ailleurs vérifié dans sa chair qu’il valait mieux ne pas combattre l’inflammation. Trois semaines avant son mariage, il s’est occasionné une énorme déchirure musculaire à la cuisse, le condamnant à deux mois de béquilles selon les spécialistes consultés. Mais comme les bains chauds et le repos furent ses seuls soins, il a pu remarcher normalement le jour J et même ouvrir le bal du mariage avec quelques pas de danse. S’il avait suivi le protocole classique et n’avait pas jeté les ordonnances à la poubelle, sûr que la fête aurait été moins réussie !
Attention : ce qui précède ne vaut que pour les inflammations aiguës, celles qui flambent et qui s’estompent au bout de quelques jours ou quelques semaines. Il en va tout autrement de l’inflammation chronique, celle qui persiste à bas bruit et qui fait le lit d’un tas de maladies, notamment les troubles auto-immuns et le cancer. Cet état inflammatoire permanent est à combattre absolument ! Il existe d’ailleurs des études, dont nous avons parlé dans Néosanté, qui indiquent que la prise d’anti-inflammatoires réduit la morbidité et la mortalité, certains chercheurs en concluant que la consommation systématique de ce type de médicaments permettrait de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Dans notre mensuel de juin, nous recensons une autre étude montrant que les molécules actives contre l’inflammation peuvent avoir un effet bénéfique contre la dépression. Demain, on soignera peut-être les troubles dépressifs avec de la cortisone ou des AINS ! Vous devinez cependant que cette perspective médicamenteuse ne nous enchante guère : corriger son alimentation est une façon bien plus naturelle et tout aussi efficace de moduler son profil inflammatoire. Si vous cherchez un peu, vous allez trouver en librairie ou sur internet les stratégies alimentaires vous permettant d’atteindre cet objectif. La science nutritionnelle a même conçu un Indice Inflammatoire Alimentaire (IAI) qui aide à mesurer l’impact de son assiette en terme d’inflammation. Pas plus tard que ce matin, la newsletter hebdomadaire du site LaNutrition.fr consacrait un article à ce nouvel outil. Cliquez ici pour vous familiariser avec cette approche innovante. De son côté, la revue Néosanté poursuit la publication d’une série d’articles sur le pain. Dans le prochain numéro, on vous révèle que le gluten n’est pas le seul ingrédient pro-inflammatoire présent dans les produits céréaliers !
Pour certaines inflammations très aiguës, le laisser-faire n’est pas non plus une option à la portée de tous, par exemple pour le choc allergique ou la crise d’appendicite. Ma deuxième fille s’est enflammé l’appendice la semaine dernière et je ne l’ai pas dissuadée de le faire enlever, tant la douleur semblait insupportable et le risque de perforation élevé. Quand on ne fait aucun sport et qu’on mange un peu n’importe comment, la médecine moderne peut incontestablement s’avérer salvatrice. Ceci dit, je reste convaincu que les techniques hygiénistes (alimentation, jeûne, exercices physiques et respiratoires…) permettent aussi d’affronter les situations d’urgence. À ce propos, j’ai vécu une autre expérience frappante avec ma fille cadette. Lorsqu’elle était petite, nous avons séjourné en famille dans un centre de vacances dont les bungalows entouraient un parc aquatique. Avant d’aller à la piscine, Justine s’était copieusement gavée de cacahuètes. Est-ce la synergie négative avec l’atmosphère chargée en chlore ? Toujours est-il que ma troisième a commencé à suffoquer et à gonfler de partout, visiblement victime d’un œdème de Quincke. Un peu paniqués, sa mère et moi avons demandé aux sauveteurs d’appeler un médecin que nous sommes allés attendre dehors. Lorsque ce dernier est arrivé, il a vu que notre enfant avait les cheveux mouillés et n’a pas voulu l’embarquer dans sa Porsche par crainte de souiller les sièges en cuir (authentique !). Pour l’examiner, il nous attendrait à notre bungalow situé un bon kilomètre plus loin. Confirmant mon diagnostic, il m’a alors enjoint d’aller chercher au plus vite une seringue d’adrénaline, remède radical à ce genre de réaction inflammatoire exacerbée. Mais sur le chemin de la pharmacie, mon épouse m’a rappelé en me disant que ce n’était plus nécessaire : notre fille venait de vomir toutes les arachides et avait dégonflé d’un coup ! De toute évidence, le quart d’heure de marche rapide au grand-air avait déclenché le mécanisme d’indigestion et celle-ci avait eu raison de l’inflammation. Merci, Dame Nature ! Justine est restée allergique à certains animaux et certains aliments mais elle remange des cacahuètes et n’a plus connu une telle détresse. Pourquoi ? Vous aurez noté qu’elle est devenue une sportive de haut niveau dans une discipline hautement compétitive. Or le stress de la compétition est une puissante source interne… d’adrénaline. Composant essentiel de notre pharmacie intérieure, cette hormone est d’ailleurs en voie de réhabilitation pour sa capacité à agir contre l’inflammation. (Lire, par exemple, cet article relatif à l’arthrose du genou ). L’intelligence de notre corps et de ses réactions vitales n’a pas fini de nous épater !