Docteur en neurosciences d’origine québécoise, Mario Beauregard est actuellement chercheur au département de psychologie de l’Université de l’Arizona. Auteur de plus de 100 publications en neuroscience, psychologie et psychiatrie, il vient de publier son second ouvrage de vulgarisation intitulé « Les pouvoirs de la conscience. Comment nos pensées influencent la réalité ». Ses recherches sur la conscience et sur la neurobiologie des expériences spirituelles ont reçu une couverture médiatique internationale et ont fait l’objet d’un film documentaire (« Le cerveau mystique », 2007). Entre un voyage en Australie où il était invité à un dialogue avec le Dalaï Lama et le tournage à Los Angeles du film « What the BLEEP : Now What ! ? » (la suite du film à succès « What the BLEEP Do We Know ! ? »), Mario Beauregard nous a accordé cette entrevue, dans sa belle province d’origine.
Quel message principal souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?
Je souhaite éveiller un maximum de personnes au pouvoir d’influence de la psyché, qui inclut l’esprit et la conscience, sur l’organisme. Contrairement à la vision matérialiste réductionniste dominante dans les sciences, particulièrement dans les neurosciences, nous ne sommes pas des machines biologiques complètement déterminées par les neurones, par les messagers chimiques du cerveau, par les gènes, et par l’environnement. L’esprit est doté d’une très grande capacité d’influence sur le cerveau et sur les autres systèmes physiologiques qui sont en lien avec cet organe. La limite de ce pouvoir est encore inconnue. Nier cette capacité a de graves conséquences sur la santé. Pour une personne qui souffre de dépression, qui croit que sa souffrance est déterminée biochimiquement, qu’elle manque de sérotonine et que l’unique solution est de prendre des pilules pour modifier le fonctionnement de son cerveau, c’est extraordinaire de réaliser que tout cela est faux, qu’elle peut agir sur son cerveau et sur son corps. Les implications sont énormes aux plans individuel et collectif.
Vos détracteurs vous accusent de promouvoir la pensée magique et de donner de faux espoirs aux malades. Que leur répondez-vous ?
Je ne fais pas la promotion de la pensée magique puisque je dis que les émotions et la conscience font partie des paramètres impliqués dans une dynamique psychologique et physiologique complexe. Si j’étais médecin, je n’affirmerais pas à un patient atteint de cancer qu’il va guérir s’il change sa façon de manger, de penser, s’il fait de la méditation, etc. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous n’avons aucune certitude en matière de guérison, d’autant que les individus sont différents. Néanmoins, nier le pouvoir d’autoguérison porte préjudice aux patients. Il est possible qu’avec l’évolution de l’espèce humaine, plus nous devenons conscients, plus notre capacité d’influence sur notre organisme s’accroît. Nous faisons probablement des sauts quantiques. Cela expliquerait pourquoi les êtres humains n’ont pas tous les mêmes capacités. Tout à coup, on voit apparaître des individus capables de se guérir grâce à un type d’attitude mentale alors que du point de vue de la médecine conventionnelle, c’est impossible.
Est-ce à dire que les êtres humains ne seraient pas tous au même stade d’évolution psychique ?
Exactement. De même que nous n’avons pas tous les mêmes prédispositions pour jouer d’un instrument de musique, les dispositions et les aptitudes psychiques varient d’une personne à l’autre. Le fait que certaines personnes ne parviennent pas à maîtriser leurs émotions, leurs croyances, à influencer leur physiologie par leur conscience, ne signifie pas que c’est impossible pour tout le monde. D’ailleurs, nous en avons la preuve par la manifestation spectaculaire de certaines guérisons.
Quelle information devrait recevoir toute personne qui reçoit un diagnostic de maladie grave aujourd’hui ?
Une des clés de la santé semble être la gestion des émotions. Même dans le cas de maladies graves comme certains cancers, plusieurs études montrent que le fait de rester serein et d’entretenir des émotions positives, en pratiquant la méditation, la respiration consciente, la visualisation, permet de ralentir la progression de la maladie, voire même de la stopper dans certains cas. Il peut y avoir des rémissions. On ne peut pas affirmer à une personne en particulier qu’elle va guérir, mais cela met toutes les chances de son côté. Il est important également de réaliser qu’on n’est pas une victime, qu’on a une responsabilité. Les personnes qui entretiennent des émotions négatives produisent beaucoup de cortisol qui est très toxique pour l’hippocampe, une structure cérébrale impliquée dans la mémoire. Il y a de fortes corrélations entre ce type d’attitudes négatives et le développement de démences de type Alzheimer. Les gens qui sont déprimés pendant plusieurs décennies ont beaucoup plus de risque de développer une démence. Si une attitude mentale est maintenue pendant des mois, des années, c’est certain qu’à plus ou moins long terme elle aura un impact sur la physiologie. Chaque attitude qui est maintenue dans l’espace mental, bien que non matérielle, est couplée de façon informationnelle avec des processus physiologiques dans le cerveau, qui lui-même est connecté avec les autres systèmes physiologiques de l’organisme. Donc tout ce qui se passe au niveau mental a un impact partout dans l’organisme.
Si les croyances positives favorisent la guérison, les croyances négatives peuvent-elles aggraver l’état de santé d’une personne ?
Bien sûr, c’est ce qu’on appelle l’effet nocebo. Par exemple, lors des essais cliniques de médicaments, les formulaires de consentements mentionnent une liste d’effets secondaires possibles du médicament. Il y a toujours des personnes qui subissent ces effets secondaires alors qu’elles ont reçu le placebo, une substance sans aucun effet en soi. Cela se produit également pour des personnes qui suivent un traitement dont elles connaissent les effets secondaires possibles. Notre esprit est extrêmement malléable, suggestible, pour le meilleur et pour le pire. Alors mieux vaut le savoir et s’en servir de façon constructive. L’effet nocebo peut être terriblement puissant. Dans les cas extrêmes, un individu peut mourir parce qu’il croit être malade. Il y a des cas bien documentés de personnes ayant reçu un diagnostic de cancer par erreur, alors qu’elles étaient bien portantes. Ces personnes décédaient à l’échéance annoncée par le médecin. À l’autopsie, il n’y avait aucune cellule cancéreuse, ce qui confirmait l’erreur de diagnostic.
Comment les émotions peuvent-elles nous tuer ou nous sauver ?
C’est un processus de transduction. Ce qui se passe au niveau mental, qui est immatériel, se traduit au niveau physique. Or, les émotions positives et les émotions négatives sont traduites très différemment dans l’organisme, en termes des messagers chimiques libérés. Par conséquent, elles n’ont pas les mêmes effets immédiats sur l’organisme, ni les mêmes conséquences à long terme.
Il y a maintenant des personnes qui veulent tout mesurer pour faire de la médecine préventive. Cela a un effet très pervers. Beaucoup de foyers cancéreux dans l’organisme se résorbent spontanément ; peu de gens sont au courant de ce fait. Le dépistage précoce crée la peur de mourir qui est toxique pour l’organisme. On sécrète plus de cortisol, d’adrénaline, etc. C’est sûr que c’est nocif.
Dans votre livre, vous expliquez que la guérison dépend du traitement perçu et non pas du traitement reçu.
C’est là qu’on voit comment l’aspect mental joue un rôle énorme dans la guérison. Je vais vous donner un exemple. Une étude a été faite à Vancouver avec des patients atteints de la maladie de Parkinson traités avec un placebo. Leurs neurones à dopamine étaient détruits à 70 % environ, ce qui est un stade assez sévère. Ceux qui ont cru le plus dans le placebo se sont mis à libérer de la dopamine de façon comparable à des individus normaux. Ils ont eu une rémission au niveau de la motricité et de la rigidité. Les 30 % de neurones restant ont compensé pour le déficit, parce que les patients ont cru qu’ils prenaient un traitement efficace alors qu’il s’agissait d’eau saline. C’est pareil en cas de lésion ou d’accident vasculaire cérébral. Il y a beaucoup de redondance dans le système nerveux. Lorsqu’un circuit est endommagé, la fonction peut être prise en charge par un circuit alternatif. C’est ce qu’on appelle la neuroplasticité. En réadaptation, c’est une hypothèse que les gens font de plus en plus.
Si les médecins disaient cela à leurs patients, qu’est-ce que cela changerait ?
Les taux de rémission et de guérison seraient plus élevés, l’efficacité des traitements serait nettement augmentée. Les patients se porteraient mieux sur le plan émotionnel. Ce n’est pas encore installé dans les pratiques médicales, mais de plus en plus de médecins sont au courant de ces choses-là. Cependant, c’est la population qui va amener le changement. Historiquement, cela s’est toujours déroulé ainsi : à partir du moment où les gens ont compris qu’il y a autre chose de meilleur, ils exigent le changement.
Vous étudiez énormément le neurofeedback. En quoi cela consiste ?
Nous enregistrons l’activité cérébrale d’un individu tout en lui donnant un feedback auditif et visuel. L’activité cérébrale est enregistrée par électro-encéphalogramme ou par résonance magnétique fonctionnelle. La personne voit en temps réel l’activité électrique de son cortex cérébral ou les changements hémodynamiques (c’est-à-dire l’oxygénation de son sang) dans son cerveau. C’est visualisé sur un écran sous forme de courbe ou de jeu vidéo rudimentaire. Dans la plupart des cas, les gens sont capables d’exercer un contrôle volontaire sur leur activité mentale, qu’il s’agisse de l’activité électrique ou de l’oxygénation du sang. Il y a des différences individuelles, comme pour les aptitudes musicales : il y a les virtuoses et il y a les personnes « normales ». Ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe avec les personnes qui souffrent de pathologies telles que la dépression ou les troubles anxieux : plusieurs de ces personnes arrivent à inverser leur pathologie grâce au neurofeedback. Nous avons réalisé une étude avec des personnes qui souffraient de dépression sévère, qui étaient en marge du système, qui ne travaillaient plus. Certaines étaient suicidaires. Nous avons réussi à sortir de leur état dépressif plus de 70 % de ces personnes, ce qui est un taux de réussite supérieur à celui des médicaments antidépresseurs.
Ma conjointe, la Docteure Johanne Lévesque, est l’une des expertes mondiales du neurofeedback avec les enfants. Elle travaille beaucoup avec des enfants qui souffrent de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité. Son équipe obtient des résultats extraordinaires. Certains enfants ont été expulsés de l’école à cause de la sévérité de leurs symptômes, malgré la prise de psychostimulants. Ces médicaments ont des effets très néfastes au niveau du développement. Au bout de quelques mois de neurofeedback, ces enfants n’ont souvent plus besoin de médication. L’amélioration concerne la cognition, l’attention, et la mémoire de travail. Au niveau de la régulation des émotions, l’équipe utilise le biofeedback, avec des paramètres tels que la respiration, la conductance électrodermale, ou le rythme cardiaque. Là aussi, le feedback permet de contrôler assez rapidement ces fonctions-là. C’est très important de permettre à la personne de prendre le contrôle de sa propre activité physiologique. La personne ne se sent plus victime. Elle se rend compte que ces symptômes ne sont pas des processus complètement déterminés. Au contraire, elle voit qu’elle exerce une influence sur son état.
C’est cette compréhension qui aide les gens à aller mieux et à se passer de médication ?
Oui, très souvent. Ce qui nous apparaît, c’est qu’à chaque fois que nous recevons un feedback par rapport à une tâche, nous sommes capables d’influencer le processus physiologique. Toute intention consciente est couplée à des processus physiologiques inconscients, non perçus. Le fait d’avoir un feedback sur ce qui se passe au niveau inconscient en temps réel permet de le modifier par l’intention, parce que certains aspects de l’inconscient humain sont associés à la physiologie, au corps. Lorsque nous posons une intention, l’inconscient est capable de se réguler au niveau de la biologie. C’est ce que les études en neurofeedback suggèrent, et c’est très puissant.
Le neurofeedback redonnerait à l’individu le pouvoir sur sa physiologie, sur sa biologie, sur ses émotions ?
Oui, tout à fait. C’est exactement ce que découvrent les gens qui font quelques sessions de neurofeedback. Au tout début, quand ils commencent, les résultats sont aléatoires parce qu’il faut un temps d’apprentissage. La plupart des gens parviennent à exercer un contrôle mental sur des processus physiologiques au bout de 15 à 20 minutes. Cela dure quelques secondes puis ils retombent dans leur état normal. Au fil du temps, ils apprennent à rester dans l’état mental qui leur permet de contrôler les variables physiologiques. C’est une forme de d’auto-conditionnement.
Chez les sujets entraînés, est-ce que cette maîtrise se maintient en dehors des séances de neurofeedback, dans la vie courante ?
Chez les enfants souffrant d’hyperactivité et de déficits d’attention, nous avons une douzaine d’années de recul dans nos études. C’est un phénomène de neuroplasticité où le cerveau se transforme à long terme. Aussi, l’année dernière, nous avons fait une étude avec des étudiants à l’Université de Montréal. Nous voulions évaluer l’impact d’un entraînement attentionnel sur la plasticité cérébrale. Nous avons mesuré la matière grise et la matière blanche avec des techniques de morphométrie et de tractographie en résonance magnétique. Au bout de deux mois d’entraînement, nous avons observé des augmentations significatives d’épaisseur et de volume cortical dans les régions impliquées dans l’attention. Puisqu’il s’agissait d’étudiants universitaires, leurs performances cognitives étaient déjà très élevées au départ. Néanmoins, nous avons réussi à démontrer une amélioration de leurs performances. Avec des études cliniques où les gens présentent des déficits au départ, l’effet est encore plus visible. Malheureusement, le neurofeedback reste peu connu.
Aujourd’hui, avons-nous des preuves que notre esprit ou notre état d’esprit peut influencer l’expression de nos gènes ?
Pas de manière directe. Mais de manière indirecte, oui. Les études qui ont été faites concernent l’épigénétique, c’est-à-dire la capacité à modifier le fonctionnement des gènes. Quelques études ont mesuré l’effet de la relaxation et de la méditation sur l’expression de gènes impliqués dans le stress, les émotions négatives et la sécrétion de cortisol. Un entraînement par des méthodes de relaxation ou de méditation pendant quelques mois peut activer ou désactiver les gènes qui régulent le stress. Lorsqu’on parle d’un réseau psychosomatique, il n’y a pas que le système immunitaire, le système endocrinien ou le système cardio-vasculaire qui sont influencés par la psyché. Nous savons aujourd’hui qu’il faut aussi inclure l’aspect génétique, et plus particulièrement génomique. En d’autres termes, l’esprit influence aussi l’activité des gènes.
C’est ce qui explique l’effet de la visualisation mentale sur la guérison du cancer ?
Carl et Stéphanie Simonton ont été les premiers à utiliser la visualisation mentale pour le traitement du cancer. Ils proposaient d’imaginer les cellules cancéreuses en train d’être éliminées de l’organisme. La plupart des gens réussissaient à prolonger leur durée de vie. Ils ont eu plusieurs cas de rémission. Il semble y avoir un lien entre la vie émotionnelle et le développement de certaines maladies. Beaucoup d’oncologues et d’immunologues l’observent, comme mon ami et collègue Christian Boukaram(1). Nous ne devons pas présupposer des limites de l’esprit. Je soupçonne que ce soit comme pour toute autre fonction. Il y a les virtuoses qui ont une énorme capacité d’influencer leur corps par leur esprit et il y a ceux qui en sont incapables. Nous pouvons apprendre à développer ces aptitudes en utilisant des outils comme certains types de méditation, de visualisation. Il y a des gens qui sont moins doués a priori, mais avec de la persévérance et de l’entraînement, ceux-ci peuvent obtenir des résultats bénéfiques.
Vous décrivez une activité mentale chez des personnes cliniquement mortes, ayant un électroencéphalogramme plat, signe que l’esprit continue de vivre en dehors du corps. Généralement, les scientifiques réfutent les phénomènes qu’ils sont incapables de mesurer avec des appareils ou qui contredisent les théories communément admises. Devrons-nous attendre de nouvelles avancées technologiques pour que les scientifiques reconnaissent l’existence de ces phénomènes ?
Je ne crois pas. Il s’agit plutôt d’un changement de vision du monde. Lorsque nous parlons de pensées, d’émotions, il s’agit de processus non physiques, non matériels, sans volume ni poids. C’est immatériel, mais cela exerce un effet sur la matière. C’est un peu comme les forces fondamentales de la physique. Nous ne pouvons voir ni mesurer la force de gravité. Mais nous mesurons ses effets sur la matière. En physique, il est commun de faire certaines inférences concernant les forces fondamentales. Je propose de faire la même chose par rapport à l’esprit. Il est tout aussi fondamental que la force de gravité dans l’univers, même s’il est immatériel. C’est la condition de l’appréhension du monde, de la perception. Sans esprit, il n’y a pas de Science, pas de Physique, pas de forces fondamentales, pas de notion de réalité. Comme toute force fondamentale, l’esprit exerce une influence dans la vie de tous les jours, plus ou moins grande selon les individus. Le cerveau humain est une interface, comme un poste de télévision. Si vous jouez avec les composantes électroniques, vous altérez la réception du signal. Mais cela ne change en rien le programme lui-même ni la station émettrice. Une lésion dans une région du cerveau ou l’absorption de drogues altèrent les fonctions psychiques. Pour autant, conclure que ces fonctions psychiques sont produites par le cerveau est aussi ridicule que de croire qu’une émission de télévision est générée par le téléviseur.
Autrement dit, on ne peut prétendre que la conscience est produite par le cerveau comme la bile est sécrétée par le foie ?
Absolument pas. L’esprit est non localisé. De plus en plus de chercheurs osent l’affirmer. William James, le père de la psychologie américaine, le disait déjà il y a un siècle. Il proposait plusieurs hypothèses pour expliquer l’origine de l’esprit. L’hypothèse de production, c’est-à-dire que l’esprit serait produit par le cerveau, mais aussi l’hypothèse de transmission ou de permission. Il comparait le cerveau à une valve de réduction, à un filtre. Henri Bergson et Aldous Huxley disaient la même chose. Évidemment, si vous modifiez le fonctionnement du filtre, vous modifiez vos perceptions. C’est ce qui arrive sous l’effet de substances psychédéliques. C’est comme de changer de fréquence sur votre poste radio : vous captez une information différente. Cela ne signifie pas que cette information est créée par l’organe lui-même. Le cerveau focalise sur le monde externe et sur le monde interne, qu’il s’agisse d’activité physiologique ou mentale. Mais c’est une petite frange de la réalité. Notre potentiel est beaucoup plus vaste, comme certaines traditions nous le disent depuis des millénaires.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Je vais étudier l’effet d’états émotionnels positifs sur l’expression des gènes, ce qui n’a pas encore été fait. À l’Université d’Arizona, nous avons un projet sur l’amour-compassion, la spiritualité-compassion. Il existe dans le bouddhisme des méditations dites de « loving kindness », que l’on pourrait traduire par méditations de bienveillance. Nous allons faire des mesures avant et après ces pratiques pour voir dans quelle mesure elles modulent les hormones du bonheur, la dopamine, la sérotonine, et les endorphines. Par ailleurs, je souhaite regrouper tous les chercheurs visionnaires qui ont une perspective post-matérialiste. En physique quantique, cela fait un siècle qu’on a fait la transition. Mais en biologie et en neuroscience, cela reste marginal. Nous voulons montrer que la conscience est non locale, non physique. La prochaine révolution scientifique va se faire à ce niveau-là. Ce sera aussi important que la révolution quantique en physique, amorcée au début du XXe siècle. Et plus important que la révolution copernicienne parce qu’on redonne un pouvoir énorme aux individus. On les reconnecte. Ils prennent conscience de leur unité avec l’Univers. Il existe plein de données qui le démontrent. J’en parle beaucoup dans mon livre. Il s’agit de rendre l’information accessible. Évidemment, il y aura beaucoup de résistance au niveau de l’establishment, qui opère encore selon le modèle de la physique mécanique classique.
N’est-ce pas difficile à appréhender pour qui n’a jamais vécu d’expériences “extraordinaires” ?
C’est certain que tant que les personnes n’ont pas fait l’expérience d’un esprit non-local, c’est difficile à comprendre. Par exemple, le neurochirurgien Eben Alexander a radicalement changé de perspective sur la nature de la conscience et du réel, suite à une expérience de mort imminente. C’était une personne très carrée qui a changé d’état d’esprit du jour au lendemain. Le fait d’avoir vécu personnellement l’expérience lui a permis de sortir d’un système de croyances dans lequel il était enfermé. C’est vrai qu’en bout de ligne, c’est une question de vécu. Quelqu’un qui n’en a pas fait l’expérience peut avoir du mal à comprendre tout cela. Il faut dire que le système scientifique dominant est basé sur une vision matérialiste. Tout est à transformer. Cependant, il n’est pas nécessaire de vivre une expérience de mort imminente pour changer de plan de conscience. Certaines pratiques méditatives peuvent permettre d’y accéder également, en plus d’avoir un impact positif sur la santé physique et psychique.
(1) Voir interview du Dr Christian Boukaram dans Néosanté N° 15
Propos recueillis par Cyrinne Ben Mamou
Un commentaire