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Mes trucs de santé (V) : la respiration abdominale

Par 14 juin 2017mars 9th, 2023Pas de commentaires

Respirer par la ventre : en voilà une drôle d’idée. Elle ne me serait jamais venue à l’esprit car je fais partie d’une génération à qui on a inculqué que le processus respiratoire se cantonnait  à la sphère pulmonaire.  Je me souviens des cours d’éducation physique à l’école primaire : pour nous préparer aux exercices sportifs,  l’institutrice nous faisait inspirer en gonflant le thorax et en rentrant le ventre au maximum.  Et pas question de voir un bedon dépasser ! Selon la doctrine de l’époque, l’abdomen devait être comprimé et contracté pour que l’oxygène soit mieux absorbé. Il fallait bomber le torse, point barre. C’est donc avec étonnement que j’ai entendu pour la première fois parler de respiration abdominale lors de ma rencontre avec Pierre Pallardy (*). L’ostéopathe m’a ouvert les yeux  sur le fait que je ne respirais qu’à moitié, en tout cas imparfaitement, par le haut du corps, alors que le tronc dans son entièreté participe d’une bonne respiration naturelle. C’est d’ailleurs comme ça que les animaux et les bébés respirent instinctivement : leur cavité ventrale semble se remplir d’air lorsqu’ils inspirent,  et se vider quand ils expirent. Ce sont bien sûr les lobes pulmonaires qui se remplissent, pas les viscères. Mais c’est paradoxalement le relâchement abdominal qui permet au diaphragme de se décoincer et aux poumons et aux bronches de s’aérer en profondeur.  

Chez l’être humain, une inspiration prend environ une seconde et demie, comme l’expiration. On inspire et expire environ 20 fois par minute, 1200 fois par heure et 20.000 fois par jour en tenant compte du ralentissement nocturne, soit plus de 7 millions de fois par an !  La respiration rythme notre vie et conditionne notre survie. En rechargeant le sang en oxygène,  elle assure le fonctionnement de tous nos organes, et en particulier du cerveau, c’est dire son importance.  Or sous l’influence de la société et de ses contraintes,  l’adolescent finit par perdre la respiration spontanée de sa prime enfance. Soumis à une existence haletante, les adultes respirent de plus en plus mal, de plus en plus vite,  de façon de plus en plus saccadée et superficielle.  La multiplication des stress, des impatiences et des émotions, les cadences de travail, le bombardement d’informations via les médias,  la sédentarité,  la pollution, l’alimentation précipitée et mal choisie, bref la vie moderne, accroissent encore  l’insuffisance respiratoire contemporaine. Celle-ci, me disait Pierre Pallardy, est une véritable catastrophe pour le ventre.  Elle favorise  les  troubles neurovégétatifs (colite, spasmes, constipation..) et  par conséquent les problèmes d’élimination avec leur cortège de symptômes : fatigue, insomnies, nervosité, prise de poids, problèmes sexuels, allergies,  etc. Mais il y a plus grave, écrit l’ostéopathe dans son livre « Et si ça venait du ventre ?  »  : « En abandonnant sans le savoir la respiration abdominale de notre enfance, nous coupons la communication entre le ventre, notre second cerveau,  et le cerveau supérieur.  Il y a  rupture et cette rupture est à l’origine de nombreux maux. Si les deux cerveaux ne fonctionnent pas en harmonie, c’est la santé dans sa globalité qui est menacée. Il est alors impossible d’atteindre l’état de bien-être et de détente qui est une des conditions du bonheur ».

Outre les bienfaits de l’automassage ventral, ma rencontre avec l’ « ostéo des stars » m’a permis d’expérimenter les vertus de la respiration abdominale. Depuis lors, je la pratique plusieurs fois par jour, et particulièrement au coucher pour faciliter l’endormissement. Connu depuis des millénaires par les médecines chinoise et indienne, cet outil de santé consiste à reproduire consciemment ce que nous faisions inconsciemment au berceau, à savoir  gonfler  le ventre en inspirant et le dégonfler à l’expiration. Ça a l’air simple, comme ça, mais ça demande d’oublier ce qu’on a appris et de renouer avec les réflexes enfouis. Certaines personnes  éprouvent pas mal de difficulté à récupérer cet instinct animal brimé par une éducation rigide et un rythme de vie infernal.  N’étant pas qualifié pour le faire, je ne vais pas vous expliquer le procédé. Mais vous pouvez trouver tous les conseils et  toutes les informations  utiles sur internet. Sur ce blog , par exemple, un certain Sébastien explique très bien comment la découverte de la respiration abdominale lui a permis de réduire ses angoisses. Sur le site de Psycho-ressources, vous trouverez un article où la sophrologue Bénédicte Fieller expose concrètement comment se libérer l’abdomen et comment aller plus loin avec d’autres exercices. Sur Youtube, une autre sophrologue vous initie en vidéo  et sur le site du magazine Psychologies, feu mon ami David Servan-Schreiber peut vous éclairer sur la physiologie de la respiration. Bref, ce ne sont pas les aides qui manquent pour  se mettre chemin vers une meilleure façon de respirer.

En ce qui me concerne, je ne dissocie plus la respiration abdominale de la cohérence cardiaque. Comme son nom l’indique, cette méthode également popularisée par David Servan-Schreiber dans son livre Guérir consiste à moduler le rythme cardiaque à l’aide de la respiration ventrale. En contrôlant les battements du cœur, on régule du même coup  le cerveau émotionnel duquel on peut chasser le stress,  l’anxiété, voire la dépression. Pour en savoir plus sur cette méthode, cliquez ici. Dans la revue Néosanté,  nous avons également publié un article  sur le sujet  de notre journaliste Emmanuel Duquoc, auteur  par ailleurs du livre « Les 3 émotions qui guérissent » et de surcroît coach en cohérence cardiaque. Pour (re)lire cet article qui fait partie de ceux accessibles gratuitement sur notre site, cliquez ici.  En très résumé, la technique consiste à harmoniser la durée de l’inspir et la durée de l’expir, les deux versants de la respiration pouvant être séparés par une brève interruption. Ça n’a l’air de rien, mais l’équilibre obtenu entre  le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique permet  à ce dernier de mieux jouer son rôle vagotonique. Or la vagotonie, comme je l’ai souligné dans le dernier éditorial du mensuel Néosanté, c’est l’état de calme et de sérénité propice à toutes les guérisons ! Je suis pour ma part convaincu  que ma bonne santé générale doit beaucoup à  ma pratique quotidienne de la respiration ventrale couplée à la cohérence cardiaque.  C’est notamment un truc radical, bien plus efficace que le comptage de moutons, pour replonger dans le sommeil après un réveil nocturne impromptu. Je n’ai jamais pris un somnifère de ma vie.  Dans le prochain numéro de Néosanté, Carine Anselme va vous parler d’une nouvelle approche qui se base sur la respiration abdominale  et sur la cohérence cardiaque,  mais qui ajoute à cette paire d’as un troisième atout (auto)thérapeutique. Lequel ? Permettez-moi de ne pas le dévoiler ici, histoire de privilégier quelque peu les abonnés payants… 

 

Yves Rasir

(*) Voir ma lettre du 17 mai sur l’automassage

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