Non seulement ce type d’alimentation convient parfaitement à la femme enceinte, mais il favorise aussi la fertilité de celles qui veulent le devenir et est bénéfique pour l’enfant à naître.
Peut-on manger paléo quand on est enceinte ? Voilà une question que l’on me pose souvent. La réponse est évidente : c’est l’alimentation qu’on a connue durant des millions d’années, et ça ne nous a pas empêché de nous reproduire. Dans le cas contraire, on ne serait pas là pour en parler. Mais ça vaut néanmoins la peine de montrer l’intérêt d’aller vers une alimentation « paléolithique » pour une femme enceinte. Il s’avère, de plus, qu’une telle alimentation est bénéfique pour favoriser la fertilité, et par la suite, pour la santé de l’enfant. Beaucoup d’aliments et micronutriments, que l’on trouve en quantité dans l’alimentation « paléo », et qui manquent souvent dans l’alimentation moderne, favorisent tout le processus de reproduction, de la conception à la survie du nouveau-né. Preuve supplémentaire et concrète de l’adaptation de notre organisme à ce type d’alimentation.
Des vitamines
Beaucoup de sociétés de chasseurs-cueilleurs réservaient les aliments les plus riches aux femmes enceintes et allaitantes : les abats, la moelle, les œufs de poisson ou encore le jaune d’œuf. Ces aliments sont denses en nutriments et en vitamine A, B, D, E et K2. Toutes ces vitamines liposolubles sont importantes pour la formation et pour la densité des os du bébé. La vitamine B9 (ou « acide folique ») est nécessaire à la division cellulaire. Un apport est donc important en période de croissance, comme la grossesse ou l’enfance. Une quantité suffisante de vitamine B9 permet aussi d’éviter certaines malformations du fœtus, en particulier certaines anomalies du tube neural (« spina bifida »). Les femmes qui ont comme projet d’avoir un enfant devraient d’ailleurs veiller à avoir une alimentation assez riche en acide folique, puisque ce type de malformations se produit dans les 28 premiers jours de grossesse, c’est-à-dire bien souvent avant que celle-ci soit connue… Pour un apport en vitamine B9, orientez-vous vers les légumes à feuilles vertes, les asperges, les choux de Bruxelles et les brocolis. La choline est un autre nutriment essentiel, classé dans la catégorie des vitamines B. Elle peut être synthétisée par le foie, mais en quantité insuffisante ; un apport alimentaire est donc nécessaire. Cette vitamine, qui intervient dans le développement du cerveau de l’enfant, se trouve en grande quantité dans les œufs. Deux œufs représentent 250 mg de choline, c’est-à-dire près de la moitié de l’apport journalier conseillé pour les femmes enceintes. Intéressant lorsqu’on sait que 86% des femmes n’ont pas assez de choline dans leur alimentation. Les femmes enceintes végétariennes ont un risque plus grand de déficience en vitamine B12. Cette vitamine, présente dans les viandes rouges, les abats et les maquereaux, intervient dans la formation des globules rouges et de l’ADN du fœtus. Citons encore la vitamine D intervenant dans le développement des os (surtout au 3ème trimestre).
Des minéraux
Une alimentation paléolithique est également plus riche en minéraux importants pour le développement de l’enfant (fer, calcium, zinc). Et l’assimilation de ces minéraux, essentiels durant la grossesse (la carence en fer peut être liée à des risques de fausse couche), est perturbée par l’acide phytique présent dans les graines des céréales et des légumineuses. Cet acide inhibe l’assimilation de ces minéraux en formant des phytates. Eliminer les céréales permet donc de mieux assimiler le calcium. Pour le fer, les produits animaux semblent présenter des formes de fer plus assimilables par le corps que les produits végétaux. Attention toutefois à réduire un peu l’apport en protéines durant la grossesse, le corps tolérant moins bien un régime hyperprotéiné.
Des poissons gras
Difficile de parler d’alimentation « paléo » sans aborder la question des poissons gras. La grossesse sollicitant davantage la glande thyroïde, les besoins en iode, indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes, augmentent durant la grossesse. Ces hormones thyroïdiennes sont en effet nécessaires au développement neurologique du fœtus. Les aliments riches en iode sont le saumon, le thon, l’aiglefin, la morue, le hareng, le bar et les algues. La plupart de ces poissons, tout comme la viande d’animaux nourris aux herbes, sont riches en Omega-3 (DHA), des acides gras essentiels au développement du cerveau (matière grise) et des yeux de l’enfant. En végétaux, optez pour les épinards, les brocolis, les choux-fleurs, les noix et les semences.
L’hypothèse DOHAD
L’alimentation de la mère durant la grossesse a donc un impact direct sur la santé du bébé. Non seulement à la naissance, mais également bien après. C’est ce qu’on appelle les « Developmental Origins of Health and Disease », qui postulent que l’environnement intra-utérin (nutrition de la mère, stress, etc.) a un impact sur la santé de l’enfant bien plus tard, jusqu’à l’âge adulte. Parmi les maladies dont le lien est avéré, on sait que le syndrome métabolique et le cancer du sein peuvent avoir des origines intra-utérines. On sait aussi qu’une croissance lente du fœtus, due à une mauvaise alimentation, peut provoquer plus tard des problèmes coronariens, du diabète de type 2 et de l’hypertension. Du diabète de grossesse favorise la polykystose ovarienne, qu’on attribue parfois aussi au bisphénol A, autre perturbateur endocrinien. Et des chercheurs ont montré que la seule analyse de la flore intestinale des femmes enceintes permettait de prédire le surpoids de l’enfant… à l’âge de 7 ans !
Pour la fertilité
Les mêmes préceptes alimentaires valent pour la fertilité. Parmi les causes d’infertilité, on trouve effectivement l’obésité, le stress oxydatif (produit par exemple par des graisses oxydées) et le manque d’antioxydants (vitamine C, E, zinc, sélénium, etc.). Inversement, les bons acides gras favorisent la fécondité. Chez la femme, les excès d’insuline diminuent l’ovulation. Et une augmentation de 2 % seulement de consommation de graisses trans peut provoquer jusqu’à 73% de risque d’infertilité en plus !
Yves Patte
Excellent, merci pour ce résumé très complet.
Excellent. Merci pour ce très bon résumé.