L’un des plus grands principes du vivant est l’adaptation à la pression du milieu et c’est même le principal moteur de l’évolution. Cela vaut, en tout cas, pour toutes les espèces animales ou végétales actuelles qui sont présentes parce qu’elles ont été adaptées à la pression du milieu ou ont pu le faire. Et bien sûr, une espèce qui n’est pas/plus adaptée à son milieu est vouée à disparaître : c’est l’impitoyable sélection naturelle.
Ainsi par exemple, les dinosaures ont disparu il y a 65 millions d’années parce qu’ils n’ont pas « supporté » une modification radicale du milieu. Mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les mammifères ont enfin pu émerger à cette époque parce que la disparition des dinosaures a modifié favorablement la pression du milieu puisqu’ils étaient nos principaux prédateurs.
L’adaptation à la pression du milieu
Bien sûr, ce qui vaut pour les espèces vaut aussi pour l’individu : ainsi, par exemple, si nous sommes vivants aujourd’hui, c’est d’abord parce que nos ascendants ont tous été parfaitement adaptés à la pression du milieu et aussi parce que nous le sommes depuis notre naissance.
En fait, avec ou sans conscience, nous consacrons notre vie à nous adapter. Cela vaut pour la régulation de nos fonctions internes pour être, par exemple, au mieux adaptés à la température ambiante. Mais cela vaut aussi pour tellement d’autres registres : ainsi, par exemple, devons-nous en permanence nous adapter à la pression de notre milieu familial, socioculturel, etc.
Cela dit, et au-delà de ces évidences, il est utile de comprendre que beaucoup de nos symptômes physiques ou psychiques, ainsi que tous nos blocages psychologiques ou nos comportements, sont, d’une manière ou d’une autre, la résultante d’une adaptation à la pression du milieu.
Il arrive même que la pression à laquelle nous devons être adaptés est à chercher dans notre pré-histoire, pendant notre vie intra-utérine ou dans l’histoire de nos parents et de notre famille en général. Cet aspect transgénérationnel du Décodage n’est rien d’autre qu’une affaire d’adaptation à la pression du milieu.
Régulation de la croissance
Parmi toutes les problématiques auxquelles un individu peut devoir s’adapter, il en est une qui consiste à ne pas être trop grand en taille afin d’être en adéquation avec les dimensions de son milieu. Et c’est en régulant la sécrétion de l’hormone de croissance par l’hypophyse que Dame Nature intervient lorsque nécessaire.
J’ai découvert ce principe grâce à un voisin fort sympathique dont la particularité est d’être un aquariophile très averti. Il m’a un jour convié à visiter ses installations et m’a présenté un à un tous ses pensionnaires, certains d’une beauté remarquable.
À un moment de la visite, Christophe me présente son plus grand poisson : c’est un pterygoplichithys gibbicefs d’environ 50 cm. de long. Originaire du bassin amazonien, il appartient à la même famille que l’esturgeon. C’est un poisson fouisseur se nourrissant de ce qu’il trouve dans la vase et il vit habituellement dans des zones inondées de faibles profondeurs.
Mais lorsque j’apprends qu’à l’âge adulte ce poisson peut mesurer jusqu’à 2 mètres, je commence à me faire du souci pour la pauvre bête vu la taille de l’aquarium qui justement mesure 2 m de long pour 0,75 de large. Cela ne manque pas de faire sourire Christophe qui m’explique alors, comme une évidence, que l’animal s’est arrêté de grandir depuis déjà plusieurs mois et alors même qu’il n’a pas encore atteint l’âge adulte. En fait, ce poisson ne grandira pas plus, à moins qu’on ne l’installe sans trop attendre dans un nouveau bassin plus grand.
À l’installation du poisson dans cet aquarium, sa biologie a évalué les dimensions de l’espace vital disponible en vue d’adapter la taille de l’individu. Dès que l’animal a atteint une taille maximum pour l’espace disponible, sa biologie a stoppé sa croissance. Bien sûr il se serait produit la même chose dans la nature si ce poisson s’était retrouvé piégé pour quelques mois ou plus dans une mare aux dimensions réduites après une décrue de l’Amazone.
En effet, dans la nature, lorsqu’on doit vivre dans un espace réduit, il est préférable de limiter sa taille afin de disposer d’assez de place pour évoluer librement et aussi pour réduire ses besoins alimentaires au niveau de ce que le milieu peut fournir. La nature n’est-elle pas merveilleuse ?!..
À noter que ce mécanisme de régulation de la taille de l’individu en fonction des dimensions du milieu n’est pas une exclusivité de cette espèce. Cela concerne tous les poissons, ainsi que les reptiles et les batraciens – et même les mammifères.
La logique du symptôme
Car, pendant que mon voisin me raconte tout cela, me revient en mémoire une histoire que beaucoup d’entre nous connaissent : celle de ce petit garçon qui soudain cesse de grandir parce que le grand stress de sa mère pendant toute la grossesse aura été les dimensions très réduites du minuscule studio dans lequel le couple vit à l’époque et qui semble à cette future-mère tellement trop petit pour accueillir le bébé. La biologie de l’enfant a d’abord pris acte du problème puis, quelques années plus tard, a bloqué sa croissance afin qu’il reste petit et donc parfaitement adapté aux dimensions du milieu de référence.
J’ai depuis entendu d’autres histoires, comme celle d’un enfant qui cesse soudain de grandir en référence à un grand-père survivant du ghetto de Varsovie qui a dû sa survie au fait qu’il était petit, ce qui lui permettra de s’échapper par un conduit d’égout très étroit. Dans ce cas, le ‘programme’ est qu’il faut être petit pour avoir la vie sauve.
Ou encore l’histoire d’un enfant qui cesse lui aussi de grandir en référence au drame auquel sa mère a échappé durant son enfance. Quelque part en Afrique, un couple a beaucoup d’enfants et accepte de donner une de ses filles à un autre couple stérile. Ce dernier choisit de prendre la plus grande fille en taille. C’est ainsi que la mère de l’enfant qui, heureusement pour elle, n’était pas la plus grande échappera à ce drame. L’enfant aura donc pour ‘programme’ qu’il vaut mieux rester petit pour ne pas risquer d’être donné.
Prudence
Cela veut-il dire que tous les enfants qui cessent de grandir sont « plombés » par ce genre d’histoires ? Restons prudent. Mais en revanche cela vaut toujours la peine de l’envisager, à condition bien sûr que l’enfant n’ait pas encore achevé sa croissance.
Laurent Daillie