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Yves Rasir

Avant d’aborder le thème controversé du pédosatanisme, qui n’est pas sans rapport avec le domaine de la santé, je voudrais d’emblée préciser une chose importante : je n’ai aucun doute sur l’existence de réseaux permettant aux pervers pédophiles de toutes classes sociales de satisfaire leurs pulsions immondes. Il s’en démantèle régulièrement un peu partout dans le monde, en Belgique et en France notamment. Je ne doute pas non plus que certains pédocriminels particulièrement détraqués perpètrent leurs viols d’enfants en y ajoutant un décorum ésotérique et une apparence rituelle. La sinistre « affaire Lola » est encore venue rappeler combien l’âme humaine pouvait être odieuse et ténébreuse. Ce qui suscite mon scepticisme,  c’est le postulat selon lequel de  grands et puissants réseaux de notables  vouant un culte à Satan  abuseraient d’enfants pour les torturer, les mettre à mort et boire leur sang lors de cérémonies sacrificielles épouvantablement cruelles. Ce qui me pousse à prendre la parole sur ce sujet scabreux, c’est que plusieurs figures de la résistance au covidisme l’ont déjà fait avant moi et que je ne partage pas leur point de vue. En matière de pédosatanisme, je crains qu’elles manquent de discernement et que leur tendance à la crédulité ne finisse par discréditer la dissidence dans son ensemble.  Ce qui me pousse aussi à m’exprimer, c’est que je redoute le réel pouvoir des énergies noires.  Je pense que Baudelaire s’est trompé et que la plus belle ruse du diable n’est pas de nous persuader qu’il n’existe pas : elle est de nous induire en erreur et de nous mener sur de fausses pistes pour mieux accomplir son œuvre de division et de destruction. Pour moi, le mythe des élites dissolues se livrant aux pires atrocités sur les enfants est la fausse piste par excellence, l’écran de foutaises qui permet d’occulter les vrais outrages faits à l’enfance, comme la multivaccination obligatoire, le port du masque ou l’encouragement à la transition de genre. Les satanistes d’aujourd’hui ne se réunissent pas en secret dans des catacombes vêtus de robes noires à capuche, ils opèrent en blouse blanche et à découvert avec la bénédiction du système médical et des autorités.  N’oublions pas que selon la tradition chrétienne qui est la nôtre, le diable est avant tout un menteur. Dans la Bible, Il est même qualifié de « père du mensonge ». Je peux bien sûr gravement me tromper mais c’est en humble amoureux de la vérité que j’avais à cœur de rédiger ce billet allant à contre-courant d’un narratif à mes yeux mensonger.

Dutroux, prédateur isolé

Ce qui me permet d’écrire ça, c’est d’abord ma relative connaissance de l’affaire Dutroux. Il y a maintenant presque 30 ans, je travaillais pour un hebdomadaire à grand tirage qui avait couvert la disparition de Julie et Mélissa et qui multipliait les reportages depuis l’arrestation de leur ravisseur et la découverte de leurs cadavres. Je ne m’en mêlais pas, le judiciaire n’était pas mon rayon. J’ai changé d’avis lorsque l’enquête a pris une tournure rocambolesque avec ce qui a été appelé « la piste satanique ». En décembre 1996, des dizaines de gendarmes ont fait irruption au siège de l’Église belge de Satan en croyant y trouver d’autres filles enlevées par Dutroux et prêtes à être immolées. J’avais enquêté quelques années auparavant sur cette secte et j’avais rencontré le couple qui la dirigeait. Pour moi, ces deux amateurs d’occultisme n’avaient pas du tout le profil de monstres capables de torturer et d’égorger des gosses. Ils avaient parfois impressionné leurs adeptes en pimentant leurs messes noires par le sacrifice d’un poulet ou d’un lapin, mais ce n’était que du folklore pour épater le gogo et faire rentrer les cotisations tout en remplissant le frigo. En plongeant dans le dossier, j’ai rapidement compris que cette piste satanique était sortie de l’imagination d’un pandore qui avait lu un livre fantaisiste sur la sorcellerie et avait échafaudé sa propre théorie prédisant des sacrifices rituels. Mon article a sonné le glas de ces supputations hâtives sanctionnées par l’échec complet de la perquisition. En découvrant « le dossier Bis » et les fameux témoins X, j’avais cependant prévu une suite à mon enquête. L’article suivant s’intitulait « Gare aux fantasmes » et il expliquait  que dans d’autres affaires  très traumatisantes de rapts et de meurtres d’enfants,  dans d’autres pays, la police avait également reçu  les dépositions de femmes racontant des horreurs à caractère satanique mais incapables de fournir le moindre élément de preuve.  Je parlais aussi du « syndrome du faux souvenir », c’est-à-dire de la possibilité – scientifiquement démontrée  –  de  manipuler la mémoire et d’y implanter des souvenirs fictifs par le biais de techniques hypnotiques. Je précisais dans mon texte qu’à l’instar de plusieurs témoins X, les victimes de prétendus réseaux satanistes ont souvent suivi des thérapies à base d’hypnose. À mon vif désappointement, cet article a été censuré par le rédacteur-en-chef adjoint du magazine qui ne jurait à l’époque, comme la quasi-totalité de la presse belge, que par la théorie du « grand réseau » alimenté par Dutroux. L’enquête judiciaire– qui n’a jamais été étouffée contrairement à ce que raconte ces temps-ci un aimable abruti au QI rikiki – et le long procès du prédateur ont bien montré qu’il était isolé et que l’escroc Michel Nihoul n’était nullement au courant de ses turpitudes psychopathiques.  Pour vous informer correctement sur l’affaire Dutroux et pour comprendre comment la Belgique a sombré dans le délire par la faute de magistrats, de gendarmes et de journalistes à la ramasse, je vous suggère la lecture de deux livres incontournables :  « L’enquête manipulée,  les fausses pistes de l’affaire Dutroux » (1998)  et « Affaire Dutroux, Affaire d’État ? » (2004), tous deux signés par mon excellent confrère (malheureusement décédé) René-Philippe Dawant. Pour l’anecdote, mon autre confrère censeur a poursuivi sa carrière à Paris-Match où il a passé toute la période covid à servir la soupe aux virocrates les plus allumés. Des faux réseaux à la fausse pandémie, la trajectoire ne manque pas de cohérence.  

Des rescapées peu crédibles

Pour vous faire une idée des témoins X et de leur crédibilité  plus que douteuse, je vous invite à visionner ces vidéos où d’autres victimes supposées des réseaux pédosatanistes, une cinquantaine au total, confient leur calvaire face caméra. Bizarrement non censurés par Youtube, leurs récits d’épouvante sont en tous points comparables à ceux qu’on trouve dans le dossier bis, notamment à celui de la célèbre Régina Louf. Si vous n’avez pas de temps à perdre avec ces loufoqueries, et je vous comprends, je vous suggère de ne regarder qu’une seule capsule de la série, celle de Chantal Frei. Cette interview d’un quart d’heure peut résumer toutes les autres car le canevas et les événements racontés sont quasiment  toujours identiques.  C’est fait ? Vous avez regardé? Rassurez-moi et dites-moi que je ne suis pas le seul à penser que ça ne tient pas debout. Cette femme étrangement présentée comme une  « voix de violence rituelle » nous raconte d’abord qu’elle a été introduite toute petite dans une secte satanique  dont faisaient partie ses parents, deux de ses grands-parents,  de nombreux voisins et même ses instituteurs. Quelle prouesse de la part du gourou ! Et quelle discipline des disciples qui ont réussi à tout cacher durant toutes ces années sans rien révéler !  Chantal confie ensuite qu’elle a mené une double vie pendant toute son enfance, son adolescence et même sa vie  de jeune fille puisqu’elle s’est mariée et a fondé une famille.  Une vie normale durant la journée et sous le soleil noir de Satan durant la nuit lors de cérémonies atrocement sadiques. Personne n’a rien remarqué à l’école ni dans son entourage alors même que la rescapée prétend avoir été droguée par des substances qui la laissaient fourbue au petit matin. Et alors même qu’elle devait accomplir des actes abominables comme la dégustation cannibale de la chair d’une jeune fille morte. Tout va bien ? Mais ce n’est encore rien : sans émotion apparente, la survivante raconte qu’elle a tué de ses propres mains une autre fillette persécutée et qu’elle a aussi été obligée d’assassiner sa petite sœur, laquelle aurait heureusement survécu à ses graves blessures. Question toute bête : la frangine pourrait-elle confirmer ? Si j’étais un juge d’instruction, je m’empresserais d’emprisonner Chantal Frei puisqu’elle s’accuse elle-même de crimes imprescriptibles. À l’abri derrière des barreaux, la suppliciée pourrait ainsi dénoncer ses bourreaux qui, toujours selon elle, appartiennent au gratin et apparaissent encore souvent sur le petit écran. Je me réjouis franchement de voir les forces de l’ordre débarquer à la télévision et embarquer les pédosatanos sur indication  de leur dénonciatrice. Ça me rappellera le bon temps où le procureur Bourlet promettait de coffrer tous les complices hauts placés de Dutroux, tellement nombreux qu’il fallait affréter des autocars….

Le troublant sourire d’une survivante

Comme je m’y attendais un peu, Chantal Frei est au générique du film « Les Survivantes », que vient de réaliser Pierre Barnérias et dont l’avant-première  parisienne avait lieu avant-hier. Je n’ai pas encore vu ce documentaire qui va tourner dans les salles grâce à la multinationale du divertissement UGC, je n’en ai vu que la bande de lancement, mais on peut déjà deviner de quoi il s’agit :  une litanie de témoignages recueillis sans le moindre recul ni esprit critique. On peut appeler ça du journalisme compassionnel mais certainement pas le qualifier de travail professionnel.  Le boulot du journaliste est de recouper et de vérifier les informations, pas de les balancer sur la place publique au mépris des règles du métier. De manière très consciencieuse, c’est ce qu’ont fait les officiers de police dans l’affaire Dutroux. Ils ont cherché à étayer les dires des témoins X mais se sont heurtés à l’absence d’indices concrets, à des  impossibilités matérielles et à des contradictions chronologiques : rien n’a résisté à l’analyse dans les récits de Régina Louf et consorts. C’est pareil dans les accusations lancées par « les voix de la violence rituelle » : on y cherchera en vain le début d’un commencement d’ébauche de preuve permettant d‘établir les faits et de coincer leurs auteurs. Il n’y a jamais un gramme, un atome, une poussière quantique d’élément solide permettant à des détectives de creuser la piste. Jusqu’à démonstration du contraire, la « réalité innommable » que décrivent les victimes de réseaux pédosatanistes est donc aussi fictive qu’une pandémie virale dévastant la planète. Pourquoi ces femmes mentiraient-elles ? Je ne sais pas. Je ne suis pas psychiatre.  Je ne sais pas non plus pourquoi un Marc Dutroux reçoit fréquemment des lettres d’amour enflammées ni pourquoi un Nordahl Lelandais, l’assassin violeur de la petite Maëlys, a trouvé une admiratrice passionnée dont il a fait une procréatrice. Les voies parfois impénétrables de la psychologie féminine n’ont pas fini d’être explorées. Ce que je sais, c’est que les psychotropes et les thérapies à base d’hypnose peuvent faire beaucoup de dégâts. Je l’ai constaté dans ma propre belle-famille lorsqu’une pauvre dépressive suicidaire a brutalement « retrouvé le souvenir » d’un inceste imaginaire commis par son père. C’était une réminiscence bidon, mais le mal était fait. Et si Satan, prince de la zizanie et du mensonge, agissait précisément par l’entremise de la maladie mentale ? Je me suis sérieusement posé la question en voyant la toute fin, la dernière seconde de la bande-annonce des Survivantes. On y voit l’une d’entre elles,  autre prétendue rescapée des chasses d’enfants à l’arbalète par des ministres et aristocrates belges, invitée à désigner  nommément l’un de ses tourmenteurs. Elle ne répond pas, elle se contente de sourire énigmatiquement.  Que vient faire ce sourire, bon sang ? Pour quelle obscure raison surgit-il sur les lèvres d’Anneke Lucas ? Suis-je seul à trouver démoniaque ce réflexe zygomatique ?  Il y a 2.000 ans, un célèbre Galiléen pro-palestinien guérissait les gens de tous leurs maux en chassant leurs démons. Dieu fasse que cette médecine de l’âme en détresse ne soit plus oubliée.

Karl Zéro, meurtrier impuni

Plus réalistement, je formule le vœu que Pierre Barnérias et les lanceurs d’alerte qui le vénèrent se ressaisissent : la lucidité est en péril ! Dans son film Hold-Up, le réalisateur avait déjà tiré quelques balles dans le pied de la résistance anticovidiste, notamment en prenant pour argent comptant les divagations de Jean-Bernard Fourtillan. À présent, il dérape complètement. Mais pas autant que le nullissime Karl Zéro !  Comme vous le savez sans doute, cette ancienne star de Canal Plus s’est recyclée en créant une chaîne lucrativement spécialisée dans la diffusion de films sur la pédophilie et le pédosatanisme. De temps en temps aussi, il interroge des « héros » et des « héroïnes » réchappé(e)s de l’enfer et/ou « dénonçant courageusement » l’existence des réseaux.  Quand je regarde ces interviews avant qu’elles deviennent payantes, je suis toujours abasourdi par l’extrême complaisance de l’intervieweur face aux interviewé(e)s. Le premier récolte passivement les confessions extravagantes des second(e)s et donne systématiquement son absolution aux affirmations les plus sujettes à caution. Par exemple sur le dossier Dutroux, dont il soutient mensongèrement que le volet bis a été délaissé pour dissimuler la vérité. Ça ne m’a pas étonné qu’il se précipite pour faire la pub de l’abruti bilieux et de son bouquin resuçant la thèse éculée du prédateur protégé en haut lieu. Brasser du vent, ça permet aussi de brasser de l’argent. Mais Karl Zéro n’incarne pas seulement le degré zéro du journalisme, il est un personnage gluant aux méthodes détestables. Tenez, dans une récente émission de sa chaîne, il va jusqu’à diffuser une vidéo de Dutroux en cellule pleurnichant sur son sort et se faisant passer pour un lampiste pendant que ses commanditaires courent toujours. C’est ignoble d’accréditer ainsi la stratégie de défense du tueur en série, c’est un véritable crachat sur les tombes de Julie et Mélissa ! Si je vomis Karl Zéro, c’est aussi parce que j’ai la mémoire longue et que je me souviens de son rôle indigne dans l’affaire Patrice Alègre, ce psychopathe français qui a accusé à tort l’ancien journaliste et maire de Toulouse Dominique Baudis de tremper dans des orgies sexuelles assorties de violences rituelles. Cette baudruche macabre s’est rapidement dégonflée, l’homme politique a été innocenté mais la « rumeur meurtrière »  amplifiée par l’animateur télé a eu le temps de miner psychosomatiquement l’accusé. Blanc comme neige mais irrémédiablement noirci par les fausses accusations, Dominique Baudis  est mort du cancer à quelques jours de ses 67 ans. Ce que je retiens de ce film édifiant, c’est que la calomnie et la mythomanie peuvent tuer ceux qui sont jetés en pâture injustement. Ce que je retiens aussi, ce sont les sourires et les regards lumineux des fils Baudis, orphelins de leur père mais fiers de son combat chevaleresque pour laver son honneur. Tout le contraire du rictus torve et des yeux enténébrés d’Anneke Lucas. À tous les journalistes pro et amateurs qui contribuent  actuellement à l’hystérie pédosataniste, je suggère de songer avec empathie à tous les innocents qui sont salis par le mensonge. Personnellement, je ne renoncerai jamais à la devise de la philosophie sceptique : ne rien nier à priori, ne rien affirmer sans preuve. La preuve est à la vérité ce que l’air est à la vie, une nourriture indispensable.

Yves Rasir

43 commentaires

  • DenisDenis dit :

    “Et quelle discipline des disciples qui ont réussi à tout cacher durant toutes ces années sans rien révéler !” : Je ne comprends pas, les complotistes nous révèlent sans arrêt qu’il y a des complots mondiaux qui impliquent des milliers de personnes (Kennedy, COVID, existence des virus, fausse exploration lunaire, 11 septembre, terre plate, etc…) mais quelques sacrifices de fillettes qui impliquent une poignée de personnes, non, ça leur parait impossible à cacher. Arguments à géométrie variable…

  • calmon dit :

    omment osez vous parler d’un film que vous n’avez pas vu, c’est vous l’ignoble, qui vous paie pour avoir de tels jugements? QUI?

  • Detry dit :

    Faut-il que vous ayez peur de ces vérité dévoilées et divulguées, pour être à ce point touché et sur la défensive! C’est à se demander ce qui se cache dans votre propre inconscient… Si vous avez vécu quelque chose de cet ordre, je vous souhaite de le découvrir, d’être cru et d’en guérir. ruthdetry@i

  • Gilles Caron dit :

    ves Rasir résume très sa pensée de façon nuancée : « Je ne doute pas non plus que certains pédocriminels particulièrement détraqués perpètrent leurs viols d’enfants en y ajoutant un décorum ésotérique et une apparence rituelle. La sinistre « affaire Lola » est encore venue rappeler combien l’âme humaine pouvait être odieuse et ténébreuse. Ce qui suscite mon scepticisme, c’est le postulat selon lequel de grands et puissants réseaux de notables vouant un culte à Satan abuseraient d’enfants pour les torturer, les mettre à mort et boire leur sang lors de cérémonies sacrificielles épouvantablement cruelles. » …Où est le mensonge? Comment peut-on boire les paroles hallucunantes de JJ Crèvecoeur qui accuse les gouvernements d’être de mèche avec ces sois0disant réseaux pédophiles? Il faut vraiment n<avoir aucune conscience se soi-même pour croire à ces niaiseries.

    • Jean-Jacques Crèvecoeur dit :

      Non, les gouvernements ne sont pas de mèche avec ces réseaux. Ils en font partie. Nuance…

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