La stérilité est un sujet si vaste de la biologie que nous ne saurions être exhaustifs sur les causes de ce syndrome. Troubles de l’ovulation, atteinte des trompes de Fallope, endométriose, anomalie du col de l’utérus… chacun de ces symptômes est le résultat d’une mémoire conflictuelle particulière. Aujourd’hui, c’est un conflit touchant l’équilibre hormonal de la femme que nous allons tenter de comprendre au travers de l’analyse du comportement de la tourterelle (*).
Expérience sur un couple de tourterelles
La tourterelle est un symbole de fidélité conjugale et de renouveau cyclique. L’étude de la séduction chez ce charmant animal nous en dit long sur notre fonctionnement biologique. Quand la saison des amours débute, Monsieur tourterelle va faire la cour durant une semaine. Pendant cette période précise, la cour du mâle va conditionner les hormones de la femelle. Et cette réaction hormonale va, à son tour, influer sur le comportement du mâle. Durant cette période, les comportements et les conditions hormonales des deux tourtereaux vont interagir de manière à progresser vers l’acte sexuel en vue de la reproduction (ponte des œufs).
Le comportement de la femelle est influencé à ce moment principalement par les sécrétions de deux hormones différentes : les oestrogènes et la progestérone. Et à chaque hormone correspond un conflit précis. Voyons maintenant les interactions des hormones avec les stimuli extérieurs venant du mâle, du nid et des œufs.
La phase de séduction ou conflit des œstrogènes
Dans un premier temps, les deux tourtereaux se livrent à une parade nuptiale (roucoulement, bec à bec…) délimitant ainsi leur espace amoureux, ils montrent à leurs congénères qu’ils sont compatibles et donc non disponibles sur le marché de l’amour puisque vivant maintenant en couple. Puis, le mâle va montrer ses atouts en réalisant un « vol nuptial » (il tournoie au- dessus de la femelle et réalise des piqués verticaux). Ces exploits aériens (preuve des compétences du mâle pour chercher la nourriture et défendre le territoire) stimulent la femelle qui augmente alors brusquement ses sécrétions d’œstrogènes. Elle commence alors à faire son nid. Le mâle va à son tour être stimulé par ce comportement, si bien qu’il va achever le nid. Le transposé, pour nous humains, est que la femme a besoin d’être rassurée sur les compétences de son homme à gagner assez d’argent afin de construire un foyer et mettre sa famille à l’abri du besoin. Le pouvoir de séduction de la carte bleue existe aussi chez la tourterelle !
Lorsque le nid est achevé, la première phase hormonale (oestrogénique) va permettre d’aller jusqu’à la fécondation et la ponte de l’œuf. Chez la femme, cette phase de montée oestrogénique aboutit à l’ovulation et au désir sexuel qui sera exacerbé en présence d’un homme qui saura lui faire la cour et lui montrer qu’il est capable de lui offrir un foyer accueillant pour sa future progéniture.
Le conflit des oestrogènes est donc en rapport avec le nid (le foyer). Il y a des stérilités avec déficit hormonal oestrogénique. Prenons l’exemple d’une personne ayant, dans son projet-sens (18 mois avant sa naissance), des parents qui habitent un petit studio. La femme tombe alors enceinte mais, dans cet espace exigu ,les futurs parents se demandent comment ils vont faire pour accueillir cet enfant. Où vont-ils le mettre ? Il sont bien devant une problématique de nid, de foyer. Ce stress va devenir celui de l’enfant à venir, et si c’est une fille, il se traduira par une pathologie oestrogénique (une insuffisance par exemple), avec éventuellement stérilité (solution au problème parental).
Phase progestative ou d’incubation.
Après l’ovulation, deuxième phase hormonale, on a un cycle de progestérone qui donne, chez la femelle tourterelle, l’incubation des œufs. Ainsi, les problématiques de progestérone sont dues à l’incubation, dont le transposé est la grossesse chez l’humain. La progestérone est l’hormone qui permet de mener à terme une grossesse. On pourra être confronté à un manque de progestérone chaque fois qu’on a eu un manque d’ « incubation ». Ainsi, une mémoire d’enfant prématuré ou d’avortement dans la généalogie va donner un déficit en progestérone en deuxième phase de cycle hormonal . Lequel déficit peut donner des cas de stérilité.
Les programmes de stérilité sont très nombreux et celui survolé ici n’en est qu’un parmi d’autres. L’éthologie nous montre encore une fois que nous ne sommes pas si différents des animaux. La tourterelle nous montre que nos comportements (ici reproducteurs) sont sous l’influence de sécrétions hormonales qui sont elles-mêmes le résultat du comportement de notre conjoint. Cela nous montre l’importance des conditions favorables à la mise en route d’une grossesse : une femme a besoin d’être rassurée par son conjoint. Elle sera d’autant plus dans son féminin, c’est-à-dire attirante, sensuelle, réceptive… que le mâle montre des arguments masculins (force, courage, sécurité financière). Et réciproquement, les hommes adoptent des comportements plus masculins en présence de femmes plus féminines. Une étude a montré que des stripteaseuses percevaient, les soirs où elles ovulaient, de plus grandes sommes d’argent de la part des hommes qui les regardaient que n’importe quel autre soir du mois ! Leur capacité de séduction augmente sous la poussée hormonale (et donc des phérormones) et influe bien évidemment sur le comportement des hommes.
Question d’équilibre
La fécondité de la femme demande un équilibre entre sa partie féminine, séductrice (phase oestrogénique) et son côté masculin protecteur (progestérone). N’oublions pas que la progestérone est à la femme ce que la testostérone est à l’homme : une hormone capable de lui donner suffisamment d’énergie et d’agressivité pour protéger sa progéniture ou accoucher. Avez-vous déjà essayé de voler les œufs d’une oie ou d’arracher un bébé des bras de sa mère ? C’est en acceptant ses deux versants de sa biologie que la femme se donnera les moyens d’un équilibre hormonal favorable pour devenir mère.
Jean-Brice Thivent
(*) L’analyse du conflit de la tourterelle est inspiré des travaux de Gérard Athias.
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