C’est un événement considéré comme rarissime qu’ont rapporté des chirurgiens de Singapour dans un article publié en décembre dernier dans l’International Journal of Surgery Case Reports : la régression spontanée (*) d’un cancer du pancréas chez un homme de 77 ans. Ce septuagénaire a été hospitalisé en janvier 2015 pour une jaunisse associée à des démangeaisons, à des urines foncées, ainsi qu’à une importante perte de poids. Lors de l’examen clinique, les médecins palpent l’abdomen et découvrent une grosseur suspecte du côté droit. Les prélèvements de sang confirment la présence massive de la protéine habituellement dépistée en cas de cancer prostatique, tandis qu’un scanner révèle une dilatation marquée des canaux biliaires. Au vu des symptômes et des résultats de l’imagerie, l’équipe médicale conclut très logiquement que ce patient est atteint d’un adénocarcinome de la tête du pancréas. Comme la tumeur est opérable, décision est prise de procéder immédiatement à sa résection chirurgicale. Mais lors de la consultation d’anesthésie, l’auscultation des vaisseaux du cou révèle un rétrécissement de la carotide dû à une plaque d’athérome. Étant donné que celle-ci peut entraîner un accident vasculaire cérébral lors de l’opération, les chirurgiens optent pour son ablation préalable. Suite à ce bref passage au bloc opératoire, le patient fait malheureusement un infarctus du myocarde compliqué d’un œdème pulmonaire. L’intervention sur le pancréas est donc postposée et le patient quitte l’hôpital après trois semaines.
Prévue à une date ultérieure, la pancréatectomie n’aura pourtant jamais lieu. Car au cours des semaines qui suivent, l’incroyable se produit. Le bilan hépatique du patient s’améliore, jusqu’à se normaliser complètement. L’appétit revient et le patient reprend du poids. Un scanner abdominal est réalisé et il ne montre plus de dilatation des voies biliaires. Et surtout, la tumeur de la tête du pancréas n’est plus visible. Pour la retrouver, les médecins effectuent un scanner par émission de positons (PET-scan), un examen qui consiste à injecter par voie intraveineuse une substance radioactive qui va se fixer sur la tumeur. Mais là encore, aucune trace de protubérance. Les résultats sont relus par plusieurs spécialistes qui ne peuvent que se rendre à l’évidence : l’adénocarcinome a disparu et l’opération programmée n’a plus aucune utilité. Réalisés plusieurs mois plus tard, les deux scanners de contrôle se révèlent également normaux. Les dosages sanguins réalisés en mai 2016 attestent eux aussi d’une guérison totale. Deux mois plus tard, le rescapé ne va cependant pas échapper à la mort car il succombe à une attaque cardiaque en dehors de l’hôpital. C’est donc à titre posthume qu’il a eu les honneurs de la littérature médicale.
L’empressement des médecins singapouriens à lui consacrer un article est compréhensible car le cancer du pancréas est une maladie de très mauvais pronostic. On estime que 4 patients sur 5 décèdent l’année même de leur diagnostic. De plus, à ce jour, on ne comptait dans les annales de la médecine que quatre cas de régression spontanée de tumeur pancréatique. Dans l’article où il relate tout ça, le blogueur et journaliste scientifique Marc Gozlan cite deux autres exemples documentés et mentionne aussi une autre guérison « miraculeuse », d’un cancer colorectal cette fois, rapporté en décembre 2017 par des médecins japonais dans la revue Surgical case Reports. Il rappelle aussi que depuis les travaux du Dr Williaw Coley, il y a plus d’un siècle, on sait que les infections et les fortes fièvres sont parfois associées à une subite évaporation des tumeurs. C’est d’ailleurs une des hypothèses retenues par les auteurs puisque l’infarctus myocardique s’accompagne fréquemment de fièvre et d’un taux élevé de globules blancs. Dans ses commentaires, Marc Gozlan précise que des régressions spontanées ont déjà été observées dans beaucoup d’autres cancers (peau, rein, sein, vessie, sang, etc.) mais il ajoute que cela ne se produit qu’une fois sur 60.000 à 100.000 cas . D’où sort ce chiffre curieusement imprécis ? Sur quelles études est-il basé ? Mystère et boule de gomme. Cette affirmation est largement sujette à caution, ne fût-ce que parce que des tas de cancers naissent et meurent à l’insu de leurs « propriétaires ». De surcroît, ce pourcentage pessimiste repose sur une véritable mystification. Pour être comptabilisé comme volatilisé, il faut en effet que le cancer soit repéré et qu’il ne soit pas du tout soigné. Or ça ne se produit quasiment jamais. Les traitements entrepris récoltent le mérite des rémissions éventuelles alors qu’il s’agit peut-être, et bien plus probablement, de guérisons naturelles étrangères au protocole thérapeutique. Le cas singapourien est emblématique car il illustre très bien ce que nous répétons régulièrement, à savoir que la maladie cancéreuse est un programme biologique comme un autre, 100% réversible à tous les stades, pour toutes les formes de tumeurs, et susceptible de disparaître très rapidement comme par enchantement. Mais nulle magie là-dedans. Depuis l’annonce du diagnostic jusqu’au décès inopiné du patient, la médecine nouvelle du Dr Hamer peut facilement supputer ce qui s’est passé à Singapour. Pour bénéficier de cet éclairage « néomédical », rendez-vous dans un prochain numéro du mensuel Néosanté car nous avons demandé à un expert de se pencher sur le sujet.
Dans d’autres journaux de santé naturelle, j’ai lu récemment des choses qui commencent sérieusement à m’agacer. L’un d’entre eux publie par exemple une interview du Dr Jean-Christophe Charrié, auteur du livre « Les clés de l’alimentation anti-cancer ». Au cours de l’entretien, ce brave docteur se permet d’énoncer que « le cancer est une maladie environnementale avant tout » et que c’est pour ça qu’il ne suffit pas d’avoir une bonne hygiène de vie pour éviter de tomber malade. Dans un autre périodique se targuant d’explorer la santé corps/esprit, c’est le Dr Jean-Pierre Willem qui répond aux questions de la rédaction et qui déclare qu’un facteur environnemental est forcément en cause « si les cancers hormonodépendants sont en forte augmentation et si les deux sexes sont touchés ». Et pourquoi donc la pollution serait-elle l’explication ? En quoi la parité hommes-femmes exclurait-elle un processus psychosomatique ? Sans minimiser l’influence délétère des perturbateurs endocriniens, il est aberrant de se focaliser sur des facteurs extérieurs dont la culpabilité est incertaine et controversée. En soi, la réalité des régressions spontanées démontre l’inanité de la causalité environnementale. Si les toxiques étaient en cause, on voit mal par quel prodige leur action cancérigène serait soudainement annulée et par quelle opération du Saint-Esprit les malades guériraient si promptement en l’absence de tout traitement. Pas aussi rare que le prétend la médecine conventionnelle, la guérison naturelle du cancer permet de présumer que la genèse de cette maladie est à chercher dans le vécu psycho-émotionnel. Et la régression spontanée de tumeurs aussi mortelles que celles du pancréas vient fortement accréditer la présomption. À l’heure où la cancérologie classique commence à ouvrir les yeux, il est assez désolant que Charrié, Willems et consorts demeurent frappés de cécité.
Yves Rasir