Suite à ma lettre de la semaine dernière, dans laquelle je mettais en doute la réalité du « covid long », j’ai reçu la réaction peinée et légèrement courroucée de Camille D., l’une des plus fidèles abonnées de la revue Néosanté. Cette Vosgienne de 74 ans a fait un covid sévère l’année dernière, en a longtemps souffert et en subit toujours les conséquences aujourd’hui. Cette lectrice m’envoie des messages depuis 10 ans et je sais qu’elle n’a rien d’une anxieuse encline à exagérer ses problèmes de santé, et encore moins d’une hypocondriaque susceptible de les imaginer. Au contraire, c’est une adepte convaincue de ce qu’elle appelle l’expectothérapie, c’est-à-dire la « médecine expectante » pratiquée autrefois et consistant à laisser se dérouler les maladies en faisant confiance aux forces guérisseuses de la nature. Dans mon entourage, beaucoup de personnes ont fait la grippe covid en 2020. Mais aucune d’entre elles, sauf ma sœur cadette atteinte d’une maladie auto-immune chronique, n’a été très accablée par le syndrome grippal qui, dans le pire des cas, a disparu en 3 semaines sans laisser de traces et sans avoir nécessité de traitement. Chez plusieurs de mes proches, l’épisode infectieux s’est résumé à un rhume, petit ou gros, et à la disparition provisoire du goût et de l’odorat. Chez Camille, en revanche, l’épreuve a été particulièrement pénible et indéniablement prolongée, avec quelques symptômes persistants dont elle n’est pas encore totalement débarrassée. Je fais donc mon mea culpa et je reconnais mes torts : des cas de « covid long » avec séquelles persistantes, il y en a ! Même si leur nombre est sans doute surestimé, pour les raisons que j’invoquais mercredi dernier, on ne peut pas le nier. Ce n’est d’ailleurs pas ce que je faisais car je mettais un point d’interrogation à mes propos dubitatifs. Je n’excluais rien, j’attendais plutôt de pouvoir vérifier la réalité du phénomène grâce à un témoignage de première main. C’est ce qui est arrivé dans ma boîte mail et je tiens aujourd’hui à partager le récit de Camille. Je le reproduis ci-dessous in extenso. Et je vous retrouve juste après pour quelques commentaires circonstanciés.
Témoignage de Camille
Je ne peux pas ne pas réagir à votre dernière infolettre, souffrant moi-même de ce qui est appelé un covid long… J'avais déjà failli le faire, sans en avoir le courage, mais là vous n'y allez pas "avec le dos de la cuillère" (ce qui fait aussi que je vous suis toujours avec intérêt… ) et j'estime avoir le devoir de vous écrire ce qui m'est arrivé, en tant que représentante auto-proclamée des personnes ayant affaire à ce problème et qui n'auront peut-être pas l'énergie nécessaire pour faire de même. Car pour ma part, j'ai la conviction qu'il y a bel et bien des cas de séquelles covid.
Préambule : je ne suis absolument pas hypocondriaque, n'ai pas vu de médecin depuis des années, n'ai pris aucun médicament chimique (même pas une aspirine) depuis au moins trente ans. Ce corona nouveau ne m'a absolument pas fait peur (à mon mari non plus) et j'ai d'emblée pensé les mêmes choses que vous de la situation. J'ajoute que je ne regarde plus la télévision depuis des années (je n'allais donc certainement pas m'y remettre en cette occasion) et que je tire mes infos de sources sûres et indépendantes. Et enfin, je n'ai nul besoin de reconnaissance…
Nous sommes retraités mon mari et moi, habitons un village des Vosges à l'écart, de 450 âmes environ, avec de bons voisins, des producteurs bio à proximité d'un petit peu tout. Nous étions "confinés" dans une grande maison avec un grand terrain de 2900 m2, avec deux chats câlins… autrement dit, il y a eu bien pire…
Très peu de temps après le début du premier confinement en France, en mars 2020, mon mari et moi avons eu une petite "crève" à laquelle nous n'avons guère prêté attention et que nous avons traitée comme d'habitude par l'expectothérapie et le repos. Il faut dire que les symptômes en étaient très légers mais, à la réflexion (qui ne nous est venue qu'après), pas tout à fait habituels : état fiévreux, énorme fatigue, oppression thoracique, essoufflement en montant l'escalier de la maison. Nous n'avons pensé au covid que plusieurs semaines plus tard car certains de ces symptômes ont perduré, peu de temps pour mon mari mais beaucoup plus pour moi. J'ai eu affaire à quatre désagréments : monstrueuse fatigue, oppression thoracique avec respiration diminuée, insomnies et douleurs musculaires.
Oppression thoracique et respiration :
Je ne suis pas du genre à courir chez les médecins, ni à passer des examens ou autres tests mais j'ai vu mon ostéopathe (que je vois régulièrement, comme entretien) fin juin. Elle avait recommencé à travailler le 10 mai et m'a dit d'emblée qu'elle allait me dire tout de suite si j'avais eu le covid ou pas car depuis qu'elle retravaillait, elle voyait un symptôme qu'elle n'avait jamais vu de toute sa pratique, qu'elle a appelé "adhérences aux poumons", chez des personnes qui avaient eu le covid, et ceci quelle qu'en ait été la gravité. Elle avait naturellement été tentée d'attribuer cela à la maladie… Ce symptôme, elle l'avait vu en cas de tuberculose ou d'infection pulmonaire mais toujours limité aux foyers d'infection. En l'occurrence, après le covid, les deux poumons étaient pris, dans leur entièreté. Elle m'a affirmé qu'elle allait pouvoir le lever et c'est ce qui s'est passé. Je me suis alors aperçue que je m'étais adaptée et devais limiter ma respiration sans m'en rendre compte car j'ai vraiment eu l'impression d'une libération dans ma poitrine et d'une ampleur de respiration retrouvée. J'ai revu mon ostéopathe deux fois depuis et ce n'est pas revenu…
Les insomnies : toujours là aujourd'hui, mais de moins en moins fréquentes.
La monstrueuse fatigue : du jamais vu ! J'ai connu, il y a longtemps, les fatigues importantes dues à un zona ou à une mononucléose, rien à voir… J'ai été une vraie loque la plupart du temps pendant des mois alors que je suis plutôt une hyperactive toujours sur le pont et que je n'ai pas l'habitude de m'écouter. J'ai fini par me décider à prendre le protocole "covid long" d'un naturopathe qui écrit dans Rebelle Santé, un journal sympathique auquel je suis abonnée. Cela m'a bien aidée et l'énergie a commencé à revenir en décembre mais j'ai encore aujourd"hui (presque un an après…) des moments "flouf"… où je suis littéralement bonne à rien.
Douleurs musculaires : légères mais handicapantes dans mon bras gauche qui a perdu peu à peu une partie de sa mobilité (vers l'arrière heureusement, ce qui est moins gênant). Mon ostéopathe, toujours, n'a rien pu y faire et m'a dit avoir vu d'autres cas. La dégradation s'est arrêtée il y a peu et une légère amélioration semble s'installer. Je ne désespère donc pas et laisse mon corps se débrouiller. Je ne suis pas très à plaindre car il y a des personnes beaucoup plus affectée que moi par des séquelles covid. Ayant vu la vidéo d'une dame qui a fondé une association à ce sujet, je l'ai contactée pour lui indiquer le rôle bienfaisant que pouvait avoir l'ostéopathie et pour avoir communiqué avec elle, je suis pour ma part convaincue qu'il existe bel et bien des séquelles longue durée de cette maladie, peut-être pas autant que ce qui est dit, je vous l'accorde.
J'ajouterai que j'ai une réflexion personnelle sur la santé depuis très longtemps et c'est cela qui m'a conduite à m'abonner à Néosanté dès le premier numéro car j'y trouvais de quoi conforter et enrichir cette réflexion. Lorsque je suis malade… je n'en fais pas une maladie ! J'essaie toujours de remonter en amont (avec un ou deux succès spectaculaires à mon actif qui ont inversé des processus) mais en l'occurrence, avec ces séquelles étranges, je n'arrive pas à comprendre pourquoi cela m'est arrivé… Pour ce qui est de cette pseudo-pandémie, qui est plutôt une "plandémie" comme disent certains lanceurs d'alerte, je suis effarée des mesures prises qui nous conduisent tout droit à une dictature et à un asservissement, sous les yeux des "mougeons" et autres "moutruches". Albert Einstein a écrit que "le mal n'arrive pas dans le monde par ceux qui le font mais par ceux qui les regardent sans rien faire"… Le petit virus instrumenté à outrance n'est que le prétexte mais pour ma part, les séquelles qui existent pour certains sont tout de même bizarres et me conduisent à avoir quelques doutes sur son origine.
Merci de votre attention si vous m'avez suivie jusqu'ici… (je l'espère, en dépit de la longueur de mon message mais je pensais important de vous donner ces renseignements).
Avec mes meilleures pensées.
Camille D.
PS : J'ai bien entendu payé de ma poche ostéopathe et compléments alimentaires et ne suis donc pas à la recherche d'argent avec une maladie longue durée (je ne vois pas très bien comment on peut gagner de l'argent comme cela, mais je ne suis pas très douée en ce domaine). Mais je pense que les personnes souffrant de séquelles importantes dues réellement au covid – et ma conviction est donc qu'il y en a – vont effectivement vous avoir trouvé odieux !
Mes commentaires
Le premier commentaire que j’ai envie de faire est un petit plaidoyer pro domo : rien ne prouve que les malheurs de Camille sortent véritablement de l’ordinaire. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, la grippe saisonnière « banale » est également une affection potentiellement sévère et fréquemment mortelle lorsqu’elle « tombe sur les poumons » et dégénère en pneumopathie, la pneumonie « atypique » étant en réalité assez commune et bien connue de la médecine. Bon an mal an, entre 5 et 20% des syndromes grippaux sont associés à la présence de virus de la famille « corona ». Aucun symptôme du covid n’est sa propriété exclusive et aucune séquelle à long terme n’en est non plus sa « marque de fabrique » caractéristique. De l’anosmie/agueusie des cas légers à la détresse respiratoire aigüe des cas critiques en passant par les douleurs articulaires et les troubles vasculaires, aucun signe clinique du covid n’est véritablement neuf et « original ». Ainsi que je l’ai relevé dans de précédentes infolettres, seule la fréquence de l’hypoxie silencieuse et des microthromboses au niveau des capillaires pulmonaires peut être considérée comme relativement insolite. La toute grande nouveauté de 2020, c’est l’hystérie collective qui a déferlé sur terre et qui a transformé deux vagues d’infections hivernales en événements hors-normes. Pour juger de leur banalité, voici encore une étude belge en voie de publication et un article rédigé par un scientifique français attestant que la pseudo-pandémie n’a rien de cataclysmique et que la grippe covid n’est guère plus meurtrière qu’une autre quand on standardise les données pour refléter le vieillissement accéléré de la population. Pour moi, je persiste et signe, le covid long est probablement une illusion d’anormalité résultant de l’effet-loupe, autrement dit de la focalisation un peu folle de la recherche mondiale sur le sujet. Si la communauté scientifique faisait chaque année l’effort de traquer les suites de la « bête grippe », peut-être trouverait-elle autant de séquelles tenaces et de symptômes coriaces passés jusqu’à présent inaperçus…
En guise de deuxième commentaire, je relève ce que Camille soulève elle-même : elle a beaucoup souffert et souffre encore du covid alors que son mari s’est vite rétabli et que la maladie n’a pas joué les prolongations chez lui. Il faut savoir que notre fidèle lectrice a derrière elle un long passé pathologique, tant sur le plan psychique que somatique. Dans sa jeunesse, elle a fait aussi la fameuse grippe de Hong-kong qui l’a laissée sur le flanc plusieurs semaines. Elle jouit aujourd’hui d’une belle santé et d’une rare vitalité mais il n’en a pas toujours été ainsi. Jusqu’à ce qu’elle découvre la médecine naturelle, il y a une trentaine d’années, l’habitante des Vosges était malade plus souvent qu’à son tour. Si elle a clairement amélioré son terrain, on peut présumer qu’elle n’en a pas gommé toutes les faiblesse ni estompé toutes les prédispositions. Propensions à caractère génétique ? L’explication est sujette à caution car Camille m’a fait une révélation intéressante dans un courriel ultérieur : sa propre mère, qui a fêté ses 100 ans en avril dernier, a développé pour sa part un covid qui a duré… 3 jours et n’a donné lieu à aucun désagrément postérieur. À l’instar d’autres « covidés » pourtant très âgés, la centenaire n’a ressenti qu’un vague état grippal passager ! Y-a-il démonstration plus convaincante que le virus n’est rien en soi et que tout dépend de l’organisme où il se manifeste ? Camille n’est porteuse d’aucune comorbidité diagnostiquée mais elle est arrivée à l’âge où une infection « classique » peut faucher les plus vulnérables et exercer des effets durables. Tout comme l’absence de preuves n’est pas une preuve de l’absence, notre abonnée est probablement porteuse de fragilités que sa robustesse apparente ne suffit pas à contenir lorsque des circonstances pathogènes surviennent. Lesquelles ? Mystère et boule de gomme. Camille soupçonne que cette épidémie « bizarre » provient de facteurs environnementaux inédits et nous la rejoignons complètement sur ce point : il reste bien des choses à éclaircir sur la réelle origine de la grippe covid !
Pour conclure, mon troisième commentaire sera admiratif : parce que, selon sa jolie expression, « elle n’en fait pas une maladie lorsqu’elle tombe malade », Camille a eu la très bonne idée de ne pas se précipiter vers la médecine conventionnelle et de chercher des solutions naturelles. Et elle les a visiblement trouvées pour certains symptômes. Son récit témoigne à suffisance de l’apport de l’ostéopathie dans le traitement de l’oppression thoracique et des difficultés respiratoires. Son regain d’énergie, elle l’attribue à un « protocole naturopathique » sur lequel je lui ai demandé des précisions : il s’agit d’une liste de compléments alimentaires préconisés par le naturopathe Didier Le Bail, notamment les vitamines C et D, le sureau et le thym en tisanes et l’huile essentielle de Laurier noble en massage. Si vous voulez en savoir plus, sachez que ce thérapeute a déjà écrit plusieurs livres aux éditions Mosaïque Santé. Sur le site de nos confrères de Rebelle Santé, plusieurs personnes témoignent que le protocole « Le Bail » les a également aidées à surmonter le covid. Dans le dernier numéro du magazine, il paraît que le naturopathe vante aussi les vertus de la mélatonine. Bref, qu’il soit bref ou long, le covid ne doit pas effrayer car il n’est pas sans solutions dépourvues de dangers et d’effets secondaires. Du témoignage de Camille, c’est d’ailleurs ce que je vous propose de retenir absolument : malgré le climat de terreur ambiant et son état de santé préoccupant, elle n’a pas paniqué et ne s’est même pas laissée gagner par le stress. Il faut dire que la lectrice de Néosanté est abonnée depuis les tout débuts du mensuel. Elle est donc bien informée que la symptomatologie des maladies infectieuses signale généralement l’entrée en autoguérison et que le corps humain est le plus souvent apte à surmonter cette phase délicate. Elle n’ignore pas non plus, comme nous le rappelons sans cesse depuis un an, que la peur de mourir et l’angoisse d’étouffer sont précisément les facteurs déclenchants et aggravants des pathologies pulmonaires. Puisse son expérience de l’expectative paisible en inspirer plus d’un…
Bonjour, un reportage d’Envoyé special sur le covid long a été diffusé le 13 octobre 2022. Plus d’un an après cet article qu’en pensez-vous?
https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/envoye-special-du-jeudi-13-octobre-2022_5376652.html