Le samedi 11/10/14, j’étais invité à l’hôpital Tenon, pour les 32èmes Rencontres de médecines alternatives et complémentaires. Le thème qui m’avait été fixé par les organisateurs était le suivant : “Y a-t-il des raisons objectives de se méfier des vaccins ?”.
On trouvera ci-après le texte de ma communication, dont les deux mots-clés sont “objectif” et “méfiance” [1].
Dans la mesure où, par discrétion, je fais l’usage le plus modéré possible des listes de diffusion, je remercie par avance les lecteurs intéressés de s’impliquer personnellement dans la dissémination de ce texte, qui concrétise un effort didactique tout particulier pour expliquer au public (spécialisé ou profane) les principaux problèmes en jeu avec LES vaccins (et, par conséquent, les pièges d’une propagande qui abrite ses dangereuses tromperies derrière le mythe de “la” vaccination).
Table des matières
1. Introduction
2. Principaux obstacles à l’appréhension du problème
Vaccination ou vaccins
L’illusion réductionniste
Dérive vers le préventif
3. Raisons “objectives” de “se méfier”
Insuffisances du développement
Procédure d’enregistrement
Après commercialisation
4. Aluminium vaccinal
5. Conclusion
Introduction
Un bref exemple tiré de l’expérience vous aidera à comprendre ma perplexité chaque fois qu’il m’est demandé d’intervenir publiquement sur des questions vaccinales. Sans me vanter, je pense être probablement la personne au monde – je pèse mes mots – qui connaît le mieux le dossier de tolérance du vaccin contre l’hépatite B, pour une raison simple et facilement documentable : j’ai été missionné, notamment par les autorités judiciaires, des milliers d’heures pour prendre connaissance de ce dossier, incluant de nombreuses pièces non publiées. L’apparente arrogance de mon propos se justifie ensuite sur la base de critères assez objectifs – dont on pourrait faire l’épreuve ici si le temps nous en était donné : quand je lis un article sur le sujet, je n’apprends rien d’une part, je vois immédiatement ce qui a échappé à l’auteur d’autre part. Eh bien ! nonobstant cette connaissance exceptionnelle et probablement unique de cette vaccination [2], je suis dans l’incapacité de répondre lorsqu’on m’interroge sur un dossier connexe, comme par exemple le lien possible entre le ROR et l’autisme : la seule chose que je puisse dire à ce dernier sujet, c’est qu’à chaque fois qu’une étude infirmative m’est tombée entre les mains, elle m’est apparue d’une grande faiblesse méthodologique – pour ne point parler de la crapulerie objectivable de certains parmi les plus éminents défenseurs de ce vaccin.
Ce qui ressort de tout ça, c’est que les sujets dont nous parlons sont complexes, que les fabricants et leurs protecteurs officiels ont des ressources illimitées pour noyer n’importe quelle contribution importante dans un flot d’articles nuls [3], mais asphyxiants. Réciproquement et n’en déplaise aux antis qui savent tout sur tout – de tous les vaccins à l’industrie nucléaire en passant par les OGM et les ondes électromagnétiques -, c’est une stratégie vouée à l’échec que de résister frontalement à une telle puissance de désinformation.
« Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde », disait – paraît-il – Archimède. Dans les considérations qui suivent, je vais m’attacher à vous fournir quelques points d’appui d’ordre méthodologique, en les illustrant chaque fois d’exemples pratiques, mais facilement « objectivables » (pour respecter le thème qui m’a été fixé aujourd’hui) avec l’ardent espoir qu’ils vous aident effectivement à soulever la chape de désinformation laquelle, plus que jamais aujourd’hui, met gravement en péril la santé de nos concitoyens (notamment les plus jeunes et les plus âgés), notre système de solidarité, ainsi que notre crédibilité éthique et professionnelle.
Principaux obstacles à l’appréhension du problème
Je vois trois principales composantes au déficit de compréhension médicale qui fait actuellement le terreau d’une criminalité pharmaceutique usant des vaccinations abusives comme mode opératoire.
Vaccination ou vaccins ?
C’est un tic de langage constant (dont témoigne encore le dernier avis du HCSP sur l’obligation vaccinale) d’évoquer « la vaccination » comme entité globale plus ou moins sacralisée en lieu et place des vaccins dont chacun devrait appeler une évaluation individualisée.
Certes, il nous arrive tous d’évoquer « l’antibiothérapie », mais par une globalisation simplement terminologique qui ne renvoie à aucune implicite automatique : si je vous dis que tel antibiotique n’est pas très efficace dans telle indication, ou qu’il pose d’importants problèmes de tolérance, aucun d’entre vous n’aura même l’idée de me rétorquer que mon propos va gravement nuire à l’image de « l’antibiothérapie » en général, alors que c’est le type d’argument auquel on se heurte constamment dès que l’on prétend s’attacher à une évaluation individualisée de tel ou tel vaccin. Pour s’en tenir simplement à la présente communication, qui aurait eu l’idée de m’inviter sous le titre « Y a-t-il des raisons objectives de se méfier des antibiotiques/ des anticancéreux ? » ? Il faut donc apprendre à s’étonner quant à des formulations qui nous sont devenues réflexes alors qu’à y réfléchir tant soit peu, elles sont clairement saugrenues : Pandemrix, piteusement retiré en 2010 pour son potentiel à causer – entre autres – des narcolepsies, c’est LA vaccination, ou bien un vaccin parmi d’autres ? Même question avec le classique DTP, retiré de la circulation depuis 2008 : ce retrait de fait, décidé par les autorités en manifeste connivence avec les fabricants, c’est une pierre dans le jardin de LA vaccination ?
Mais sortir de l’idéologie inculquée depuis l’école primaire [4] concernant LA vaccination pour se décider à considérer chaque spécialité vaccinale comme un médicament parmi d’autres, c’est du même coup soumettre les vaccins au filtre d’une analyse technico-réglementaire même sommaire, quand il est patent que les autorités normalement en charge de cette analyse font tout pour en dissimuler les tenants et les aboutissants. Exercer – surtout contre les autorités de tutelle – un regard critique sur le processus qui a permis d’autoriser la mise sur marché de telle ou telle spécialité appelle néanmoins un savoir qui, dans notre pays, est très mal maîtrisé par les médecins : la parfaite ignorance de la profession médicale à l’endroit de la réglementation pharmaceutique est illustrée, a contrario, par le pseudo-rapport de Debré et Even qui lui fut consacré en 2011, alors que l’ignorance abyssale des deux auteurs en pareille matière saute aux yeux [5]…
Le paradigme réductionniste
Cette absence de formation aux exigences de la recherche clinique amène également à l’examen critique du paradigme réductionniste qui reste si présent dans la formation médicale. Tout en sachant que l’opinion inverse existe, je suis loin de penser qu’un renforcement de la formation médicale en pharmacologie serait de nature à améliorer les performances des médecins comme thérapeutes.
Il s’en faut de beaucoup, en effet, que les propriétés des molécules telles qu’étudiées à la paillasse, voire sur des animaux, permettent de prédire avec fiabilité leurs éventuelles vertus thérapeutiques : les poubelles de l’industrie pharmaceutique sont pleines de super innovations qui auraient dû marcher alors que tel n’a pas été le cas, tandis que l’histoire même de la pharmacie n’est pas avare de produits – l’aspirine, les bêta-bloquants… – qui ont été utilisés non sans succès sans qu’on ait la moindre idée quant à leur mécanisme d’action. Le premier enseignement de la recherche clinique comme de l’épidémiologie, c’est qu’on peut être certain d’un effet sans avoir la moindre idée de son mécanisme : on a su que l’eau non potable pouvait causer le choléra ou que le tabac pouvait conduire à des cancers bien avant que l’on commence à comprendre pourquoi.
Ce qui est vrai pour les médicaments en général l’est encore davantage avec les vaccins, dont l’efficacité sur les véritables événements cibles est tellement difficile à mettre en évidence que l’on est bien obligé de se contenter de marqueurs intermédiaires : taux d’anticorps, lésions réputées précancéreuses, etc. Mais dans l’attente d’une preuve épidémiologique solide, il faut se garder des fausses réassurances fondées sur la simple logique : même si elle était démontrée, une réduction des lésions précancéreuses liées aux virus HPV 16 ou 18 ne garantirait en rien une réelle prévention des cancers liés au HPV. On a tous connu, d’autre part, des individus dûment vaccinés contre la coqueluche et qui ont fini par développer cette maladie. Dans le même ordre d’idées, ce n’est pas parce que la fréquence ou la dangerosité d’une maladie infectieuse ont diminué que cette évolution est imputable à une vaccination – et j’ai déjà détaillé le précédent éloquent de la rougeole.
Dérive vers le préventif
L’intérêt nouveau de Big Pharma pour les vaccins s’inscrit dans une dérive plus large du curatif vers le préventif. On ne l’a pas assez remarqué : l’essentiel de la pratique médicale aujourd’hui – la lutte contre l’hypertension artérielle légère à modérée, contre le cholestérol, contre l’ostéoporose, contre l’obésité, contre la plupart des diabètes, la médicalisation de la grossesse, les vaccinations, etc. – tout cela s’inscrit dans une impressionnante et récente dérive de la médecine du curatif vers le préventif [6].
Les bénéfices lucratifs d’une telle dérive sautent aux yeux, à commencer par le premier : il y a beaucoup plus de bien-portants que de malades – sans compter qu’on prend nettement moins de risques à prescrire un pharmakon (un poison, disait-on, au temps d’Hippocrate) chez une personne en parfaite santé que chez un sujet déjà fragilisé par la maladie. Parlerait-on de désertification médicale si les médecins se contentaient de faire ce qu’on leur a appris, pour l’essentiel : soigner des malades, et rien que des malades ?
Mais alors que la prise en charge des malades s’inscrit au cœur de ce que les médecins ont appris à l’université, où ces derniers ont-ils appris à soigner les bien-portants ? Et tandis que quelles qu’aient pu être les faiblesses potentielles de la formation, il y a forcément un retour d’expérience quand on essaie de guérir ou d’améliorer quelqu’un qui ne va pas bien, il est où ce retour d’expérience quand on vaccine un bébé ou une gamine en promettant aux parents que dans 20, 30 ou 40 ans, ils seront sans doute moins exposés à telle ou telle pathologie que s’ils n’étaient pas vaccinés ? Dès lors, qui l’a dit aux praticiens, si ce n’est pas l’expérience ? Big Pharma et ses mercenaires [7], tout simplement.
Car elle est où, à la fac, la réelle [8] formation épidémiologique ou statistique qui permettrait aux médecins de se faire une idée autonome [9] sur l’intérêt de telle ou telle mesure préventive – quand il est patent que nombre d’entre eux sont incapables de distinguer une bête série de cas (case series) d’un authentique essai clinique ?
• En bientôt vingt ans, je n’ai encore jamais rencontré un confrère capable de relever ce qui saute pourtant aux yeux, à savoir que, pour avoir été hystériquement médiatisée comme exonérant les vaccins contre l’hépatite B de tout soupçon, la première étude cas/témoin sur le risque de sclérose en plaques [10] avait une puissance statistique de 30% pour détecter un doublement du risque : en d’autres termes, que si le risque neurologique était rien de moins que doublé – situation scandaleuse en regard du risque minime de contracter une hépatite grave dans une population normale –, la super étude mise en place par les autorités pour rassurer les foules (et conforter les vaccinateurs dans leur propagande) avait 70 chances sur cent (plus de deux chances sur trois) de ne pas le détecter.
• Qui n’a jamais tilté, d’autre part, sur l’aveu patelin des « épidémiologistes » de l’Agence [11] qu’il suffirait d’une multiplication par 1,1 du taux de notification pour qu’on bascule dans la catastrophe – encore jamais vue, dans mon expérience de la pharmacovigilance – d’un nombre de cas « observés » supérieur au nombre de cas « attendus », quand il est par ailleurs notoire qu’en matière de vaccinations tout particulièrement, les taux de notifications par rapport au nombre réel de cas observés sont plutôt inférieurs à 10% et, plus probablement encore aux alentours de 1%. De telle sorte que pour s’en tenir à cette dernière estimation, la plus probable, il suffirait d’une marge de un millième sur le paramètre crucial de la sous-notification (qu’au lieu de déclarer un cas sur cent, on en déclare onze sur mille) pour que tout bascule : qui croit sérieusement qu’un programme de vaccination « universelle » puisse reposer sur des raffinements d’une incongruité aussi énorme ?
• De tous les confrères, enfin, qui ont repris en chœur l’antienne sur une pseudo-toxicité liée au vaccin contre l’hépatite B qui n’aurait jamais dépassé les frontières de l’Hexagone, combien ont eu l’élémentaire curiosité d’aller vérifier sur Medline l’origine géographique des articles qui lui sont consacrés [12].
Quelques raisons pour « se méfier »
Pour n’importe quel professionnel tant soit peu au fait du technico-réglementaire pharmaceutique, le secteur vaccinal offre, de fait, de multiples raisons pour « se méfier ». Comme toujours en pareille matière, on les comprendra mieux en s’attachant à suivre la vie du médicament à chacune de ses étapes : 1) développement, 2) autorisation de mise sur le marché, 3) après commercialisation.
Insuffisances du développement
Évaluation des bénéfices
Parmi les raisons « objectives » de se méfier, on peut citer sans esprit d’exhaustivité :
• la dispense parfois faite aux nouveaux composés d’affronter en double aveugle une comparaison contre de vrais placebos ;
• l’utilisation de marqueurs intermédiaires (taux d’anticorps, lésions réputées précancéreuses…) en lieu et place des événements-cibles que l’on cherche à éviter (en l’occurrence, la survenue d’une infection et, plus exactement, de ses potentielles complications) ;
• les modifications brutales du schéma de primo-immunisation ou de rappel :
il est ahurissant que, pourtant pharmacienne de formation, Madame Bachelot ait présenté comme une super nouvelle qu’on allait pouvoir vacciner contre le vaccin H1N1 en une seule fois au lieu des deux initialement prévues, alors que cette annonce incongrue attestait la nullité des études de dose ranging (détermination de posologie), pour ne point parler de la catastrophe financière consistant à avoir indûment commandé double dose ;
qui s’est ému, d’autre part, quand, en avril 1998, il a suffi d’un petit mois à l’ancêtre du HCSP pour bouleverser radicalement le schéma de rappel de la vaccination contre l’hépatite B ? Qui croit sérieusement qu’un petit mois de réflexion puisse se substituer aux études long terme qui, seules, pourraient évaluer l’impact de tel ou tel schéma sur l’immunité à 5, 10 ans ou plus ?
Évaluation des risques
Venons-en aux risques, là encore sans esprit d’exhaustivité.
▪ Il va de soi que quand les comparaisons ne se font pas contre un vrai placebo, les évaluations de tolérance sont encore plus affaiblies que celles d’efficacité : compte tenu des insuffisances notoires de la codification, la multiplication des intolérances locales à des « placebos » plus ou moins irritants ou immunologiquement actifs contribue à noyer les vraies réactions au vaccin testé dans un brouillard de signification médicale et statistique incertaine.
▪ On n’entrera pas, non plus, dans l’affreux détail des regroupements d’essais qui permettent de crédibiliser qu’une comparaison à un groupe témoin tant soit peu consistant aurait effectivement été mise en place, alors que le principe même du regroupement tue celui de la randomisation : si vous faites un groupe de pygmées comparable à un autre groupe de pygmées, puis un groupe de joueurs de la NBA comparable à un groupe de joueurs de cette même NBA, plus rien ne sera comparable à rien lorsque vous regrouperez pygmées et basketteurs.
▪ Dans l’ordre des exceptions à la règle – voire à la loi – on relèvera l’extraordinaire facilité avec laquelle, médicaments pourtant destinés à des sujets en parfaite santé, les vaccins peuvent se trouver dispensés de justifier les événements les plus graves survenus au cours des essais cliniques. Ainsi de ces sept décès survenus en cours des essais cliniques sur Pandemrix, pour la prévention d’une maladie aussi banale que la grippe, avec comme seule information spécifique que ces morts n’étaient « pas liées » au médicament à l’étude. Ainsi du dossier Gardasil où, même devant la FDA, les décès qui se sont produits juste après l’injection (et qui sont, à ce titre, fort susceptibles d’être dus au vaccin) sont purement et simplement noyés dans les décès à long terme, incluant les accidents de la circulation, les suicides et les morts obstétricales… Pour avoir rédigé dans ma vie des centaines de rapports d’étude ou d’évaluation sur la tolérance, je n’avais encore jamais vu que l’on se contentât d’un tel nuage d’incertitude par rapport aux exigences sinon très pointilleuses de guidelines qui contraignent les évaluations des décès en cours d’essai clinique.
▪ Que dire quant à la durée des études de tolérance : 4 jours avec Engerix, 15 jours pour l’essentiel avec Gardasil ? Ce paradoxe atteste que l’illogisme n’est pas forcément l’apanage des ligues anti-vaccinales, fussent-elles débiles : alors qu’à la différence des médicaments « classiques » (ceux qui sont supposés guérir ou améliorer une maladie constituée), les vaccins sont réputés exercer leurs effets immunologiques bénéfiques sur plusieurs années, voire plusieurs décennies, au nom de quoi tiendrait-on pour acquis qu’ils ne peuvent exercer des effets immunologiques indésirables sur le même long terme ? On m’objectera avec raison un argument que j’ai moi-même soutenu en son temps [13], à savoir qu’il existe des limites financières évidentes au suivi des médicaments sur le long terme. Cependant, la rentabilité des vaccins est assez faramineuse pour justifier l’obligation qui serait faite aux fabricants de mettre en place, moyennant un coût dérisoire toutes choses égales par ailleurs, les études épidémiologiques adéquates sur quelque long terme que ce soit en vue d’apprécier rigoureusement, sur des critères directs et réalistes, l’efficacité et la tolérance de leurs spécialités.
▪ C’est un autre indicateur de l’imprudence forcenée qui préside à l’évaluation des vaccins qu’alors que voici peu, encore, on freinait des quatre fers pour inclure dans les essais les « espèces protégées » (enfants, femmes enceintes, sujets âgés, patients avec des pathologies sous-jacentes), aujourd’hui la mode est à vacciner d’autant plus que le sujet est fragilisé, justement : lors de la campagne H1N1, je ne compte pas le nombre de femmes enceintes qui ont fait une fausse couche dans les suites de leur vaccination, ou encore les asthmatiques qui se sont retrouvés sous tente à oxygène au motif que personne ne serait aussi vulnérable qu’eux à la grippe… Je ne parle pas non plus des petites « grenouilles » prématurées de 1 kg ou à peine plus chez lesquelles l’administration de bombes immunologiques à valences multiples est présentée dans le dossier de néonatologie comme une réassurance pour la suite…
▪ Autre raison « objective » pour “se méfier” des vaccins – et spécifiquement des vaccins : alors que depuis les années 1980, l’accent a été mis par les agences sanitaires sur le retrait des associations médicamenteuses comme représentatives d’une pharmacie d’un autre âge (le retrait de Diantalvic étant l’exemple récent le plus notoire de cette stratégie d’épuration), il est extrêmement difficile de justifier que la tendance ait été exactement inverse avec les vaccins…
Plus gravement, le parti pris de prévention systématique contre toutes les maladies infectieuses au seul motif de faire de l’argent fait l’impasse sur la fonction adaptative éventuellement bénéfique de ces maladies, surtout quand elles sont majoritairement bénignes. Il y a fort à penser, par exemple, que, dans leur implacable récurrence annuelle, les infections virales telles que la grippe jouent un rôle fondamental dans l’entretien ou la restimulation de l’immunité humaine – et qu’il vaudrait mieux ne pas jouer avec ça. Dans le même ordre d’idées, j’ai déjà montré comment le bouleversement écologique lié à une politique vaccinale irresponsable avait fait passer la rougeole d’une maladie globalement vaincue avant la généralisation de la vaccination (du moins dans nos contrées) à une maladie qui pose désormais de véritables problèmes de santé publique.
Enfin, en promouvant sans raison probante les vaccinations contre tout et n’importe quoi, les autorités jouent de façon irresponsable avec « la mosaïque de l’auto-immunité » [14] en multipliant de façon purement mécanique le risque auto-immun inhérent à chaque vaccination, que personne de sérieux ne saurait mettre en doute, qui peut être acceptable dans le contexte d’une immunisation contre une maladie grave et incurable, mais certainement pas comme résultante d’un cumul sans aucune justification épidémiologiquement sérieuse : qu’ils soient journalistes ou professionnels, les chiens de garde de la presse ont beau colporter sans preuves que l’épidémie actuelle de pathologies auto-immunes ne serait qu’un artéfact, chacun a le droit de se faire sa propre opinion et d’attendre autre chose que des études minables pour renoncer à ce terrible soupçon [15].
Évaluation du rapport bénéfice/risque
Ces derniers jours ont bruit du procès pour maltraitance fait à des parents qui n’ont pas exposé leurs enfants aux vaccinations obligatoires et à l’occasion duquel les habituels bouffons de l’infectiologie et de la vaccinologie sont venus soutenir sans ciller que ne pas faire les vaccins serait beaucoup plus risqué que de les faire [16] : il faut vraiment n’avoir peur de rien pour soutenir une telle ânerie qui est exactement le contraire de la réalité. Un seul exemple suffira à le montrer.
Plongeons-nous dans le dossier américain de Gardasil : nous constaterons qu’une fréquence de 2% est le seuil auquel s’arrêtent les autorités pour discuter des effets indésirables qui leur apparaissent significatifs. C’est dire que les autorités admettent qu’en deçà de 2%, on tombe dans une zone grise où l’on commence à ne plus pouvoir reconnaître ses petits. Cependant, quand on prétend faire une vaccination « universelle » (et avec « rattrapage » en plus !), on part, dans un pays comme le nôtre, sur un effectif d’environ 800 000 personnes exposées chaque année à la vaccination, par rapport auquel une « zone grise » de 2% correspond quand même à 16 000 personnes : vous en connaissez beaucoup, vous, des pathologies infectieuses graves, impossibles à prendre en charge par autre chose qu’un vaccin, qui touchent 16 000 patients chaque année dans notre pays ? Et quand bien même, vous en connaissez beaucoup de vaccins qui permettraient de garantir que 100% des patients concernés seraient effectivement protégés : il remonte à quand, dans votre clientèle, le dernier patient vacciné contre la coqueluche et qui a néanmoins développé la maladie – pour autant que vous ayez pensé au diagnostic ?…
Pour autant que vous ayez pensé au diagnostic, en effet : car – et j’en reviens à ma critique initiale sur la dérive de la médecine préventive – c’est un autre inconvénient de l’accent désormais mis sur les vaccinations et rien que les vaccinations que le nombre de confrères incapables de poser un diagnostic de maladie infectieuse est désormais impressionnant : ça commence à entrer dans le rapport bénéfice/risque quand le diagnostic à côté duquel un médecin est passé est celui de méningite…
Procédure d’enregistrement
Faute de temps, je serai rapide sur les raisons de « se méfier » dès qu’on en arrive au processus d’enregistrement d’un nouveau vaccin.
▪ Les inconvénients des procédures d’enregistrement indûment « accélérées » (HPV, H1N1) aggravent ceux liés à l’utilisation obligée de marqueurs intermédiaires : malgré les dénégations initiales des chiens de garde du système, on a commencé d’apercevoir le résultat avec les narcolepsies après vaccination contre le H1N1.
▪ Autre scandale “objectif” : l’élargissement indu d’indications, parfois via des obligations intolérables (ancien art. L10 du CSP) dont on attend toujours la moindre justification épidémiologique.
▪ Globalement et alors que seuls les naïfs n’ont pas compris que le dernier avis du HCSP vise bien un effrayant élargissement des obligations vaccinales, et certainement pas leur levée, la raison la plus « objective » pour se « méfier » n’a pas changé depuis la scandaleuse campagne de 1994 [17] : dans la mesure où, dans notre pays, l’on n’a pas la moindre donnée épidémiologique fiable sur les maladies infectieuses, sur la base de quoi – de quels indicateurs – est-il possible de fixer une politique de santé publique [18] ?
▪ La légèreté de l’administration se reconstitue, cette fois caricaturalement, de ces trois vaccins légalement obligatoires dont la caractéristique la plus visible est… qu’ils sont néanmoins indisponibles. Outre l’incongruité médico-scientifique des pauvres prétextes évoqués pour rendre ces vaccins indisponibles, il existe une autre raison « objective » pour se « méfier » : le moyen réglementaire utilisé depuis 2008 par l’Agence est parfaitement illégal, puisqu’une “suspension” ne peut se prolonger plus d’un an (Art. R5121-47 du Code de la santé publique)…
Après commercialisation
Pharmacovigilance
La pharmacovigilance après commercialisation offre un nouvel exemple de la parfaite incohérence des autorités sanitaires en matière de vaccination : alors que la dramatisation de l’exceptionnel est le prétexte constant pour promouvoir les vaccinations les plus diverses (pensez à la rougeole ou à la grippe), toute complication de cette promotion vaccinale est balayée d’un revers de la main au motif qu’elle serait « exceptionnelle »…
Une autre incohérence fournit une autre raison objective de se méfier : alors que des données collectées par un système comme le VAERS américain sont complaisamment évoquées lorsqu’elles sont rassurantes, elles sont immanquablement disqualifiées pour leur manque de fiabilité dès qu’elles suggèrent un problème de tolérance.
La même incohérence, justiciable d’une même « méfiance », se retrouve au niveau du processus décisionnel : alors que selon le rapport Dartigues (2002), la vaccination contre l’hépatite B a généré l’une des plus grandes séries d’effets indésirables depuis que la pharmacovigilance existe, il a été conclu que cela ne devait justifier aucune précaution supplémentaire, attendu que comme on avait vacciné la moitié de la population, la fréquence d’effets indésirables même aussi graves que des décès ou des scléroses en plaques était juste imputable à un “bruit de fond” [19]. En revanche, lorsque quelques cas d’intolérance locale, toutes réversibles et parfaitement banales ont été rapportées après vaccination par le DTP, le retrait de fait s’est immédiatement imposé « par mesure de précaution » (communiqué 11/06/2008) alors que la population exposée à cette vaccination obligatoire était par définition encore plus large que celle exposée aux vaccins contre l’hépatite B… Comprenne qui pourra.
Parmi les autres raisons « objectives » pour se « méfier » quant aux dispositions mentales des médecins et des autorités à l’endroit des effets indésirables, je citerai :
▪ la tendance presque unanime des praticiens à ignorer, voire à ridiculiser, tout signalement de complication post-vaccinale – qui contribue à une maximisation extraordinaire d’une sous-notification déjà majeure avec les médicaments en général ;
▪ la quasi-incapacité des professionnels à ne serait-ce qu’envisager les vaccinations comme hypothèses étiologiques dans la survenue d’une pathologie : on voit ça, par exemple, quand, après la mort subite d’un nourrisson ou une réaction immunitaire bizarre, le médecin concerné souligne comme une réassurance bienvenue que le bébé ait été à jour de ses vaccinations, sans le moins du monde se demander si cette fameuse « mise à jour » n’a pas pu jouer un rôle causal dans la mort subite ou le syndrome dysimmunitaire en question…
Publicité
La corruption de la publicité pro-vaccinale est tellement endémique et radicale que je pourrais sans forfanterie occuper toute la durée de notre colloque à vous en donner des exemples dont on ne manquerait pas de rire alors qu’il faudrait sans doute en pleurer : rappelez-vous que lors de la grande campagne de vaccination « universelle » en 1994, on reconstituait des brochures marketing destinées aux voyageurs qu’un pays comme le Luxembourg devait être inclus dans la liste des destinations réputées à risque !… Dans la mesure où nous sommes quotidiennement assaillis de messages strictement mensongers relatifs aux bénéfices ou aux risques des vaccins – on l’a bien vu encore le jeudi 09/10/14 avec cette unanimité organisée par la presse dénonçant l’irresponsabilité des parents poursuivis pour n’avoir pas exposé leurs enfants aux obligations vaccinales en vigueur [20] – j’ai plus nouveau à vous exposer dans l’ordre des raisons « objectives » pour se « méfier ».
Il faut savoir, en effet, que les vaccins sont quasiment le seul secteur pharmaceutique où le visa des autorités concernant les documents promotionnels des fabricants est donné a priori et non a posteriori : il en résulte – ce que n’ont pas encore aperçu les magistrats du Pôle santé ! – que toute tromperie, toute publicité mensongère en matière vaccinale a nécessairement reçu le OK des autorités…
On voit bien, sur la base de cette effrayante observation, la vacuité de toutes les vantardises post-Médiator sur le contrôle de la visite médicale : la réalité – et c’est flagrant en matière vaccinale – c’est que, quelles ques soient les défectuosités parfois dramatiques de leurs spécialités, les fabricants ont d’autant moins besoin d’employer – à leur frais – des gens pour faire leur promotion que celle-ci est assurée par les plus hautes autorités sanitaires : rappelez-vous Bachelot, rappelez-vous le directeur de la DGS se lançant dans des panégyriques hystériques de Pandemrix – tellement en décalage avec la notice pourtant déjà excessivement bienveillante du produit qu’elles auraient immanquablement appelé des sanctions si elles étaient venues de quelque équipe commerciale que ce soit. Quant à l’actualité, je vous renvoie au précédent article publié sur mon site pour documenter, sur des éléments « objectifs » une fois encore, que les derniers avis du HCSP ne sont rien de plus que des torche-culs bassement promotionnels – qui devraient faire honte à l’ensemble de nos professions de santé [21].
Mais c’est également l’occasion de remarquer qu’une bonne part de la propagande vaccinale est assurée mezza voce par une unanimité médiatique qui va très au-delà du Quotidien du médecin, inclut la littérature destinée aux enfants (je ne parle pas de celle destinée aux femmes…) [22] et peut opérer de façon très détournée : lorsqu’une très sérieuse revue économique range au chapitre d’une situation humaine et économique déplorable que les Grecs ne se font plus vacciner, ou lorsque les résistances aux vaccinations – problème passionnant d’anthropologie médicale – sont rapportées par des « historiens » au fanatisme religieux [23] ou par des « sociologues » [24]. aux incongruités supposées du principe de précaution (lequel n’a pourtant jamais eu le moindre champ d’application en médecine…).
L’aluminium vaccinal
Au terme de cette rapide revue des principales raisons « objectives » pour se « méfier » des vaccins, peut-être certains d’entre vous s’étonnent-ils de ne pas encore avoir entendu parler de l’aluminium qui était d’ailleurs le motif premier de mon invitation. La raison en est simple : il n’y a actuellement aucune raison « objective » pour s’en méfier particulièrement.
Pour le comprendre, il convient de remettre les choses en contexte et de rappeler qu’à la fin des années 1990, les promoteurs de la « myofasciite » à macrophages travaillaient la main dans la main avec l’administration pour dénigrer, voire ridiculiser, ceux qui tenaient la campagne vaccinale contre l’hépatite B pour une catastrophe sanitaire sans précédent ; aujourd’hui, ils sont toujours les premiers à conforter les promoteurs des vaccins, Parlementaires en tête, sous la seule réserve qu’il suffirait d’ôter l’aluminium pour pouvoir vacciner à tours de bras. Cherchez l’erreur : par intuition comme par expérience, j’ai tendance à me méfier des gens qui sont toujours du côté du manche – surtout quand ils avancent sous couvert d’un discours pseudo-scientifique truffé d’inepties.
Faute de temps, allons vite au but. Je rappelle que la notion de myofasciite à macrophages repose sur le faisceau d’arguments suivants : une image biopsique i) encore jamais décrite ; ii) anormale ; iii) associée à une maladie.
Malheureusement, tout cela est simplement faux :
1. l’image biopsique était parfaitement connue avant, en rapport avec les propriétés irritantes également parfaitement connues, et elle est reproductible à volonté chez les animaux ;
2. cette image est d’autant moins « anormale » que personne n’a jamais eu l’idée de tester de façon tant soit peu systématique chez des sujets normaux ;
3. il n’a jamais été possible d’associer à cette lésion biopsique la moindre sémiologie tant soit peu régulière : l’eût-ce été que l’on serait en manque de la seule investigation de nature à crédibiliser la biopsie comme stigmate de la maladie, à savoir recruter des sujets sur la base d’une symptomatologie jugée évocatrice et vérifier qu’ils sont bien porteurs de la lésion en question.
En fait, l’équipe de Créteil-La Pitié s’est contentée de faire l’inverse, à savoir recruter des gens sur cette pseudo-lésion et s’attacher ensuite à recenser leur symptomatologie ce qui, outre l’incongruité méthodologique de la procédure, n’a jamais réussi – on l’a dit – à déboucher sur quoi que ce soit de sémiologiquement régulier. De telle sorte que la myofasciite à macrophages étant, selon ses propres concepteurs, définie par une image biopsique, la seule symptomatologie à laquelle reviennent ses concepteurs quand on leur demande de préciser la maladie, c’est une biopsie anormale. La myofasciite à macrophages, par conséquent, c’est une biopsie anormale dont la seule expression régulièrement retrouvée est une biopsie anormale : plus circulaire comme démonstration, on meurt…
Je termine donc par où j’ai commencé, à savoir la formation médicale : dans son ineptie nosographique, la myofasciite à macrophages illustre l’état déplorable d’une pratique qui a perdu un élémentaire bon sens clinique (qu’est-ce qu’une maladie qui se limite à un examen complémentaire ?) sans pour autant avoir acquis un minimum de bases méthodologiques pour faire de la recherche clinique plus « scientifique » (qu’est-ce qu’un examen anormal quand on n’a pas pris la peine de le tester chez des sujets normaux ?). Déplorable, mais médiatiquement prestigieux – et peut-être rémunérateur.
Conclusion
Par la violence des guerres de religion qu’elles ont toujours suscitées, les vaccinations ont posé depuis le début un formidable problème d’anthropologie médicale qui devrait appeler des réponses autres que primaires. À l’instar d’auteurs peu suspects de sympathies pour l’extrême-droite (tels que Christopher Lasch, Jean-Claude Michéa ou Serge Halimi) qui se sont attachés à une réhabilitation du « populisme » comme une critique de la modernité que la sauvagerie du néocapitalisme a rendue prophétique, il y aurait peut-être matière à réhabiliter au moins certaines intuitions anti-vaccinalistes en considération des dérives actuelles du complexe médico-industriel.
Sur cet arrière-fond que l’on pourrait qualifier de traditionnel, la modernité a ajouté une autre dimension dans la mesure où, peu coûteux à développer [25] et trop faciles à vendre moyennant un travail de lobbying pourtant désespérant de grossièreté [26], les vaccins sont devenus le secteur préféré d’une industrie naguère prestigieuse mais passée en quelques années sous la coupe des lobbies financiers exclusivement soucieux de rentabilité à court terme. Pour apprécier la perte de savoir-faire par quoi s’est forcément traduite cette terrible mutation, qu’il vous suffise de comparer la pauvreté de l’innovation dans le secteur pourtant crucial des antibiotiques et l’inventivité grotesque d’un secteur vaccinal qui en est à promettre des immunisations contre le tabac, l’obésité ou l’acné.
On peut dater précisément l’An 1 de l’ère qui a vu la promotion des vaccins devenir le mode opératoire préférentiel d’une criminalité pharmaceutique sans limite : 1988, c’est-à-dire le moment où, de l’aveu même du fabricant concerné [27], ses commerciaux ont commencé à instrumentaliser l’OMS pour faire de l’hépatite B un problème majeur de santé publique dans les pays développés – ce qu’elle n’était évidemment pas. On a revu, ensuite, exactement le même schéma avec la grippe aviaire, puis porcine [28]. On le voit, toujours à l’œuvre, avec le HPV – l’instrumentalisation des autorités ayant été, dans ce cas, jusqu’à celle du Comité Nobel.
À l’heure actuelle, le débat oscille donc entre deux extrêmes :
▪ rejeter toute critique des vaccinations par peur de faire le lit d’une mouvance anti-vaccinaliste qui, à l’heure actuelle en tout cas, ne brille ni par son esprit de géométrie, ni par son esprit de finesse ;
▪ conforter la méfiance qu’inspire forcément l’évolution effrayante du secteur vaccinal pour gober toute critique du système, si déficiente soit-elle : mais en cette matière plus que toute autre, on vérifie chaque jour que « les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis » et l’entité inepte baptisée sans rire « myofasciite à macrophages » l’illustre à merveille (cf. section précédente).
Je me suis donc attaché à esquisser devant vous la voie d’un juste milieu : à savoir vous convaincre qu’une critique « objective » et crédible de la criminalité vaccinale est à la portée tout autant des cliniciens que des chercheurs, voire des juristes [29]. Une critique professionnelle, quoi.
Que ceux qui en ont la compétence s’attachent à une critique des études disponibles, lesquelles sont effectivement d’une faiblesse accablante quand elles ne sont pas carrément falsifiées. Que ceux qui se contentent d’essayer d’être de bons cliniciens ne perdent pas de vue que, même si ça commence par la même lettre, l’EBM (evidence-based medicine) n’est pas l’émasculation volontaire – et qu’elle autorise à penser par soi-même : à ce titre, ils ont parfaitement le droit de comprendre que lorsqu’on s’attache à éradiquer une maladie dont les vraies complications sont rares, le risque inhérent à tout médicament (et non pas à LA vaccination !) dépasse rapidement un bénéfice qui ne peut être qu’infime, voire négligeable, à l’échelle individuelle. Quant au bénéfice prétendument « collectif », qu’ils se persuadent qu’il n’est simplement pas possible de l’évaluer dans un pays où les données épidémiologiques les plus élémentaires font défaut ; qu’ils se convainquent qu’il n’est pas dans la tradition hippocratique de déléguer à des tiers emberlificotés de conflits d’intérêts des décisions qui relèvent du colloque singulier ; qu’ils notent que si le bénéfice collectif était à ce point démontré, il ne serait pas demandé aux praticiens de mentir constamment sur le bénéfice individuel ; qu’ils se rappellent, enfin, le préoccupant précédent de la rougeole (maladie naguère vaincue et dont l’écologie a été bouleversée par une vaccination irresponsable) pour se convaincre qu’en médecine, il n’est pas bon de jouer aux apprentis sorciers – surtout à l’échelle collective, où ce n’est jamais la faute de personne…
Mathématicien de formation, le Dr Marc Girard est devenu médecin tout en menant des recherches sur la modélisation mathématique en biologie. Après un bref passage comme salarié d’une grande firme pharmaceutique, il a développé, en France, la première activité libérale de conseil en pharmacovigilance et en pharmaco-épidémiologie, tout en pratiquant comme psychothérapeute d’inspiration freudienne. A côté de ses travaux consacrés à la médecine et au médicament, il a publié les livres « Alertes grippales » (Éditions Dangles), « Médicaments dangereux : à qui la faute ? » (Éditions Dangles), et « La brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne »
[1] C’est la version non abrégée d’une présentation que j’ai dû cadrer dans le temps de parole qui m’était imparti.[2] Notons – c’est un détail intéressant – que malgré cette expertise (assortie d’une certaine reconnaissance dans le domaine de la pharmacovigilance), je n’ai jamais pu publier le moindre article dans la presse médicale française…
[3] On l’a bien vu après la fameuse publication de Hernan et coll. en 2004.
[4] J’ai été plusieurs fois interviewé par des revues pour enfants, sans qu’aucune ne se décide jamais à publier les réponses qu’elle avait pourtant pris l’initiative de venir solliciter. La même expérience, soit dit en passant et sur le même sujet, m’est arrivée avec diverses revues gays : les conflits d’intérêts – et la corruption intellectuelle qu’ils génèrent –, ce n’est pas toujours les autres…
[5] Il est certain que si la communauté médicale, et celle des journalistes médicaux, avaient eu un vernis de culture concernant la réglementation pharmaceutique, tout le monde se serait esclaffé devant la pseudo-réforme du médicament, dans le sillage de la pseudo-affaire Médiator.
[6] M. Girard. Médicaments dangereux : à qui la faute ?, Dangles, 2011 : chap. I.
[7] Incluant, cela va de soi, la plupart des professeurs d’université ainsi que les “leaders d’opinion” en charge de la Formation Médicale Continue.
[8] Je sais qu’il existe de vagues enseignements de statistiques ou d’épidémiologie : mais (hormis, peut-être, pour justifier la nomination d’une parfaite néophyte à la tête d’un institut supposé concerné par la veille sanitaire) ils sont totalement insuffisants pour donner autre chose qu’un vernis trompeur, dont on peut faire l’expérience tous les jours dès qu’on fréquente des professionnels de santé.
[9] Au contraire de ce qu’on pourrait penser à première vue, la quasi-unanimité de la profession médicale sur certaines questions est un indicateur indirect de toute cette superficialité : la controverse étant inhérente au débat technico-scientifique, l’effet normalement attendu d’une bonne formation des praticiens ne devrait pas être l’unanimité. Ne serait-ce que sur des questions dont les aspects techniques seraient réglés à la troisième décimale près, il existe toujours une aire de discussion qui tient aux valeurs personnelles de chaque professionnel impliqué : quand bien même il existerait des méthodes de dépistage anticancéreux d’une précision atomique, cela n’aurait pas d’impact automatique sur la conduite à tenir.
[10] Touzé E et coll. [The first episode of central nervous system demyelinization and hepatitis B virus vaccination]. Revue Neurologique 2000 ; 156(3):242-6.
[11] Communiqué de février 2000.
[12] La déprimante vulnérabilité de la profession au baratin pour autant qu’il soit d’allure scientifique se reconstitue de bien d’autres indices, hélas. Quoique fréquentant peu les forums, je suis par exemple toujours surpris de l’empressement brouillon avec lequel certains confrères reprennent contre moi les diatribes manipulées d’un pseudo-dénonciateur de hoax, quand j’ai montré preuves en mains qu’elles venaient d’un pauvre gars tout fier d’afficher une “formation au langage médical” acquise en quelques semaines dans une école de sous-visiteurs médicaux à la solde de l’industrie pharmaceutique. Dans un autre genre mais qui relève de la même problématique, on rappellera l’affaire Jean-Claude Romand, escroc qui s’était fait passer durant des années pour un expert de l’OMS avant d’assassiner toute sa famille : au sortir d’une réception qu’il avait organisée, l’un de ses convives, cardiologue de profession, aurait déclaré que « À côté de gens comme lui, on se sent tout petit »… De façon plus récente, on ne laisse pas d’être consterné par l’apparent succès d’un site comme Pharmacritique pourtant tenu par une personne apparemment incapable de justifier la moindre formation ou compétence médico-scientifiques mais qui, une fois captivés les lecteurs grâce à l’appeau d’informations tirées d’une revue médicale allemande effectivement pas inintéressante, s’autorise à leur infliger une “information” profuse qui va de délires plus ou moins hypocondriaques à toutes les idées reçues du moment (concernant notamment les “lanceurs d’alerte” à la mode), en passant par les inimitiés féroces de la webmestre à l’endroit de ceux qui négligent de lui témoigner l’immensité de déférence à laquelle – en “philosophe” autoproclamée qui aime à se poser en référence éthique – elle estime avoir manifestement DROIT…
[13] Girard M. Les effets indésirables des médicaments. La Recherche 1987 ;185:234-241.
[14] Shoenfeld Y et coll. Vaccination as an additional player in the mosaic of autoimmunity. Clinical and Experimental Rheumatology. 2000 ;18:181-4.
[15] Que dire de ces “imb***” – je ne fais que retourner un reproche ancien -, éventuellement auréolés de leur opposition pourtant exceptionnelle à Gardasil, qui s’autorisent de rien pour pérorer sur les antennes à propos d’un risque auto-immun supposé ne pas dépasser un cas sur un million de vaccinés : ils le tirent d’où, ce chiffre asséné comme réassurance branchée (on ne nie rien, mais on parle entre gens sérieux) sans la moindre preuve ?
[16] L’Express, 09/10/14. Rappelons que l’éminent universitaire interviewé dans cet article s’est déjà distingué dans le passé en niant le risque de narcolepsie avec Pandemrix (Le Parisien, 23/09/10), allant même jusqu’à prétendre que les Scandinaves se seraient “rétractés” au sujet de cette alerte – ce qui était grossièrement faux.
[17] M. Girard. Alertes grippales. Comprendre et choisir, Dangles, 2009 : chap. 5.
[18] C’est l’occasion d’attirer l’attention sur la perversité de certains “experts” qui, hors de tout contrôle, lâchent devant les journalistes des estimations fantaisistes avec l’espoir de les voir colportées, voire amplifiées. Je viens à l’instant de répondre à une journaliste qui a été convaincue par certains d’entre eux que la grippe causait pas moins de sept mille décès annuels dans notre pays !… Rappelons-nous aussi les 300 000 prétendues victimes de l’hépatite B, que certains journalistes chauffés à blanc avaient colportées comme 300 000 morts annuelles dues à cette maladie : il n’y a probablement pas plus de quelques milliers de cas aigus chaque année, dont plus de 95% ont une évolution spontanée bénigne…
[19] Le “bruit de fond” des pathologies qui seraient de toute façon survenues spontanément dans la population vaccinée et qui sont, à ce titre, supposées sans rapport avec la vaccination reçue.
[20] Unanimité dont l’artifice ressort encore plus de l’anecdote suivante : alors que j’ai été moi-même interviewé par une grande chaîne d’information, vous chercherez en vain sur Google la moindre trace de mon propos qui tentait de replacer les vrais enjeux de ce procès…
[21] Dans sa présentation du Plan cancer 2014-2019, le 04/02/14, F. Hollande n’a pas été non plus avare de gros mensonges, notamment en ce qui concerne la vaccination anti-HPV.
[22] A. de Pétigny, C. Suetens. Une piqûre pour Corentin : L’histoire du petit lapin qui apprend à être courageux, Chanteclerc, 2003.
[23] Le dénommé P. Zylberman, à qui j’ai eu le plaisir d’apporter une contradiction facile lors d’une ancienne émission télé, s’entend très bien à ce petit jeu intéressé. Lorsqu’il chausse les lunettes de “l’historien”, le microbiologiste P. Berche ne pèche pas non plus par excès de nuance ou de subtilité.
[24] Cumulant les prix littéraires pour sa dénonciation des “crédules” (Nonfiction.fr, 24/01/14) à l’aide des plus grosses niaiseries sur le “principe de précaution”, le sociologue G. Bronner s’est assuré une place d’orateur privilégié aux pince-fesses de Big Pharma (L’Express, 30/10/13). C’est l’une des jouissances propres aux “sciences” humaines que de pouvoir, sous couvert éventuel de titres universitaires ronflants, pointer du doigt la jobardise des autres après avoir démarré en pole position sur le circuit des idées reçues : à ce rude championnat, il y a quelques concurrents sérieux dans certains milieux féministes…
[25] Une fois installées les infrastructures de base.
[26] Dont les derniers avis du HCSP fournissent une excellente illustration.
[27] “L’habile stratégie d’un labo”, Sciences et Avenir, jan 97 : p.27.
[28] M. Girard. Alertes grippales…, op. cit., chap. I.
[29] À la condition toutefois que la réflexion “juridique” ne soit pas parasitée par l’attrait si fréquent des avocats pour la mousse médiatique. J’ai déjà eu l’occasion d’émettre un avis plus que sceptique sur la judiciarisation de “l’affaire” Médiator, et rien dans ce qui s’est passé depuis n’apparaît de nature à réfuter les critiques que j’avais émises d’emblée. Ces derniers jours, la presse a présenté comme une initiative remarquable de poser une question prioritaire de constitutionnalité à propos des obligations vaccinales ; mais outre que l’avocat concerné semble avoir déjà un certain passif en matière d’usines à gaz procédurales (pour ne point parler de l’avant-dernière visant à sanctionner au titre du “délaissement” la fermeture d’un Service hospitalier à Garches : j’invite tout lecteur intéressé à aller chercher sur Légifrance la définition du “délaissement”…), il faut en revenir aux faits et remettre les choses en contexte. Compte tenu de l’indisponibilité des vaccins obligatoires (et même en sachant, d’expérience, qu’il ne faut jamais jurer de rien avec les magistrats de notre pays), je vois mal des juridictions françaises condamner des gens ne remplissant pas des obligations organisées pour être irréalisables : il y avait donc là une occasion unique – et, à mon avis, facile – de faire sanctionner par la justice l’abominable perversité de l’administration sanitaire. Or, tandis que l’action en cours laisse passer cette superbe occasion, il n’est pas besoin d’être très malin pour en apercevoir les risques. D’une part (il y a des précédents), n’importe quel échec de cette action, même fondé sur un formalisme juridique anodin, sera immanquablement exploité par les autorités au bénéfice de l’obligation : ce sera l’arroseur arrosé. Mais d’autre part, je ne suis pas certain qu’il soit très judicieux de prendre prétexte d’une affaire particulière pour aller solliciter d’emblée un avis général sur les obligations vaccinales, surtout dans une instance présidée par le petit-fils d’un ancien grand–maître de la pédiatrie française, dont j’envisage avec peine qu’il entretienne la moindre animosité anti-vaccinale : j’aurais jugé plus astucieux de solliciter une décision d’allure anodine sur une affaire particulière, pour travailler (quelle idée !) ensuite à en expliciter une portée générale. Encore plus inquiétant : par rapport à une affaire juridique initialement simple et presque certainement pliée d’avance, je n’ose envisager le retour de flammes que peut générer une action aussi irresponsable tendant à titiller la créativité des plus hautes instances législatives ou juridiques en pleine hystérie Ebola…